C.N.R.S.
 
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     COU     
FEW II-2 collum
COL, subst. masc.
[T-L : col ; GDC : col1 ; AND : col ; DÉCT : col ; FEW II-2, 911 : collum]

A. -

Au propre

 

1.

"Partie du corps reliant la tête au tronc, cou" : ...Son menton, sa gorge polie, Son col plus blanc que noif negie... (MACH., C. ami, 1357, 77). ...vienent les maladies qui s'ensuivent : parithimie, impulsions des spondilles du col, asmate (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 70). Item, aucun pourroit demander : quant les elemens estoient ainsi meuz sans ordre, estoit ce possible que il se peussent telement estre meslés par leurs mouvemens que il feissent corps mixtes comme sont char et os et teles choses ? Si comme Empedocles disoit que par amisté qui mouvoit les elemens estoient faites et engendrees moult de testes sans couls. (ORESME, C.M., c.1377, 604). La ot et d'estoc et de taille Fait et lancié mains divers coups Sur bras, sur testes et sur coulz. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 240). Il avoit tout le col escorché et les oreilles detrenchées. (C.N.N., c.1456-1467, 437). Alors messire Anguerrant le bracelet osta, et osté qu'il fut tout ce jour par un tresbel cordon d'or et de soye a son col le porta, et puis le matin lui rendit. (LA SALE, J.S., 1456, 109). Fist ou Capitol de Romme les ymages de toutes les provinces, qui se mouvoient et frappoient sur leurs tintinabuz qu'ils avoient au col, si tost que quelque rumeur ou division venoit en la province (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 71 r°). Cestui, entre autres, fist l'election du jour que le roy alla à la chasse, où il trouva le grant cerf, qui avoit le cercle de cuyvre doré ou col, ouquel cercle estoit escript en lectres latines : "Hoc me Cesar donavit". (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 144 r°).

 

-

[À propos d'un animal] : L'espee glissa et vint descendre sur le col du destrier et lui entra si avant qu'il lui trencha les deux maistres nerfs qui soustenoient la teste du cheval. (ARRAS, c.1392-1393, 137). La chose qui plus tost avance ung esprevier, c'est ce que en la saison qu'il doit muer l'en le paisse de deux jours en deux jours des glandes du col de mouton. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 163). Et aucunefoiz les masles [du canard sauvage] ont au travers du col, endroit le hasterel, une tache blanche, et sont tous d'un plumage, et ont la plume de dessus la teste tresondoyant. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 228). .IIII. deniers d'or en 1 bourse pendue au coul d'ung levrier blanc. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 23). ...si ont la trouvé une moult belle beste qui estoit bien aussi grande comme ung toriaux, et avoit le col soutil comme ung dragon (Chev. papegau H., c.1400-1500, 64). ...et puis prennés les colz et les cuisses desdictes escrevisses grosses (...) et desdictz colz ostés les boyaulx qui y sont... (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 191). Le coul au cerf feist escorcher (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 44). La bonne forme du faulcon est : teste ronde et plaine sur le hault, bec gros et court, col long, poitrine large (TARDIF, Art faulconn., 1492. In : Chrestom. R., 234).

 

-

[En compar.] Col de grue : Et pour ce, un qui estoit de la cité de Epyre, un humëeur de brouéz et lechëeur, prioit as dieux et soushaidoit que il eüst la gorge plus longue que le col d'une grue. (ORESME, E.A., c.1370, 222). Or vous baissez en malle estraine, Vous avez icy trop presché, En present serez despesché. Tendez long col comme une grue. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 283).

 

2.

En partic.

 

a)

MÉD.

 

-

La chanole du col. V. chanole "Les vertèbres cervicales"

 

-

Spondyles du col. V. spondyle "Les vertèbres cervicales"

 

b)

