Empl. trans.

A. -

"Regarder attentivement, comme en s'y absorbant" : O seincte teste honnouree, Ung peu je vous veulx contempler. (Pass. Auv., 1477, 105). On avoit fait les maisons agencer Pour sur le roy certain regard avoir : Caiges aux vens, enseignes despecer Et les paroiz en plusieurs lieux percer, A celle fin c'un chascun fist devoir De contempler, de regarder, de voir L'onneur, le bruyt, la haulte renommee Que digne estoit en ce cas recevoir Le bon seigneur (LA VIGNE, V.N., p.1495, 202).

B. -

"Examiner par la pensée, examiner attentivement"

1.

Contempler qqc. : Et ainsi com je contemploie Ycelz choses ou j'emploioie Toute mon entente a aprendre... (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 87). ...s'il advient que aucun entreprenant soit surprins et mys en prison, il s'advise mainteffoiz de plusieurs choses, dont il ne s'adviseroit point, s'il estoit à son aise. Et aussi a il meilleur loysir de songier et penser, s'il puet congnoistre ou appercevoir l'estat de ses ennemys, contempler et bien adviser le lieu où il est et s'il est prenable ou imprenable, et par quelle manière on en pourra venir au-dessus (BUEIL, I, 1461-1466, 70). Et qui bien contemple les nombres quarrez il treuve que la racine de lung multipliee par la racine de laultre produyt un moyen proporcional (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, II, 693). Toutes bestes ne regardent que a paistre Fors l'homme seul, qui au ciel sa veue dresse, S'estudiant divins secretz [congnoistre] Et contempler des estoilles l'adresse. (Cene dieux, c.1492, 111). ...il se creva les yeulx en ung sien jardin pour plus parfondement contempler les faiz de nature qu'il avoit veuz. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 47 r°). Six jours entiers demoura la dedens Ou ce pendant seigneurs et presidens De parlement et de son grant conseil (...) Ymaginerent les moyens evidens Pour sur les mons conduire l'appareil De son estat aux autres nompareil, Et contemplerent les voyes oportunes Comme on sçauroit eviter les fortunes Et les dangiers qui pourroient survenir Pour bien aller et pour assur venir. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 146).

-

"Appliquer son esprit à l'étude de qqc." : Cestui, après qu'il eut specullé et contemplé ès corps celestes, se adonna à descripre les hystoires et à recuillir depuis le temps Nynus jusque à la monarchie de Cesar (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 65 r°).

2.

Contempler à qqc. "Appliquer son esprit à qqc., s'attacher à qqc." : Je suis juste, sy doy jugier Justement sans riens espargnier. Je doy contempler a justice, Elle m'est decente et propice, Ou cas qu'au contraire feroie Juste juge pas ne seroie. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 9). Dont pour ung aultre en assister, Tous ensemble y avons pencé, Contemplé et bien pourpencé, En treshumble devocion. (LA VIGNE, S.M., 1496, 400).

Rem. SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, gloss.

3.

Se contempler en qqc. "S'absorber en qqc." : Et se tu te contemple bien en toutes ces choses, tu [te] trouveras comment toute muee et transformee en ung vray amans (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 284).

4.

Empl. abs. "Réfléchir" : L'AFFINEUR. Mais quel lieu esse proprement Lieu publicque, quant je contemple ? (Sots mal., c.1480, 88).

C. -

[Domaine religieux] Contempler (un objet divin). "Regarder avec admiration, s'absorber dans" : Ha ! sire Dieu, se de ta grace Ne me confortes (...) Ne puis de conscience en pais Contempler ta benignité, Ne penser a t'umilité (Mir. st Alexis, 1382, 322). Jacob habiteur de maison Est l'espirituel pensée Repeue de douce rousée Par larmes de contriction, Venenz en delectacion De contempler choses divines (DESCH., M.M., c.1385-1403, 223). ...elle va devant Dieu contempler et regarder par saincte inspiracion la Benoicte Trinité, la court du Ciel et les joyes qui y sont. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 23). Car l'omme n'est pas faicteur des creatures de Dieu, maiz contemplateur dez oeuvres. En regardant doncquez les choses prouffitables d'embas, et contemplant les choses merveillables d'en hault, congneurent ilz grossement que leur soustenement despendoit de plus haulte puissance que de celle d'omme. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 171). Ta pensee soit envers le Treshault et ta depprecacion soit sans intermission adrecie a Jhesucrist. Se tu ne scés speculer ou contempler les choses haultez et celestiennes, repose toy en la passion de Jhesucrist et habite voulentiers en ses saintes playes (Internele consol. P., 1447, 6).

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[Dans le courant de Saint-Victor] "Élever son esprit au plus haut degré pour approcher de la connaissance de Dieu" : O qui est ce qui bien estendra son intelligence a contempler par dilatacion de pensee en tant de diuerses choses qui sont au corps et aussi en lame (CIB., p.1451, 186). ...certes qui bien est usagie de contempler en ceste maniere de contemplacion, il y a commencement de soy esleuer aulx choses inuisibles et passera legierement aulx autres manieres de contempler sur soy par la seconde maniere et par la tierce maniere de contemplacion, cestassauoir par subleuacion et par alienacion de pensee. Tu tesleueras a contempler plus hault par la congnoissance que tu aras de toy selon estat moral (CIB., p.1451, 186).

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Part. prés. en empl. subst. "Contemplatif"

Rem. JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, gloss.