C.N.R.S.
 
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     COMPAGNON     
FEW II-2 companio
COMPAGNON, subst. masc.
[T-L : compagnon ; GD : compaignon ; GDC : compagnon ; AND : compaignon ; DÉCT : compagnon ; FEW II-2, 965b : companio ; TLF : V, 1153a : compagnon]

I. -

[Subst. de l'animé]

A. -

Compagnon (de qqn)

 

1.

"Celui qui est uni durablement à qqn d'autre, par des liens de communauté, d'amitié..."

 

a)

"Celui qui vit dans l'intimité de qqn d'autre, en partic. qui fait partie de l'entourage d'un seigneur, d'un marchand..." : LE MARCHANT. (...) S'aroie bien, a brief parler, Mestier, oncle, d'un compagnon Ou d'un vallet loyal et bon Avecques moy. (Mir. march. larr., c.1349, 99). ...maistre Guillaume Guerin, qui après ledit Benoit avoit eu plus de voix, estoit puiz IIJ moiz ou IJ compaignon du chancellier de monseigneur le duc de Berry (BAYE, I, 1400-1410, 86). ...et s'ilz [les chevaliers célèbres] ne l'eussent esté [amoureux], de eulz ne seroit plus de compte ne que d'un simple compaignon. (LA SALE, J.S., 1456, 9). Veez cy vostre compaignon qui pour estre tel a acquis la grace du roy (LA SALE, J.S., 1456, 69). Ce ne sont (...) fors paremens de simples compaignons (LA SALE, J.S. E., 1456, 149).

 

b)

"Ami" : Godefroy Miltin, pour 2 marbrez loncs de Bruxelles traians sur le caignet, bailliés à Eustace du Brulle, tailleur le Roy, pour faire cotes hardies et manteaux pour monseigneur le Dauphin et ses compaignons, pour karesme (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 85). Quant temps fu, d'ilec nous levasmes Et pluiseurs compagnons trouvames Qui en chantant nous esveillierent, Qu'onques le jour ne sommillierent. (MACH., Voir, 1364, 344). Mon compaignon, frere et cousin... (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 138). Vous savez bien la grand amytié qui est despieça entre luy et moy, et qu'il n'y a celuy qui ne dye a son compaignon tout ce qu'il a sur le cueur. (C.N.N., c.1456-1467, 210). Je le vous diray, mon compaignon et mon amy. (C.N.N., c.1456-1467, 286). ...l'espousé vint a ung sien compaignon qu'il aimoit tresbien (C.N.N., c.1456-1467, 298). ...le faisoit bon oyr deviser de sa seur, voire entre ses amys et privez compaignons (C.N.N., c.1456-1467, 361). Si bonne amour et parfaicte alïance Furent entr'eulx deux (...) Que bras soubz bras devisant a plaisance En compagnon l'un a l'autre parloit (LA VIGNE, V.N., p.1495, 235).

 

c)

"Mari" : Mon vray compaignon et ami Se voua a aler pour my Nostre Dame du Puy requerre. (Mir. enf. ress., 1353, 46). LA FILLE. Or suis j'angoissée de touz Les coustez que femme peut estre : Je voy mon compaignon mort estre (Mir. femme, 1368, 202).

 

d)

Péj. Compagnon des pourceaux. "Celui qui se comporte comme les pourceaux" : O vile creature, indigne de congnoistre la loy de Dieu, compaignon des pourceaux, et disciple dez boucz... (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 124).

 

2.

En partic. "Celui qui partage les activités d'un ou plusieurs autres"

 

a)

"Membre d'une compagnie, d'une communauté" : ...à ses compaignons de la compaignie des Eschaioles (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.2, 1343, 191).

 

-

[d'un ordre de chevalerie] : ...mesdits seigneurs les chevaliers freres et compaignons dudit ordre (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, 1481,,, 150).

 

Rem. FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 127 (compagnon et confrère).

 

-

[d'une corporation, d'une confrérie] : Et, le dimenche ensuivant, VIIIe jour de septembre, feste de Nostre-Dame, le roy parti de son hostel des Tournelles pour aler en la grant eglise Notre-Dame, et, en y alant, passa par l'eglise de la Magdaleine, où ilec il se fist frere et compaignon de la grant confrarie aux bourgois de Paris, et avecques lui s'i mirent monseigneur l'evesque d'Evreux et autres. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 102). Aux champs se mist le prevost des mestiers, Acompaigné de mille gentilz rustres Comme filleurs de soye, tissutiers, Frans veloustiers, orfevres, argentiers Et chaussetiers compaignons de grans lustres (LA VIGNE, V.N., p.1495, 165).

 

-

[d'un couvent] : Frere Conrard, desirant a complaire a son compaignon accorde ce marché (C.N.N., c.1456-1467, 107).

 

-

[d'une école] : ...nostre clerc trouva d'adventure a Romme ung de ses compaignons d'escole du temps passé (C.N.N., c.1456-1467, 283).