[Le cou comme emplacement d'un insigne de fonction, d'honneur, d'un ordre, d'un collier, etc.] Au col./En son col. "Autour du/de son cou" : Item nota que celui qui fait le serement de feaulté doit estre en son habit honnorablement et a l'en acoustumé de le faire au roy aprés sa messe, present le confesseur, et le fait on l'estole ou col, les mains mises au pictz ou poictrine, et non pas les mains jointes comme l'ommage. (ODART MORCHESNE, Formulaire G.L., a.1427, 163). ...si ledit roy eust voulu agréer l'élection à ce conte de Dernon, il eust eu l'ordre au col [de la Toison d'or] et lui fust demoré son vivant si bien comme au conte d'Ariane (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 97). L'ordre de la Toyson aussy, depuis l'eure premiere que ce duc d'Alenchon la prist au col, donna beaucop de diverses ymaginations au roy contre luy (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 123). Et après iceulx venoient les chevaliers, parez et habillez et vestuz comme les officiers, excepté que tous avoient le collier d'or faict de fusilz et garniz de leurs flames au col, auquel pendoit la noble Thoison d'or (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 86). Ma damoiselle, regardez la en bas, celuy qui porte ung petit baston blanc en sa main et ung colier d'or au col. (Jehan de Paris W., 1494-1495, 42). En son col en escherpe portoit gros coliers, grosses chesnes d'or de pris et de poix. (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 114). Sa manteline estoit a pierrerie Et broderie qui avoit moult cousté, Le bel estoc autour de son costé Et en son col l'ordre des preux estoyt. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 216).

 

c)

[Le cou du condamné]

 

-

Couper le col : ...et, pour ce, de lui en entresuïant ledit jugement et [enterinant] icellui, fu ledit jugement executé, c'est assavoir le col coppé (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 114). ...toutesvoyes il estoit vray que ces choses il avoit dites afin d'eschever qu'il ne feust pendus, mais en entencion que l'en lui coppast le coul, afin de souffrir mort plus hastivement (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 321). [Saint Denis] A Romme vint ; Neron le quist ; Neron ly fist couper le col. (Cycle myst. prem. mart. R., c.1430-1440, 67). Et pour ce que messire Caumont, frere du dit Edouart mary de la dicte Ysabeau, et oncle du dit Edouart le jeusne, monstra aulcun semblant de non en estre content, et non sans cause, le dit Edouart son nepveu luy fit copper le col. (JUV. URS., T. crest., c.1446, 28).

 

-

Tendre le col (au bourreau) : Tens le col, filz de putain folle, Affin que je ne faille mye. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 283). [Avec un terme de comparaison] Or vous baissez en malle estraine, Vous avez icy trop presché, En present serez despesché, Tendez long col comme une grue. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 283).

 

-

La hart au col./La corde au col./Le cordeau au col. "La corde autour du cou" : Hier, a un jeu ou je jouoie, si que on m'avoit mis la hart ou col pour moy mener pendre. (Bérinus, I, c.1350-1370, 76). A ce point fu Galopin en grant destrece du cuer, ne il n'avoit point d'esperance d'eschaper, car le bourrel lui lassa la corde entour le col, et le moquoient et lui faisoient moult de laidures (Bérinus, I, c.1350-1370, 343). Pren une hart et la me lasse Entour le col de ceste fame : Mourir li convient a diffame (Mir. femme, 1368, 209). Met cy la corde de tes chiens : Parmy le col ly lasseray Et ainsi venir la feray Hors, mau gré sien. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 129). Vous retournerés la et dirés au chapitainne que il convient pour la plus grant grace que je lor voel faire, que euls siis honmes bourgois des plus notables de Calais, nus piés et nus chiefs, en lors lignes draps tant seullement, les hars ou col, viennent ichi et aportent les clefs de la ville et dou chastiel en lors mains, et de ceuls je ferai ma volenté (FROISS., Chron. D., p.1400, 841). Veullent il ressembler le larron qui ne croit, quelque example qu'il voie, que l'en destruise les malfaicteurs jusques a tant qu'il ait la corde ou col ? (CHR. PIZ., Avision R.D., 1405, 49). Ceste vieille est ditte Paresse qui de sa congnee assomme les negligens, et est ditte ceste congnee Ennuy de bien faire. Et quant sont ainsi assommez, elle les lie de ses cordiaux, c'est assavoir Fetardie, Negligence et Lacheté et puis, quant elle a eu ainsi son homme lïé de ses cordiaux, elle lui met la corde ou col de quoy Judas se pendit : c'est Desesperation. (Déclar. Hyst. S., a.1449, 160). Le bourreau, a chef de piece, fist ses preparacions pour luy bouter la hart au col pour le despescher. (C.N.N., c.1456-1467, 452). Il luy mect le cordeau au col et le lye: puis, quant il est sur l'eschelle, cependant que le bourreau mect a point son cas, il dit cecy:... (LA VIGNE, S.M., 1496, 316).

