C.N.R.S.
 
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     DÉPARTIR     
FEW VII partire
DEPARTIR, verbe
[T-L : departir ; GD : departir ; GDC : departir ; AND : departir ; DÉCT : departir ; FEW VII, 684, 688a : partire ; TLF : VI, 1136a : départir]

I. -

[Idée de fractionnement, de division]

A. -

"Fendre, diviser, séparer"

 

1.

"Fendre, couper"

 

-

Departir qqn. "Couper qqn en deux" : SALOMON. ...Femmes, j'advise pour le mieulx Que cest enfançon, ce poupart Sera couppé, party en deux, Et chacune en aura sa part. LE PREMIER TIRANT. Je le vois departir gaillart. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 326).

 

-

"Mettre qqn en pièces" : Ilz seront ars en fus, Esquartelés, mutilés, departis (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 71).

 

.

Departir qqn/des membres par pieces : Je voeul et commande, dist Aroès, que tu departes ce chevalier par pieces et que tu emportes son ame en enffer (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 112). ...la pugnicion y est si grande qu'on ne sauroit dire, et non pas seulement sont telz gens qui batent et frapent leurs dames dignes de mort acoustumee, mais doit l'on departir et detrencher leurs membres par pieces (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 216).

 

-

Au fig. [Du coeur] Departir. "Se fendre" : O cueur, y pourrois tu durer ? Te sçaroit Constance deffendre ? Nennil, douleur te feroit fendre Et departir par le millieu. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 219).

 

2.

"Diviser qqc. (en parties, en parts, en sous-ensembles)"

 

a)

Departir qqc.

 

-

Departir (un espace) "Diviser (un espace) en plusieurs parties" : Et comment qu'il [l'enfer] soit departy, Chascune des pars assez nuyt : Ou enffer est peine s'ensuit. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 210).

 

-

Departir (un discours, un élément de discours) "Établir des subdivisions (dans un discours)" : Et pour ce, devant que commance A vous declarer cy leur vie, Laquelle sera departye En deux [parties] dont la premiere Vous fera mention planiere Comment furent martyrisez Et puis aprés canonisez (Serm. st Jamb. K., c.1460, 50). ...et moult loerent la sage dame Ysengrine qui si hautement avoit continuee son euvangile, et departi par .XXVI. articles qui tous estoient de grant sens et de grande importance (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 88).

 

b)

(Se) departir. "Se diviser"

 

-

[D'une voie, d'un cours d'eau] : Chascun ruissel en deux se part Par quoy leur cours lors se depart (COURCY, Chem. vaill. D., 1424-1426, 76).

 

-

[D'un ensemble de choses ; p. réf. à l'épisode des langues de feu de la Pentecôte, Actes des apôtres II, 3] : ...il m'est avis Que tu, qui leur ensegneras Les lengages et aprendras Et pour les quiex seras parleur Et miex dit lengue que la leur, Fourme de lengues departans Et vers divers päis tendans Devras prendre (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 348).

 

3.

"Séparer des choses, des personnes"

 

a)

[À propos de choses] Departir des choses

 

-

[D'un obstacle géographique] "Séparer (deux territoires), faire frontière entre (deux territoires)" : ...Singlent contremont la Saverne, Une riviere grosse et bonne, Qui depart, ensi c'une bonne ["borne"] Est sus la marce d'une terre, Depart Galles et Engleterre. (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 22). Et fu ceste hystoire averie Au vray effect en Lombardie, Droit es confines de Pieumont, Aussi comme au pié de grant mont Qui depart France et Ytalie (Gris., 1395, 3). ...la rivière de Sartre (...) depart le Maine et Ango. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 280). ...la riviere de la Saverne (...) depart le roiaulme de Galles et Engleterre (FROISS., Chron. D., p.1400, 81). ...li Escoçois avoient passet la riviere dou Thin amont viers les montagnes qui departent Galles et Engleterre (FROISS., Chron. D., p.1400, 113). C'est assavoir es parties deça le far de Messine, qui deppart les royaumes de Sicile et de l'isle de Trinacle (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 170). Cestui ala en maintes terres et conquesta plusieurs regions, comme Grece et Asye, passa Bosforus, ung braz de mer qui depart Asye et mist en sa subjection depuis Grece jusques au fleuve de Euffrate et fist la terre nommer Perse. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 19 r°).

 

-

Departir (un domaine) d'un autre domaine : ...ou cas que il départiroit le dit dommaine de la Broce d'o le dit dommaine de les Dobiaye, il ne pourroit porter point de l'usement de la dicte forest au dit domaynne de la Broce, que il ne cheist en forfecture, nez gressuns nez autres chouses de les Dorbiaye. (Cartul. Laval B., t.2, 1332, 167).

 

-

"Séparer un texte d'un autre texte" : Et pour ce ne vueil je mie son livre estrippeller [le livre de J. Bruyant La Voie de Povreté et de Richesse], ne n'en oster un coippel ne le departir du remenant (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 117).

 

-

[D'une chose] "Séparer (des choses)" : Item, dire que feu est de tele figure pour ce que de sa nature il divise les choses, ce est une derision, car sa nature est plus congreger et assembler que separer ne diviser, car il depart et separe les choses qui ne sont pas d'une espece ou d'une maniere et assemble celles qui sont d'une nature. (ORESME, C.M., c.1377, 652).

 

-

Departir qqc. de qqn. "Séparer, éloigner qqc. de qqn" : Boutons ce batel si qu'il flote. Ho ! la mer de nous le depart. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 60).

 

-

Departir qqc. d'avec qqc. : Et ce premier statut departy pieça l'Eglise grecque d'avecquez la latine. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 177).

 

b)

[À propos de de pers. ou d'animaux] Departir qqn/un animal

 

-

Departir un couple, l'union de deux pers. "Séparer un couple, une union, faire qu'un couple, qu'une union se défait" : Sy c'une personne est Dieu et homme sans mentir, Ceste conjonction ne peut nuls departir. (Pleur ste âme B., c.1375-1425, 63). Mort, dure Mort, Dieu te maudie ! Et comment es tu si hardie Que noz deux cuers a l'estourdie As departy Et l'un loing de l'autre esparty, Quant point n'assemblerent par ty Ce qui estoit un seul party ? (CHART., L. Dames, 1416, 215). Pourquoy ne me prent elle doncques, Ou qu'el ne me print des adonques, Sans departir pour rien quelconques Nostre joincture ? (CHART., L. Dames, 1416, 217). Et puis qu'il plaist au Dieu Souverain et que nous avons telle amour enssamble que jamais ne peut estre departie, nous devons vouloir le bien et l'onneur l'un de l'autre (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 117). Jugement (...) que dit que une jonne fille fut minse a maistre a annee et .XL. lbz. avec lei, par tel que, au chief des annee, on li debvoit rendre les .XL. lbz. ; maix ansoit que les annee fuxent fuer, la fillaitte fut fianciee a filz son maistre et les semonte faicte a l'esglise, et pués reffurent departis par devant l'official ainsois que la messe fut chantee, se volt on ravoir lez .XL. lbz. ; et on s'en deffendoit en disant que la departie des enffans n'estoit mie par lui, ains volloit bien aller avant dez convenance. Li maistre-eschevin dit qu'il l'ait bien a paier. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1337], 156-157).

