C.N.R.S.
 
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     EMPEREUR     
FEW IV imperator
EMPEREUR, subst. masc.
[T-L : emperëor ; AND : emperur ; DÉCT : emperëor ; FEW IV, 585a : imperator]

A. -

"Commandant en chef d'une armée" : Tantost Camilles leur a fait signe et descendi du cheval ; si a pris par la main l'un de ceulz qui portoient les banieres et le mena avec luy dedens la prece des ennemis en li criant : "Chevalier, boute cy ta baniere !" Et quant les autres chevaliers virent Camille qui par son grant aage estoit flebes et impotens soy bouter si vaillamment avant, il y coururent tous ensemble, eslevé un grant cry, en disant ces paroles : "Suyvons nostre empereur [trad. lat. imperator]". (BERS., VI.8, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 115d). Item, est assavoir que Valerius par empereurs n'entent pas Jule Cesar ne Octevien, mais entent par empereurs tous ceulx qui anciennement avoient office de consule ou de autres hautes dignités, car ainsi furent pluseur appelé jadis, si comme Justin en .xxxi.e livre appele empereur un consule de Romme qui avoit nom Flaminius, et est le premier des Romains que je li treuve nommer empereur ; mais des empereurs de Cartage parle il grant temps devant ce que les Romains et ceulz de Cartage eussent point de guerre ensamble (SIM. HESDIN, Val. Max., 1375-1383, I.1.1, glose, f° 5d-6a). ...par ce puet on entendre que par empereur Valerius entent mendre estat que de consule ; et vray est que par empereur on entendoit ancienement ceuls lesquels estoient chiefs ou capitenes des batailles, et estoit dit empereur aussi comme commandeur, pource que il couvenoit obeir a li (SIM. HESDIN, Val. Max., 1375-1383, II.8.6, glose, f° 131c). Pompilius l'empereur avecques grant armee tenoit nagueres une province et en ceste armee estoit le filz de Chaton qui y batailloit et n'estoit que homme de armes. Or Pompilius s'en vouloit aller, mais il dit que il laisseroit une legion de ses gens pour garder ceste province (BOURRÉ, 1461-1464, I.36, f° a7v). Zenophon, le insigne philozophe et empereur de l'excercite de Athenes, home très illustre et erudicq en la science des estoilles, en ce temps et auparavant fut disciple de Ysocrates (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 52 v°). Chaton le Grant fut environ ce temps moult subtil et entendu en la discipline celeste et furent en lui trois singulieres choses, grant orateur, grant empereur, optime senateur. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 68 v°).

B. -

"Souverain d'un empire" : Ne te laisse desheriter Pour riens qu'on te puist enditer, Car par ma foy, mieus ameroie, S'empereres ou rois estoie, Despendre tout en bonne guerre, Qu'on me tollist un piet de terre, Car tout prince desherité Vit a honte et a grant vilté. (MACH., C. ami, 1357, 126). Item, il appert des roys ou emperëeurs ; car ceulz qui tres grandement sont loing de tel estat ne se dient pas dignes d'estre leur amis. (ORESME, E.A., c.1370, 428). Et ot nom Urbain, VIe de ce nom (...) Sa creacion fu segnefie et publie par toutes lez eglises de chrestienté, ossi as empereurs, as rois, as du et as contes. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 53). Et estoit l'espousee tant belle et si tres noblement paree que chascuns disoit que oncques si belle n'avoient veue, ne si richement atournee, et s'esmerveilloient tuit de sa grant beauté et de la grant richesse de son habit. La contesse mesmes dist que en tout le monde ne cuidoit royne, ne roy, ne empereur qui peust finer d'autant que les joyaulx qu'elle avoit sur elle, valoient. (ARRAS, c.1392-1393, 39). LA PREMIERE DAME. (...) Ne semble pas que [Griseldis] feust nourrie En l'ostel d'un povre pastour ; Ains semble mieux, a son atour Et a sa tressaige maniere, Que en l'ostel d'un emperiere Ou en aucun palais royal Ait demouré que ci aval Entre ces povres laboureurs. (Gris., 1395, 42). Un hault baron de Grece firent Leur empereur (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 69). Le lesserez la, le povre Villon ? Venez le voir [Villon] en ce piteux arroy, Nobles hommes [les clercs exempts d'impôts et les gueux], francs de quars et de dix, Qui ne tenez d'empereur ne de roy, Mais seulement de Dieu de Paradiz (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 68). Il n'est c'un roy et je suis empereur. Mon dÿademe a trop plus de valeur Cent mille foys que sa meschant couronne (LA VIGNE, S.M., 1496, 236).