 

-

Le col saura (ce) que le cul pèse : Je suis François, dont il me poise, Né de Paris emprés Pontoise, Et de la corde d'une toise Saura mon col que mon cul poise. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 73).

 

-

Pierre au col : Sigismond, roy de Behaigne lequel, jetté par ses propres subjectz en la riviere de Dunoe, une grosse pierre au col, tout nud (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 111). Cestuy premier, Gondobondus, remply de grant iniquité, mit a mort de glaive son frere Hilpericus et puis fist prendre sa femme et metre une pesant pierre au col et la fist noyer. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 4).

 

-

Pendre par le col : ...et pour ce que vous vos en estes avanciés, je le ferai pendre par le col : se s'i exemplieront li aultre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 756). En quoy a l'en tant despendu D'argent comme l'en a levé, Que par le col soit il pendu Qui loyaulment l'a gouverné ? (CHART., D. Her., p.1415, 432). Liegois y apporterent Cinq tonneaux de licos, Car pendre ils y cuiderent Bourguinons par les cos (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 315).

 

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[Formule d'affirmation ou de protestation] : Vostre faulcon a ja saisi Le hairon et mis dessoubz lui. Si fault aler querre la proye. Prise la voy, dont j'ay grant joye Bien eüreux sommes de vol. S'on ne me pende par le col, Au queux le baurray a plumer (Gris., 1395, 6). Parmy le col soye je pendu s'il n'est blanc comme ung sac de plastre ! (Path. D., c.1456-1469, 82). Laisez moi venir cest hermite, Car je soye par le col pendu, Veu ce que je l'ay entendu, Se ce n'est ung de mes suppostz. (Sots gard., a.1488, 100).

 

d)

[En lien avec l'idée de blessure ou de mort]

 

-

Rompre le col : A ce mot se sont deffié et s'en vindrent fierement brochant li uns vers l'autre, et Aigre assena Maligan de tel vertu, que le haubert lui a desmaillé, et lui coula l'espee parmi le corps, si que, pour le grant cop que li gloux reçut, il trebucha jus du cheval si durement que le col lui en rompi. (Bérinus, I, c.1350-1370, 273). En la fin il le rua jus au saillir ung fosset et rompy messire Thomas Trives le col et là morut (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 36). "Ilz me crachoient ou visage et me estoupoient les yeulx et me rompoient le col par force de horions..." (Horloge de sapience S., c.1389, 75). Il luy fault faire le col rompre [à Jésus]. Accop, menons le sus le roch ! [Réf. à Luc 4, 29] (Pass. Auv., 1477, 122). Car il nous fault en verité Aussi toust que aurons tempté Ung homme quant le trouvons fol Que tantoust luy rompons le col Adonc ferons sambler musart Ihesu crist car il sera tart Du repantir après la mort (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 76).

 

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Se rompre le col : Par mon serment, il est bien fol: Il se rompra tantost le col De marmoser en la fontaine. (Narcissus, p.1426, 312). ...en courant [en] une valée après le lievre et mes chiens, mon cheval se rompit le col (C.N.N., c.1456-1467, 335). Mais le dict bouvier perdit icelle franchise et sa paine, encore en dangier de se rompre le col. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 303).

 

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Au fig. Se rompre le col. "Être cause de sa propre perte" : Haa, mon cueur, vous estes bien fol D'amer femme de sy hault pris, Sans que par moy l'ayés emprins : Vous voullez vous rompre le col ! (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 228).

 

-

Se briser le col. "Se tuer" : ...Dieu doint (...) qu'il se puist, tant li mesviengne, Briser le col. (Mir. Theod., 1357, 100). ...et porteray la lumiere de ma science par le chemin lequel eulz vouldront prendre, et y deussent rompre le col. (GERS., Noël, p.1404, 306).

 

3.

[Dans des synt. ou loc. pour désigner une disposition de l'esprit, une attitude, ou dans des loc. fig.]

 

a)

Au fig.

 

-

[Soumission]

 

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Longer le col. "Allonger le cou, le baisser (en signe de soumission) (?)" : Puis vous seront doulx comme ung aignau Longent coul comme la gene [l. grue] (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 126).