 

-

[De pers. mariées] Departir. "Se séparer" : Car anciennement ilz [les mariéz steriles] povoient departir quant ilz ne povoient avoir ligniee (ORESME, E.A.C., c.1370, 445).

 

.

Departir de (son conjoint) : [Une mère à propos de son gendre] Tout à force luy vouloit faire. Et maintenant qu'il le peult bien, Se trahistre cy ne luy fait rien. Par Dieu, elle en departira (Nouv. mar. T., c.1490-1500, 102).

 

-

"Séparer (des combattants)" : ...si les departons maintenant s'il vous vient à gré, car je n'auray jamais joye jusques atant qu'ilz seront raccordez (Doolin de Mayence V, P., a.1500, 83).

 

-

Séparer (des armées) : Après ces armées departies, le roy s'en alla en Touraine et le duc de Guyenne en son pays et le duc de Bourgongne au sien. (COMM., I, 1489-1491, 188).

 

.

Séparer (une armée) en deux parties : Consilliet fu que il departiroient lor hoost en deus parties : li une des pars demoroit devant Hainbon ; et li aultre (...) iroient metre le siege devant Auroi. (FROISS., Chron. D., p.1400, 520).

 

-

[D'une troupe] Se departir en (tant de parties). "Se séparer, se scinder (en tant de parties)" : Quant il se veirent si grant fuison sus les camps, si eurent conseil que il se departiroient en trois pars, pour plus tost constraindre leurs ennemis. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 136). Et furent sus un estat une espasse, que il se departiroient en deus chevaucies pour yaus trouver plus prestement. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 185).

 

-

Empl. factitif [D'un obstacle sur le chemin d'une troupe en marche] "Séparer, disloquer (une troupe)" : Et (...) une bataille à pié ne doit point marcher ; mais doit tousjours attendre ses ennemiz pié coy. Car, quant ilz marchent, ilz ne sont pas tous d'une force, ilz ne pevent pas tenir ordonnance. Il ne fault que ung buysson pour les despartir. (BUEIL, II, 1461-1466, 63).

 

-

Departir qqn de/d'avec qqn. "Séparer qqn de qqn." : Se le mary a des enfans D'autre femme, et sont mendres d'ans, Petitement seront partis ["lotis"], Mais bien tost seront departis De la marrastre après la mort [du mari] (DESCH., M.M., c.1385-1403, 67). Après que ces gens de Gand eurent fait cest exploict, ilz departirent d'avecques elle monsr de Ravastin et la douairière, femme du duc Charles (COMM., II, 1489-1491, 203).

 

.

[De la mort] : Ce que je fais doit estre pardonné : Je ne suis plus cellui que je souloye, N'il ne me chaut qu'on cuide que je soye, Puis que la mort m'a departy de celle Que tant valoit que tous furent en elle Les biens qu'autres choisiroient pour eulx. (CHART., R. Bal., c.1410-1425, 387). ...s'i fault que mort vous departe D'avecques my et que moy, mere, Vous voye souffrir mort amere Pour saulver l'homme, je vous pri Que je soye lors comme ravie Et soit ma triste ame suspence Pour lors de toute congnoisçance En vertus intellectuelles Et en puissances corporelles (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 233).

 

-

En partic.

 

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DR. Departir (les parties). "Départager (les parties dans un procès)" : L'OFFICIAL. Vraiment, tu m'en as bien compté, Faictes aprocher les parties. LA MERE. Et bien, seront nous departyes ? Avons nous bien prouvé le cas ? (Mère Ofic. T., c.1500, 123).

 

.

CHASSE [Du chien] Departir (un animal) hors du change. "Séparer la bête lancée d'avec le change" : Et, se la beste qu'il chasce se met en change d'autre beste, soient cerfs, ou autres bestes, quelles que elles soient, il doit chascier sa beste touz jours, criant a plaine guele, que ja pour change ne doit laissier de crier. Mais, quant il aura sevré et desparti sa beste hors dou change, lors doit il doubler sa guele. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 132).

 

4.

P. ext.

 

a)

"Disperser"

 

-

[qqc.] : Adés prent la petite chevance des povres pour adjouster au grant monceau des plus riches, puis depart soudainement ce monceau, si qu'il n'y reste que la place vuyde. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 8). Certes, comme en gettant ses rez sur la terre le beau soleil abat et depart les broullas, et rent le jour cler, ainsi le roy droicturier confont et deprime toute iniquité par l'esgart de sa prudence, et radresse toutez choses a honnesteté par l'onneur de ses justes faitz et renommee. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 45).

 

.

Empl. pronom. à sens passif [De biens] Se departir. "Être divisé et dispersé" : ...toute et quanteffoiz que deux persones sont aliez en amours et l'une va de vie a trespas, les biens qui estoient communs ensemble se departent et sont estains, ne n'y peuent les heritiers succeder, car telz biens sont personnelz et n'ont point de suite. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 59).

 

-

[qqn] : Departie et desassemblée Est ja la gent de vostre feste. (Mir. chan., c.1361, 170). Devant moy vas (...) Et ces gens depars et demasse, Si qu'aye voie. (Mir. ste Bauth., c.1376, 91).

 

.

[D'un élément naturel] : Or advint que par la grace de Dieu que fortune se leva en la mer, et uns orages et tempeste si horrible que Sarrasins furent moult esbahiz. Et les departy tellement la tempeste que ilz ne scorent en gueres de temps que bien VIIJ. de leurs vaisseaux furent devenus. (ARRAS, c.1392-1393, 128).

 

b)

"Supprimer qqc."

 

-

[De la mort] : Prince, je dy que c'est peu de richesse De ce monde ne de tout son plaisir : La mort depart ce qu'on tient a largesse. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 169). Se Mort, qui espart Et qui tout depart, Me prent pour sa part[,] Mon dueil se depart Et ma vie languoree. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 338).

B. -

"Partager qqc."

 

1.

