C.N.R.S.
 
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FEW II-2 comparare2
COMPARER, verbe
[T-L : comparer1 ; GD : comparer ; GDC : comparer ; AND : comparer1 ; FEW II-2, 970a : comparare2 ; TLF : V, 1157a : comparer]

A. -

[Idée de rapprochement, de comparaison] "Confronter deux êtres, deux choses pour en apprécier la ressemblance, la différence, comparer"

 

1.

Empl. trans.

 

-

Comparer qqn / qqc. à qqn / qqc. : Pren moy deus sëaus en un puis, Qu'assez bien comparer li puis : Li uns est pleins, li autres vuis ; Et se l'un monte, L'autre descent ; tout einsi truis Que Fortune par ses conduis Monte l'un, l'autre avale, et puis Rien n'i aconte A roy, a duc, a per, n'a conte : L'un donne honneur, et l'autre honte. (MACH., R. Fort., c.1341, 35). ...la virginité de Marie est comparée au lis pour sa biauté (Mir. femme roy Port., c.1342, 150). ...il n'est dolour ne remort Qu'on puist comparer a la mort. (MACH., J. R. Nav., 1349, 246). Ypocras veult comparer les corps l'un a l'autre (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 245). Lequel [vaissel de trinité] on peut comparer par figure A une nef preste en toute ordenance. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 300). Car vraiement tuit la comperent A la fleur de lys en blancheur, A la rose en fine douceur (MACH., Voir, 1364, 136). Or veuil ma dame comparer A Semiramis, qui parer Ne volt son chief ne sa figure Fors que des euvres de Nature Jusque a tant que la villenie Qu'on li avoit fait fust vengie. (MACH., Voir, 1364, 440). Et pour ce en l'Evangile ilz [les richesces] sont comparees a espines. (ORESME, E.A.C., c.1370, 526). Et pour ce compare il [Gervaise] les secrez jugemens de Dieu es abismes sans fons et sans rive, combien que toutes choses sont sceues non par un seul, mais par pluseurs. (ARRAS, c.1392-1393, 4). Il y a un moiz qu'elle ne cesse de crier, de latrer comme le chien, à qui souvant sont comparez les clers selon les docteurs de l'Eglise (BAYE, I, 1400-1410, 103). ...comparez sont [les hypocrites] au paon qui pour monstrer sa beauté aux regardans descoeuvre les parties darriennes qui signifient la fin de la mort. (GERS., Concept., 1401, 416). Se on considere la trinité par comparer au temps ou a durableté, il est eternel sans commencement, sans fin. (Somme abr., c.1477-1481, 131). A quoy il est a dire que la science de Dieu est comparee aux choses creees, comme l'art de l'ouvrier aux choses faictes selon l'art. (Somme abr., c.1477-1481, 171).

 

-

Comparer qqn / qqc. et qqn / qqc. : Apres il compare mouvement naturel et violent et met une difference. (ORESME, C.M., c.1377, 608).

 

-

Empl. abs. Comparer qqn / qqc. "Établir une comparaison à propos de qqn ou qqc." : S'applicai ma pensee toute A comparer ma dame chiere A Fortune et a sa maniere ; Et la comparai par tel guise Com je cy aprés le devise. (MACH., Voir, 1364, 716). Varo (...) dit De discipline maint beau dit, En comparent dyaletique, Correspondent a rethorique (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 129).

 

-

Empl. pronom. à sens passif : Car la voulenté de Dieu comparee a noz merites ou a la prescience des merites, se puet comparer par deux manieres : ou par maniere de antecedent, c'est a dire qu'elle adevance et precede la prescience des merites. (...) Ou se puet comparer par maniere de consequent et ensieuvance. Et ainsi l'object est le bien deu a la personne (Somme abr., c.1477-1481, 169).

 

2.

Empl. pronom. [De pers.] Se comparer à qqn / à qqc. : ...Et se Nature soutille ouevre Dont la terre reveste et cuevre, Pour ce que sa robe crotée De l'iver tans li est ostée, Et li donne robe a parer, Trop bien me puis ci comparer A li, car je fais un amant Cointe et joli. (MACH., R. Fort., c.1341, 82). Mais se dire je vous osoie, Il me semble qu'a nostre dame Ne se doit point comparer femme, Ne vous ny autre (Mir. mère pape, c.1355, 351). Car ce m'art et me fait sechier, Qu'adès la voy, dont plus l'ai chier, Et goute n'en puis essaier. Pour ce à Tantale me compere ; S'en chant en mon jour darrenier : "Dame, mort m'ont, sans menacier, Vostre dous oueil, vostre dangier Et vostre amour que chier compere". (MACH., Lays, 1377, 379). Mais aux amans ne me vueil comparer : Sans dame suy (CHART., L. Plais., c.1412, 148). Comparison ou comparer une chose a aultre segnefie aucun fait ou operation en la chose par qui se compare et raporte la creature au createur [Ou empl. pronom. à valeur passive ?]. (Somme abr., c.1477-1481, 173).

B. -

[Idée d'équivalence]

 

1.

"Considérer une chose comme l'équivalent d'une autre"

 

-

Comparé à. "Semblable à, identique à" : L'enfant, tantost comme il est nez, il nous donne exemple d'humilité, car il naist en ce monde a maniere des bestes, courbe, mal fait et comme ayans quatre piez, qui est adont comparez aux bestes et est fait semblable a elles. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 140).