 

b)

[Dans les armes] : Et, se Dieu vous donne du bien, departez en a voz compaignons selon ce que chascun en sera dignes. (ARRAS, c.1392-1393, 87). Il s'esploicta tant qu'il yssi du cavain, et vint au large. Lors n'y attendy ne per ne compaignon, mais s'en vint a course de cheval vers le fort. (ARRAS, c.1392-1393, 204). Et pareillement se rendit au service du roy, soubz la charge dudit grant maistre, Anthoine de la Howarderie, bon et vaillant homme d'armes, et amena avec luy dix hommes d'armes et XX archers, tous gentilz compaignons. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 378).

 

-

[À propos de chevaliers]

 

.

"Chevalier qui a juré à un autre une fidélité à toute épreuve" : Et quant les chevaliers ont le saint ange ouÿ, Entrebaisez ce sont les chevaliers hardi, (...) L'un l'autre ont appellé compaignon et amy (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 201). Grans fu et crueus li assaus. Li roys fu là preus et vassaus, Et tuit cil de sa compaingnie. Chascuns son compaingnon deffie De bien faire et de batillier, Pour les Sarrazins detaillier. (MACH., P. Alex., p.1369, 76). Et l'endemain ses grans oustz esmovent et s'en vont, sy montarent sur mere par ung mardi du matin. Et la sus mere sont cranteiz Ogier et Rollant d'estre loiaulx compaingnons l'ung a l'aultre jamaiz perpetuellement ; et ont jureit que ja faulseteit ne malengien ne penseront pour morir (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 70). Laisons envie, sy prendons loiaulteit et soyons toudis bons compaingnons sy que nous avons jureis. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 106).

 

.

Compagnon et frere d'armes : Et eulx [deux chevaliers ayant fait armes] se firent compaignons et freres d'armes ensamble et s'entramerent depuis de bonne amour. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 171).

 

.

"Chevalier qui fait partie d'une compagnie (après serment de fidélité au chef)" : Et avec ce ledit messire Guichart (...) recuist et recevoit en sa compangnie et pour son conpangnon principal et en chief devant touz autres, (...) ledit Jocerain. Et voult et promist loialment à faire ycellui Jocerain chevalier, toutes les fois qu'il li plaira et que ledit Jocerain deci en avant pour le tamps dessusdit et devisié de ladicte compangnie durant, en touz cas et en touz lieux, soit du tout aus cous et fraiz dudit messire Guichart : c'est assavoir de toutes vesteures, monteures de chevaux et de roucins, retour d'iceulz et de touz autres estoremens comme de son propre corps, tantost qu'il sera chevalier, et auxi de la délivrance et raençon de prison et de toutes autres choses de quoy on puet, doit, et a acoustumé de fraier, desdamagier, despechier, delivrer et descoutangier son compangnon (Titres Bourbon H.-B., t.1, 1347, 431).

 

-

[À propos des soldats du rang]

 

.

"Soldat du rang, fantassin (et qui est affecté, lors des sièges, aux travaux ouvriers)" : Ces gens d'armes fissent lor quelloite de compagnons, et tant que il furent environ mille armeures de fier. (FROISS., Chron. D., p.1400, 346). ...prenderés .CC. compagnons et .Vc. archiers, et saudrés hors sus le point dou disner, et irés escarmuchier et estourmir l'oost. (FROISS., Chron. D., p.1400, 552). Est entendu que ceulx qui s'en voudront aller, lesquels peuvent emporter leurs biens par le traicté dessus dit, en iceulx biens sont comprins toutes manières de meubles, sauf canons, coulevrines, arbalestes et autre semblable artillerie, si non que ce soient les ars et trousses aux compaignons, et aux arbalestriers leurs arbalestes. (Doc. 1449. In : CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2 c.1437-1464, 99). ...chevaliers, escuiers et compaignons (BUEIL, II, 1461-1466, 137). Et de faict il falloit atteler les chevaulx et grant nombre d'hommes par derriere, affin de retenir la dicte artillerie en devallant contre bas, laquelle chose fut plus penible ou du moins trop plus dangereuse beaucoup qu'a la monter. Et de fait plusieurs compaignons d'icelle artillerie (...) soustindrent des paines innumerebles (LA VIGNE, V.N., p.1495, 278). Et maint chevalier ou compaignon, s'ilz eussent esté a cest choix... (Charles de Hongrie C., c.1495-1498, 51).

 

.

"Soldat (à pied ou à cheval)" : Tous s'assamblerent à Ousach les campaignons des fors, tous Anglois, et se trouverent larguement IIIIc. lances et tous bien montez, et n' avoient que VI. lieues à chevaulchier (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 206). ...Tarquinus Priscus atout deux mil compaignons de cheval (JEAN DE ROUVROY, Stratag., c.1425. In : Chrestom. R., 102).

 

.

Compagnon à / de pied. "Fantassin" : Et virent ces gens d'armes et biaucop de compagnons de piet de Cambrai (FROISS., Chron. D., p.1400, 352). ...tous ces compaignons à pié (BUEIL, I, 1461-1466, 134).

 

.