Departir qqc. "Partager (une chose, un ensemble de choses) en lots, en parts (en vue de les distribuer)" : Gaigné avons le vestement ["l'ensemble des vêtements"] Jhesu ; je lo que le departe, Avant que je de ci me parte. (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 197). ...lesdites poudres ainsy departies par entre eulx (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 456). ...il reçurent sur ycelle vente la somme de XVIIJ s. par. en or, qu'il et ledit Cousin departirent ensemble par moitié. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 71). Comme il soit ainsi, ce dit il, Que la vertu noble et gentil De justice es larrons reluise, Quant entr'eulx tel droit leur aduise Que leurs despouilles ilz departent Egaument et les s'entrepartent : Par plus fort raison le prince estre Doit vray justicier en tout estre, Qui la chose publique garde Et du commun corps a la garde. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 246). Jugeons les plus grans et difficilles choses par les doubtes que nous appercevons es maindres, si saurons que nulle communité ou compaignie ne se peut maintenir sans justice et mesmement entre les larrons, pour continuer ensemble et departir leurs proyes, fault il une maniere de justice garder et l'un vers l'autre, combien que justice ne soit ce pas, pour faulceté de la matiere et de l'entencion, sinon qu'elle est ainsi dicte par similitude. (CHART., Q. inv., 1422, 55). Aprez fut baillée la charge et police de despartir les vivres au Maistre des arbalestriers et au viel cappitaine de Crathor. (BUEIL, I, 1461-1466, 202). Encore n'est pas viande preste. Luccifer, laisse la roustir, Et puis nous l'irons despartir Et la devorarons trestous. (Pass. Auv., 1477, 249). L'esmerillon et l'esprivier, une fois, s'accompaignerent ensemble et promirent que, de toute la proye qu'ilz prendroient, ilz la departiroient ensemble socialement. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 173). Retournant audictz ducz de Normandie et de Bretaigne, qui estoient alléz prendre possession de la duché de Normandie, dès ce que leur entrée fut faicte à Rouen ilz se commencèrent à diviser quant ce vint à departir le butin (COMM., I, 1489-1491, 88). Pour tant, affin qu'elle soit my partie Et que ta chair descouverte ne soit, Prens par ung bout si sera departie (LA VIGNE, S.M., 1496, 197).

 

-

"Répartir qqc. (dans des endroits différents)" : Pierre Bascle et Ferrando arrivèrent à Chierebourcq à tout grans pourveances de vins, de vivres et d'arteillerie. Si departirent ces pourveances en pluisieurs lieux ens es villes et ens es castiaux dou roi (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 55). ...le soleil ses raiz envoyoit et departoit par la terre paincte et brodée de belles fleurs. (C.N.N., c.1456-1467, 88). Et principallement qu'ilz ne congnoissoyent pas bien que toutes ces graces leur procedoyent de Dieu qui les depart là où il luy plaist. (COMM., I, 1489-1491, 14).

 

-

Loc. N'avoir rien à departir. "N'avoir rien à partager, d'où n'avoir aucun motif de division à propos de qqc." : Pour continuer ce propoz que la veüe des princes n'est point necessaire, ces deux icy n'avoient jamais eu different ne riens à departir (COMM., I, 1489-1491, 136).

 

-

[Dans le langage amoureux] Sans departir. "Sans partager (son coeur), en restant loyal et fidèle" : Sy fay ge, et pour ce humblement vous presente, Sens departir, en quelque lieu que je soye, Mon cuer, m'amour, m'esperance et ma joye. (Recueil galant. V.-B., c.1350-1400, 95). Las ! mes on a mon deduit transmué En grant tristour, et bien l'ai esprouvé De puissedi Que de ma dame et dou lieu me parti Ou je fui nes et ou on me nouri Et ou dou tout donnai mon coer a lui Sans departir. (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 158). En ce temps que mon coer donnai Sans departir tout a ma dame Par amours, qui les coers entame... (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 81). Dame d'onneur, vo beaulté qui resplent M'a si souspris que tout vostre me tiens ; Sans departir a vous seule me rent (Cent ball. R., c.1388-1396, 227). Et par un doulz pensser, venir Je sens en mon cueur un volloir Pour tout le bon plaisir volloir De ma dame de hautain pris, A qui mon cueur se rent pourpris Entierement, sans departir (Livre amour. all. F., c.1398-1430, 116). Vous savez que, par Franc Desir Et Loyal Amour conseillee, Me deistes que, sans departir, De m'amer estiés fermee (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 77).

 

2.

"Répartir (des hommes de troupe)"

 

-

Se departir (des hommes de troupe). "Répartir (des hommes de troupe) à son avantage" : Si fu dit et consilliet a messire Carle de Blois que il se departesist ses gens et pourveist fortereces et garnisons de gens d'armes, et mesist et establesist partout bons capitainnes (FROISS., Chron. D., p.1400, 555).

II. -

[Idée d'attribution (d'une chose divisée en parts)] "Donner, attribuer qqc. (à qqn)"

A. -

Departir qqc. (à qqn). "Donner distribuer, attribuer qqc (à qqn/à un animal)"

 

