C.N.R.S.
 
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     CORON     
FEW II-2 cornu
CORON, subst. masc.
[T-L : coron2 ; GD : coron/goiron ; DEAF, G951 [goiron ; FEW II-2, 1199a : cornu]

A. -

"Coin, angle, bout, extrémité"

 

1.

[Dans l'espace] : Et doit avoir cascuns corons dou drap une roie de 12 duites de viermel fillet a une paume pres de l'entrebate. (Drap. Valenc. E., 1344, 285). Et au coron de ces racines on treuue des pierres precieuses, qui sont de moult grant vertu (MANDEVILLE, Voy. L., p.1360, 338). ...troi varllet (...) estequèrent encores de rechief un grant gros planchon oultre, et i atacquèrent l'autre coron de la corde. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 11). Dedens ce vienent à un coron Del marchiet, gens un fuison à le aide des tisserants (Troubles Flandre P., c.1384-1385, 39). ...il aroiient de nuyt apparelhiet on ponton à Mouze, à Vivier, alle coron de Soverainpont (HEMRICOURT, Guerres Awans B., c.1398, 17).

 

Rem. FROISS., Méliad. L., 1373-1388, gloss. ; Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], gloss. Cf. G. de Poerck, La Drap. médiév. en Flandre et en Artois, t.1, 1951, 88 et t.2, 1951, 45.

 

-

Aux quatre corons de. "Aux quatre coins de" : Pour aussy vray que euvangile, respondy celle, on me fist prendre .VIIJ. festus cueilliez la nuit de sainct Jehan, et d'iceulx en faire .IIIJ. petites croix et les mettre aux quatre corons de mon lit, et ainsy en fus delivre. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 141). Quand les six champions furent prests et appareillés d'issir hors de leurs pavillons, en attendant les cris, défenses et ordonnances accoutumées de faire au champ clos, incontinent furent faites et publiées aux quatre corons des lices, les défenses de par le roy d'Escosse, à son de trompe, par trois fois (Faits Lalaing K., c.1470, 174).

 

-

De bout et de coron. "Entièrement" : Mais li prinche de France (...) Firent tant et traitièrent de bout et de coron, C'on les remist ensanle, et le pais en fist-on (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 301).

 

2.

[Dans le temps] "Terme, achèvement" : Comme ceste guerre si ara povre coron ! (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 232). ...à la boine fin atent-on boin coron. (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 220). Bien cuida que se vie fut au darain coron. (Hugues Capet L., c.1358, 73).

 

-

Au dernier coron. "À la dernière extrémité" : Bien m'a mené Fortune a son darrier coron ! (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 519).

 

-

Mener à droit coron. "Mener à son terme" : ...Ains que no livre soit mené a droit coron. (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 475).

 

-

Mettre/traire à coron. "Faire cesser" : Si vous vorroie bien priier (...) Que chi bellement entre nous Vous vos voelliés tant entremettre Que de che feu a coron mettre (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 167). Et s'en moi se sont espani Aucun villain visce, pas n'i Voel arester, mais mettre y ces Et principaument pour ycés Fourfaitures a coron traire. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 229).

 

-

Venir à coron de qqc./de qqn. "Venir à bout de qqc./de qqn" : Loyalment les gaingnai, si ait m'ame pardon, Et pour chou en venra li gaingne à bon goiron [l. quoron] [Cf. Errata t.1, p. viii de l'éd.]. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 93). ...j'ay tant fait de maulx et parsecucion Se demain commençoie [la confession] n'en vendroie a corron En ung an tout entier, ne en conclusion (Renaut Mont. B.L. V., c.1350-1400, 38). Je croy que Bauduins soit venus à coron Du dyable d'infier qui là prent manscion. (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 326).

 

3.

Au fig.

 

a)

"Le fin fond de qqc." : Li Dieuesse d'amours, qui porte le pardon Pour donner a tous coers tel consolation C'on n'en polroit trouver le fin ne le coron (Flor. Rome W., c.1330-1400, 139). De la mort Dagoubert lui dist on le couron (Cip. Vignevaux W., p.1400, 161). Nous sommes per de France et les hommes Charlon, S'avons fait serement de soubstenir raison, Et je sçay de ce fait le fin et le coron (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 331).

 

b)

"But, finalité" : Il veult le roi occire, n'i voy aultre coron (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 398). Sire, ce dist Moradins, ce sont noble prison ; Et on doit noblement d'iaus véoir le coron (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 9). "Par ma foi, Soustrée, dist li Canonnes, je n'ai eut non plus avant paiement que vous, ne, sans vous, je n'en rechepverai riens." Respondirent aucun autre chevalier qui là estoient : "Nous vous en creons bien, mais il fault que les coses aient un coron." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 187). Pensons de nos guarir ! N'y a aultre coron (Galien D.B., c.1400-1500, 103).