Compagnon leger. "Fantassin armé légèrement" : ...quelque dix compaignons legiers (BUEIL, I, 1461-1466, 84).

 

-

Compagnon d'armes / en armes : Aussi y fu bons escuiers Mensaus, nommez de Resigny, Sus le corps de Bon, son amy, Et son cousin ; car il s'amoient, Et compaingnons d'armes estoient. (MACH., P. Alex., p.1369, 156). Et vous di que le conte de Foeis l'aime bien, car c'est son compaignon en armes. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 36). ...en juillet derrain arma en Normandie une galiote de compaignons d'armes (BAYE, I, 1400-1410, 106). ...nonobstant les privaultez et amistez qui estoit entre ces deux seconds et compaignons d'armes... [Ici contexte grivois] (C.N.N., c.1456-1467, 386).

 

.

Compagnon de guerre. "Soldat" : ...a esté interrogué Jehan Deglaz, escripvain dudit Gimart sur les gaiges, despences des nauchers, galiotz, compaignons de guerre et autres gens et officiers qui estoient en la galée Saint-Michiel (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 219). ...vindrent audit lieu de Jaunay troys compaignons de guerre qui se disoient estre à ung cappitaine qu'ilz nommoient Chambre ou autrement (Doc. Poitou G., t.10, 1456, 10). ...le Jouvencel (...) assembla ses cappitaines et compaignons de guerre (BUEIL, II, 1461-1466, 79). ...le demourant des compaignons et gens de guerre (COMM., I, 1489-1491, 150).

 

c)

[Dans un office, une charge, un métier, une profession, une activité...] "Celui qui exerce la même profession, la même activité" : ...et fut famillier de Andruzagar, dessus nommé, autres dient compaignon, autres disciple. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 33 v°). Il escripvit aussi sur alkymie et dit l'on qu'il fut compaignon de Raymond Lullii et de Roger Bachon et qu'ilz firent la perre des philozophes en Angleterre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 133 r°).

 

-

[dans un office] : ...après ce qu'ilz orent veillié en leurs chambres jusques environ deux heures après minuit et mangié de la char en la compaignie d'autres compaignons officiers dudit mons. de Bourbon (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 477).

 

.

[parmi les serviteurs] : ...passa ung aultre serviteur qu'elle interroga pareillement, qui luy dist comme son compaignon mais plus avant (C.N.N., c.1456-1467, 274). ...Regnault la Pie, lequel avoit autresfoys eue grant familiarité autour du roy comme son varlet de chambre, et depuis avoit esté mys dehors de son service par les faultez et abus dont l'accusa Olivier le Dyable, dit le Dain, aussy son compaignon comme barbier varlet de chambre du roy. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 114).

 

-

[dans l'échevinage] : Du maieur, eschevins, bourgois, habitans, maieur de bannière, et de toute la communauté de la ville d'Amiens, par la main de Jehan du Gard, compaignon de l'esquevinage, et Jehan Piedeleu, maieur de bannière, messaigiers envoiez devers le Roy par les dessus diz, pour don qu'ils ont fait au Roy pour son vivre et estat maintenir (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1359-1360, 202).

 

Rem. Cf. R. Mantou, B. de la Commission royale de topon. et dialectol. 51, 1977, 212.

 

-

[dans le commerce] : Les deux marchans, entendu le bon propos de leur compaignon le priserent et loerent beaucop (C.N.N., c.1456-1467, 557).

 

-

Compagnon de l'Empire. "Celui qui est associé au règne, aussi longtemps que vit le souverain en titre" : ...Louys fist un general concile a Ayes, en Alemaingne, l'an DCCCXXII, et la il ordena son ainsné filz, qui estoit appellé Lothaire, son conpaignon de l'Ampyre, et voult que il fust appellé Impereur (Songe verg. S., t.1, 1378, 151). ...Julius Cesar, l'Impereur, et Octavian Auguste, Impereur, et plusieurs aultres Impereurs aussi, eurent pover de faire leurs filz et aultres leurs succ[ess]eurs en l'Ampyre, et aucune foys lez faisoient conpaingnons de l'Empyre (Songe verg. S., t.1, 1378, 156-157).

 

d)

"Associé (en partic. commercial)" : Compaignon et consors en marchandie ou en meublez pevent bien demander ung pour touz en donnant caucion que les autres consors l'auront ferme et estable (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1426, 73). ...ledit Jacques Cuer, en baillant icelles noz fermes, avoit esté compaignon d'aucuns fermiers et parçonnier d'aucune desdictes fermes, et mesmement des foires de Pesenas et Montignac par plusieurs et diverses années (Doc. 1453. In : Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 10). ...de Guillaume Baudin, bourgeois hancé de Paris, compaignon de Nicolas le Rony, pour corduen 20 s. (Comptes Paris M., t.2, 1457-1458, 62).