-

[Des choses concr.] : Dieu, qui touz biens donne et depart... (Mir. parr., 1356, 6). ...je souhede a part Que tous les biens, qu'elle donne et depart, Soient a nous desploiiet et espart (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 216). Il a brisé en deux son pain, Et s'en a au chien departi La plus grant part, quant l'a parti (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 53). ...tous chevaliers et escuiers qui retournoient par la terre du conte de Foix (...) estoient de luy si bien venu, et leur departoit larguement de ses biens. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 128). ...che saint cardinal (...) tout donnoit et departoit aux povres gens, riens ne retenoit des biens de l'Eglise fors que pour simplement tenir son estat. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 183). ...et est assavoir que ledit seigneur ne voult pas que les robes communes de drap, lesquelles il vest tous les jours, soient mises ne escriptes en ce présent inventoire, pour ce que il les donne et départ à ses officiers et autre part, toutes et quantes foiz que bon luy semble. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 355). Je le vous feray apporter [tresor], Afin que, sanz vous deporter, Le departez aux povres gens Par vostre dyacre Lorens. (Mir. st Lor., 1380, 156). ...et qui receustes ses dons de grace en especial au jour d'ui avec les apostres tres habundamment, non mie pour vous seulement a souffisance, mais pour les departir aux povres indigens et a vos povres voisins (GERS., Pent., p.1389, 72). Et fu moult bien rafreschy des biens de la ville, car le duc les fist despartir tant que chascun en ot largement. (ARRAS, c.1392-1393, 176). Et à dire que est justice, c'est si comme une loyalle despensiere qui distribue et depart à un chascun tel part et porcion qui lui est due par ses faiz, soit de bien ou de mal (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 95). ...li rois de France, avoecques ce que il osta la vie au signeur de Cliçon, il saisi tous ses hiretages de Bretagne et de Poito et les donna et departi aillours a sa plaisance. (FROISS., Chron. D., p.1400, 600). ...si ont esté donnez leurs offices, prins leurs biens, abutinez, donnez, departiz ou vendus. (BAYE, II, 1411-1417, 85). D'un autre inconvenient ne me puis je pas taire, c'est que aucuns chiefs et conditeurs de gens prennent l'argent des gaiges de leurs souldoiers sans le leur departir, en les faisant vivre sur le peuple, si encourent la villaine tache de larrecin farcie de desloiaulté, et en soy continuant comme les grans larrons qui emblent a la seigneurie, nourrissent et soustiennent une niee d'autres larronceaux pour rober sur le peuple. (CHART., Q. inv., 1422, 52). ...ceulx qui sont maleureux Et ne sont aucunement dignes D'avoir les doulces medicines Qu'Amours depart a ses servans (Narcissus, p.1426, 295). Encores veul et vous commande que des pouvres soiés piteux, et ne diffamez autrui pouvreté, et, selon vostre puissance, de voz biens leur departez (LA SALE, J.S., 1456, 46). ...il convint qu'il fit bon à toutes les bandes où il s'estoit abutiné de son butin. Car la première bande voulut avoir part à tout ce qu'il avoit gaigné et voullurent que son gaing fust departy à six ou sept qu'ilz estoient, et disoient qu'il n'avoit pas puissance de abutiner les autres en leur part. (BUEIL, II, 1461-1466, 96). Les aultres qui s'en vouldroient aller à leur nacion, je escripray voullentiers à leurs princes l'honneur et la vaillance d'eux et le bon service qu'ilz m'ont fait, et les recommenderay et leur departiray de mes biens. (BUEIL, II, 1461-1466, 166).

 

-

[Une chose plus ou moins abstr.] : Si [vous, le marquis] avrez [dans le mariage], se Dieu plaist, partie Par qui vous sera departie Bonne amour, lÿece et plaisance, Qu'assez avez senz et puissance De la choisir plaisant et bonne Selon vostre noble personne (Gris., 1395, 15). Pleust a Dieu que bien feust escript en voz souvenances combien proufite a l'exaussement de seigneurie savoir saigement departir le guerdon des bons et la punicion des mauvais, sans suivre le bruit ou l'affection (CHART., Q. inv., 1422, 17). Or, Dieu nous veullie departir Son amour et sa grace prester (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 419). Pour obvier a ses dangers [aux exigences, aux hauteurs de la femme que j'aimais], Mon mieulx est, ce croy, de partir. A Dieu ! Je m'en vois a Angers, Puis qu'el ne me veult impartir Sa grace ne me departir. Par elle meurs, les menbres sains ; Au fort, je suys amant martir, Du nombre des amoureux sains. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 13). ...et sembloit bien que Dieu en elle seule trop plus que es autres avoit departy de sa grace divine (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 10). ...et departent leur autorité à ceulx qui plus leurs sont agreables et pour l'aage qui leur est plus sortable ou pour estre comprins en leurs oppinions ou aucunes fois sont manyéz par ceulx qui sçavent et conduysent leurs petiz plaisirs. (COMM., I, 1489-1491, 78).

 

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"Attribuer pour une mission limitée dans le temps (un terrain d'action) à qqn" : Tantost le sire de Rocqueton despartit à tous ceulx qui devoient faire les escoutes, le payz où ilz devoient aller, et leur bailla guides pour ce faire. (BUEIL, I, 1461-1466, 203).

 

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En partic.

 

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"Donner, distribuer (des coups)" : Nompourquant je vueil encor dire, Pour ce qu'il fait a ma matire : S'armez estoie sus les champs, Et les anemis aprochans Vëoie pour cops departir, Se je m'en pooie partir Ou demourer dedens l'estour, Foy que je doy mon creatour ! (MACH., F. am., c.1361, 147). N'en y a nul qui ne depart Grans horïons a sen espée. (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 218). ...si leur départoit si grans cops que ceulx qui en estoient actains estoient portez jus sans remède. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1425-1440, 62). ...et alors qu'il ot son espee tiree, il commencha a ferir et deppartir lez copz sy pesans qu'il n'encontroit chevalier ne escuier qui demorast en selle devant luy (Comte Artois, c.1453-1467, 11).

 

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"Administrer (un sacrement)" : Prestre, a ce pecheur cy depart Et donne absolte (Mir. parr., 1356, 61).

 

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[D'une femme] Se departir à qqn. "Se donner à qqn, accorder ses faveurs à qqn" : Madamme, dist le roy, vous aveiz peu de memoire de sy grande honnesteteit, quant vous m'aveiz deshonnoret que mal femme, quant vostre corps a mon nain soy depart. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 119).

B. -

Departir qqn de qqc. "Donner à qqn sa part de qqc." : Chils dus se tenoit communement à Paris, et subportoit desous ses elles les Parisiiens, pour la cause de ce il avoient grant finance, et contendoit à ce que il en fust aidiés et departis, pour aidier à faire son fait et son voiage. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 170).

 

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Estre departi de qqc. "Être loti de qqc." : Trop m'est changiez li temps et la maniere Depuis le jour que je me departi De vo douçour, tresdouce dame chiere, Car onques puis je n'os joyeux parti. Pour mon depart ainçois suy departi De griefs pensées et de divers dolours (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 357).

III. -

[Idée de séparation spatiale ou de rupture dans le temps] Departir/se departir

A. -

[Idée de séparation spatiale] (Se) departir (de)

 

1.

(Se) departir (d'un lieu). "S'en aller (d'un lieu), quitter (un lieu)" : C'est l'ennemi qui de ce lieu Ci se depart. (Mir. mère pape, c.1355, 389). Cilz departirent de Brouxelles quant leurs lettres de creance estoient escriptes et seellées, et se mistrent au chemin et vindrent à Paris. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 181). ...il qui parle et ladite son amie Museau de Brebis se departirent dudit lieu de Verberie, et vindrent demourer en la ville de Paris (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 147). Et partant, lui qui parle et ceulx de sa compaignie se departirent dudit fort et le rendirent audit conte ou ses gens (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 205). Et ainsi se sont departiz de la montaigne et fist chascun d'eulx ce que le roy avoit ordonné. (ARRAS, c.1392-1393, 137). ...avant ce que mesires Robers d'Artois et la contesse de Montfort se departesissent dou havene de Plumude, uns grans tourmens se mist sus mer (FROISS., Chron. D., p.1400, 567). ...pour ce, departir se veulent De la cité, dont fort se duelent (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 217). Et a tant se departirent lesdiz deputez de ladicte Chambre de Parlement. (FAUQ., I, 1417-1420, 71). Ce jour, se departirent les gens du Roy du siege de Montlehery. (FAUQ., I, 1417-1420, 165). ...tel expedient que Tribulacion, Douleur et Affliccion se departiroient dudit royaulme de France (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 153). Et, le jeudi ensuivant, monseigneur de Berry, monseigneur de Charrolois et autres se departirent de devant Paris et s'en alerent en divers lieux (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 136). ...icelle Estiennete se departy de son hostel de Paris qu'elle laissa et habandonna, ensemble sondit mary, ses enfans, pere, mere, freres et seurs et tous ses parens et amis (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 222).

