C.N.R.S.
 
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     DÉBAT     
FEW I battuere
DEBAT, subst. masc.
[T-L : debat ; GD : debat ; GDC : debat ; AND : debat ; FEW I, 292b : battuere ; TLF : VI, 754a : débat]

A. -

"Mouvement de va-et-vient ; agitation"

 

1.

Au propre

 

-

[À propos d'un élément] "Agitation" : Toutesfoiz qui vouldroit, on pourroit ainsy dire que ce fu ainsy faint pour nous seignefier la merveilleuse force et le debat tres grant des undes de la mer, et aussi la radeur et celerité du mouvement de quoy elle se meut (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 290). Finablement, il avint une nuit que Leander, qui voloit faire ainsy come il avoit devant acoustumé, pour le debat et pour la grant tempeste de la mer, ne pot pas bien son emprise parfaire, ainz demoura par voies et ainsy fu perilz. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 432).

 

-

[À propos de l'oiseau de proie] : ...lors le couviendra il mectre es gectz [l'épervier] et paistre sur le poing, et puis le perchier et tenir paisiblement sur son poing tant qu'il ait enduit et avalé sa gorgee. Et le doit nen a ce commencement tenir si court que au regect de son debat il ne mefface a son balay. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 149).

 

Rem. Cf. aussi T-L II, 1231, 23-35.

 

-

[Même sens dans un contexte métaph.] : [Il s'agit de Fortune] Souventesfoiz, contre raison, Boutez de hault plusieurs en bas, Et de bas en hault ; telz debas Vous usez en vostre maison. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 176).

 

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"Agitation, bruit (des chiens qui battent la campagne au cours de la chasse)" : Moult volentiers oi le debat Et l'abai de ches chiens courans (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 62).

 

2.

Au fig. [Avec une idée finale ; v. se debattre "s'agiter, se démener (en vue de qqc.)"]

 

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"Difficulté, peine" : Car cil qui la joie ont en garde De ce se prennent si près garde Que nuls ne te saroit despondre Le debat qui est au respondre (MACH., D. verg., a.1340, 40). Puisqu'il est hors [ce clou], C'est le plus fort de mes debas (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 360).

 

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Sans (nul) debat. "Sans peine, sans difficulté" : Si qu'adonques ceste rousée Dont sa chaleur est arrousée Le vent de ses soupirs abat Legierement et sans debat, Par quoy li cuers en feu s'apaise Et est un petit plus a aise. (MACH., D. Lyon, 1342, 194). Einsi prenoient leur esbat En ce vergier, sans nul debat, Les gens qui venir y voloient, Ne creature ne trouvoient Qui leur vëast plein ne destour, Einsois que l'iaue alast entour. (MACH., D. Lyon, 1342, 219). LE GENERAL. Seigneurs, voyés en ceste place Que Tout est remis en estat. Bon Temps, avant que je desplace, Est remis en point sans debat, Jesus qui les pechez rabat Vueille preserver de souffrance Et tenir en joyeulx esbat Le noble royaulme de France. (Sots, c.1480-1500, 280).