 

e)

"Artisan, ouvrier qui a achevé son apprentissage, qui travaille sous les ordres d'un maître" : Il y aura (...) deux esleuz pour ledit mestier [des foulons drappiers], c'est assavoir un maistre et un varlet dudit mestier qui envoyeront les compagnons en besongne à droicte heure (Industr. Paris F., 1330-1500, 337). Et defend en oultre ladicte Court que, doresenavant, aucun boulengier ne soit musnier ou fermier, ne compagnon de fermier de molin, à peine de cent livres parisis amende et d'estre mis ou pilory. (FAUQ., I, 1417-1420, 378). ...pour le menaige de 4200 de carreaux neufs, prins en deux bateaux en Greve, oudit mois d'aoust, et iceux menez en une ruelle qui est derriere l'Ostel de ladite ville, pour la garnison d'icelle, par marchié à lui fait, 48 s. p., et pour le salaire d'un compagnon qui a contrerollé lesdits carreaux (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1449-1450, 670). Ça, mon hostel, alé vous ant La bas trouver de compaignions, De bon chapuis et de masson. Je vuyl fayre icy edifice Ou se fera le Dieu service, Aussy charité et aumonne. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 141). De Oudin le Borgne, demourant à Senlis, Colin le Flament, dit Haalot, Jehan Guerault et Jehan le Peletier, demourans à Saint Leu d'Esserens, tous carriers compagnons, ensemble, hancés ledit 22e jour de juing et quittés pour deux hances valant 6 l. p. (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1451-1453, 774). Ma dame, de l'un, avec IIJ solz, je en ay eu deux paires de fins draps linges, et de XX s. j'en ay eu IIJ paires de soulers (...) et le surplus donné le vin aux compaignons des maistres ouvriers (LA SALE, J.S., 1456, 57).

 

-

Compagnon charpentier / couturier / foulon / maçon / tisserant... : ...se uns maistres foullons devient varles, que de 30 s. qu'il paie d'usage pour se radot, li halle en ait 10 s., et li boiste 10 s. et li compagnon foullon en aient ossi au boire 10 s. (Drap. Valenc. E., 1368, 290). ...fu accordet as compagnons tisserans de drap chou qui ci-apres s'ensuit... (Drap. Valenc. E., 1372, 43). ...pour la façon de celles [robes] du Roy, qui est de 4 garnemens, housse, seurcot clos, seurcot ouvert, coste simple et trois chapperons, l'un double, l'autre sangle (...). Et pour la façon de la robe mons. de Thouraine, qui est de quatre garnemens, cloche, seurcot clos, seurcot ouvert et coste simple, avec 3 chapperons comme dessus. Pour ce, 16 journées de compaignons cousturiers. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 281). ...elle avoit acheté la somme de VJ s. parisis d'un compaignon maçon qui le portoit vendre devant Saint-Innocent (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 425). À maistre Jehan Douter, charpentier, pour avec pluseurs ses compaignons charpentiers avoir ouvré (...), un nouvel lyen de bois appellé jocq à trois posteaux et une nouvelle teste de bois tenant lieu par desoubz le pont par lequel on va de la basse court sur la mote dudit hostel, pour reparer, revestir et asseurer toutes les viezes jocques d'icellui pont (...) et pour avoir bien et souffisamment registé et replanquié ledit pont tout de nouvel et les appoiees d'icellui pont avoir relié de nouveaux corbeaux ainsi qu'il appartenoit, lequel ouvraige manuel a esté tauxé par Jehan Droochbroot et Jehan de Le Poele, maistres charpentiers (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 611).

 

f)

"Marin" : A lui et Michiel de Montoire pour pain a eulz et 36 compagnons qui alerent par mer de Honnefleu a Caen, par lettre 36 s. (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1341-1342, 55). ...sy alammes tant de l'une riviere a l'aultre que nous fumes en mere, ou nostre vaiseil est briséz et mes compaingnons tous noiiéz fors que moy, qui suys escappeiz, Dieu mercy. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 5). Interrogué de quel office il qui parle servoit en ladicte galée, dit que quant il monta en ladicte galée ne savoit de quoy il devoit servir en icelle, mais à la requeste dudit Jehan de Village y estoit monté et à l'avanture print son arbalestre pour servir d'office de compaignon ou cas que on ne luy donnast autre occupacion. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 174). Don à ung compaignon de la galléasse ferrandine qui a apporté de la vaisselle de terre au roy, quatre escuz ; pour ce, IX fo IIII go. (Roi René vie L., 1478, 377).

 

3.

P. ext. "Celui qui se trouve transitoirement en compagnie de qqn, celui qui est avec qqn"

 

a)

