A. -

DR.

1.

Empetrer qqc. (de qqn). "Obtenir qqc. à la suite d'une requête faite auprès de qqn (de l'autorité qui a la compétence de l'accorder)" : ...veu la demande du procureur de Saint Magloire qu'il fait contre Pierre de Coucy, sergent ad verge du Chastellet, veu le memorial par lequel le dit Pierre avoit jour a jurer et dire les verités seur yceuls, veu le deffaut seur ycelly memorial empestré dudit procureur["le constat de défaut obtenu par le dit procureur"], consideré la coustume toute notoire, qui telle est que qui deffaut a la journee de jurer et dire ses verités il pert sa cause, veu tout ce qui nous doit movoir a jugier, nous adjugons audit procureur de Saint Magloire la demande qu'il a faite contre le dit Pierre de Coucy, et en ycelle condempnons le dit Pierre de Coucy et es despens fais en ceste cause, la tauxacion d'yceuls reservee par devers nous, par nostre sentence diffinitive et par droit (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1332, 52). ...et disoit que depuis ses amis avoient empetré mandement de court, envoié à nostre predecesseur, que, comme le dit varlet feust de bonne fame et de bonne conversacion et honeste, et il eust esté detenuz en prison par moult lonc temps, que l'on le oïst en ses justes deffenses et li feist la recreance de son corps (Doc. Poitou G., t.2, 1335, 120). Et ou cas que lesdiz archevesque ou vicaires ne pourroient absouldre les personnes dessus dictes, il se consentiront et consentent des maintenant, tant pour euls que pour ladicte esglise, que il puissent empetrer et avoir leurs absolutions de nostre saint Pere (Trés. Reth. S.L., t.2, 1337, 41). Nous avons octroié et pour cause qui a ce nous a esmeu a noz amez et feaulz le prieur et couvent de Sainte Gemme une lettre de grace scellee en cire vert et en laz de soie de laquele il vous apparra et laquele nous voulons estre tenue et gardee selon la teneur d'icelle non contrestant quelconques lettres empetrees ou a empetrer de nous ou de nostre court et oppositions faites ou a faire. (PHIL. VI VALOIS, Lettres closes C., 1339, 82). ...les habitanz et commune d'Arraz et pluseurs autres personnes du dit conté ont empetré et encores s'efforcent de empetrer de nous ou de notre Court, sanz appeller notre dit frere ou ses genz, aucuns privilaiges, graces, confirmacions et autres lettres (Hist. dr. munic. E., t.1, 1346,,, 330). ...a toutes lettres et graces empettreez et a empettrer (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1355, 208). ...car ilz la glosent en destruissant le texte et la substance de la ruygle : la ruygle deffent que ilz ne puissent empetrer nulz privilieges de court de Ronme contre leur ruygle. (Songe verg. S., t.2, 1378, 241). Item, se aucun [escorcheur] est semons par devant ledit maistre et jurez a certaine journée et il ne vient ; pour le deffault que il deffaudra, il pourra estre contrains a paier dix-sept soulz six deniers ; et tant en pourra demander l'achateur ou le fermier de ladicte juridicion ; mais selon ce que les maistres et jurez le verront obeissant, il tansseront pour le premier deffaut douze deniers, et pour second deffault deux solz, pour tiers deffaut dix-sept solz six deniers ; et lors li puet le mestier estre deffendu du mestre ou des jurez ; et se fait, se il taille, combien qu'il ait chevi a son adversaire, senz empetrer son mestier dudit maistre ou jurez, il chiet en amende de dix-sept sols VI deniers (Mét. corp. Paris L., t.1, 1381, 267). ...en .VII. ans qu'il fu prisonnier au Caire il ne pot onques empetrer du souldan congié d'aler veoir la merveilleuse vision susdicte. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 390). Et dist que ycellui Andry estoit venu de ladite ville d'Aucerre à Paris empetrer unes lettres du roy nostre sire pour estre changeur en ladite ville d'Aucerre. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 129). ...et pour ce que quatre personnes avoient empetré lesdictes lettres sur ledit lieu, fu fait scrutine et election (BAYE, I, 1400-1410, 74). ...dit que cest office ne doit pas estre perpetuel en la personne de Bourbon, car il l'empetra sur le feu conte de Nevers (FAUQ., I, 1417-1420, 384).