B. -

"Bataille, combat armé" : Or diron li aucun (...) Qu'il n'aroit point en moy coer, valour ne vighour D'attendre aucun debat, aventure ou estour (Flor. Rome W., c.1330-1400, 134). Et Lion s'an revait pour estre au debait Ou chevalier feroient d'espee a grant tas (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 211). Se Charles leur mesfait qui y ait rien mespris, Il ara le debat j'en suis certain et fis (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 147). Et saichés que vers lui ne me puis par nul cas Combatre jamais jour në y mettre debas (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 203). Bertoulet chaÿ mors, (...) Li baron qui la furent, chascun tantost sacha ; La grant noise commensse, Karles acouru la, Et quel debat s'estoit le roy leur demanda (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 207). Bien vous devroit suffire, par Dieu de paradis, Que aulx aultres fust otroyé li merchis Et que la pais fust faite et li debas faillis (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 358). Là departir Maintes colées veïssiez, Et maint mort, se vous y fussiez. Là ot mervilleuse meslée, Là ot feru maint cop d'espée ; Là ot grant hui et grant debat. (MACH., P. Alex., p.1369, 167). ...pou durer peut le debat D'un seul chevalier contre mille (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 126). ...apriès son trespas que du siècle fina, La guerre et li débas forment recommença A Jehan, le sien fil (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 291). Dieux, quelz maulx et quelz dommages, Quelz meschiefs et quelz oultrages, Quelz ouvrages, Quelz pillages Et forsaiges, Et quans petis avantages Sont venuz par vos debas ! (CHART., L. Paix, a.1426, 414). Et promptement fut conclud marcher contre iceulx Angloiz, combien qu'il n'y avoit pas à celle heure desdits François plus de quatre vingtz à cent lances, maiz tousjours venoient les autres à fille. Et semblablement sailloient à la fille les Angloiz dudit village. Et daisjà avoit très-grant débat entre les Angloiz et lesdits archiers françois qui estoient oudit village (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 138-139). Et, aprez le champ fait, firent une fortification prez de la ville là où leur sembla estre plus guerroiable, tant de bombardes que d'approuches. Et, en ce faisant, y eust maint beau debat. Car le Jouvencel fit une saillie par les fossez et vint au couvert jusques sur ses ennemiz, tellement qu' il les rebouta (BUEIL, I, 1461-1466, 164). Mais couraigeusement soubstint l'assault de ses ennemis. Et avint que le filz de son medecin, nommé Robert Cottereau, monté sur ung fort cheval, vit son maistre en ce dangier, et se vint fourrer au millieu de ce debat, l'espée au poing (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 12). D'où leur sont venus tes [l. ces ?] debas Qu'ainsi sont verséz deux et deux ? (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 347). Tousjours se deffendoit, et sur ce debat, le filz d'ung medecin de Paris appellé maistre Jehan Cadet, qui estoit à luy, gros et lourd et ort, monté sur ung cheval de ceste propre taille, donna au travers et les departit. (COMM., I, 1489-1491, 30).

 

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"Lutte, rixe" : Pour debat de meschans gens enivrés en foires et en marchiés... (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 121). ...il fu prins par les gens de l'evesque de Paris, pour cause d'un debat qu'il avoit eu en la terre dudit evesque avecques un compaignon dont il ne scet le nom, lequel il avoit batu et aidié à batre en la compaignie d'aucuns compaignons (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 81). Auquel sergent, quant lui qui parle arriva audit debat et conflit, d'un baston de fagot qu'il tenoit en sa main, donna deux coups par les espaules, et d'iceulx l'abati à terre. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 181). ...vostres communs (...) esmuevent debas et voellent nos gens ocire (FROISS., Chron. D., p.1400, 119). Et avecques ce, fist ledit roy pendre son varlet de pié, qui chascun jour estoit près de son frain quant il chevauchoit, et moult l'amoit, mais la cause de sa mort si fut pour ce que ledit varlet par soudain débat avoit occis ung chevalier d'Angleterre (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 406). ...pour ce que le cas estoit venu pour le debat des femmes, premier le conseil voult savoir dont avoit procedé le fondement de la question [Deux hommes passent en justice parce que leurs épouses se sont battues] (C.N.N., c.1456-1467, 524).

 

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[Combat d'animaux] : C'est bon debat de chat a chien ; chascun a ongles. (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 577).

 

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[Sens sexuel ?] : LE FOL. (...) ...une cingesse M'a faict de merveilleux debaz. (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.566).

 

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"Combat (au fig., et avec une valeur positive ou négative)" : ...mon coer tient en grant debat Cremeur (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 105). Aprés ceste entree s'aida le malin esperit de ce decepveur d'une seconde cautele, et s'apensa que extremité n'aquiert riens sans debat et que la voie moienne a ses adresses a tous chemins. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 120). Je le diz a mes chiers disciples, les quelz je n'envoie oncques aux temporelz soulas mais aux grans debas, non pas aux honneurs mais aux despections, non pas a oiseuse mais aux labeurs (Internele consol. P., 1447, 160). La malle mort dedens le cueur me serre Se je ne fois de terribles debatz ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 225).