"Celui qui est auprès de qqn, qui a transitoirement la même activité ou la même préoccupation, celui qui accompagne qqn, qui partage qqc. avec qqn" : De nul bien la possession n'est joieuse senz compaignon. (ORESME, E.A.C., c.1370, 484). L'evesque de Lengres, pour tant qu'il estoit prelas, commença à parler et à faire son procès, bellement et saigement, acostez de ses deux compaignons, messire Jehan de Vianne et messire Jehan de Buel (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 13). Ceulz et celles qui avoient esté au monde compaignons en pechié et en coulpe estoient en enfer compaignons en tourmens. (Horloge de sapience S., c.1389, 103). ...il ala à Poitiers, où il attendi ledit de Moustereul, son compaignon (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 519). As tu oublié Lucan qui t'aprint une foys que auctorité de court ne peult jamais souffrir compaignon, et que entre gloire et envie a guerre pardurable et immortelle ? (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 7). ...l'huys fut serré ; si n'y eut celuy des demourez qui ne regardast son compaignon. "Or ça, dist monseigneur, qu'est il de faire ? Nous sommes acertenez de la traïson que ces ribaulx moynes nous ont faicte..." (C.N.N., c.1456-1467, 225). ...ilz furent aucune espace tous deux sans dire mot. Car chascun actendoit la parolle de son compaignon, l'un en une maniere, l'autre en l'autre (C.N.N., c.1456-1467, 572). Compaignhons, alés l'aultre pendre ! (Pass. Auv., 1477, 207). TESTE CREUSE. Qui est ceans ! hau ! que dit on ? Ou dyable sont mes compaignons ? (Copp. lard., a.1488, 157). Compaignons, escoutez, je vien Devers vous en espicial Vous dire que le principal Est d'accord de vous contenter, Et pourtant, sans [trop] plus tarder, Venez scavoir qu'il vous dira (Sots gard., a.1488, 111).

 

-

Prov. : ...grand solas est au chétif avoir compagnonen sa misère. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 419). [compagnon d'infortune]

 

-

"Convive" : Ilz estoient n'a gueres une assemblée de bons compaignons faisans bonne chere en la taverne, et buvans d'autant et d'autel. (C.N.N., c.1456-1467, 542).

 

-

"Celui qui partage la même chambre en voyage" : Item, cogneut que, un an a ou environ, lui estant couchié en un lit en la ville de Gonnesse, avec un compaignon dont il ne scet le nom, de nuit, print en la bourse dudit compaignon quatre viez blans qui y estoient (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 192).

 

-

"Celui qui chasse avec d'autres" : Deduit a dit aus compaignons : "Alon voler de nos faucons..." (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 173). ...on veult que les compaignons treent hors de leurs questes pour venir a l'asemblee et celui qui cornera aura encontré de grant cerf ou sangler... (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 144). Et au partir de l'assemblee Me mis devant mes compaignons Pour retourner a ma brisee Ou pres de la nous trouverons Le cerf que chasser nous devons (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 32).

 

-

"Animal sauvage qui accompagne un autre" : Et aucune foiz un grant cerf a bien un autre compaignon aveques luy, que l'en apelle son escuier, quar il est a ly et fet ce qu'il veult. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 59).

 

b)

"Celui qui accompagne qqn, qui fait route avec qqn" : Ung peu de temps apprès, vint l'un d'eulz, disant que son compaignon estoit mort, moult faisant le douloureux. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 32). Et ainsi ledit ours laissa ce povre homme sans luy avoir faict guères de mal et se retira en sa caverne. Dès ce que le povre homme se veït delivré, il se leva tirant vers la ville. Son compaignon, qui estoit sur l'arbre, lequel avoit veü ce mystère, descend et court et crye après l'autre (COMM., II, 1489-1491, 21). ...fors que l'on dit qu'il fut compagnon de Ulixes et par sa guide et bonne ellection, après plusieurs infortunes de mer, arriverent en leur contrée (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 30 r°).

 

-

Jouer du faux compagnon à qqn. "Fausser compagnie à qqn, l'abandonner" : ...a la mort t'ay habandonné Et laissé. Je t'ay joué du faulx compaignhon. (Pass. Auv., 1477, 181).

 

Rem. V. jouer à la fausse compagnie (XVe-XVIIIe s., FEW II-2, 966b, s.v. companio).

 

c)

"Allié" : ...et leur fut demandé pour quoy ilz [les Tusculans] avoient aydié les Voltes contre les Rommains, comme ilz fussent amis et compaignons des Rommains. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 34).

 

d)

"Complice" : ...et aloit descouvrir et chevaucher le pays quant lesdiz Gieffroy et Merigot vouloient chevauchier, et aussi leur rapportoit où ilz povoient mieulx faire leur prouffit. Item, Perrotin de Villevalez, dudit lieu, estoit son compagnon et complice ad ce faire, et le scet par le conseil Gieffroy Teste-Noire. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 179). Ce sont ceulx qui se sont adjoins et aliez a voz desloiaulx et rebelles de ce royaume, dont a la desraison de leur querelle ilz ont adjousté desloiauté, en soustenant les oeuvres desloialles de leurs alliez et compaignons. (CHART., Q. inv., 1422, 18). Les tirans font loix et coustumes iniques pour opprimer leur peuple. Desquieulx parle Ysaïe, en son premier chappitre, en disant qu'il est aucuns princes et chevaliers qui sont infideles et compagnons des larrons, prenans de tous costez et vivans sans foy et sans loy. (BUEIL, II, 1461-1466, 73). ...troys compaignons, dont l'un estoit en estat de homme de guerre et les autres en estat de coquins, dont l'un se disoit maistre des autres et se faisoit appeller Artus de La Guerre et l'autre Marquis et l'autre Charles ; lesquelz se disoient estre gens de guerre et avoient tout perdu le leur. (Doc. Poitou G., t.12, 1475, 1).

