C.N.R.S.
 
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     ENFLER     
FEW IV inflare
ENFLER, verbe
[T-L : enfler ; GD : enflé ; GDC : enfler ; AND : enfler ; DÉCT : enfler ; FEW IV, 672a : inflare ; TLF : VII, 1098b : enfler]

A. -

Empl. intrans. ou pronom. "Augmenter de volume, comme par gonflement" : Si ara tantost belle feste. Mais qu'il oyent ces beaulx devis, Ilz se despeceront tous vifz Et s'enfleront comme ung crapaut. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 398). MAISTRE PIERRE. Recepte pour quelque mignon Qui aura les cheveux [caducques] : Deux onces de pouldre a canon, Cela fait enfler les perucques. (Dorib., p.1480, 249). Durer ne puis, tant me va boursoufflant Et, sans cesser, plus c'un crapault enfflant, Le villain cueur qui est dedens ma pence. (LA VIGNE, S.M., 1496, 350).

 

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Part. passé en empl. adj. : Les ytteriques ne sont pas si enfflez environ le ventre comme sont les autres. En lientere, oxizemie survenant qui n'estoit pas devant, c'est signe bon. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 89). En che séjour, et mout soudainement prist une maladie à Jehan Lion, dont il fu tous enflés. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 190). Car un vaisel de cuir, comme est une vesie, trait ou poise plus quant il est enflé et plain de aer que quant il n'a rien dedens ; et donques se un corps a plus en soy de aer que de eaue et de terre, il sera en l'eaue plus legier d'un autre et en le aer plus pesant. (ORESME, C.M., c.1377, 688). Moult fu le jayant doulent quant il voit son levier ainsi et par telle maniere froez, et gesir sur la place, car il ne se ose abaissier pour le prendre. Lors sault a Gieffroy et lui donna si grant coup du poing sur le bacinet qu'il l'estonna tout. Mais il ot le poing tout enflé et estourmy du grant coup. Et Gieffroy le fiert de l'espee sur la cuisse tellement qu'il lui embat demy pié ou braon. (ARRAS, c.1392-1393, 264). Parrot a la joue enflee Aporta de giroufflée Trestout fin plein son giron A Belote du Firon (CHR. PIZ., Dit Pastoure R., 1403, 247). Le disner fut fait ainsi qu'avez oy. Et vint a dire graces, que maistre prescheur pronunça enflé comme un ticquet (C.N.N., c.1456-1467, 488). Respont LE FEVRE. Frere, je t'ay bien entenduz, Mais je n'ay pas tan de vertuz Que de moy les seusse forgier [les clous], Car je suis forment en meschier : Mes main me sont forment enflee, Detranchee et aussy cravassee, Pour quoy ne pourras le fer remuer. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 101). TESTE CREUSE. Et les joes aussi, regardez Sur ce point que bien entendez De les luy faire si enflees. (Copp. lard., a.1488, 176). AFFRICQUEE. Est il que du mal saint Eloy, Du mal du frisson d'avertin, Du mal mon seigneur sainct Martin Soyez vous enflé et batu ! (P. Jouh. D.R., a.1488, 36).

 

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[D'une jeune femme enceinte] : Tu es par my le corps enflée Conme un lepreux. (Mir. st J. Cris., c.1344, 272).

B. -

P. anal. empl. pronom. [D'un cours d'eau, de la mer...] "Grossir" : Se au chant de la tierce pucelle Croist et s'enfle la fontenelle, La deesse est pacefiye, Apaisentee et adoulcie. (MACH., Voir, 1364, 754).

 

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[De la mer] "Devenir agité" : Or avint que la mer s'enfla Pour le fort vent qui y souffla, Si qu'elle en devint toute trouble Pour le vent qui l'esmuet et trouble. (MACH., J. R. Nav., 1349, 249). Li vens fu gros, la mer s'enfla, Pour le vent qui trop fort souffla, Si que les ondes ressambloient Monteingnes, si hautes estoient ; Et dessous sambloit uns abismes. (MACH., P. Alex., p.1369, 113).

