C.N.R.S.
 
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     COINTE     
FEW II-1 cognitus
COINTE, adj.
[T-L : cointe ; GD : cointe1 ; AND : cointe ; DÉCT : cointe ; FEW II-1, 843b : cognitus]

I. -

[Comme qualité]

A. -

[D'une pers., de son comportement]

 

1.

"Sage, avisé, prudent" : ...nulx hons ne vit sens pechiez. Le plus cointe en a son fais. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 134). Qui cointes est, il lui deplaist A faire toute mauvaise oeuvre (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 62). ...elle est bonne et preude fame, Sage, honneste, cointe et apperte (MACH., Voir, 1364, 656). Si pris a devenir acointe De raison, dont je fus plus cointe (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 33). Et bien est fol cil qui s'acointe De tieulx gens, quant voit que si cointe N'est, ne si bon, qu'ilz n'en mesdient (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 37). Il est ravy trop plus hault qu'es tiers cieulx Et prent pour soy tousjours la chose au mieulx ; Et se tient cointe Et des prouchains de sa dame s'acointe, Ne de meschans n'a vouloir d'estre acointe, Mais en doulceur tost adresse et appointe Du tout son fait (CHART., D. Fort., 1412-1413, 163). Je te pry d'orgueil ne t'accointe Pour tant, si l'on te tent a cointe, jeune, sçavant, de bonnes meurs, Car lors qu'en toy le mectz, tu meurs (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 4).

 

-

"Bien renseigné" : Lors a un queude me dressai Et songneusement escoutay Pour savoir que ce pooit estre, Car je n'estoie pas de l'estre Ne de la chambre moult acointes, Dont je ne fui mie plus cointes. (MACH., F. am., c.1361, 146).

 

-

"Habile, leste" : ...il estoit Si jeune, si coinct, si liger Qu'il s'en fouyt hors du verger Et ne le sceusmes oncques prendre. (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 156).

 

2.

"Brave, vaillant" : ...[elle] t'a fait cointe et gaillart ? Et tu estoies un paillart Et iés, quar cuer has nice et rude, Plain de pechié d'ingratitude (MACH., Voir, 1364, 220). Monsigneur Bertran de Benanges, Qu'on tenoit pour bon chevalier, Cointe, apert, courtois et legier ; Qui ainme honneur et het debas (MACH., P. Alex., p.1369, 143).

B. -

[D'une pers., de son aspect physique, de sa tenue, de sa conduite...]

 

1.

"Agréable, aimable ; gracieux" : Leandus, li biaus et li cointes, D'une pucelle estoit acointes Qui belle Hero fu nommée ; N'avoit en toute la contrée Nulle si cointe damoiselle, De trop si gente, ne si belle (MACH., J. R. Nav., 1349, 248). ...dedens .II. jours me levai, Je me bagnay, je me lavai, Et me mis en estat deü Le plus cointe que j'ai peü, Dont moult de gent se mervilloient Quant en tel estat me veoient. (MACH., Voir, 1364, 102). ...pour nient n'est pas si cointe, Car il [vostre gendre] est de la mére acointe Et de la fille. (Mir. femme, 1368, 184). Douls Samblans, qui fu gens et cointes, De tous et de toutes acointes (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 142). Gent corps, faitis, cointe, apert et joli, Juene, gentil, paré de noble atour, Simple, plaisant... (MACH., L. dames, 1377, 21). Homs jolis et cointe, Qui de Plaisance s'acointe Et qui vit en joie, Sent d'Amours la pointe Qui d'un doulz espoir est oingte, Lequel la convoie. (CHART., L. Plais., c.1412, 151).

 

-

Empl. subst.

 

.

Au fém. : Orpheüs mist hors Erudice D'enfer, la cointe, la faitice, Par sa harpe et par son dous chant. (MACH., Prol., c.1377, 10).

 

.

Au masc. : Leandus, li biaus et li cointes, D'une pucelle estoit acointes Qui belle Hero fu nommée (MACH., J. R. Nav., 1349, 248). Argent scet maint divers langage, Il est a toutes gens acointes, Il aime les beaus et les cointes, Les nobles, les orfrisiés (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 176). ...Deduis le cointe (Echecs amour. K., c.1370-1380, 114).

 

2.