 

-

"Larron" : ...furent espiés de huit compagnons (...) [qui] leur couppèrent les gorges, prirent toutes les finances que portoient et s'en allèrent. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 306).

 

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Compagnons de la faque. "Voleurs"

 

Rem. CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 422.

 

e)

"Partenaire"

 

-

[dans une joute]

 

-

[en amour] : ...ainsi qu'il dist de la chetive femme, quant elle s'est habandonnee et le compaingnon saoullez (LA SALE, Sale D., 1451, 127). Elles ont prins chacune ung compaignon et ont fait jusques a oultrance la folye. (C.N.N., c.1456-1467, 364).

 

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[À propos d'un animal] : Quant elle [la renarde] vet en amour et elle quiert son compaignon, elle crie a voiz enrouee comme voiz de chien enragié. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 100).

 

f)

"Rival, adversaire"

 

-

[Dans une joute, un combat corps à corps] : Il est con cilz qui tient sa lance, Qui n'a voluntey ne puissance D'aproichier vers son compaignon. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 520). Et vinrent jouster li un à l'autre. Et qui pooit conquerir son compagnon, il l'en menoit (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 188). Puis se relievent moult vistement et mectent les mains aux espees, si commencent une si dure bataille qu'il est bien advis a chascun d'eulx qu'il ne trouva mais si fort compaignon. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 59). ...je pour acomplir voz armes vous donroye a compaignon mon propre nepveu, qui est de vostre aige (LA SALE, J.S., 1456, 106). ...et enfellis l'un sur l'autre, chacun pour mettre à fin son compagnon, le dit Charles, par dessous une lame, dont la charnière se rompy par force de horions, lui bouta l'espée au ventre plus d'un pied. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 225).

 

-

[Dans une relation conflictuelle] : ...chascun craignoit son compagnon, le roy, le duc Charles pour ses alliances aux Anglois et au duc breton, et le duc Charles, le roy pour sa puissance (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 413).

 

-

"Celui qui partage une femme avec un autre" : Le pouvre martir estant soubz le lit, a peu s'il s'osoit tirer de la, doubtant le retourner de son adversaire, ou, pour mieulx dire, son compaignon [Empl. iron. : le mari s'est réfugié sous le lit pendant qu'un archer abuse de sa femme] (C.N.N., c.1456-1467, 52). Toutesfoiz, car il avoit tant labouré que plus ne povoit, il fut content d'aller querre son compaignon et l'amena devant elle, qui tantost le mist en besoigne [Une jeune fille convoque successivement plusieurs hommes pour en faire ses amants] (C.N.N., c.1456-1467, 349). Nostre curé donc, en ensuyvant le conseil tant de sa dame comme le sien propre, se fist, par gracieux et subtilz moyens, accoincté de celuy dont il vouloit estre compaignon ou lieutenant (C.N.N., c.1456-1467, 439).

 

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Avoir compagnon. "Avoir un rival" : "Et que diriez vous, dit l'autre, si vous aviez compaignon - Compaignon ! dist il, quel compaignon ? En amours, je ne le pense pas..." (C.N.N., c.1456-1467, 230).

B. -

Compagnon de qqc.

 

1.

"Celui qui, avec un autre ou avec d'autres, prend part à qqc., est responsable de qqc." : J'ay tiesmoingniet sa mort, dont j'ay confusion Pour monter en honneur le sien frere Millon, Qui ochist en battaille le noble ducq Sansson, Pour ce qu'estre ne volt de ce fait compaignon (Flor. Rome W., c.1330-1400, 196). ...nostre amé et feal conseiller feu Jehan Billouart espousa ladite Marie, et ainsi fu semblablement compaignon et participant de ladite obligation (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.2, 1340, 66). Item, nul correctier de drapperie, de peleterie, d'espicerie, de chevaulx, de mercerie, de foing ne d'autre marchandise quelle elle soit, ne pourra marchander, n'estre marchant par luy ne par autre, ne estre compaignon de la marchandise dont il sera correctier. (Mét. corp. Paris L., t.1, 1351, 23). ...tu ne te peulz gecter d'estre parçonnier du peril, maiz tu n'as pas esté compaignon du proufit. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 9). Quant l'orde et ville dominacion des mages fut oppressee et abattue, ceulz qui avoient esté compaignons de celle noble oeuvre, firent part enssemble qu'ilz seroient en une certaine place enssemble (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 30). ...ledict Jacques Cuer fust trouvé chargé que dès l'an CCCCXXIX, luy estant compagnon de la ferme de nostre monnoye de Bourges, il auroit fait forgier escus à moindre poix et loy (...) et par ce moien y avoit eu prouffit de vingt ou de trente escus pour marc, où il n'en devoit avoir que deux escus, en deffraudant et dérobant nous et la chose publique de nostre royaume, et commectant, en ce faisant, crime de faulse monnoye. (Doc. 1453. In : Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 6).