 

-

Venir a son coron. "En venir à ses fins" : Quant ly homme Fedry coisirent le fachon, Lors dist ly I. à l'autre : "Vechi fiere opinion ; En Paris ont fait roy par droit'elexyon, Autrement ne poroient venir à leur coron..." (Hugues Capet L., c.1358, 152).

B. -

P. ext. "Côté ; bord"

 

1.

"Côté" : Dont retourna Roulant, (...) Et au retour qu'il fist au senestre coron Trouva Emerïet (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 151). A Olivier getta [Rolant] par moult grande rendon, De l'escu lui trencha ung pié sans le coron (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 199). Elïon va ferir tout parmy le blason, Si qu'il le fist verser au senestre coron (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 80). Messires Bertrans de Claiekin et se route, où il avoit espoir deus cens lances, chevauçoient à l'un des corons dou pays de Limozin. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 248). Ceste journée est pour le roy Charlon. Je voy que le soleil est ens ou coron, Qu'il estoit quant orains commença la tençon ; C'est oeuvre de fantosme et du fait de Noiron (Galien D.B., c.1400-1500, 103).

 

-

"Place précise" : Le roïne s'assist au plus mestre coron (Hugues Capet L., c.1358, 85).

 

.

"Tribune" : Et aussi tost que le Roy fu arrivé et monté sur son escharfaut (...) le Roy des heraulx monta sur l'un des corons des lices et crya de par le Roy IIJ foiz : oez, oez, oez (Chron. Rich. II, W., c.1400-1420, 19).

 

-

A un coron. "Tout d'une file, tous ensemble, d'un seul coup" : Se nous sommes es bos entrés a. I. coron Je ne donroie de Karle valissant.J. bouton. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 225). A ung coron, premiers de l'estour fort et grant, Sont enbatut ly saint, tellement ramonnant, Qu'il n'y a demoret Sarrasin ne Piersant (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 235). ...en Danemarche entra tout droit a ung couron. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 42).

 

-

Garder son coron. "Garder son coin (réservé), garder son pré carré, se réserver son domaine" : Poisans serés asés pour warder leur coron, Et le vostre ensement ne tenra s'en vous non (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 295). ...autre fois voray mieus men coron garder. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 461).

 

-

Mettre à coron. "Mettre à l'abri" : De ces pronmesses se resjoi messires Robers d'Artois et se tint dalés le duch de Braibant, son cousin, pour tant que il en pensoit mieuls a valoir, et que li dis dus, qui rices et poissans estoit, le deuist mettre a coron de tous ses inconvenients, mais non fist ; car la poissance dou roi de France est trop grande (FROISS., Chron. D., p.1400, 199).

 

2.

"Camp, bord"

 

-

L'autre coron. "La partie adverse" : ...quant Fierebourc entendi Biernardon Qui li prioit d'aidier chiaux de l'autre coron (...) Onques mais en sa vie n'ot plus grant maryson. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 414).

 

3.

"Côté, angle sous lequel qqc. est perçu ; d'où [plus gén.] manière"

 

-

Par nul coron. "Sous quelque angle que ce soit, en aucune façon" : ...se je vous voloie grever par nul coron, Eschapper ne porriés a vo salvacïon ! (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 36).

 

.

Nul coron. "Rien" : Et quant je vis mon pere qu'il n'en fit nul coron... (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 249).

 

-

A quel coron que... "De quelque façon que..." : ...à quel coron qu'i tourne j'averay le hustin Et parferay men veu, ou j'aray tel destin Que j'en seray ochis à crueulz disiplin. (Hugues Capet L., c.1358, 65). "Nostre roy à present a autre emprise et ymaginacion, car se il se trouvoit sur les champs à mains de gens trois fois que ses ennemis ne fussent, si les combateroit-il à quelle choiron que il en deust traire ne venir." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 120).

 

-

A ce coron. "De cette façon" : Hugon de Vauvenisse (...), Et ly dus d'Oterisse et le quens de Lyhon, (...), Et tant d'aultre [princhier] que nommer ne savon ; Et bien L. mille en vint à ce coron. (Hugues Capet L., c.1358, 50). Fendoient le bataille se bien à ce coron Qu'i lez ont recullé demy tret de bougon. (Hugues Capet L., c.1358, 153).

 

-

Il n'y a nul coron. "Il n'y a rien à redire" : Adont regarda Huez d'amoureuse fachon Qui tant fu biaus et drois qu'il n'y ot nul coron : De tous lez biens du monde avoit perfection (Hugues Capet L., c.1358, 85).

 

-

Bon/mauvais coron. "Bonne/ mauvaise issue" : A ce donc estoient moult renommé et honnouré en l'ost li contes dan Tilles et li contes Sanses, pour le chevaucie que il avoit mis sus, et dont il estoient venu à bon coron. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 31). Aucuns de son conseil li boutoient en l'oreille que il se tenist dalez Marguerite de Duras, qui estoit hiretiere de Naples et de Cecille (...) et les autres li conseilloient que non et que il en porroit bien prendre ung mauvais coron. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 225).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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