C. -

"Querelle, dispute, contestation" : ...nostre chastellain, qui tant a le cuer fier, Commença ung debat a cestui charpentier (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 66). La se vengera de l'envie Et de l'ennuy et des debaz Qu'a crestiens pour li [Dieu] fait as (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 296). Monsigneur Bertran de Benanges, Qu'on tenoit pour bon chevalier, Cointe, apert, courtois et legier ; Qui ainme honneur et het debas, Oncle dou captal est de Bas (MACH., P. Alex., p.1369, 143). ...Que devers la court ne m'en voise Savoir quel debat ou quel noise A fait ou quelle mesprison Mon seigneur qui est en prison (Mir. emper. Romme, 1369, 269). Et aussy ilz le firent en partie pour eschever les debas et les rihottes qui se peuissent mouvoir entre eulx, car Portingalois sont chault, bouillant et mal souffrant, et aussy sont Anglois fellé, despit et orgueilleux. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 88). ...que nuls n'esmeuist noise, debath, ne esmeutin (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 190). Durant lequel temps, entre sondit mary et elle ont esté plusieurs noises et debas, tant pour ce que sondit mary la blasmoit et batoit pour ce que elle ne vouloit pas faire et acomplir ses voulentez (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 328). Lesquieulx maistres Jehan Jouvenel et Pierre de Vé, après plusieurs debas et altercacions dites entre eulx, furent d'oppinion que l'en ne les povoit espargnier que elles ne feussent excecutées comme sorcieres (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 338). Si fu, de par le roi, fais uns bans et un cris (...) que nuls, sus la teste a perdre, ne fesist debat ne rihote (FROISS., Chron. D., p.1400, 121). ...car qant il quideroit estre le mieuls d'euls, uns rumours et uns debas s'esmouveroit a Bruges ou a Gant ou a Ippre de ses gens as Flamens, selonc ce que Flamenc sont chaut et merancolieus (FROISS., Chron. D., p.1400, 450). ...les presidens et conseilliers dessus nommez, assemblez en la Chambre de Parlement sur le debat d'entre certains varlés de chambre, sommeliers et varlés de garde robe du feu roy Charles VIe (FAUQ., II, 1421-1430, 84). Et pour ce vint noise, debat, division et sedicion en ce royaulme (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 237). Lequel supliant, incontinent après lesdictes parolles dictes, ala ou prieuré dudit lieu de Venez querir une tranche et se mist en pourpoint, et s'en ala au lieu dont estoit ledit debat qui est bien près et dessoubz l'eglise dudit lieu de Venez ; et commença à rompre le cours de l'eaue qui passoit parmy la terre dudit supliant, laquelle abruvoit et nourrissoit ledit poisson. (Doc. Poitou G., t.10, 1456, 2). Mais d'une chose a tous je vous prie, du plus grant au plus petit, que vous soiez amis et freres sans envies, sans debas et sans noises, car par ce sont maintes foiz compaignies rompues et mises a deshonneur et perdicion. (LA SALE, J.S., 1456, 202). J'aymeroie mieulx morir que a mon pourchaz sourdist noise ou debat entre vous et madame (C.N.N., c.1456-1467, 81). ...la bonne femme, qui oyoit ce debat pour y mettre le bien comme elle estoit tenue, s'avança de parler [Surpris par le mari, l'amant conteste le prix qu'il demande pour fermer les yeux] (C.N.N., c.1456-1467, 290). Et s'i fye qui vouldra ! Oudit temps, advint à Paris ung grant debat entre les gens et officiers du roy en sa Chambre des Aides à Paris et ung des bedeaulx de l'Université d'icelle ville, pour ung exploict fait par ledit bedeau à l'encontre de deux conseillers de ladicte Chambre des Aides (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 9). Et, ainsi qu'ilz cerchoient ung juge, ilz rencontrerent le regnard, auquel ilz raconterent leur debat. (MACHO, Esope R., c.1480, 242). LE SECOND. Je n'ay cure, moy, qu'on me bate. LE TIERS. Se j'avoyes la main a la paste Si m'en fuiray je du debat. LE PREMIER. Allons la, ce m'est qu'un esbat, Si verrons qu'il nous vouldra dire. (Rapp., c.1480, 60). L'ERMITE. Aussi, par semblable moyen, Il est saison que je m'en voise. LE QUART. Allons, tout beau, sans faire noise, Le moins debat est le meilleur. (Sots gard., a.1488, 111). LA FILLE. Quant en aucun debat serons, Cupido, nous vous manderons, Vous viendrés par devers nobis. (P. moyne, a.1500, 52).

 

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[Politique] : ...pour appaisier l'ire Et le debat de ces .II. rois, Alixandres (...) Ala vers Nicholas, pour paix Pourchacier (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 32). Ou mois de may ensuivant mil IIIIcLXX, le conte de Warwik et le duc de Clairance avec leurs femmes, qui dechacez avoient esté par le roy Edouart d'Angleterre, au moien de certains grans debas et questions qui s'estoient meuz entre eulx, se mirent, eulx, leurs serviteurs et autres gens qu'ilz avoient peu recueillir, en plusieurs navires sur mer, jusques au nombre de IIIIxx navires, et s'en vindrent prendre terre en Normendie jusques à Honnefleu et Harfleu (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 2). Cestui Euclides fut moult estymé des princes et mist grant peine de apaisier le debat et different de l'empire, duquel il avoit predit deux ans devant. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 52 r°).