 

-

P. anal. Departir de ce siecle. "Mourir" : ...quant de ce siecle departent, Ne sont leurs corps las (...) Couvers fors des plus viez drapiaux (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 269).

 

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Departir par mort : ...quant vient le jour qu'ilz departent Par mort, qui sur eulx frappe et maille, llz n'emportent denier ne maille. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 44).

 

-

(Se) departir + adv. de lieu/loc. adv. : Ainsi se despartirent d'une part et d'aultre, et s'en alla chascun à son affaire, le conte devers le Roy et les aultres à la ville. (BUEIL, II, 1461-1466, 7). Il seroit bon a mon semblant, Mere, d'icy nous despartir, Car ces bons seigneurs maintenent Veulent le corps ensevelir. (Pass. Auv., 1477, 247). Lors respondi l'ours au loup : "Mon compaignon, sciez toy icy delez moy se tu le veulz et te leche comme tu vois que je fay ou, autrement, departz de cy et t'en va" (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 249).

 

2.

(Se) departir de qqn

 

-

(Se) departir de qqn/hors de qqn/d'avec/de devant qqn/de la compagnie de qqn. "Quitter qqn, se séparer de qqn" : ...combien plus s'est il adjoint a ceste vierge en laquelle il prist nostre humanité, qui souverainement a Dieu s'aherdi ne oncques ne s'en departi. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 92). Si me dist (...) Que me departisse bonne erre Hors de mon pére et de sa terre (Mir. fille roy, c.1379, 112). Mais sachiez tantost se parti Et d'avec moy se departi Et s'en ala. (Mir. st Alexis, 1382, 309). ...fu requis par icellui Thevenin qu'il le delivra[st] d'icelle fille, disant qu'il ne povoit avoir bien avecques elle, et aussi qu'il ne s'en povoit departir. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 109). ...quant lesdiz trois compaignons furent descendus de ladite chambre, ilz dirent à lui qui parle, et audit Favas son compaignon, qu'il avoient très bien batu ledit Cloz. Et, ce fait, se departirent l'un de l'autre, et lui et ledit Favas alerent celle nuit esbatre parmi la ville de Paris, sanz fere aucun mal, jusques au lendemain matin (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 102). Ainsi se departirent les parties de devant le roy. (ARRAS, c.1392-1393, 61). Et lors appella Melusigne ses enfans en disant ainsi : Enfans, vous vous departez de la compaignie de monseigneur vostre pere et de moy et est adventure que je vous revoie jamais par de ca [l. ça]. (ARRAS, c.1392-1393, 152). ...mon biau cousin Edouwars d'Engleterre se depart de moi (FROISS., Chron. D., p.1400, 70). ...la compaignie des vraiz amans s'esveilla, et se despartirent l'un de l'aultre amoureusement. (C.N.N., c.1456-1467, 367). Ainsi se despartirent du Roy le cappitaine de Crathor et ses compaignons et s'en allerent en la ville au logeiz du conte de Parvanchières (BUEIL, II, 1461-1466, 141). Touteffoiz ceste amour se part, Car celle qui n'en avoit q'um De celluy s'eslongne et depart Et ayme mieulx aimer chascun. (VILLON, Test. M., 1461-1462, 62). LA MERE. Voila un homme bien mauldit. Par Dieu vous en departirez (Nouv. mar. T., c.1490-1500, 95). Et, en soy departant dudit Gillet, icelluy dist audit Voyau que, se ledit conte de Dampmartin estoit dilligent, il recouvreroit bien Saint-Morice. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 180).

 

3.

[D'une chose]

 

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[D'un territoire] Se departir de qq. part. "Prendre son point de départ à partir de (tel endroit)" : Miauros est une abbeie de Saint Benoit, et la se depart, a une petite riviere qui i court, li roiaulmes d'Escoce d'un lés et li roiaulmes d'Engleterre d'aultre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 217).

 

-

"Partir (d'un point donné)" : ...car nous veons que toutes les lignes du cercle se ressamblent en ung ou centre, c'est a dire ou point indivisible qui est ou moyen du cercle, et toutevoies en departant et eslongant dudit centre, ilz se divisent l'un de l'aultre. (Somme abr., c.1477-1481, 158).

 

-

"S'écarter (d'une autre chose)" : Les nefs estoient acroqies et atachies les unes as aultres, et ne se pooient departir. (FROISS., Chron. D., p.1400, 408).

 

-

"Sortir (de qq. part)" : ...elle [la panthère] fait ung cry auquel toutes les bestes qui la oyent se assemblent et ensiuent la suavité de l'odeur qui depart de sa bouche (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 259). Regarde les gouctes couller De sueur penible a merveille, De sueur comme sang vermeille, Qui de tout le corps me depart. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 249). J'ay souffert (...) Mon costé percier de la lance, Sang et ëaue en departir, Mon corps mourir, l'ame partir (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 453).

 

-

"Procéder (de qqn)" : Mais la bestialité des princes et leur ignorance est bien dangereuse et à craindre, car d'eulx depart le bien et le mal de leurs seigneuries. (COMM., II, 1489-1491, 213).

 

-

Empl. abs. "Se séparer" : Cedit jour, au soir, se commencerent les glasses à departir et avaler aval à grant impetuosité. (BAYE, I, 1400-1410, 213).

 

-

Au fig. "S'éloigner, diverger (de qqc.)" : Derechief, il est une aultre debonaireté, qui est appellee misericorde, mez c'est improprement, laquelle depart, de tous poins, de justice, et ceste debonaireté doit estre plus proprement appellee neglygence que misericorde ne pitié, et si est reprouvee en droit (Songe verg. S., t.1, 1378, 344).

 

4.

Se departir de qqc.

 

a)

"Se séparer (d'un bien), faire abandon (d'un bien)" : Et pour bonne foy et equité il se departist du butin, et sembla advis à beaucoup de gens qu'il fist son honneur et son devoir. (BUEIL, II, 1461-1466, 241).

