C.N.R.S.
 
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     COMMUNAUTÉ     
FEW II-2 communis
COMMUNAUTÉ, subst. fém.
[T-L : comunauté ; GDC : communalté ; AND : communalté ; FEW II-2, 963a : communis ; TLF : V, 1136a : communauté]

A. -

[À propos de pers.]

 

1.

"Régime, organisation d'une collectivité, pouvoir communal" : ...laquelle [Espinars] se tenoit sans avoir nul seigneur, ains se tenoit par communaulte. (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 268). ...la ville et cité d'Angiers, qui est chief et capitalle du pays et duché d'Anjou, (...) laquelle, puis aucun temps en ça, par deffaut de police et conseil, et qu'il n'y a eu aucune communaulté comme il y a en plusieurs autres bonnes villes et citez de nostredit royaume, est très fort diminuée et apourie, et les fossez, murailles, portaulx, boullevert et autres emparemens et communs affaires d'icelle si mal traictez, régiz, gouvernez et conduiz (Roi René vie L., 1475, 355).

 

-

En partic. "Régime populaire" : Et [le roi Lancelot] avoit ses alliez le duc de Millan, les Venissiens, les Genevoiz et les Sennoiz, et generalment tous les seigneurs et communaultez d'Ytalie, excepté la cité de Florence, laquelle voulloit seignourir (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 190). Aux princes d'Ytalie (dont la pluspart possèdent leurs terres sans tiltres, s'il ne leur est donné au ciel ; et de cela ne povons que deviner), lesquelz dominent assez cruellement et violentement sur leurs peuples quant à leurs deniers, Dieu leur a donné pour opposite les villes de communaulté qui sont audict pays d'Italye, comme Venise, Florence, Gennes (COMM., II, 1489-1491, 208). Or notez qu'ilz cuidoient bien saigement parler, et aussi faisoient-ilz, car, pour aujourd'uy, je croy leurs affaires plus saigement conseillées que de prince ne communaulté qui soit au monde. (COMM., III, 1495-1498, 29).

 

2.

[Subst. collectif]

 

a)

"Ensemble de tous ceux qui vivent sous le même régime" : De prime face, les pugnitions de Dieu ne sont point de telle grandeur qu'elles sont à traict de temps, mais nulle n'en advient à ung prince ou à ceulx qui ont le gouvernement sur ses affaires ou à ceulx qui gouvernent une grand communaulté, que l'yssue n'en soit bien grande et bien dangereuse pour les subjectz. (COMM., II, 1489-1491, 228).

 

b)

En partic. "Habitants d'une ville (organisée en commune)" : De rechief, sont encor complaint lidit habitant et communaultéz seur ce que ondit accort est contenu que chacuns de nous seigneurs dessus diz et nostre officier povons mettre saisines en maisons de nos bourgois (Trés. Reth. S.L., t.2, 1332, 16). Du maieur, eschevins, bourgois, habitans, maieur de bannière, et de toute la communauté de la ville d'Amiens, par la main de Jehan du Gard, compaignon de l'esquevinage, et Jehan Piedeleu, maieur de bannière, messaigiers envoiez devers le Roy par les dessus diz, pour don qu'ils ont fait au Roy pour son vivre et estat maintenir (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1359-1360, 202). Et encore vorra il plus faire, Que les esliseurs de l'empire Voloit assambler, tire a tire, Et escrire à nostre Saint Pere Par coy sa diligense appere, Aus princes, aus communautés, Qui sont si homme, et feautés Li doivent, pour eaus esmouvoir (MACH., P. Alex., p.1369, 40). Et estoient donnés les trieuwes, et ensi furent elles (...) publiies (...) dedens la chité de Tournai, pour resjoir la conmunauté de la ville (FROISS., Chron. D., p.1400, 457). ...le Roy avoit mandé et fait assembler pluiseurs barons, nobles, prelas, conseilliers et autres personnes notables, procureurs ou ambassadeurs des communaultés et bonnes villes de son royaume. (FAUQ., I, 1417-1420, 359).

 

c)

