A. -

"Fait de clore, clignement" : ...en ung seul clos d'ueil (LA VIGNE, S.M., 1496, 424).

B. -

"Ce qui clôt"

1.

"Ce qui clôt, clôture" : Sans plus atendre me levay, Et moy levé, mes mains lavay ; Moy lavé, sans plus atargier, M'en alai devers le vergier Qui fu de la riviere enclos Tout environ sans autre clos [var. sanz entreclos], Qu'autre fortresce n'ot entour, Donjon, muraille n'autre tour. (MACH., D. Lyon, 1342, 163). Et lors icelluy Symon avec ledit Jehan son fils s'en alèrent vers ledit cloz où ilz trouvèrent lesdits du Soulier qui jà avoient rompu et abatu ledit cloz ; ausquelz ledit Symon Dupuy dist gracieusement qu'ilz faisoient mal de luy abatre ledit cloz, mais lesditz du Solier respondirent qu'ilz le romproient, voulsist il ou non, et en despit de son visage. (Doc. Poitou G., t.12, 1480, 333).

2.

"Enceinte"

a)

"Enceinte fortifiée (autour d'une ville)" : Si le fist li contes de Vallois ensepelir en ce temps en une petite capelle, qui estoit pour le temps de lors dehors le Riolle. Et quant li contes de Vallois l'eut conquis, ceste capelle fu mise ou clos de le ville. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 86). Touteffois, Englois estoient grant foison (...) et par bien combatre ilz gaingnierent les bailles, et y ot dedens le clos de la ville plus de cent hommes d'armes, et furent Bretons sur le point que de tout perdre. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 305). Si se loga ou palais Saint Pière et visetoit souvent une eglise ou clos de Rome, que il avoit grandement à grace (...) que on appelle Nostre Dame Majour : ouquel clos et en laquelle eglise de Nostre Dame, assés tost après que il fu là venus, il morut. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 50).

b)

"Enceinte provisoire autour d'un camp" : Li contes de Pennebruch et li chevalier qui dedens leur clos estoient, et qui toute le nuit point dormi n'avoient, mès, ce qu'il avoient peu, fortefiiet s'estoient de pierres et de baus que sus les murs aporté avoient, sentirent bien que li François se ordenoient pour yaus venir assallir. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 175).

3.

RHÉT.

-

"Ce qui clôt, termine (un texte), partie finale d'un texte" : Un bien petit desous le clos Y avoit : le tout vostre Flos, Et puis, un bien petit arriere, Ordonnai en bonne maniere Le virelay et escripi. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 73). Et ly sire Jaicque Roillenat qui au jour estoit maistre eschevin de Mets ait dit pour droit, par lui et par ces peires, que parmey l'enqueste et le rapport que Jehan Parrerelz l'amant qui fuit prins a pardessoure, en trouvés et rappourtés, ait bien Clement l'Espicier l'amant, a donner coppie et Hainsement l'orfeivre, c'est a ssavoir az despens dudit Hainsement, de l'entree et don clo de la devise de Jaicomin Hainchellin, le merchamps que fuit, et coment ledit Jaicomin fait sa mainbour de Sezeliatte, sa femme, et le datum de ladicte devise par [pour] le tesmoignier em plait et aillour, ensi comme ledit Hainsement le requiert. (Jug. maître-échev. Metz S., t.3, a.1494 [1424], 38).

-

"Partie du couplet de la ballade" : ...aucuns ditz sont nommez balades, lesquelles se font en diverses manieres ; toutesfois la plus commune maniere si est de fere deux vers de pluseurs couples, desquelz deux vers, l'ung s'appelle l'ouvert et l'autre le clos (LEGRAND, Rimes L., a.1425, 8).

C. -

"Ce qui est clos, domaine entouré d'une clôture ; p. ext. domaine, terre"

1.

"Domaine cultivé entouré d'une clôture" : Quant seule fu, sans plus attendre, Ynellement, les saus menus, En sont a Susanne venus Et dirent : "Li vergiers est clos, N'il n'a creature en cest clos Qui nous puist vëoir n'encuser, Si ne dois mie refuser A faire tout nostre plaisir, Car lieu, temps en as et loisir..." (MACH., C. ami, 1357, 6). ...il print, en la ville de Saint-Denis en France, ou clos à l'abé, neuf aulnes de napes ou environ que l'en avoit mises secher en ycellui cloz, et lesquelles l'en moilloit pour blanchir (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 67). ...et aussi comment ilz lui priassent de par lui comment il leur voulzist donner place pour fonder la dicte prieuré. Par foy, dist le roy, la requeste est raisonnable, et tout maintenant je vous menray ou lieu ou je vueil qu'elle soit fondee. Lors yssirent de la garenne, et vindrent tout selon le mur, au bout du clouz, et lors dist le roy : Beaulx seigneurs, faictes cy fonder vostre prieuré, et prennez tant de place que vous vouldrez. (ARRAS, c.1392-1393, 75). De Colas Lenglois, closier du clos de mondit seigneur à Saint-Poursain, pour IX queues de vin dudit clos qu'il a livrées et baillées ou mois d'avril en ladite despense (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1397-1398, 292). ...Jehan de Saint Legier, collecteur des nars de Dijon et gouverneur du cloux de Chenoves (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 235). Aussi povons par conjecture (...) Pronostiquer mortalité Quant en terre a stérilité, Et pour certain, en tous les temps, Que nous véons es cloz et champs Les nouveaulx grains, et nouveaulx fruiz, Corrompus, gastez et destruiz (LA HAYE, P. peste, 1426, 55).