 

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[En apostrophe] : Sire emperiére, ce faulx la, Ne souffrez point qu'Ostes l'acore (Mir. Oton, c.1370, 383).

 

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L'empereur au poing doré. "L'empereur à la boule d'or (sphère du monde, insigne et symbole de la puissance impériale)" : Voire, ou soit de Constantinobles L'emperieres au poing dorez, Ou de France le roy tres nobles, Sur tous autres roys decorez, Qui pour ly grant Dieux adorez Batist esglises et couvens, S'en son temps il fut honnorez, Autant en emporte ly vens ! (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 48).

 

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[De l'Empire romain] : Ci conmence un miracle de Nostre Dame, de l'empereur Julien (Mir. emp. Julien, 1351, 173). Mors est Julien l'emperére (Mir. emp. Julien, 1351, 205). Dame, a vous m'a envoié cy Le noble emperiére de Romme (Mir. emper. Romme, 1369, 300). Et le mena le soudant en Jherusalem, qui pour lors n'estoit pas reparee ne refremee de la destruction que Vaspasien et Thitus, son filz, y orent faicte, quant ilz vindrent vengier la mort Jhesucrist aprez son crucifiement. Et donna Vaspasien, emperiere de Romme, XXX. Juifs pour un denier, en remembrance qu'ilz orent achaté le precieux corps Jhesucrist XXX. deniers. (ARRAS, c.1392-1393, 237). Comme disoit un empereur de Romme qu'il vouloit estre tel a ses subgietz comme il vouloit que un seigneur luy feust, s'il estoit subgiet. (GERS., Annonc., a.1400, 238). Quant l'empereur [trad. lat. imperator] Cesar Domicianus Augustus Germanicus voult aler contre les Germaniens, qui sont les Allemans d'entre les rives du Rin... (ROUVROY, Stratagèmes, 1422-1425, I.1, f° 5a). Cestui tresnoble empereur [trad. lat. imperator] Auguste Cesar n'esmeult guerre a nulles gens sans justes causes et neccessaires (MAMEROT, Romuleon D., 1466, 294). Je suis homme d'auctorité, Subgiet es romains impereurs ; Toutesfoiz j'ey mains serviteurs, Qui vont et vienent a tous lieux Et si sont tout ce que je veulx (Pass. Auv., 1477, 129). Car tout partout il s'est nommé Filz de Dieu et roy des Juïfz Contre toutes les loyx et ditz De Cesar, nostre empereur et roy. (Pass. Auv., 1477, 175). Ainsy ledit Julles Cesar fust le premier empereur qui aprés le temps des consules domina sur les Romains (Mer des hist., t.2, 1488, f° 64d [BnF/Gallica]). ...[à propos de Jules César qui, selon la tradition médiévale, est le premier empereur] et semblablement le preux et vaillant empereur de Romme Julles Cesar monstra bien comme il y estoit erudit et profont, quant, par disputacions et raisons astrologalles, il fist condescendre les Egipciens à son oppinion touchant la quantité des jours de l'an (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 3 v°).