 

-

Pied sur le col : Quant ce fu fait, le pere chastia son filz et lui commanda qu'il se gardast songneusement de tous les barons de la terre et qu'il ne leur laisse avoir forte tour ne fort chastel, mais les plaines terres sanz plus, et leur tiegne le pié sur le col, par quoy ilz ne puissent reveler (Bérinus, I, c.1350-1370, 201).

 

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Soumettre son col : Et a ce Pimpinnan, qui estoit tres sage doctor en droit et tres expert, et Demostenes trespuissant advocat s'acordent en disant que tout homme doit sousmettre son col a la loy par vraie obedience pour ce que toute loy est une invencion et trouvement et don de Dieu. (FOUL., Policrat., IV, 1372, 51). ...j'ayme mieulx a la mort voluntairement tendre les mains, soubmettre mon col et honorablement l'embrasser (C.N.N., c.1456-1467, 143).

 

-

[Attitude altière]

 

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Eslever le col./Estendre le col : Sarrasins sont de si trez même [l. meure] manière que jamaiz, on ne verroit aller Sarrasin teste levée ne col estendu ne à haulte poitrine (JEAN LE LONG, Voy. Bieul B., 1351, 331). Il doit aussi estudier de lui estrangier de l'ardeur de luxure, non point seulement les manieres des pechiés qui sont trouvees en gloutonnie et ou fait charnel debouter, mais toutes occasions qui de che sont cause ou moiien il doit eschiever, comme : soy renouveller trop souvent de divers aornemens (...) soulers au bec desordonnéz porter, le col eslever, gossier enflé, le surchil retrenchié, l'oeil non caste, par maniere orgueilleuse a demi tour aler... (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 35). Sur laquelle parole dist aussi saint Jerome : «Usons de che tesmoignaige contre les fenmes de l'Eglise qui vont le col extendu et parlent en faissant signes des yeulx et joignent piéz et mains ensamble et, affin qu'elles voisent a pas composé, n'ont cure de ensievir la conduite de nature mais la maniere des jongleurs». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 398). A celle composition du corps, a la santé, au proufit ou delit du quel auques toute nostre cure veille, et s'atent en pourreture et en vers, et au derrenier en vil poudre se retournera. Ou est le col eslevé, ou est vantance de paroles, ournement de vesteüres, varieté de delices, force, legeresce, seignourie, richesce ? (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 53). Dieu regarde en priere cuer humble et devost et n'a cure de paremens ne de haulte maniere, comme font ces foles hardies qui vont baudement le col estendu comme serf en lande et regardent de travers comme cheval desréé. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 45).

 

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[Effort, vive allure] À col estendu : Matin lever ne tart veiller, Besoigner a coul estandu Et a tous propos travailler (CHAST., Temps perdu D., a.1450, 36). Oger de Danemarche point a col estendu, Pour rescourre les nos s'est a l'estour feru (Galien D.B., c.1400-1500, 125).

 

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[Joie, amitié]

 

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Saillir au col. "Sauter au cou (pour embrasser qqn)" : ...la jeune fille (...) luy saillit au col et le baisa plus de vingt foiz. (C.N.N., c.1456-1467, 348).

 

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Bras au col : Adont exploitterent tant les deux barons que ilz vindrent en l'ostel de Cleopatras et descendirent de leurs chevaulx, et Romaine et la dame si vindrent a l'encontre des chevaliers moult lieement, et leur getterent les bras au col, et moult firent grant joie de leur venue, et parlerent ensemble de leurs affaires tant qu'il fut temps de souper. (Bérinus, II, c.1350-1370, 156). Lors s'en ala Romaine a lui sanz detrïer et se asseist devant son lit et getta son bras dessus son col puis lui dist: "Beaux doulx frere, pour Dieu, comment vous est ?" (Bérinus, II, c.1350-1370, 62). Lors que la dame entendi que Aigres estoit filz de son frere, si ot telle joie qu'elle ne pot parler, et lui getta par fine amour les bras au col et le baisa moult doulcement par plusieurs foiz. (Bérinus, I, c.1350-1370, 360). Quant Hector a ce entendu, Les bras au col lui a tendu, Lui prye qu'avec lui s'en aille A Troye, la lui ert sans faille De son grant parenté fait joye. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 80). Souvienge toy que vie curial est de la nature des folles et dissolues femmes qui plus cherissent lez derniers venuz, et gettent les bras au col plus ardaument a ceulx qui les pillent et diffament, que a ceulx qui trop les ayment et servent. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 7).