 

2.

"Celui qui est complice de qqc." : Et, pour ce, (...) lesdiz presens conseilliers furent d'oppinion que ledit prisonnier feust punis comme larron ; et que, pour ce qu'il avoit esté present à la mort d'icelle Jehennete, qu'il feust liez les mains devant, comme compeignon dudit fait. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 119).

 

-

Compagnon de + inf. : ...ledit suppliant fu d'accort et compaignon de contraindre (...) plusieurs personnes à diverses sommes de deniers (Ch. VI, D., t.2, 1415, 38).

 

3.

[À propos de choses] : ...ilz sont sept pareil de nerfz qui sans moyen naissent du cervel et trente par le moyen de la nuque et ung sans compaignon qui naist par la fin ossarii (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.1, chap.4).

C. -

P. ext.

 

1.

"Individu quelconque, quidam"

 

a)

Un compagnon : ...deux jours a, ou environ, lui estant ès halles, un compaignon qu'il ne congnoist et dont il ne scet le nom, lui bailla le frain de mule dont cy dessus est faite mencion (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 9). ...[il] dit que au dehors de la ville, environ le trait d'une arbalestre, encontra, en une ruelle enclavée entre vingnes, un compoingnon tout seul, senz aucune chose porter, fors un baston rond en sa main, et lequel il cognoistroit bien se il le veoit (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 425). Ceulx de Troies, pour lors que par avant ilz eussent esté Bourgoignons, s'estoient tournez Ermignacz ; et entre eulx avoit conversé ung compaignon a demy fol (C.N.N., c.1456-1467, 449). Or advint qu'envers ce temps-cy (...) vint un compagnon de Tournay nommé Mahienot, lequel avoit tué un autre en la dite ville (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 41). Je le dy pour ung compaignon Qui se fait Rifflart appeller, Oncques n'eut vouloir d'y aller, Ce luy semble desrision. (C. Riffl., c.1480-1520, 58).

 

-

Quel compagnon ! "Quel gaillard !" : Il est reffait com ung liepart ; Maulgré noz dieux, quel compaignon ! (Myst. st Laur. S.W., 1499, 233).

 

-

[Dans le récit] Nostre compagnon. "Notre homme" : ...a ceste occasion se tenoit nostre compaignon bien fier, et encores autant eureux. (C.N.N., c.1456-1467, 24).

 

b)

Adj. + compagnon

 

-

Beau compagnon. "Homme vigoureux, hardi" : Ung gentil chevalier des marches de Haynau, riche, puissant, vaillant, et tresbeau compaignon... (C.N.N., c.1456-1467, 268). ...le charreton dedans, qui estoit ung tresbeau compaignon fort et viste... (C.N.N., c.1456-1467, 344). Je cogneuz au temps de ma verte et plus vertueuse jeunesse deux gentilz hommes, beaulx compaignons bien assoviz et adressez de tout ce qu'on doit ou peut loer [en] ung gentil homme vertueux. (C.N.N., c.1456-1467, 362). ...sy estoit-il bel compagnon et grant et avoit grâce d'avoir esté merveilleusement hardy. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 45).

 

-

Bon compagnon. "Personne agréable" : J'ay trouvé marcheans qui sont boin compaignon, Qu'oultre mer vous menront a vo conmandison (Flor. Rome W., c.1330-1400, 264). Et disoient les bons compaignons pour lors que les cordeliers, qui emporterent le corps de Mons. le connestable, eurent la teste copée, qui est ung broquart assés aisié à entendre. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 353).

 

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"Brave garçon" : ...[le bourgeois] trouva par pluseurs et subtiles fassons que le bon compaignon, mary de ladicte gouge, fut son amy tresprivé et familier (C.N.N., c.1456-1467, 23). ...huit heures ne furent pas si tost sonnées que veez cy bon compaignon du jour devant a ce point assigné, qui vint hurter a l'huis [Empl. antiphrastique : il s'agit de l'amant] (C.N.N., c.1456-1467, 242).

 

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Estre bon compagnon. "Être agréable en société, être un homme facile à vivre" : "Et quelle chere, dit le mary, vous a fait vostre hoste ? Par Dieu, il est bon compaignon - Bon compaignon ! dit elle ; il n'y a rien d'oultraige. Je ne m'en saroie loer que tout a point..." (C.N.N., c.1456-1467, 410). Bon compaignon estoit lors avecques les belles filles, car il n'estoit point marié (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 334). Après le serment faict, notre roy, qui avoit la parolle bien à son commandement, commença à dire au roy d'Angleterre, en se ryant, qu'il failloit qu il vint à Paris et qu'il le festieroit avecques les dames et qu'il luy bailleroit monsr le cardinal de Bourbon pour confesseur, qui estoit celuy qui l'assouldroit très voulentiers de ce peché, s'aulcun il en avoit commis, car il sçavoit bien que ledict cardinal estoit bon compaignon. (COMM., II, 1489-1491, 66).