 

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[De Constantinople] : L'empereur de Coustentinoble, Qui a le cuer vaillant et noble, Venra, se ci sommes assis, Einsi le nous a il promis (MACH., P. Alex., p.1369, 105). Et y furent le dispost de Rommenie, pour son frere l'empereur de Constantinoble, avec sa banniere, acompaignié de IIJM chevaulz et IIJM homes a pié. (LA SALE, J.S., 1456, 211).

 

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[Du Saint Empire romain germanique] : Mais je te jur et te prommet Qu'il estoit en si haut sommet D'onneur qu'il n'avoit si haut homme Voisin, ne l'empereur de Romme, Que, s'il li vosist mouvoir guerre Ou faire, qu'il ne l'alast querre Tout eu milieu de son païs. (MACH., C. ami, 1357, 105). Sire, bien ay oy comment Le saint voiage avez empris, Dont je vous lo forment et pris, Si que à moy me conseilleray Et seur piés vous responderay. Vous alez devers l'empereur De Romme, qui est mon signeur, Si que à li me conformeray ; Car ce qu'il fera je feray. (MACH., P. Alex., p.1369, 29). ...et vint a Ronme, et la fu recheus conme rois d'Alemagne. Et avoit envoiiet en Avignon (...) soufissans messages pour sonmer le pape et les cardinauls (...) que ils vosissent envoiier a Ronme un cardinal pour li comsacrer a empereour (FROISS., Chron. D., p.1400, 244). Et pillierent et prissent li Alemant sus les Ronmains tant et oultre ce que on lor devoit (...) et retournerent, tout fouci d'or et d'argent et de jeuiauls, deviers l'empereour de Baiviere qui les atendoit a Viterbe. Si aquellierent li Ronmain ce Baivier en grant haine (FROISS., Chron. D., p.1400, 245). ...mesires Lois de Baiviere, rois d'Alemagne et emperadour de Ronme (FROISS., Chron. D., p.1400, 289). ...monseigneur Sigismond, empereur ou roy des Romains et roy de Honguerie (BAYE, II, 1411-1417, 244). ...Charles le grant, qui fut en son temps empereur et roy de France (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 159). En laquelle treve estoient comprins les amis et aliez d'icellui de Bretaigne, lesquelz il declaira estre ledit duc de Bourgongne, qui aussi print et accepta la trefve ledit temps durant, aussi pour lui, ses amis et aliez, qu'il declaira estre l'empereur d'Alemaigne, les roys d'Angleterre, Escoce, Portugal, Espaigne, Arragon, Secile et autres roys jusques au nombre de sept, et plusieurs autres ducs et grans seigneurs. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 287). ...si la science de astrologie fait à louer et à recommander en tant de si très vaillans et saiges empereurs et roys dessusdicts, et mesmement ou glorieux et saint empereur Charlemaigne, je ne puis veoir qu'elle face nullement à reprandre ou blasmer à cestui ignorant (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 4 r°).

C. -

P. ext.

 

1.

"Chef souverain" : [À propos d'Honorius et d'Arcadius, à l'époque de la tétrarchie] ...il vous fault mettre A voie de tantost aler A noz deux empereurs parler (Mir. st Alexis, 1382, 293).

 

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"Chef souverain ayant les pouvoirs d'un empereur" : ...et disoit en effect, entre autres choses, que le Roy est empereur en son royaume, qu'il tient de Dieu seul, sans recongnoistre souverain seigneur terrien (FAUQ., I, 1417-1420, 63).

 

2.

"Dieu" : Mon Dieu, dit elle, mon maistre et mon empereur, point ne suys du tout non saichant de la belle entreprise que tu veulz faire, et de l'excellente dame que proposez former. (GERS., Concept., 1401, 391). Tres hault Empereur, Charité, ton humble fille et devote, et nous autres, Vertuz, avons, non mie sans cause, grande et inestimable leesse quant, a la supplicacion de Misericorde (GERS., Concept., 1401, 393).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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