 

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[Juridique] : Pour ce que debas estoit souvant survenu en la Court sur la maniere de clorre les procès par escript ou bailliage de Tournay (BAYE, I, 1400-1410, 252). Ne faictez desbat ne partie Sans savoir la cause pourquoy. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 185).

 

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Au plur. "Luttes, rivalités" : ...à occasion des descors, divisions et debas qui des pieça et jusques à ores ont esté en ce royaume entre pluseurs du sanc royal (BAYE, II, 1411-1417, 88). ...pour traictier de l'apaisement et accord sur les debas, guerres et divisions estans en ce royaume. (FAUQ., I, 1417-1420, 118). ...et puis enssieut sa sentence sur les debatz et grans contens qui sont es cours aux grans seigneurs, lequel leur porra mieulz complaire et plus soubtillement flater. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 8).

 

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Sans debat. "Sans contestation" : Item, que aux deux premiers bancs autour du parquet soient assis les advocas du roy, et ès seconds bancs les advocas notables selon l'ordre qui y fu baillié au derrain eschiquier et ès autres bans, chacun en son endroit, sans murmure, debat ou empeschement. (Echiq. Normandie S., 1423, 113).

 

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Avoir grands debats encontre qqn. "Être en grande querelle avec qqn" : O Jehan, mon filz, monstre le moy, Ou grans debas De pas en pas Arey certes encontre toy ! (Pass. Auv., 1477, 245).

 

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Faire un debat. "Susciter une querelle" : ROUSSIGNOL. Se nous avons prins quelque esbat Pour prendre ung petit de doulceur, Fault il faire cy ung debat Et nous chacer hors par [rigueur] ? (Sots Magn., a.1488, 206).

 

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Jeter (deux personnes) de debat. "Trancher un litige entre (deux personnes)" : Et, par Dieu, c'est bien divisé ! Et par venture il guaignhera Et de debat nous gectera [entre deux joueurs ayant obtenu le même nombre de points aux dés]. Or sus, Malbec, joue accop ! (Pass. Auv., 1477, 205).

 

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Mettre debat à qqn. "Chercher querelle à qqn" : Jugement (...) que dit que, se ung homme vand lez fruits ou chaipteis d'un heritaige et aprez esxure cellui heritaiges a cens, cil que les chaiptei averait aichetei les en porterait, ne ne li puelt on metre debet par raison come pour dire : "L'eritaige est de mon patrimoinne", ne en autrez maniere. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1330], 78).

 

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Mettre debat entre des pers. "Semer la discorde entre des pers." : ...il n'y a pas beaucoup à faire à mectre debat entre les François et les Angloys, quant ilz sont et se treuvent ensemble (COMM., II, 1489-1491, 82).

 

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Mouvoir debat à qqn. "Chercher querelle à qqn" : ...et or lui sembla bien avoir achoison de mouvoir noise et debat (...) aux Veneciens (Bouciquaut L., 1406-1409, 276).

 

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Oster le debat. "Faire cesser la querelle" : Je lo, pour oster touz debaz, Qu'il en soit du hault et du bas De deux preudommes au recort... (Mir. ev. arced., c.1341, 123). BERENGIER. (...) Je ne prise vostre menace De riens, Oston. L'EMPERIÉRE. Or paiz : ce debat cy oston. (Mir. Oton, c.1370, 378). Mon royaulme si est ou clymat Et en dangier des anemis ; Mes vous osterez le debat Par voz puissans fais et hardis. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 407).

 

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Prendre (le) debat à / avec qqn. "Chercher querelle à qqn" : Dieux, dist ly uns a l'autre, comme veez la deux fiers hommes, et qu'ilz sont a ressoingnier. Cil n'est pas saiges qui a telz gens prent noise ne debat. (ARRAS, c.1392-1393, 165). J'ay enduré maintë injure De ces faulx jaleux, sur ma foy, Qui ont voulu, je le vous jure, Prendre desbat avecques moy. (Vir. H., c.1400-1500, 8). Il prenoit debat a tous et envaissoit tous royaumes. (MIÉLOT, Spec. hum. Salv. L.P., 1448, 148). Et quant le sieur Descordes, qui avoit la grosse bende des Franchoix, sceut et entendit que les Flamens prenoient le debat aux Franchoix, il ne se osa plus fyer au peuple de Gand (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 169).