 

-

Empl. pronom. à sens passif "Être comparable" : Puis que mal a mal se compaire, Des maintenant J'ose bien dire, en maintenant Ma part et raison soustenant, Que le mal qui me va tenant Et qui n'est que un, Est aux vostres deux seul commun, Pire qu'eulx deux et que chascun (CHART., L. Dames, 1416, 259). ...toutevoyes les manieres de executer se pourroient equivaler ou comparer a ung commandement que on pourroit dire contrainte, voire violence (JUV. URS., Verba, 1452, 290).

 

2.

[Surtout en contexte négatif pour marquer qu'une pers. ou une chose est incomparable, qu'elle n'a pas son équivalent]

 

a)

Ne pas comparer qqn / qqc. (parce que c'est incomparable) : Celluy c'on ne puet comparer [Jésus, qui est incomparable] Ne puet nulx hons chier comparer. Chescum y mette s'esperance. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 237). Helas ! douce creature, C'on ne porroit comparer, Sentés vous dont la pointure De vostre ami desirer ? Certes, or doit bien doubler La dolour qui me maistroie, S'ainsi est que ne vous voie. (MACH., L. dames, 1377, 41). Nulz ne saroit comparer ma hachie ; Car Pitez s'est pour ma mort endormie, Grace et Eür m'ont guerpi Et Fortune m'est contraire. (MACH., L. dames, 1377, 71).

 

-

Ne pas estre à comparer (à) : Las ! toutesfoiz mon mal present et celuy de lors ne sont pas a comparer, car je soustiens tres plus angoisseuse peine que celle du monde. (GERS., Déf., 1400, 228). ...toutes celles que vous avez cy nommées ne sont pas a comparer en beauté ne aultrement a madame (C.N.N., c.1456-1467, 81).

 

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Ne pas estre comparé envers : S'en vueil Amours mercier et loer Qui m'a donné si noble destinée Que j'aim et serf et desir sans fausser Celle envers qui nulle n'est comparée. (MACH., L. dames, 1377, 92).

 

b)

Empl. pronom. à sens passif Ne pas se comparer (à). "Ne pas pouvoir être comparé (parce que c'est incomparable)" : ...Si fort, si digne et si sachans Que riens a lui ne se compere (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 73). Car ja soit ce qu'amie appere, Douce com miel, vraie com mere, La pointure d'une vipere Qu'est incurable En riens a li ne se compere, Car elle traïroit son pere Et mettroit d'onneur en misere Desraisonnable. (MACH., R. Fort., c.1341, 34). "Aussi fu il en Alixandre," Dit l'autre, "et en mont Synaï." Et l'autre disoit : "Si n'a y Homme qui a li se compere, Ne dont tant de bien nous appere..." (MACH., D. Lyon, 1342, 209). N'il n'est doleur qui se compere A mort, com grieve qu'elle appere, Ne que li feus, fais en peinture, Encontre le feu de Nature. (MACH., J. R. Nav., 1349, 247). ...Et si tres atraians sur tous Que nuls aultres ne s'i comp(ar)ere (Echecs amour. K., c.1370-1380, 148). ...de ceste merveilleuse aventure que je voy ou cours des estoilles que tu as lassus assises dès le commencement du ciel, par haulte science d'astronomie dont tu m'as presté une des branches, de quoy je te doy louer de cuer parfait, et ta Haulte Majesté, ou nulle ne se puet comparer. (ARRAS, c.1392-1393, 19). A mon doel nul ["aucun autre"] ne se compere Car il convient que je compere Ce que les autres ont meffait. (TAILLEV., Moral. D., 1435, 90). O mon doulx maistre chier tenu Qui passion as soustenus A qui nulle ["aucune autre"] ne se compere... (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 396). Doulx Jhesus (...) A qui vivant ne se compere... (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 453). Grant don m'a donné Dieu, mon pere, A qui rien n'est qui ce compere ; Et ce que mon pere aura pris, Jamais ne luy sera sourpris, Car mon pere et moy sommes ung. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 470).

 

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Ne pas se comparer contre : Et tout pour ce que j'ay toudis en my L'impression de ma dame sans per Qui est empreinte et figurée en my Mon loyal cuer qui l'aimme sans fausser Si fort et si fermement Qu'adès la voy vis à vis proprement ; Ne se peut riens comparer, bien le say, Contre le bien et la joie que j'ay. (MACH., Bal., 1377, 553).

 

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Empl. intrans. Ne pas comparer à. "Ne pas pouvoir être comparé à (parce que c'est incomparable)" : ...Tant fut Tremus puissans, nul altre ne conpeire A sa grande proeche, en monde n'at son paire (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.1, a.1400, 619). [Scheler, Gloss. Geste Liège, 76]

 

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Part. passé "Comparable, équivalent" : Tous les prelatz de l'eglise sortirent A tout reliques et grans croix reparees, De nulles autres en beaulté comparees (LA VIGNE, V.N., p.1495, 143).

 

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Sans comparer. "Sans équivalent" : Et ce seurplus Dont je ne vueil maintenant dire plus Devoit estre sans comparer tenus A plus trés dous et a plus biaus que nuls. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 72).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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