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Prov. Assez peut empetrer qui donne largement : Assés peut enpetrer qui donne largement (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 363).

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Empetrer de qqn comme. "Obtenir de qqn (d'une autorité) le moyen de" : LA PREMIERE DAME. (...) Si [le marquis] en a envoié a Romme Pour empetrer du pape comme Il puist prendre autre [femme] et vous [Griseldis] laissier (Gris., 1395, 75).

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Empetrer qqc. (une accusation, une action juridique) (contre qqn) : ...et aussi a veoir jugier le proffit d'un comparuit qu'il se disoit avoir empettré contre ledit feu chevalier, ou temps qu'il vivoit (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1348, 161). ...et sur ce avoient empetré une complaincte en cas de nouvelleté à laquelle s'estoit opposé le procureur du dit arcevesque (Doc. 1349. In : L. Demaison, Bibl. Éc. Chartes 89, 1928, 37). ...Se aucun empetre contre moy ung adjornement et face executer son adjornement à la persone du mien procureur, qui pour moy n'aura point deduite la cause par avant, l'ajornement dessusdit sera mal exequté. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 126).

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Empl. impers. : ...et pour ce par ledit Stokes fu empetré pour estre poié de sa dicte rente, mandement de Monseigneur le Captal (...) et lettres de Monseigneur d'Avrenches (...) Captal, par lesquelles il certiffient les diz VIc l. avoir esté données audit Stokes à sa vie pour sa retenue (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 97).

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Part. passé en empl. adj. "Obtenu d'une autorité compétente, à la suite d'une requête" : Si requeroit à grant instance que les dites lettres, renunciations et acort fussent rappelleez et mises au nyant, et que certain adjournement baillié et octroyé à la dite dame, par lequel la cause venoit en parlement, qui rappellez avoit esté par une impetracion torçonniere et subreptice faite de par le dit conte, leur fust bailliez et octroyez, et la lettre empetrée de par lui anullée. (Doc. Poitou G., t.2, 1347, 376). Maistre Yve Darrian, pour 1 conduit empétré par li du Roy d'Angleterre pour Pierre, chevalier, qui devoit venir devers le Roy (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1359-1360, 206).

2.

"Chercher à obtenir, réclamer (auprès d'une autorité)" : Item, qu'ilx ne empetreront ne congié ne dispense au contraire, et se empetré estoit, que de ce ne useront point. (BAYE, II, 1411-1417, 233). "Sire, le commun vous prie que vueilliez empétrer vers le roi qu'il leur vueille donner certaines charges de blés et de vins..." (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 224).

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Empetrer que : LE MARQUIS [à l'évêque]. (...) Vouldroye que vous alissiez Au Saint Pere et empetrissiez Que prendre peusse a marïage Une femme de hault lignage Et laissier Griseldis du tout (Gris., 1395, 72).

B. -

P. ext. [Hors du dom. jur.] "Chercher à obtenir ; obtenir" : ...einssois que l'esfant eüsent, A ce qu'enpetrer le peüssent, Vers Dieu mont souvent deprïerent Devotement et si donnerent Du leur aus povres largement (Vie st Evroul S., c.1350, 39). Et je ferai vo pere au roy Karlo parler, Et de vos bons amis priier pour enpetrer Vo pais envers le roy (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 249). Pour vostre amour avoir que je voeil empetrer Les gariray trestous sans nesun mesconter. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 665). Se cils qui est princes et sires Des rois, des resnes, des empires, Par sa tres grant misericorde Envers tels gens ne se racorde, De tels en y avra, ce cuit Qui empetreront [var. emporteront] dou mal cuit. (MACH., F. am., c.1361, 186). Il vuet empetrer un succide, Aucun confort, aucune aïde Pour la sainte Crestienté, Où son cuer a mis et enté, Et pour les Sarrazins destruire. Vive tels roys et ja ne muire ! (MACH., P. Alex., p.1369, 217). Quel merveille ! car se les advocaz devoient aler en Angleterre pour empetrer d'Ocam ou ung ou deux soutilz et captieux sophismes, si empescheront ilz a venir au principal par droit apparant, ou par nouvelle coustume, ou par un apparant sillogisme. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 475). Hé las ! mais moy quel reconfort m'empetre Nul bon espoir fors ma vie desmettre Par desespoir ! (CHR. PIZ., Dit Poissy R., 1400, 217).