 

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[D'une chose, en partic. de terres] Estre en debat. "Être contesté ou disputé" : Et faisoit guerre li biaus rois Phelippes as Englois en Giane pour auqunes disentions de terres, lesquelles estoient en debat des deus rois ensamble. (FROISS., Chron. D., p.1400, 628).

 

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Le debat de / pour qqc. (de terres) "La revendication de qqc." : Le joenne duc de Guerles, qui ja estoit chevalier assez pour courrouchier ses ennemis, mist en termes qu'il raueroit les troix chastiaulx nommez dessus, pour lesquelx le debat estoit et avoit esté aussy entre Braibant et son oncle, messire Edouart de Guerles. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 174). ...je les vey pluseurs foiz ensamble, mais onques, pour le debat de ces terres, ilz ne s'en monstroient maltalent, et bien y avoit cause qu'ilz fussent amis ensamble, car... (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 179). ...ou dit temps se meut guerre pour cause d'une bastide que fit le seigneur de Montpesat, dont il fut debat, et finablement elle fut adjugee au roy et estre en sa terre (JUV. URS., T. crest., c.1446, 110). Ainsi, comme ilz se raffraischissoient à la ville, vindrent plusieurs debatz de butins et d'autres choses par devant le Jouvencel. (BUEIL, II, 1461-1466, 94).

 

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[D'une pers. (d'une femme)] Estre en debat. "Être disputé" : Car le duc Charles ne laissa pour tous heritiers que madame vostre mere, qui demoura jeune orpheline, en dangier et peril de ses ennemis, et en petite obeissance de ses subjectz, envyée et en debat de moult de princes pour l'avoir en mariage. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 143).

 

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Mettre debat à qqc. "S'opposer à qqc." : Fortune est par dessus les drois ; Ses estatus fait et ses lois Seur empereurs, papes et rois, Que nuls debat N'i porroit mettre de ces trois, Tant fust fiers, orguilleus ou rois, Car Fortune tous leurs desrois Freint et abat. (MACH., R. Fort., c.1341, 43). Se ta pute bouche le nye Et vueulx ad ce metre debatz... (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 337). LE GENERAL. Pour mieulx fournir le residu, Je vueuil, sans y mectre debat, Que Tout soit remys en estat Et, pour mieux entendre le point, Et qu'en ce n'y ait point de lobe (Sots, c.1480-1500, 278).

 

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[À propos d'entités abstraites en conflit] "Opposition" : Car lez bontés et lez vertus ne sont jamaiz discordans ne derrogans ensemble, ainçoys consonent et acordent bien avecquez bien, et verité avecquez verité. Mais entre les vices a contrarieté et debat, et mettent en trouble et en discention sur soy mesmez la pensee ou ilz habitent. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 88).

 

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Prov. : Qui cherche argent cherche debat. (Gent. moun. T., c.1500, 343).

D. -

"Fait de débattre, de discuter, de s'interroger"

 

1.

[À plusieurs] "Discussion, fait de débattre de qqc." : Sus ce point a un grant debat (MACH., D. Aler., a.1349, 373). C'est uns homs a cui il ne chaut A tort ou a droit soustenir ; Tout aussi chier s'a il tenir Vers le tort comme vers le droit, Si com vous orrez orendroit. En un debat sommes entré Dont nous devons de fait outré, Sire, devant vous plaidïer, Mais qu'il ne vous doie anuier. (MACH., J. R. Nav., 1349, 188). Se n'afferroit pas grans debas A jugier verité certeinne, Qu'il ot de grieté et de peinne Plus que cent dames n'averoient Qui leurs amans mourir verroient. (MACH., J. R. Nav., 1349, 216). Ainsis fumes en grant debat, Que chascuns de nous se debat En soustenant s'entention. (MACH., Voir, 1364, 646). ...quant il cheoit aucune chose où il voloit mettre debat ou arguement, trop volentiers en parloit à moy (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 76). Lors quant chascun leur debat entendi Et ce qu'un dist et autre deffendi Et que nulz d'eulx pour mat ne se rendi, Les ungs en dirent A leur plaisir, les autres contredirent. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 192). Plus avant ne pense je pas me bouter es debas de ceste matiere et m'en rapporte a ceulx qui... (CHART., Q. inv., 1422, 63). Gontier ne crains : il n'a nulz hommes Et mieulx que moy n'est herité ; Mais en ce debat cy nous sommes, Car il loue sa pouvreté, Estre povre yver et esté, Et a felicité reppute Ce que tiens a maleureté. Lequel a tort ? Or en discute. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 116). Durant le temps que le debat estoit de mettre le siège au Sap ou de ne l' y mettre point... (BUEIL, II, 1461-1466, 217). Et, sur ce, ses bons amyz, conseilliers et serviteurs, aprez plusieurs debatz faiz par entre eulx-meismes, respondirent tous : "Sire, nous avons fort debatu ceste matière en vostre presence et absence..." (BUEIL, II, 1461-1466, 230). Ilz ne le sceürent faire, mais en eurent debat, et publicquement, à l'heure du disner, luy en vindrent parler ceulx qui y disoient avoir part. (COMM., I, 1489-1491, 147).

