C.N.R.S.
 
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     DÉA     
FEW III dicere
DEA, interj.
[T-L : dea ; GD : dea ; AND : dea ; FEW III, 69b : dicere]

A. -

[Marque l'étonnement] : Quoy dea, dist le bon home: je la vi davant moy ! (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 111). "Ha dia", dist l'Amoureux, "Beau sire, Tel voulsist veiller qui sommeille ; Tel ploure qui voulsist bien rire ; Tel cuide dormir qui s'esveille..." (CHART., D. Rev., a.1424, 307). Ha dea ! vecy pis que raige ! Seigneurs, or escoutés les comptes De ces ribaulx, qui n'ont point d'hontes De parler a nous fierement (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 79). Dieu, veez cy chose merveilheuse, Treshaulte, tresmiraculeuse [guérison miraculeuse d'un aveugle] ! Coment, dea ? Je y voy clerement ! (Pass. Auv., 1477, 231). MATHATIEL. De ces trompeurs Crestiens a qui les cent escus Prestates. LE JUIF. Ne m'en souvenoit plus. (...) MATHATIEL. (...) Seurement, je vous certifie Et de vray qu'i [l'] ont oublié. LE JUIF. Comment dea, n'ont il rien payé Au terme ? MATHATIEL. Une seulle maille. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 105). LE CHARTIER. Hure, ho, dea, que tu vas mal ! Va avant, vache, malle rosse ! (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 134). LE .II. SERGENT. En cheminant (tost) sus, Nostre homme a tous ces cent escus A esté tué maintenant. LE PREVOST. Tué ? Dea ! (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 141). S. NICOLAS. Au cueur [le chrétien] a eu gemissement : Parquoy il n'est pas reprouvé Et n'en fais plus nul argument, Car par moy Dieu l'a preservé. SATHAN. Preservé, dea ? Ne le peult faire, Car il est juste justicier. Il a donné reigle au contraire Pour les pecheurs justifier. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 146). Et vous, faulx garçon Malquentin, Et dea ! vous demouriez derriere. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 262).

B. -

[Marque une affirm. plus ou moins forte] "Certes, diable" : Dya, compains, qui se veult soubmectre Desoubz l'amoureuse maistrise, Il se fault de son cuer desmectre Et n'estre plus en sa franchise. (CHART., D. Rev., a.1424, 311). Dya, Franc Vouloir, trop nous attines (MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.1, 1440-1442, 103). ...mais non feray, Voire, dea ! (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 444). Ouy dea, je le te respons. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 52). Dea, puis qu'il est si fort eschauffé, il fault trouver maniere de le refroidier. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 135). [Les ambassadeurs d'Orient] Disoient entre autres choses : "Dia, ce disent il, nous avons esté en passant par devers plusieurs princes et seigneurs faire nostre annoncement, mes ce avons fait comme pelerins. Mes droit cy est le lieu et la bute de nostre contendre pour laquelle nous emprismes l'errer..." (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 290). Dea, seur, ce dist lors le roy, ce ne vient pas de ma faulte ne que je y puisse riens : alentour de moy a plusieurs gens de bien dont chascun labeurent et contendent tous a venir a ung point. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 312). Voere, dea, voere ! (Pass. Auv., 1477, 204). Je veulx jouer ! Dea, je n'ey pas le dé gecté. (Pass. Auv., 1477, 204). LE PRESTRE. Dea, seigneur, il me souvient bien De ce juif et ce crestien ; Dessus l'autel sainct Nicolas Vindrent tous deux. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 131). Non fera, dea, je m'y oppose. (P. moyne, a.1500, 47).

 

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss.

 

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Nenni dea. "Certainement pas" : Voulés vous doncques maintenir que toute femme a cueur si dur qu'il est du tout impitoyable ? (...) Nenny dea, j'en ay excepté aucune. (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 135).

 

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[Particule de renforcement] : "Homme sage, ce dit il, a puissance Sur planetes et sur leur influence." : - Je n'en croy riens : tel qu'il m'ont fait seray. - Que dis tu dea ? - Certes, c'est ma creance. - Plus ne t'en dis. - Et je m'en passeray. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 71). Maleur, dea, j'en grate ma teste. (LA VIGNE, S.M., 1496, 263).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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