I. -

Empl. trans.

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"Changer (en mal) la nature de qqc., pervertir" : Et quant uns maus consaus est volentiers oïs, Il desnature un cuer qui doit estre gentis (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 262).

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"Troubler la santé de qqn" : Joie le het, ma dame li est dure, Et, pour croistre mes dolereus meschiés, Met dedens moy Amours, qui est mes chiés, Un desespoir qui si mal entechiés Est que tous biens ha de moy esrachiés, Et en tous cas mon corps si desnature Qu'il me convient morir malgré Nature. (MACH., Motés, 1377, 501). Car leur propre nature et leur proprieté [des choses dont use la magie] est d'entosiquier et de desnaturer le corps et la complexion de la personne qui en gouste ou qui de leur vertu est attainte et infecte, ains enveniment et transmuent aussy le sens et la pensee. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 95).

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"Rendre impuissant"

Rem. Guill. Orange T.H.G., p.1450, gloss.

II. -

Empl. pronom. [D'une pers. ou d'une chose] "S'éloigner de l'état naturel, perdre ses qualités naturelles, dégénérer" : Car nourreture, Si com on dit, veint et passe nature, Et toudis va, s'il ne se desnature, Li leus au bois ; c'est la verité pure. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 95). Servir, Chierir, Obeir Tous jours, Sans faire faus tours, S'Amours ne se desnature (MACH., Les lays, 1377, 387). Derechief celle conjunction ["monogamie ou polygamie"] est meilleure laquelle s'encline plus a nature. Car, en tant que une chose se nature plus, en tant elle est milleure, et celle qui se denature, pyre. (Songe verg. S., t.2, 1378, 216). ...et toutes ses concupiscences refrener et sousmetre, et qu'il [l'homme] se desgenere et desnature quant il fait le contraire, car il laisse la vie propre a home pour vivre come beste (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 484). Par assez d'exemples puez tu congnoistre que par nature sont femmes sobres, et celles qui ne le sont se desnaturent. Ne plus lait vice ne puet estre en femme que gloutonnie (CHR. PIZ., Cité dames C., c.1404-1407, 655). Noble homme se desnature Et procure A son sang deffigurer, Qui s'arme en querelle obscure, Faulse et sure, Pour pratique procurer (CHART., B. Nobles, c.1424, 399). Helas ! trop se desnature Qui se livre a poureture, Et son ame a l'enventure, Quant infortune contraire Le fait traire A son corps deffigurer. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 21).

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[D'une pers.] "Agir contre (sa) nature" : "Dès que mes sires par ci chace, Pas ne doy chacier sus sa chace." Et puis Nature li ensengne Tant qu'il en congnoist bien l'enseingne. Dont cils moult se desnatura, Quant ad ce se desmesura De l'aigle sousprendre et traïr. (MACH., D. Aler., a.1349, 359). Voullés que me maintiegne en guise de truant ? On diroit que j(e) yroye mon corps deznaturant. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 219). ...que subjet se desnature Tant que jugement doie rendre Contre son seigneur (Mir. ste Bauth., c.1376, 145). Et bon sanc ne se doit mye deznaturer. (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 569). Bien seras aultrement trahy Se ta femme ne desnature. (MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.2, 1440-1442, 88). Tout ce leur vient selon cours de nature, Sans que nully en rien se desnature (LA VIGNE, S.M., 1496, 332).

III. -

Part. passé en empl. adj. Desnaturé

A. -

[D'une chose] "Qui est contraire à l'ordre naturel, contraire à l'ordre des choses" : Trop est chose avanturee Prendre mort desnaturee Pour loz de poy de duree, Qui dechiet. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 100). Et par avant et depuis, durant ledit moys, furent faictes grandes et merveilleuses chaleurs et les plus extremes que homme eust veu en sa vie, qui sembloit chose moult estrange et desnaturée. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 187).

B. -

[D'une pers., d'un animal] "Dont le comportement est contraire à l'ordre naturel" : Et dist qu'oiseaus qui n'a doubtance De l'aigle selonc sa puissance, Qu'il est fols et desmesurez Ou il est tous desnaturez, Aussi com uns homs hors dou scens Qui oseroit par son forsens Un roy ou le pape assaillir, S'il pooit jusqu'a euls saillir... (MACH., D. Aler., a.1349, 359). Si est force de dire que ceulx sont desnaturez, qui au commun besoing et pour le salut de leur païz et seigneurie n'efforcent leur povoir, et mieulx veulent soy laisser perdre avecques la chose publique que pour icelle soy exposer a peril. Donc pouroit il sembler que la loy de Nature (...) seroit plus parfaictement es bestes mues que en vous autres, et que vous seriez trouver plus desnaturez que elles, qui n'ont pas entendement de raison, quant les oyseaulx au bec et aux ungles defendent leurs nits et les ours et les lyons gardent leurs cavernes a la force de leurs gris et de leurs dens. (CHART., Q. inv., 1422, 11).

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En partic. "Qui a perdu ses sentiments naturels d'humanité" : Sire, j'ay vesqui longue espace En orgueil (...) com le pire Du monde et plus desnaturé. (Mir. parr., 1356, 41). ...et se il n'estoit ainsi, je seroie li plus faus et li plus mauvais, li plus traitres et li plus desnaturés que onques fu (MACH., Voir, 1364, 152). Se nous tenons Que de fame nous naissons et venons Et par elles noz joyes maintenons, Grans et nourris et bons en devenons, Et que Nature Nous en donne naissance et nourreture, Amendement, joye et bonne aventure, Dont devons nous les amer par droitture ; Et sommes faulx, Desnaturez, vilains et desloyaulx Desvergondez, mauvais et bestïaulx S'en fait n'en dit nous pourchassons leurs maulx. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 176).