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Empetrer (la) grace : ...pour empetrer grace Du doulx Jhesu, que chascun (...) die par devocion La sainte salutacion Que l'ange apporta a sa mére (Mir. abbeesse, 1340, 61). Et quant les gens qui aouroient La ditte deesse voloient Havoir d'elle ou empetrer grace, Venir faisoient en la place Sur la fontainne .V. pucelles Vierges, juenes, cointes et belles... (MACH., Voir, 1364, 754). La mort vient par mal perpetrer ; Donquez fait il bon empetrer Grace d'avoir cuer esveilliet et a bien faire conseilliet. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 51). Je te salue, Marie, Qui de grace es remplie ; Avecquez toy est le Seigneur Qui sur toutez te donne honneur ! Resaluez nous en empetrant grace icy et gloire en paradis (GERS., Annonc., a.1400, 240). ...aucuns cuident tout a temps Empetrer grace (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 105). Archidiaque, sans arez Mectre nous fault en oroysons Et en humble devocion, Pour empetrer dever Dieu grace [Et] que celle erreur ung efface De cest païs (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 55). Loué soit noustre createur Et sa doulce mere piteuse Laquelle a esté curieuse De vous empetrer la grace Et l'amour du saint esperit. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 143).

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Empetrer que. "Obtenir que" : Et a ce propos fait assez bien une loy laquelle dist que, se un sers est franchi par son seigneur, ja soit ce que il enpetre que il puist porter anel d'or, neantmoins, l'opynion du pueple ne puet estre changiee que il n'ait esté une foys sers (Songe verg. S., t.1, 1378, 306).

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Empetrer qqc. à qqn.

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"Chercher à obtenir, obtenir qqc. pour qqn" : Et donc la commençai a deprier tres piteusement que ele m'empetrast pardon de mes pechiés (VIGNAY, Vie ste Marie Eg. D., c.1333-1335, 271). Ly roys Cornumarans y tramist de sa gent ; Ses oncles Maucoulon y ala droitement, Pour empiétrer secours à le payenne gent (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 434). Car c'est celle qui nous peut empetrer Joie es sains cieulx (Mir. chan., c.1361, 186). Dame, qui es lassus en joie Pardurable sanz finement, A Dieu qui ne fault ne ne ment, M'empestrez paiz et telle accorde, Fonteine de misericorde, Que de mes pechiez soie quittes Par voz glorieuses merites (Mir. march. juif, c.1377, 176). Toutes les saintes vierges et les veuves (...), empetrés a moy, pecheour, don de pardurable grace, continence de vie (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 50). ...et [Mélusine] leur dist : Mes chieres seurs, or regardez la grant griefté et misere ou nostre pere a mis nous et nostre mere, qui eussiemes esté en si grant aise et en si grant honnour. Or n'en est il bon a faire ? Quant a moy, de ma partie, je m'en pense a vengier, car aussi pou de soulaz qu'il a empetré a nostre mere par sa faulseté, je lui pense a faire. (ARRAS, c.1392-1393, 11). Et a basse chiere, a face esplouree venoit moult instamment et devotement de par Joachim et saincte Anne, affin que empetrer leur peust lignie, et que hors feussent du reproche de la loy de malediction. (GERS., Concept., 1401, 395). Et pour ce faire, et que toutes noz ames soyent belles et plaisans a Dieu, empetrez nous l'eaue de grace pour nous purifier (GERS., Concept., 1401, 427).

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"Demander qqc. à qqn, supplier qqn pour obtenir qqc." : ...Damon et Phisias furent si tres parfaiz amis ensemble que, quant Denise qui estoit roy de Cecile en vouloit .I. mettre a mort pour son meffait et il eüst empetré au roy espace d'aler en son païs pour ordener de ses choses, l'autre l'applega sur la teste, dont ceulz qui ce virent et sceürent le tenoient pour fol (FERRON, Jeu eschaz mor. C., 1347, 193).

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Empetrer à qqn que. "Demander et obtenir pour qqn la faveur de" : Empetrés moy benignement envers vostre ami singulier [Jésus, l'ami de Jean ici sollicité], que je ne soye plungié et peris en la mer espirituelle ou sont les flos merveilleuz de toutez temptacions et faultes, que je le puisse amer sus toutez riens (GERS., Trois prières O., c.1400, 34).

REM. Cf. TLF IX, 1222a, s.v. impétrer.

V. aussi impetrer