 

b)

"Renoncer à qqc." : Et pour ce, ceuls qui pour contrainte ne pour paour ne se departent de leur bon jugement et ne laissent leur bon propos, il sont a loer et les autres a vituperer. (ORESME, E.A., c.1370, 178). Ilz se departent de raison ou temps de la temptacion. (ORESME, E.A.C., c.1370, 374). ...des maintenant les dessus diz bourgois et habitans de ladite ville du Chesne se sont departiz et departent du reclain et poursuite des gens venuz ou à venir desdites villes des gistes assis en ladite ville du Chesne (Trés. Reth. S.L., t.2, 1378, 267). Fay, moy, Sire, s'il te plaist, que je ne soye de ceulz qui croyent et ont contricion en temps, et en temps s'en despartent. (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 41). ...desplesirs, descors, divisions et dissencions (...) remectent et délessent et s'en départent et déportent du tout. (Ch. VI, D., t.1, 1402, 223). ...au jour d'uy, maistre J. du Tour, procureur dudit de Gaucourt, s'est desisté et departi dudit procès et du droit qu'il reclamoit à avoir oudit office (BAYE, II, 1411-1417, 169). Et disoient les dessusdiz, ainsi assemblez que dit est, que ilz ne se desisteroient ou departiroient de leur entreprise (FAUQ., I, 1417-1420, 150). Saige est qui folie encommence Quant deppartir s'en scet et veult ; Mais il a faulte de scïence Qui la veult conduire et ne puet. (CHART., B. Dame, 1424, 349). Sire, tout le corps et les biens sont au commandement du roy mon chier seigneur et vous serviray par tout jusques a la mort, combien que je ne me departis oncques mais d'emprinse a tel meschief comme je fais de celle que j'avoie maintenant encommencie. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 330). Et entre autres choses fut dit et récité comment lesdiz de Bourgongne et de Saint-Pol avoient envoyé, de la partie d'icellui de Bourgongne, messire Philippe Bouton et messire Philippe Pot, chevaliers, et, de la partie dudit connestable, Hector de l'Escluse, pardevers monseigneur le duc de Bourbon, afin de esmouvoir mondit seigneur de Bourbon de soy eslever et estre contre le roy et soy departir de sa bonne loyaulté. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 363). ...lesquelz, si tost qu'ilz sont eslevez et remplis de biens superflus, ilz se departent de vertu et deviennent oisifz et negligens (TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 65).

 

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Se departir à/de + inf. "Renoncer à" : Et apres quant vient as perilz et leur premier mouvement est passé et refroidie [l. refroidié] ou destaint comme une legiere flambe ou comme une fumee, adonques le cuer ou le pouoir leur fault et se departent ou delaissent a ouvrer. (ORESME, E.A.C., c.1370, 209). Car tantost comme ilz ne sont encore ou delitables ou utiles, lors ceuls qui pour ce les amoient, cessent et se departent de les amer. (ORESME, E.A., c.1370, 418). Et les autres pour paour de labour et par peresce se departent et delaissent a faire les choses qui leur semblent selon raison estre bonnes. (ORESME, E.A., c.1370, 467). ...[il] se prenoit et tenoit au chariot d'icelle damoiselle de Harecourt faignant qu'il feust son serviteur et lequel prisonnier ne s'estoit voulu departir de tenir à ycellui chariot, pour commandement que lui eussent fait yceulz maistres d'ostel (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 457).

 

-

"Se dispenser de qqc" : Auquel duc de Lenclastre, et en sa main, il fist lors serement, et par la foy de son corps promist et s'obliga servir bien et loyalment le roy d'Engleterre et ledit duc de Lenclastre à tousjours mais, envers et contre toutes personnes quelconques, sanz soy departir dudit service aucunement sanz le congié d'iceulx (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 186). ...à laquele deposant icelle Macete dist : Puisque tu le aymes tant, je te aprendray bien et monsterray la maniere comment, avant qu'il soit XV jours, que vueille ou non, il te espousera, et ne s'en pourra departir, en lui faisant les choses qui ensuivent. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 307).

 

-

"Ne pas tenir compte de qqc., faire abstraction de qqc." : Nota, maistre Jehan, que, es festes de Flandres, se vous avez barguaigné et sceu le pris d'un cheval et vous demandez a le veoir courre, eo ipso vous vous departez de toutes les autres vices ; tellement que s'il est bon a l'esperon et qu'il queure il est vostre, quelque autre tache qu'il ait. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 140).

 

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"Se soustraire à qqc." : Ainsi pourrez departir du povoir Du Dieu d'Amours, sans avoir charge aucune. (CH. D'ORLÉANS, Songe compl. C., 1437, 101).

 

5.

"Quitter le lieu où l'on est"

 

a)

Departir : Aussi que d'un costé depart Mon clerc, je m'en vois d'autre part (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 264). ...et commanda audit Milon qu'il feist widier et departir les sergens qu'il avoit mis en garnison oudit hostel. (FAUQ., I, 1417-1420, 176). Vindrent nouvelles de la prinse de Pontoise par les Anglois, qui monterent par eschieles sur les murs d'icelle ville, entre IIII et V heures au matin, après ce que les gens qui avoient fait le guet furent departiz. (FAUQ., I, 1417-1420, 309). Ainsi departit nostre derrenier venu. [Une femme vient d'apaiser la colère de son amant, jaloux de son "prédécesseur"] (C.N.N., c.1456-1467, 232). L'yver approuchoit ; les vivres se mengeoient sur les champs ; on ne trouvoit plus gueres comme riens et force estoit qu'ilz despartissent. Et, se ainsi eust esté qu'ilz se fussent partiz de devant le Roy et sa puissance, il failloit qu'ilz tournassent le doz au Roy pour eulx en aller. (BUEIL, II, 1461-1466, 234). LE PREMIER. A Dieu, hau, nous prenons congié, (Noz) Rapporteurs avons mis en train. LE SECOND. Deppartons, car c'est trop songé. LE TIERS. A Dieu, hau ! (Rapp., c.1480, 70). Ceste commecte ne fut aperceue en plusieurs lieux et s'apparut assez tost après que l'armée qui estoit devant Paris fut despartie et, j'ay qui parle, m'en cuide rememorer, car lors estoye avecques le premier president, maistre Mathieu de Nanterre, demourant. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 158 v°). Pençons doncques de departir Et devers l'empereur aller (LA VIGNE, S.M., 1496, 487).

 

-

P. anal. "Mourir" : Tel est ennuit qui demain si n'est pas : Aussi bien fault il tost ou tard departir. (HAUTEV., Compl. H., c.1441-1447, 65).