 

-

[Abandon, délaissement]

 

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Bras au col. "Sans résistance, en s'abandonnant" : ...si m'ont fait einsi Pour ma mort attraire, Com cil qui son anemi Meinne noier com amy, Les bras au col (MACH., Motés, 1377, 507). Quelles gens estes vous, ne quelles durtez avez vous en vos couraiges, qui ainsi vous laissez perdre a vostre escient, sans vouloir delaisser ce qui vous meyne a perdicion et vous tire a perdicion les bras au col ? (CHART., Q. inv., 1422, 16). Pour ce te vueil je donner a congnoistre quelles sont les contrefaites esperances, qui les personnes mainent a confusion lez bras au col, et en riant, par consolation faintive, et folle fiance mal fondee, lez tirent a gemissemens et a lermes. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 101).

 

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Tourner le col. "Tourner le dos" : ...en delaissant ce nom de roine, porté en vain, me repute une povre chamberiere dont le tiltre m'est plus propre. Que diray je de mon estat ? Je suis l'avieutie du ciel et des hommes, relenquie de toute parenté et propre sang, mise en l'abay de fortune et du monde par desvoyement de nature ; je suy celle a qui l'onneur du monde tourne le col par infraction de sa loy (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 91).

 

b)

[Dans des loc. fig.]

 

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Jusques au col. "Complètement" : De ceste parla David qui disoit a Dieu: "Tu as feru la teste en la maison du mauvaiz et desnué le fondement de sa force jusques au col..." (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 79).

 

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Avoir qqn sur le col. "Être surpris, attaqué par qqn" : ...quant la mère entendy la voix du duc, cuidant l'avoir sur le col et tramblant de hide, dist au clerc : "Mon amy, tost, tost ouvrez-nous, il nous convient partir ou nous sommes morts" (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 234).

 

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Estre sur le col à qqn. "Attaquer qqn à l'improviste" : Sarrasins (...) se mettoient en embuches pour cuidier courir sus aux nostres ; mais le vaillant mareschal, par son sens et par son agait, leur estoit sur le col ains que ilz s'en donnassent de garde (Bouciquaut L., 1409-1409, 99).

 

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Charger qqc. sus le col à qqn. "Le charger d'une responsabilité" : "Il n'appartient point" dist Appollo, "que je reçoipve l'honneur que vous me presentez (...). Et pour ce je vous prie que si grant fais ne me chargiés sus le col, car il ne m'en est nul besoing..." (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 180).

 

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[À propos d'une pers.] Prendre la bride sur le col. "Se mettre avec entrain et énergie à une tâche" : Pour ce, mon filz, desormais vous prandrez Le frain aux dens et sur le col la bride (LA VIGNE, S.M., 1496, 189).

 

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Estre sanglé jusqu'au col. "Être entravé dans tous ses mouvements" : MATHATIEL [en parlant d'un juif qui fait prêter serment au chrétien avant de lui prêter]. Jamais ne se rendra sans perte. Le grant Dieu, mon maistre est bien fol, Il en est sanglé jusqu'au col. Parjurer les voy tous les jours. Il a mys ses yeulx a rebours, Il n'y voit goutte, le bon homme. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 91).

 

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Pendre au col à qqn. "Prier qqn avec insistance" : ...aussi tost monseigneur et belle-fille me venront pendre au col pour faire la paix de Charles, à quoy je ne suis, ne ne seray enclin que premier je ne luy aye fait sentir mon courroux (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 282).