C. -

Au fig.

 

1.

Empl. trans. "Rendre orgueilleux" : Grant vtilite aussy est a soy congnoistre car telle science ne enfle point ains humilie la personne, et est aussy comme une preparacion a edificacion spirituelle car ledifice spirituel ne peult estre en lame se il ny a fondement de humilite. (CIB., p.1451, 197).

 

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Part. passé en empl. adj. : Et la tierce [fontaine], qui croist et s'enfle Au chant de la vierge, en exemple Vous met, car moult estes enflés ; Mais vous vous estes desenflés En parlant moult diversement De Toute Belle et rudement. (MACH., Voir, 1364, 760). ...a laquelle [beauté de l'âme] garder tu doys mettre toute ta cure, o ame devote, tellement que point tu ne soyes halee par l'ardeur de luxure, enflee par orgueil, noire et tachee par envie (GERS., Concept., 1401, 418). Le flegmatique qui est au colerique contraire pour ce quil a les qualitez de leaue qui sont froideur et moiteur est communement graue et tardif (...), de couleur fade et blanchastre, le cuer orguilleux et enfle, plain de crachemens et de humeurs habondant (CIB., p.1451, 219).

 

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Part. passé en empl. subst. "Personne orgueilleuse" : ...aux humbles doit [Dieu] le hault royaulme, Aux enfléz l'eternelle flame (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 223).

 

2.

Empl. pronom. "Se mettre en colère, s'emporter" : Et le filz de laiens s'anfla [var. souffla, s'enfla], Et en dist villeines paroles, Qui estoient rudes et foles. (MACH., P. Alex., p.1369, 256). Cellui qui ayme estre corrigié est tres saige et le fol, quant on le corrige, s'enfle et courrouche. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 99).

 

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Part. passé en empl. adj. [D'une pers.] "Gonflé de (de colère, d'envie...)" : ...Et veü l'avez au jour d'ui, Que pour ce que je me dedui Au lion, ces bestes venues Sont et près de nous acourues, D'envie et de courrous enflées, Aussi com toutes forcenées. (MACH., D. Lyon, 1342, 228). ...nul ne pourroit dire comment son cuer fu gros et enflez contre Veneciens (Bouciquaut L., 1406-1409, 268). ...ceste dolente et douloureuse playe ne se peult ou ne se scet guarir, qu'elle ne soit d'an à aultre et de saison en saison renouvellée et mise à sang fraiz par les couraiges d'ung chascun party, enflez, despitz et non saoulez de vangeance et d'estrif (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 197). ...leur oncle, qui estoit fort despité contre eulx, et leur dit telz moz : "Où allez-vous, gens d'armes", et lesdiz suplians lui respondirent : "Nous ne sommes point gens d'armes, mais sommes mestiviers, qui allons cuillir nostre orge qui est icy près." Lequel ne leur dist mot et s'en alla, tout anflé contre eulx, droit à sa maison. (Doc. Poitou G., t.12, 1476, 93). Escoutte ung peu comment y hongne, Il est plus enflé q[u]'un crapault ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 786).

 

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Avoir le coeur enflé/avoir la teste enflee : Quant Danemont l'oÿ s'en ot le teste enfflee (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 574). Danemont va devant qui le cuer ot enfflé (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 715). A ycelle parolle (...), Vint là dez frans bourgois une grant assamblée. S'y fu Huez Cappez, qui ot le teste enflée De ce que Savaris a tel cose pensée (Hugues Capet L., c.1358, 32). "Velà orgilleuse ribaudaille (...) ! A quoi faire monstrent il maintenant leur estat ? Il fussent venu servir le roi ens ou point où il sont, quant il ala en Flandres, mais il n'en avoient pas la teste enflée fors que de dire et de priier à Dieu que jamais piés n'en retournast de nous !" (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 75). Je sçay trop bien pourquoy vous estes tant raffroignée, et que le cueur avez tant enflé. (C.N.N., c.1456-1467, 411).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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