 

-

Prov. Il n'est si belle compagnie qu'il ne convienne departir : Or dit uns proverbes Communs lequel je ramentois comme uns Seuls amans en signe d'umblesse, Qu'il n'est cours, tant soit de noblesse, Qu'il ne couvegne departir. (MACH., D. Aler., a.1349, 366). Il n'est si belle compaignie Qu'il ne conviengne departir (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 67). Sy dist on communement que sy belle compaignie n'est qu'il ne couviengne deppartir ne chose quy ne prengne fin (Comte Artois, c.1453-1467, 21). Il nest [l. n'est] si belle compagnie Qui ne departe bien le scauez (Myst. st Martin K., a.1500, 235).

 

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Se departir : ...quant il y ot sejourné VIII. jours et il fut raffreschis, il se departi et se mist au chemin (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 120). ...li demorans de vostres gens se departiront dedens quatre jours, puisque partir voellent. (FROISS., Chron. D., p.1400, 96). ...et après disner se departi le duc de Bretaigne pour retourner à Brye Conte Robert, pour ce qu'il y avoit mortalité à Corbueil. (FAUQ., I, 1417-1420, 169). Deshors ! Deshors ! Il vous faut deslogier, Desir sans joye et Pensee d'Amours. Je vous receu un peu trop de legier. Departez vous ! Alez logier ailleurs ! N'aprouchez plus de mon cuer les forsbours ! Trop ay vescu soubz voustre dur dangier. (CHART., R. Bal., c.1410-1425, 380). ...Angleterre, et Orgueil et Ambicion qui estoient ensemble, se commencerent a eschauffer et dire que "jameis" ne se departiroient, et vouloient soustenir leur fait devant dit (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 216). Et a ces parolles la royne toute pensive se departi, non cuidant que Madame ainsin mespreist ou voulsist mesprendre ne faire faulte (LA SALE, J.S., 1456, 262). Je te conseille que tantost te departes ou autrement de nous serras terriblement batuz et confroissiez. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 96).

 

b)

[De plusieurs pers., d'un collectif de pers.]

 

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"Se séparer (et partir chacun de son côté)" : Lors s'entrebaisent les freres et se departent. (ARRAS, c.1392-1393, 193). Et leur compte toute la maniere de leur bataille et des paroles, et comment il lui cuida tollir la bourse, et comment ilz se sont departiz, ne sur quelles convenances, et comment il vint soubdainement et s'en rala pareillement. (ARRAS, c.1392-1393, 299). Ensi se departirent tout chil signeur d'Alemagne et retournerent casquns en lors lieus. (FROISS., Chron. D., p.1400, 458). ...et yceulx venus, par le commendement du Roy se departirent et alerent hors de la Chambre tous, hors le Roy, lesdiz ducs et moy N. de Baye, graphier de ceste Court (BAYE, II, 1411-1417, 129). ...et ce fait, se departi le Conseil, qui fu continué à lendemain et jours ensuivans. (FAUQ., I, 1417-1420, 69). Grant chemin fismes Tant qu'a un quarrefour venismes Et la endroit nous departismes, Car plus un chemin ne tenismes. (CHART., L. Dames, 1416, 302). ...furent depuis ne sçay quants jours a Envers ; et après se despartirent sans avoir leurs chemises [Plusieurs amis, réunis pour quelques jours, se sont fait voler leurs chemises] (C.N.N., c.1456-1467, 400). Et le roy, croiant ces choses, s'en ala oudit pays de Normandie, et là mena avecques lui monseigneur l'admiral et Vc lances avecques les nobles et francs archers de Normandie. Et, à ceste cause, se departi l'armée et s'en ala chascun en son logeis. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 333). ...et que, au regard de ceulx qui ainsi estoient assemblez audit lieu des Cordeliers, incontinent après le cry se departissent et alassent chascun en sa maison sur lesdictes peines ; et aux maris qu'ilz feissent defense à leurs femmes de plus aler ne eulx tenir esdictes assemblées. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 72).

 

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Empl. factitif Departir (un groupe de personnes).

 

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"Donner congé (à des serviteurs)" : L'endemain, par matin, departy Melusigne ses gens qui s'en alerent, et en remest de ceulx que il lui plot. (ARRAS, c.1392-1393, 45).

 

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"Démobiliser, renvoyer (une troupe)" : Assés tost apriès le revenue dou conte Derbi à Bourdiaus, il departi toutes ses gens d'armes et envoia cescun en se garnison. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 96). ...le roy Charlez banissoit tous les parens Jehan : aidiet luy avoient. Et puys revint en France, ou il departit ses oustz. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 235). ...ceulx de Crathor et de tout le payz lui prioient qu'il ne se departist point tant que le duc Baudoin eust ses gens ensemble ; et au conte moult despleust qu'il ne faisoit quelque chose ; car il estoit moult bon chevalier. Touteffoys il failloit qu'il se tenist à la plus grant oppinion, et accorda à ceulx de la ville de ne departir point son armée, tant que le duc Baudouin auroit la sienne entière (BUEIL, I, 1461-1466, 220).

 

6.

Inf. subst.

 

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Le departir. "Le départ" : Et après le departir d'elle, qui lui aida en son premier gouvernement a faire les forteresses et les villes et habiter le pays, il ot la serour d'un qui pour lors gouvernoit la conté de Poictiers, et en ot pluseurs enfans (ARRAS, c.1392-1393, 50). Il est heure dou departir, car toutes nostres emprisses sont achievees. (FROISS., Chron. D., p.1400, 95). C'est pour la pointe De Desir dont je suy si pointe, Et s'a la demourer m'appointe, De nul confort ne suis acointe. Le departir M'est fort (CHART., L. Dames, 1416, 272). Et tant d'autres auctoritez, mon ami, se trouveroient tres longues a dire, que pour le departir me fault laissier. (LA SALE, J.S., 1456, 23). ...tant luy despleut [à la jeune fille] ce dolent departir qu'oncques mot ne sceut dire [Deux amants sont contraints de se séparer] (C.N.N., c.1456-1467, 145). ...je di, Monseigneur, que vous devez laisser partir et aller devant ces gens icy. Se vous voyez à l'oeil que vous leur doyez courrir sus dès le despartir, vous le ferez, ou en chemin, si vous voyez qu'il soit affaire. (BUEIL, I, 1461-1466, 200). A Dieu, m'amye. Ma dame et tres chere maistresse ; Le departir de vous m'ennuye. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 174).

