A. -

[Idée de commandement, de pouvoir exercé]

1.

"Commandement, ordre" : Il est bien voirs qu'elle vous mande, Nom pas qu'elle le vous commande, Mais d'un mandement par tel guise Qu'il vaut auques près commandise ; Non prier et non commander, Einsi li plaist il a mander, Entre le vert et le meür. (MACH., J. R. Nav., 1349, 159).

Rem. Ex. d'a.fr. ds T-L et GD.

-

Verge de commandise. "Bâton de comandement" : ...ung homme qui ten oit en sa main une verge de commandise (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 987).

2.

"Autorité, pouvoir" : ...ceux de la ville de Paris, les grands et les notables, ceux de la loy et qui avoient en main l'administration publique de par le roy vinrent devers luy [le duc], luy faire présentation de la ville, la mettant en sa main, en sa commandise et en son obéyssance et service (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 151).

-

Avoir commandise sur : C'est que Nature a commandise Seur la gent d'Amours a sa guise, Et se Nature le commande, Nuls n'obeïst a sa commande. (MACH., J. R. Nav., 1349, 211).

-

Tenir en sa commandise : Et avant que le roy Baudoyn s'en retournast, Salhadin luy dist ains : "Baudoyn, beau sire", fet il, "pourquoy menés vous guerre contre moy ? Considerés vous point la grand puissance de Babilonne, Egypte, Damas, Perse et de la pluspart de Surye, que je tiens en ma commandise..." (Saladin C., c.1465-1468, 38).

3.

P. méton. DR.

a)

"Redevance permettant aux hommes et femmes liges d'acquérir la libre disposition de leurs personnes et de leurs biens" : ...et iceux communs [relevant à la fois du Duc et de l'Evêque de Langres] alés de vie à trepassement, leurs enfans sont communs aux deux seigneurs, taillables et justiciables avec les autres communs et ne usent point de la liberté de commandise (Chartes communes Bourg. G., t.1, 1371, 350).

-

Tenir commandise. "Avoir la possibilité d'accorder cette liberté moyennant redevance" : Monsieur l'Abbé ne peut tenir commandise en la ville de Chastillon ligement ne communément ["ni sur ses hommes liges, ni sur ceux qui sont communs à l'Abbé et au Duc"], mais tous forains qui se veullent dire ses hommes sont tailliables et justiciables et de mainmorte, si comme ses autres hommes originels de ladite ville. La cause est tele que l'église ne peut abosner, ne ne affranchir homme ou femme en ladite ville de Chastillon ne autre part, sans le consentement de monseigneur le Duc tant seulement. (Chartes communes Bourg. G., t.1, 1371, 351).

b)

"Droit payé pour la protection (en partic. de marchandises) accordé par le seigneur"

Rem. Cf. GD II, 192b (doc.1348 et 1385).

B. -

[Idée de recommandation]

1.

"Fait de recommander qqn ou qqc, recommandation"

-

Avoir argent en commandise. "Détenir en dépôt de l'argent appartenant à qqn d'autre" : Jugement de Caitherine-Malgon, femme Pierson-Boucquet le viecier, d'une pairt, et de Guersat Gueppe d'autre pairt, que dit que une femme en ses vafvés cognoit avoir argent en wairde et en comendise pour ces enffans, et aprés, quant elle fut mariee, ceulx a cui son dairnier marit debvoit debte firent estaller les biens d'icellui dairien marit, se disoit la femme que l'estault estoit de nulle valleur et que ses enffant debvoit devant panre leur argent. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1335], 131).

2.

En partic. "Prières pour un mort" (synon. commandaces) : Lui trespassé, lui seront fais Ses obseques, paiez ses lays Et prieres de sa compaigne, Qui lui fera en la sepmaine Chascun jour, s'elle l'ama bien, Chanter messe de Requiem, Faire vigiles, commandise. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 332).