 

Rem. Sur le genre littér. du Debat (p. ex. Déb. hér. armes P.M., c.1454-1456), cf. Gérard Gros, Senefiance 26, 1989, en partic. 491-495. Peut-être allusion à un tel Debat ds l'ex. suiv. : Mais l'estrif de nous deux ensemble, Comme en puet cognoistre, ressemble Au debat du verre et du pot (CH. D'ORLÉANS, Compl. C., 1433-p.1451, 285).

 

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Debat de paroles. "Discussion" : ...se soit meu aucun débat de paroles entre nostredit oncle de Berry et nostre très cher et très amé oncle le duc de Bourgongne d'une part, et nostredit frère le duc d'Orléans d'autre part (Ch. VI, D., t.1, 1402, 228).

 

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Pour tout debat. "Sans plus de parole" : DEUXIESME CHEVALIER. (...) Je lo que nous la menons la, Pour touz debaz. PREMIER CHEVALIER. Soit ainsi : du hault et du bas Je m'y accors. (Mir. emper. Romme, 1369, 276).

 

-

Sans debat / sans faire debat. "Sans plus de parole, de contestation, sans conteste" : Or mouvez, sans faire debat : Ces deux seurs avec vous iront (Mir. abbeesse, 1340, 97). Or y alons donc sanz debat. (Mir. pape, 1346, 362). Dame serez de mon cueur sans debat, Entierement, jusques mort me consume (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 111). Allons tost, sans plus de debas, Dessus l'autel sainct Nicolas, Selon l'apointement donné. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 129). Servons de cueur le createur, Aymons l'ung l'autre sans debatz (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 159).

 

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Ce n'est pas debat. "C'est indiscutable" : COQUILLART. Par sainct Jehan, ce n'est pas debat, Je le seray se vous voullez, Et aussi vous y sentirez La loquence que je diray. (Est., p.1460, 27).

 

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P. méton. "Ce qui est en discussion ; objet de querelle" : Si vous diray que je pense que bonne paix soit entre vous et que vous lui donnez vostre fille puisnee avec le debat qui est entre vous et tout ce qu'il vous plaira en oultre. (...) ...et que le debat d'entr'eulx lui fust donné et sa raenchon. (Ponthus Sidoine C., c.1400, 100).

 

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Au plur. : Seigneurs, je scé bien voz debaz : Mettez les un po en detri Et m'escoutez, je vous em pri. (Mir. fille roy, c.1379, 110).

 

2.

[À propos d'une pers.]

 

a)

"Dialogue intérieur, hésitation, incertitude" : Tandis que en ce debat entre espoir et desesperance mon entendement traveilloit, ung legier sompme me reprint (CHART., Q. inv., 1422, 7). Et le duc alors voiant que ce valleton droit-cy avoit ce débat en dedens son coeur... (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 266). ...elle fut en grant debat en son coeur (LA MARCHE, Triumphe dames K.-B., p.1488, 29).

 

b)

"Trouble" : Et si m'est moult de neccessité grande Toutes fois, dame, que je le vous die Pour alegier toute ma maladie. Car d'ensi vivre en painne et en debat, Dont Bonne Amour me tourmente et debat, Il est nuls coers qui porter le sceuïst, Ne qui la joie en celle vie euïst. (FROISS., Orl., 1368, 104). La royne estoit en grant debat, car elle demourat toute la nuyt dedens le bois en reclamant Dieu et sa mere. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 126). JHESUS [au Mont des Oliviers]. En moy sens le plus fort debat Qu'oncques endurast crëature, Pour le fait d'umaine nature Qui ceste passion piteuse Actent (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 249).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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