A. -

Au propre

1.

"Remplir complètement (un récipient), remplir jusque par-dessus bord" : Ung grant bachin fist aporter, D'eau de pluye le fist combler (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 98). Et par ce, il appert que se un vaiseau plat comme seroit un hanap estoit ou centre, il soustendroit plus d'eaue que se il estoit plus haut et seroit comblé. (ORESME, C.M., c.1377, 572). Nous avons pris le demourant Des vïandes cy assemblees, Mais douze mandes bien comblees Nous en avons ja rapporté. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 175). ...et de deux boysseaux, l'un de ladite farine emply puet une foiz estre caché avec les deux mains mises en croix, et derechief estre comblé (Vieux cout. Poitou F., c.1451-1454, 151).

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"Remplir complètement, largement, à profusion (un lieu, un espace...)" : N'y voit on mendiens a plain, Car la place est de biens comblee (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 20). Nous sommes bien tard arrivéz, Car la cité est ja comblee De gens a si grant assemblee Qu'ilz ne se scevent estendre (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 63). ...ung chasteau comblé et garny de moult grans biens (LA VIGNE, V.N., p.1495, 282).

2.

"Remplir (un vide, une cavité...)" : Marcius Curcius ne saillit il pas en la tresparfonde ouverture de la terre qui advint ou marchié de Romme, dont la cité estoit en peril, si ne se povoit combler, selon le dit des aruspices, sinon que la plus digne et noble chose romaine y feust descendue ? (CHART., Q. inv., 1422, 53). Pour laquelle chose faire [assaillir la place], aprez que par certains moyens et subtilz engins aurez comblé les fossez, tant de bois que d'aultres choses, en manière que pourrez aller au pié du mur, vous menerez ung engin nommé mouton, qui est fait de merrien, en guise de maison couverte dessus (BUEIL, II, 1461-1466, 50).

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"Boucher" : Lequel [le Pape] fist taillier la chaussie de ladicte illette qui est dedens le lac, pour ingromans qui tant y alloient, et fist rompre le pas de la couronne du mont de la sibille, adfin que nul n'y peust monter, et combler l'entree (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 102).

B. -

Au fig.

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"Donner à profusion (à qqn)" : Après que le roy d'Angleterre Edouard a esté au dessus de tous ses affaires en son royaulme, et que de nostre royaulme avoit cinquante mil escuz l'an renduz à son chasteau de Londres et tant comblé de richesses que plus n'en povoit, soudainement est mort et comme par merencolie du mariage de nostre roy, qui règne à present, avec madame Marguerite, fille du duc d'Autriche. (COMM., II, 1489-1491, 231).

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[En mauvaise part] : Tremblez, riches mondains, tremblés, Car les biens mondains vous decepvent ; Tous maulx sont ja sur nous combléz. Cest la fin que les larrons deservent. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 405).

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Part. passé en empl. adj. [D'une pers.] Comblé de. "Qui reçoit à profusion" : Recognois au moins que tu, ta femme et tes enfans, mengiez vostre pain en sceurté chascun jour, chascun sur son lieu et soubz la seigneurie, comblé de tous biens, sans perte et sans dangier (CHART., Q. inv., 1422, 26). Visés vous, Françoys, et ramentevez a vous mesmez comme vous avez vescu puis le trespas du roy Charles quint de ce nom, qui vous laissa le royaulme comblé de biens, eureux de paix, et seur d'ennemis. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 65). En la bonne, puissant et bien peuplée cité de Jannes, puis certain temps en ça, demouroit ung gros marchant plain et comblé de biens et de richesses (C.N.N., c.1456-1467, 554).

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"Plein de" : La joye avoir me fais, haulte deesse, A qui pecheurs doivent tous recourir, Comblés de foy, sans faincte ne parresse : En ceste foy je vueil vivre et mourir. (VILLON, Test. M., 1461-1462, 80).

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Empl. abs. "Riche à profusion" : Ame est si noble chose, qui tres bien la remire, Que cinc cens mile mondes, tous comblés tire a tire, Ne quan c'on puet penser ne souhedier ne dire, Fors que Dieu seulement, ne li pueent souffire. (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 155). Je voy les meschans et les reprouchables personnes comblés et abondans, lez preudes et honnestes hommes mendians et diseteux ; et casteté longuement gardee en honneur contrainte a vilain meschief par necessité et par oultrage. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 48).

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P. méton. [des biens] : Ta grand richesse et tes comblés thesors sont bien vains (C.N.N., c.1456-1467, 555).