 

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Au departir. "Au moment du départ, de la séparation" : Au departir, fille, te doing Ma beneiçon ; vaz a Dieu ! (Mir. femme, 1368, 206). ...le conte de Foix (...) le tint deux jours delez luy, et au departir il luy donna IIc. flourins (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 119). Et de ceulx, dit uns appellez Gervaise, que les luitons vont de nuit et entrent dedens les maisons sans les huys rompre ne ouvrir, et ostent les enfans des berceulx et bestournent les membres ou les ardent. Et, au departir, les laissent aussi sains comme devant, et a aucuns donnent grant eur en ce monde. (ARRAS, c.1392-1393, 3). Riens n'emportent au departir. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 106). Tant labourerent Et ma dame tant honnourerent Qu'en son jugement demourerent. Au departir de moy plourerent Et me tendoient Les mains, et bien me commandoient Dire que se recommandoient A elle et raison demandoient. (CHART., L. Dames, 1416, 301). C'est a dire, mon ami, que luxure est ardeur a l'assembler, puantise au departir, briefve delectacion du corps, et de l'ame destruccion. (LA SALE, J.S., 1456, 28). ...quand vint au departir, elles vestirent leurs habiz qu'on leur avoit appareillez [Deux femmes quittent leurs amants] (C.N.N., c.1456-1467, 374). ...et remercièrent le Jouvencel de ce qu'il les avoit fait gaigner, et lui dirent qu'ilz estoient tousjours à son commandement et, toutes les foys qu'il lui plairoit les mander, qu'ilz seroient tousjours prestz et appareilliez de venir. Et, au departir, parla à tous les cappitaines, chevaliers et escuiers qui estoient là (BUEIL, II, 1461-1466, 97). LE PRESTRE [au juif et à son valet qu'il vient de baptiser et aux assitants]. Au departir, tous je vous pry Que vous ayez intelligence Des sainctz faictz en vostre presence. Honnorez le sainct et doubtez Et de l'offencer redoubtez (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 156).

 

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"Au moment de mourir" : Prince gent comme esmerillon, Saichiez qu'il [Villon] fist au departir : Ung traict but de vin morillon, Quant de ce monde voult partir. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 151).

 

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Prov. Au departir il faut compter à l'hoste. "Quand on s'en va il faut régler ce qu'on doit à l'hôte " : Vos pillars ont pilliet, par grans effrois, Comme je croidz et chascun le raconte, Dieu, roy et conte et vicaire et viconte (...), Au departir faulra conter a l'hoste. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 143). [Autre ex. p.164]

 

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Au departir de

 

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Au departir (d'un lieu) : Les mieulx montez au departir de Clermont estoient devant (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 222).

 

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Au departir (d'une action, d'un événement.) "À l'arrêt, à la fin de qqc." : Henriz li Marquis, de Lysseu, tesmoins juriéz. R., dit que il vit que li diz Girart et ses filz ferirent le dit Thomas jusques a effusion de sanc. R. dou dit Est., dit que il vit le dit Estienot venir à la riote dou dit Thomas et de cels qui le batoient et vit que, au departir de la dite riote, il hot une grant plaie en la teste (Echevin. Dijon L., 1341, 33).

B. -

Empl. abs. [Idée de rupture dans le temps ; d'une chose]

 

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(Se) departir. "Se terminer, prendre fin" : Quant la feste fust departie Si appella sa baronnie (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 7). Li tournois ja se departoit, Car pluseurs blechiés y avoit Des fors cops au Beau Chevalier. (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 288). Le roy, quant il ot fait sa demande, requist qu'il fut respondu. Ilz demanderent à avoir conseil et pour parler ensemble. Il leur donna XV. jours de conseil à estre là (...) La chose se departi sus cel estat. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 186). Là ot (...) pluseurs abattus sus le sablon (...) et ne se fuist point la chose departie ainsi pour une jouste, que il n'y eust aultre estourmie (...) mais la pourriere du delié sablon commencha à lever (...) si très grande (...) que point ilz ne voient l'un l'autre (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 95). En ceste partie dist l'ystoire que, quant la feste fu departie, et que Melusigne ot donné a partie de ses gens congié, que tantost après fist venir grant foison d'ouvriers (ARRAS, c.1392-1393, 45). Lors furent fianciez et le lendemain furent espousez a grant solennité, et fu la feste grant et noble et dura XV. jours. Et avant que la feste departist, tous les barons firent hommage au roy Guyon. (ARRAS, c.1392-1393, 144). Et se departy la feste moult amiablement, et se retraist chascun en son lieu. (ARRAS, c.1392-1393, 151). Et dura bien la feste VIIJ. jours, et au IXe departy, et se tint chascun pour content. (ARRAS, c.1392-1393, 239). Adont fu chils consauls ouvers (...) Et fu tout ce publiiet generaulment. Et se departi li consauls sus celle entente et volenté que li jones Edouwars seroit rois enoins et sacrés le jour de la Nativité Nostre Signeur. (FROISS., Chron. D., p.1400, 102). C'est amittié qui trop tost se depart, Quant elle fault des qu'on ne dit plus : "Tien". Prïez donq Dieu que de ce mal vous gart ; Qui n'a Amour et amis, il n'a rien. (CHART., B. Nobles, c.1424, 402). Mais sy tost que le tournoy fut departi, le Chevalier au Noir Lyon se rebouta en la forest pour ce qu'il ne voulloit point estre congneu (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 320). ...et ja estoient les caroles departies et les mariees retraites avecques leurs maris (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 401). ...dont n'y avoit celluy qui bien et vaillamment ne se acquitast en sa charge et qui ne montrast bien, avant que le jeu départist, que char de Bourgongnon et de Picard n'estoit pas molle en adverse fortune, mais fière et de grant pris (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 95). Il ara pis, Devant que nostre geu desparte. (Pass. Auv., 1477, 192).

 

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Sans departir. "Sans cesser" : ...Quar touz ses desirers tiroient A la parfaicte envoiseüre Du ciel, qui sans departir dure Et sans ennui et sans moleste. (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 83). Vostre plaisir faire querons, Sire, sans jamais departir. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 148).

 

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[D'une chose] "Disparaître" : Les maladies podagres qui sont causees de chaude matiere, ou quarantieme jour se departent. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 95).

 

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Au fig. : Car universelment verité est que tele passion ne se depart pas par parolles mais pour violence. (ORESME, E.A., c.1370, 532). Et se lez aultres vertus se departent, si remains tu seulle contre malle fortune. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 90).

 

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Empl. factitif Departir qqc. : Or sont venus meschans devins, Sorceliers, arquimans, coquins, Qui cuident par art d'invoquer Sans Dieu les malades saner. Et quant ne puent a ce venir Pour paix et amour departir Entre prouchoins et parens chiers, Treuvent cas orribles et fiers Pour troubler les cuers des menus (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 12).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

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