"Réjoui, souriant" : Briefment, pour le façon de li J'en ai le coer cointe et joli Et si de joie raëmpli, Car tout ensi com la rousee Nourist l'erbette que voi chi, Amours nourist mon coer ossi Et tous radoucist ma pensee. (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 138). Ma dame, je vous pri mains jointes, S'en serai plus liés et plus cointes, Que vous nous dittes le rondiel. (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 198). Et tel estoit Cellui ou mon cuer s'arrestoit, Qui tant de joie m'apprestoit Et doulcement m'amonnestoit Que lie et cointe Me tenisse et que sans racointe Son cuer estoit du mien acointe, Une joie en deux cuers adjoincte (CHART., L. Dames, 1416, 224).

 

3.

"Élégant" : Et, Sire, par les malveis piee ai jeo sovent pecchee en leccherie, car mult me siu le plus peynés de me faire coynte de chausure ou de botes (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 77). Ladiree estoit aussi cointte de sa pouvre cotte simple comme elle soulloit estre de ses riches robbes. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 312). Tel semble bien gent et bien coint Qui est galeux soubz la chemise (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 90). ...la coustume De noz nouvelles mariees, Si nous sommes cointes, parees, A droit avons nostre regard. (P. Jouh. D.R., a.1488, 18). Tu me semble à tout [avec cette robe] bel et coin (Gent. Naudet T., c.1500, 289).

 

-

Se faire cointe : Li povres est tenuz pour vilz Et a poul parens et amis ; Il ne se doit ja faire cointe. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 169). Ma filhe, sus, diligenment ; Faictes vous coinde et jolie Pour plaire a la companie. (Pass. Auv., 1477, 89).

 

-

[Avec une idée de tromperie] : ...le premier assaut de flaterie, qui guerroie et impugne celui qui droitement veult vivre, est la garce jolive et cointe ribaude, pour ce au commencement il l'amonneste a fuir en disant... (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 218).

C. -

[D'une chose]

 

1.

[Rare] "Convenable, approprié" : J'en ay un [un harnois] ceens bon et cointe Ou il ne fault plate ne pointe. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 156).

 

2.

"Élégant, beau, plaisant, joli"

 

-

[De l'habillement] : Aussi bien te pues tu mirer En ton ymage et remirer Sa grant biauté, son cointe atour Et son gentil corps fait a tour, Et esperer qu'encor sera Li bons jours qu'elle te fera Joie par parole et par fait De cuer fin, loial et parfait. (MACH., C. ami, 1357, 98). Mais de sa cointe vesteüre Me tais ! dont je fais mespresure, Qu'abit onques ne vi si cointe Ne dame en son habit si jointe (MACH., Voir, 1364, 214). Si que de loing voy vostre cointe atour Et vo gent corps où il n'a riens à dire. (MACH., L. dames, 1377, 212). ...tous draps, dont l'en fait abis De soye riche, cointe et noble Y a plus qu'en Constantinnoble. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 138). ...et volt avoir robes, chevalx, harnois et tous abillemens cointes et faitis, plus que il ne souloit (Bouciquaut L., 1406-1409, 32). La chausse tient la jambe nectement , Garde du froit et coeuvre la chair tendre. (...) La chausse est coincte, mais, a le bien entendre, On la voit peu et se doit peu monstrer, Car elle aproche ce qu'on doit plus garder. (LA MARCHE, Triumphe dames K.-B., p.1488, 9).

 

-

[D'une chose quelconque] : Si montames par les degrez En une chapelle moult cointe, D'or et de main de maistre pointe Et des plus trés fines coulours Qu'onques mais veïsse que lours. (MACH., R. Fort., c.1341, 143). S'en faisoie mes departies Des choses deviseement En pensant aviseement : Je sentoie trés douce odour, Je vëoie cointe verdour Et parmi planté de flourettes, Vermeilles, blanches et yndettes. (MACH., D. Aler., a.1349, 392). Je la vëoie tous les jours En ce vergier cointe et joli Ou elle estoit et moi o li (MACH., Voir, 1364, 242). Eb un aniel d'or tous massis Avoit un diamant assis, Bon et bel, moult rice et moult cointe (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 78). ...En une chambre belle et cointe (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 115). Adonc fist li rois de France tendre sur les camps, ens ou propre lieu où il avoit le respit acordé, un pavillon de vermeil samis moult cointe et moult rice. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 26). De l'arbre qui est en la pointe, Tant noble, si vert et si cointe, Que de son ombre le champ garde Que le souleil trop fort ne l'arde... (LE PETIT, Champ d'or L., c.1388-1392, 91).

II. -

(Synon. de accointe1)

 

-

Estre cointe de qqn. "Connaître qqn, être de ses relations" : Le roy lui dist : "Vrayement, le chevalier que vous dites fait fort a louer, et vouldroye que j'en feusse bien cointe..." (Charles de Hongrie C., c.1495-1498, 123).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin / Pierre Cromer

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