 

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Faire du (bon) compagnon. "Donner le change (en laissant croire que l'on est content, que l'on est accueillant...)" : Hau la, je le voy. Pleust a Dieu qu'i n'y eust que moy A le gouverner, se mignon ! Comment ? Y faict du compaignon ? Il me semble plus eveillé Et nouvelement abillé Qu'aultre foys. (Troys Gal. P., c.1445, 23). Nostre hoste fist du bon compaignon ; mais il se repentit assez depuis d'avoir fait la question, dont la solucion le fist rougir. (C.N.N., c.1456-1467, 413). ...et soy mettant devant l'huys de sa chambre, faisant du bon compagnon, requéroit un chascun pour venir disner avecques luy (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 258).

 

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[D'une femme] Faire pour les bons compagnons. "Accorder facilement ses faveurs" : ...lui et ledit Phelipot Le Vachier (...) vindrent en la ville d'Anthoigny pour eulx esbatre à la feste d'icelle ville, en laquele ilz oyrent dire aus compaignons de la ville de Fresnes, qui là estoient, que le curé de la ville de Rungy avoit en son hostel une jeusne fille qui faisoit pour les bons compaignons. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 231).

 

-

Gentil compagnon : C'est buvraige pour les canars, Non pas pour gentilz compaignons. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 153). ...en cest hostel avoit gentil compaignon clerc, qui tresbien chantoit (C.N.N., c.1456-1467, 279). ...ledit cyrurgien estoit ung tresgentil compaignon le plus renommé du païs (C.N.N., c.1456-1467, 502). ...et avoit esté celle fille poursievie longtemps d'un gentil compagnon du pays, de l'accort assez et du consentement du père et de la fille, car ne tendoit qu'à honneur (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 434).

 

.

"Homme d'un commerce agréable" : Nostre Champenois, après ces armes desus dictes, devint ung pou plus gentil compaignon qu'il n'estoit par avant (C.N.N., c.1456-1467, 137). ...nostre ville n'est pas encores si desgarnye de gens qu'on n'y trouvast ung gentil compaignon pour vous servir a ce besoing... (C.N.N., c.1456-1467, 348).

 

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Faire du gentil compagnon. "Se montrer agréable" : ...monseigneur, pour faire du bon mesnagier et du gentil compaignon, dist a madame... (C.N.N., c.1456-1467, 281). ...il est aujourd'uy largement de prestres et curez qui sont si gentilz compaignons que nulles des folies que font et commettent les gens laiz ne leur sont impossibles [Avec connotation érotique] (C.N.N., c.1456-1467, 293).

 

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Jeune compagnon. "Jeune homme" : ...demouroit n'a pas long temps a l'ostel d'un marchant ung jeune compaignon picard qui servit tresbien et loyaument son maistre (C.N.N., c.1456-1467, 68). Et, le mardi ensuivant, fut executé es hales de Paris ung jeune compaignon nommé Pierre Gueroult, natif de Lesignen, et ilec escartelé par la sentence du prevost des mareschaulx (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 78).

 

2.

[Pour marquer une idée d'égalité entre des individus]

 

-

[Appellation condescendante référant à une égalité fictive] : Et le roy leur dist : "Bon jour, bon jour, compaignons." (LA SALE, J.S., 1456, 236).

 

-

Sans compagnon. "Sans égal" : Et sembloit alors (...) que c'estoit une chose admirable du fait de ce duc de Bourgongne, et que voirement c'estoit bien le duc sans pareil et sans compagnon (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 140). ...prince et duc sans compagnon, clair et resplendissant en victoire. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 364).

 

-

Se mettre compagnon de qqn. "S'égaler à qqn" : ...cestui de Brederode qui moindre estoit beaucoup que l'autre et d'estat et de pouvoir, se mist compagnon de l'autre par sa présomption (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 132).

 

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Trouver (son) compagnon. "Trouver son égal" : Et quant tous ceulx de la place orent veu tel cop, ilz escrïent tous a une voie : "Nostre seigneur a trouvé compaignon et maistre !" (Chev. papegau H., c.1400-1500, 8). "Il pouroit bien estre que nostre mareschal avroit trouvé son compaignon." Quant le mareschal vit qu'il ne pourroit surmonter celluy a qui il se combatoit... (Chev. papegau H., c.1400-1500, 75).

II. -

[Subst. de l'inanimé] "[Monnaie]" : ...et avecques ce faites crier par plusieurs en tous lieux à ce acoustumés, que nulz ne se puisse excuser de ignorance, que nulz ne prengne ou mete les monnoies estranges, fors seulement celles et pour le pris que s'ensuit : c'est assavoir les deniers que l'en appelle chartrains pour six deniers parisis la pieche, les deniers appelés vaillans pour six deniers parisis la pieche, et les deniers appelés compagnons pour quatre deniers la pieche (Mand. Ch. V, D., 1365, 99). Mais toutes fois, par confirmation d'amour et d'unité, il ordonnèrent à faire forgier une monnoie coursable ens ès trois pays, que on appelleroit compagnons ou alloiiés. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 42).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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