A. -

"Compagnie"

1.

"Compagnie, troupe" : En l'an mil IIIcLIIII, le dit roy de Navarre, a grant compaignee de gens d'armes, vint arriver à Cherbourc. (Chron. Mt-St-Mich. L., t.1, 1354, 3). ...il ariva à Beaumont et envoya partie de sa compagnie loger à Vivaing (...). Monseigneur de Champagne avec la garnison de Villenes et ledit messire Ambroise de Leré, lequel n'avoit point de compagnée de gens d'armes et n'avoit avec luy que ung seul compagnon combatant (...) (je ne sçay s'il estoit homme d'armes ou archier), [alerent loger à Vivaing]. (TRING., c.1477-1483, 285).

-

"Troupe de chaseurs" : Maiz le levrier vint qui la mort Li donna [à la loutre], car l'a estranglee Devant toute la compaignee, Si pouez penser s'il ont tuit Joye et plaisir de tel deduit (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 412).

2.

"Entourage, suite, escorte" : ...et lesdiz deux pas ledit preneur gaiga paier chascun an audit abbé par deux jours, c'est assavoir tous ses despens pour lui, pour son dit bailli, pour sa compaignee, gens et chevaux, a telz jours comme il plaira audit abbé (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1393, 662). Le roy avoit en sa court moult belle compaignee de chevaliers et escuiers et tous les jours les jeunes jouvenceaulx se esbatoient devant le roy de gecter la barre ou la pierre, de luiter, de saillir (Cleriadus Z., c.1440-1444, 25). Le roy descend et toute sa compaignee et monte es grans salles et s'en va en sa chambre de retret et fait tantost mander ses tresoriers qu'ilz venissent devers lui (Cleriadus Z., c.1440-1444, 73). LUCIFER.[à Sathan] (...) Va t'en doncquez sans demeuree Avec toute ta compaignee Et fays du pys que tu pourras. (Pac. Job M., c.1448-1478, 230). ...vous avez delivree ma cousine, qui est la creature du monde que je ayme le plus emprés ma femme ; laquelle sire vous verrez tout maintenant, car je la vous feray venir incontinent et toute sa compaignee. Laquelle dame vint tantost que elle fut mandee, atout trois damoiselles (Charles de Hongrie C., c.1495-1498, 52). Une chose avoient-ilz bonne, c'estoit une gaillarde compaignée, playne de jeunes gentilz hommes, mais en peu d'obéissance (COMM., III, 1495-1498, 3).

3.

"Présence auprès de qqn" : Car je ne suis pas digne de aymer damme ne damoiselle, tant soit petite, jusques à tant que Dieu me ait donné loysir de faire chose par quoy je puisse estre nombré avec et en la compaignee des bons. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 24).

-

[Renforçant o "avec"] : O nous viendra par compaignee (Pac. Job M., c.1448-1478, 336).

-

Avoir la compagnee (d'une femme). "Avoir commerce sexuel avec (une femme)" : Au moien de quoy elle eust deux enffans d'une ventrée ; et despuys ledit Pynaud perseverant tousjours en son propos et obstinacion, trouva façon d'avoir encores la compaignée de ladite Jamette, et tellement qu'il l'engroissa par une autresfoiz ; lequel voyant qu'elle estoit grosse, l'a soubztraict d'entre les mains desdiz père et mère et la tint celeement par long temps, jusques à ce qu'elle eust en delivrance de sa portée (Doc. Poitou G., t.12, 1479, 296).

-

Estre en la compagnee de qqn. "Être avec qqn , être en sa compagnie" : Et serons en la compaignee De ceulx qui gardent les chameulx (Pac. Job M., c.1448-1478,).

-

Tenir compagnee à qqn : ...disant que, autant que don Ferrand seroit à Rome et en la terre de l'Eglise, qu'il luy tiendroit compaignée, et non plus. (COMM., III, 1495-1498, 70). Et ceulx de Millan, au moins l'ung, qui m'avoit tenu compaignée beaucop de moys, faisoit bien contenance de ne me congnoistre plus. (COMM., III, 1495-1498, 130).

4.

DR. "Communauté" : De contraire compaignée [var. compaignie]. Le mary et la femme dès ce que la bénédiction des nopces est faicte font compaignie et communauté de biens meubles et aussi des acquetz immeubles faiz durant le mariage [var. aussi font compaingnée d'acquestz] (Vieux cout. Poitou F., c.1451-1454, 175).

B. -

"Amitié, solidarité" : Le conte de Ridemore leur dist : "C'est lacheté a vous quatre de combatre a ung chevalier seul ; mais deux de vous se combatent a moy et les autres deux a lui." Ilz dirent qu'ilz n'en feroient rien. Le Chevalier Bleu dist au conte : "Je vous prie, sire, sur toute la compaignee et l'amour qu'il y a entre vous et moy, que vous m'en laissez faire." (Charles de Hongrie C., c.1495-1498, 71).