B. -

P. méton. "Épaule, nuque, dos"

 

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Aller/porter à/au col : Il avoit là pluseurs esclaves, Qui, dedens fossez, dedens caves, Toute jour la terre fouoient, Et hors, à leur col, la portoient. (MACH., P. Alex., p.1369, 259). ...icellui vendi, la somme de IIJ s., à un mercier du païs de Piquardie, portant tablete à son coul parmi la ville de Paris (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 333). Toutes personnes qui portent harens et poissons hors Dieppe, à leur col, pour leurs estoremens, ne doivent riens. (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1396, 241). ...et chacun qui va à col doit deux deniers et deux oeux à Pasques, et ceux qui vont à charette quatre deniers et quatre oeux (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 11). Et pour ce, paient au roy en la prevosté de Lions, chacun desdits hommes qui a charete deux mines d'avoine (...) et si doivent au terme de Noël un pain, voisent en la forest ou non, et ceulx qui vont au col une mine. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 11). Item, chacun qui a charette doit IIII d. et un pain à Noël ou deux deniers qui ne fournie, et celi à coul un pain d'un denier et deux deniers tournois. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 19). ...et celui qui n'a point de cheval et porte au col paye par chacun an auxdiz termes XII deniers (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 97). Item, doivent avoir en ladicte forest le boiz vert en estant, (...) et le fez à coul pour douze deniers (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 123).

 

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Porteur à col. "Celui dont le métier est de porter les fardeaux à dos" : ...deffendus soit que aucuns brouweteur, porteur à col, bereman ne porche ou remueche alun ou waranche, devant que passé aura se keure (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1363, 309).

 

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Charger sur son col./Porter sur son col : ...auquel homme il osterent une paire de draps de lit qu'il portoit sur son col (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 372). ...lequel coffre, ensamble iceulx biens, il seul charga sur son col, yssi hors d'icellui hostel par l'uis qu'il ouvry par dedens, et iceulx porta en sondit hostel (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 257).

 

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[Position de défense et d'attaque] L'escu / l'épieu / la targe au col : Et quant cil qui estoit navrez vist qu'il estoit eschapé de ses ennemiz, si s'en repaira en la place ou la bataille avoit esté, et descendi de son cheval et osta l'escu de son col et se assist pour lui reposer (Bérinus, II, c.1350-1370, 8). Et quant Aigre l'oÿ ainsi complaindre et dementer, si lui prist voulenté de aler celle part ou il avoit telle voix entendue, et monta sur Morel son cheval et se mist a voye tous armez, l'escu au col et l'espee ou poing (Bérinus, I, c.1350-1370, 270). Et quant il estoit bien armez, Bien montez et bien acesmés, La lance eu pong, l'escut au col, Il n'i avoit sage ne fol Qui ne deïst à grant murmure: "Cils roys fu nez en l'armeüre" (MACH., P. Alex., p.1369, 27). Et estoit Remondin tousjours au plus prez de lui, sur un coursier, l'espee ceinte et l'espie [l. espieu] au col. (ARRAS, c.1392-1393, 18). Et environ heure de prime, vint Remondin, a noble compaignie, armez moult richement, l'escu au col, lance sur fautre, la cote d'armes vestue (ARRAS, c.1392-1393, 61). Atant vindrent au pié de la montaigne, et descend Gieffroy, et s'arma bien et bel, et remonte a cheval, et met l'escu au col et la lance ou poing. (ARRAS, c.1392-1393, 263). Et avint que pluisseurs chevaliers et esquiers, qui se desiroient a avancier et a faire armes, brochierent cevaus des esporons, les lances ens es poins et les targes au col, et entrerent en la riviere. (FROISS., Chron. D., p.1400, 711). Une grant targe belle et bonne Ot a son col de belle taille, Ou fu Mars, le dieu de bataille, Pourtrait par moult grant excellence. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 103).

C. -

P. anal. Col du pied. "Cou-de-pied" : Fourme sur couronnelle est quant au travers sur le coup du pié [d'un cheval] a une subaudeure qui se hausse, et en huit jours est fourmee aussi derriere comme devant. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 138). À Gautier Michaut, courdouannier, le Xe jour dudit mois de juillet (...) pour une paire de souliers houssez, qui ferment à crochet sur le col du pié, 6 s. 3 d. (RAPONDE, Comptes La Trémoille L.T., 1396-1406, 45). ...une houppellande longue jusques sur le col du pié, à relever de gris bieure (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 77). Lequel seigneur de Loissellench pourtoit pour emprinse d'armes a cheval et a pié deux cercles d'or, l'un au dessus du coude du bras senestre et l'autre au dessus du col du pié, tous deux anchaynnez d'une assez longue chaynne d'or (LA SALE, J.S., 1456, 144).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Hiltrud Gerner

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