[P. oppos. aux nobles, au clergé, aux notables...] "Ensemble du commun peuple, du peuple (d'un pays, d'une ville, d'une localité...)" : Mais le roy Ferrant avoit respondu que les communautez n'avoient nulle puissance sur les nobles de son pays, que le roy son filz, dan Jehan de Castille, estoit trop puissant roy pour eulx constraindre et chastier, se rebellion avoit en Portingal après sa mort. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 235). Monseigneur, en la requeste et priere de ces bonnes gens et de la communaulté de vostre royaulme je n'y voy que droit et raison. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 31). ...en ces jours, ne fut pas delivrez messire Symon Burlé du chastel de Londres, où il tenoit prison, car il estoit grandement en la malivolence des oncles du roy et de toutte la communaulté d'Angleterre. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 39). C'est un grant peril pour tout ce royaulme, car, se les communaultez s'esmouvoient et resveilloient, il ne puet estre que grant meschief n'aviengne en Angleterre, ou cas que les seigneurs ne sont mie tout ung. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 58). Li communaulté et les eglises et aucun riche homme de le ville se voloient tourner françois. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 60). ...prelas, barons et chevaliers, dames et communautés, se tournent tous les jours françois. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 91). Le roy la fist demander pour femme. Mais la pucelle ne s'y voult accorder. De quoy le roy fu moult doulens, et jura Dieu que, se il povoit, que il l'auroit, comment qu'il feust. Lors fist son mandement et deffia la pucelle et tous ses aidans. Quant les barons et les nobles et la communauté du pays le scorent, si jurarent, puis que leur dame ne le vouloit prendre a mary, qu'ilz luy monstreroient qu'il avoit tort vers la pucelle et vers eulx. (ARRAS, c.1392-1393, 147). .VIIJ. jours y fut le roix (...) Aveucques lez bourgois et la communaulté. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 18). ...li ainnés ot nom Edouwars et fu rois d'Engleterre par l'acort de tous les barons, prelas et conmunautés d'Engleterre (FROISS., Chron. D., p.1400, 45). Les bourgois de la chité et toute la conmunauté, qui avoient assés affection as François, se rendirent incontinent (FROISS., Chron. D., p.1400, 658). ...li rois de France (...) dist que il ne voloit fors guerriier des gentils honmes dou roiaume de France, et que des conmunautés amener en bataille, ce n'est que toute perte et empecement, et que tels manieres de gens ne font que fondre en bataille ensi conme la nive font au solel (FROISS., Chron. D., p.1400, 821). Segneur, dedens Paris ot mout de bonne gent De la communauté et marchans ensement (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 524). Le Maieur, Eschevins et Communaulté d'Amiens. Faisons savoir que... (Doc. 1415. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3 c.1425-1440, 65). ...pour exposer la creance selon le contenu des lettres des eschevins et communaulté de ladicte ville (FAUQ., II, 1421-1430, 296). ...obstant les divisions qui estoient lors en Engleterre, tant entre les nobles comme entre les communaultez. (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 306). Sy en mercia le mayeur, l'archevesque et les seigneurs, ensemble les bourgeois et la communauté de la cité (Faits Lalaing K., c.1470, 99). Ledict duc tenoit à grant gloire ceste grant armée d'Allemaigne, tant de princes, de prelatz que de communauté, qui estoit la plus grande qui ait esté de memoire d'homme pour lors vivant ny de long temps par avant (COMM., II, 1489-1491, 26). Conte de Dampmartin, noz très chiers et bien amés les mayeurs et eschevins et toute la communauté de nostre bonne ville et cité d'Amyens, eulx demonstrans noz bons, vrays et loyaulx subjectz, nous ont envoyé certaines lettres closes de par le roy presentées à aucuns de nostreditte ville par ung officier d'armes, lequel, en les leur presentant, a faict certaine summation. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 257).

 

d)

P. ext. "Ensemble de personnes liées par un lien quelconque"

 

-

"Ensemble des personnes habitant un même endroit" : ...pour la facon de certaines nattes mises sur les sièges de plastre du palaiz archiépiscopal contenans VI toises et demi ouquel palaiz fut ordonné que la communauté dudit hostel disneroit et soupperoit (Comptes Archev. Rouen J., 1438-1439, 184). Le roy eut pitié d'eulx [les douze frères], leur donna chevance, pour eulx remettre en chastel, et leur conseilla de vivre en communautté, consideré leur prochainneté, jusques a ce qu'ilz sceussent gaigner pour eulx vivre et gouverner. (Nouvelles inéd. L., p.1452, 111).

 

-

"Groupement des membres d'un même métier, corporation" : ...le Procureur de la communeauté d'icelle boucherie n'en veut aucune chose paier, pour ce qu'il dit que la ville leur doit plus que cela ne monte par le moyen de la taille que ladite ville print dernierement (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1424-1425, 61). ...en la cause d'entre les proprietaires de la Hale des basses merceries, d'une part, et la communaulté du mestier de peleterie, d'autre part (FAUQ., III, 1431-1435, 31).

 

-

"Hommes de troupe" : En che pourpos estoient li dus de Lancastre et si frère et pluiseur haut baron d'Engletière et la grigneur partie des communautés de l'ost. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 272). Et ne fait pas à demander si le duc de Bourgoingne et le conte de Charrolois furent desplaisans de ceste male aventure, avec toute la chevallerie et communauté de l'armée (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 311).

B. -

[À propos de biens matériels]

 

1.

"État, caractère de ce qui est commun à plusieurs" : ...un certain mas de terre, appelée la Chaulme du Queyrouer, duquel mas est la communaulté dudit villaige du Vergier jusques à la montance de cent boissellées de terres ou environ (...). Et pour ce que lesdiz supplians avoient autel droit, partie et porcion èsdictes communaultez comme ledit du Vergier, ilz se transportèrent, (...) esdictes chaulmes du Quayrouer et se prindrent à labourer jusques à la moytié de cinq à six boisselées de terre. (Doc. Poitou G., t.12, 1475, 11). Jugement (...) que dit que ung homme vuelt c'on partisset plussieurs hommes et femme que sont de commoteit et lez parsons soient faicte au moin demambrei ; et li autrez dit qu'il n'en a nulle a ffaire parsons, pour ce que lez commoteis sont faictes par escript d'airche et l'accort dez homes et des femmes et pour ce que parsons ne s'em puelt faire se se n'est par l'accord de tous les segneurs. Il fut dit que parsons s'en avoit bien a ffaire, saulf tous drois. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1370], 450).

 

2.

En partic. DR. "Régime matrimonial dans lequel certains biens sont communs aux deux époux" : ...lesquelles deux sommes font ensemble la somme de quatre vintz onze escuz lequel messire Jacques et dame Jehanne de Ravel, sa femme, qui sont alez de vie à trespas, estoient tenuz en ladicte somme par la communaulté de leur mariage. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 545). Entre homme et femme conjoinctz ensemble par mariaige y a communaulté ensemble en telle maniere que (...) le mari est tenu personnellement de payer mobilières deues à cause de sa femme (...) et aussy la femme est tenue après le trespas de son mari payer la moictié des debtes mobiliaires (Cout. Chât. O.-M., c.1480-1500, 431).

 

-

[D'une chose] Choir en communauté. "Tomber dans la société de biens (entre époux)" : Mais les propres heritaiges ne les conquestz heritaux qui auroient esté faiz par avant la communité ne cheent point en communité. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.3, 1463, 503).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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