-

"Enclos" : ...ou chemin de Montferrant, a une eglise et maison de Freres-Mendians, la plus belle, la plus forte et la mieulx edifiée que on sache en tout le royaulme de France, et y a très biau clos et grant et fremé de biaux, fors et haulx murs, et dedens ce clos très grant fuison de vignobles (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 221). Paradis est dedens enclos, Un mur de feu garde le clos, La dedens n'entrerons nous pas, Car un angel se tient au pas (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 68).

-

Au fig. "Fond, for intérieur" : ...un adroit, vray, noble coeur ne pourroit, ne voudroit recevoir, ne porter riens d'ort, ne de vil en dedens son clos (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 141).

2.

"La partie fermée d'un lieu"

-

Le clos du port. "Le port fermé" : Doncques, dist ly chevaliers, est il raison que l'en vous euvre, par tout ou vous vendrez par le royaume de Chippre, toutes villes, chasteaulx et forteresses. Quant de celle que j'ay en garde pour mon tres redoubté seigneur le roy de Chippre, vous sera appareilliee et ouverte quant il vous plaira, et le cloz du port pour mettre voz vaisseaux a seurté. (ARRAS, c.1392-1393, 92).

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[Absol.] Le clos : Et fu grant beauté de veoir l'ost quant il fu tout logié. Ly plus hault baron se logent en la ville. Et lors firent traire le navire ou cloz et y commirent bonnes gens d'armes et bons arbalestriers pour deffendre le cloz, se les Sarrasins y venoient pour mal faire. (ARRAS, c.1392-1393, 92). Lors fait Geffroy les mors gecter en la mer, et advise la ville, qui fu forte a merveilles, et le chastel qui siet sur la mer, et le beau cloz garni de grosses tours pour mettre le navire. (ARRAS, c.1392-1393, 225).

-

Clos des galees. "Établissement destiné à la construction des navires de guerre, à leurs réparations et à leur armement" : ...Thomas Fouques, garde du clos des galees, armeures et artilleries du roy nostre seigneur (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1341, 18).

3.

P. ext. "Domaine, bailliage, canton" : Les Bretons ont habandonné le Clos de Rais et l'ont rendu entre les mains de leur seigneur. (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 179).

-

Clos du Cotentin. "Domaine, bailliage localisé dans la presqu'île du Cotentin qui fut une possession du roi de Navarre en Normandie, rattachée au Comté d'Évreux et qui retourna ensuite au roi de France" : ...certains mandemens envoiez ou clos de Costentin en la terre de Monseigneur (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 352). Ewrueux est une cité qui est belle et forte et près de le mer ou clos de Costentin, qui pour ce temps se tenoit au roi de Navare, car elle est de la conté d'Ewreuses. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 64). ...il qui parle est né du clos du Coutentin, assez prez de Valongnes (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 55).

-

Clos de Mars. "Champ de bataille" : Une autre bende de gens impetüeux Au clos de Mars (LA VIGNE, V.N., p.1495, 140).

4.

[Langage religieux et mystique]

-

"Eden, séjour des dieux" : Par eulz [Adam et Eve] nous fu paradis clos, Mais pour toi nous est le biau clos Du saint paradis tout ouvert (ARNAUD, Prière Vierge O., I, c.1350-1400, 146). Seigneurs, demenés feste grande, Quant le plus grant de cristiens Fait service, homaige et offrande Aux dieux des clos celestiens. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 112).

-

"Limbes" : Et eulx [les patriarches] en tant desplaisant clos, Par vertu de Justice enclos, Crïans sans cesser a hault ton, Pouoient proferer telz moz : Veni ad liberandum nos, Domine Deus virtutum. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 32).

-

[Mystique ; à propos de la Vierge] Clos virginal : Clos virginal, qui par divin secré L'arbre rendy de quoy nous sont donné Sept sacremens de salut (Mir. Berthe, c.1373, 253).

5.

"Pierre sertie (?)" : ...lui romperent ung escrin ouquel ilz lui prirent XXII crevechiez, XII chemises, XII petis draps. Item, lui romperent ung autre escring ou ilz prindrent trois hennas de maidre fin qu'ilz emporterent et XXI autres hennas qu'ilz desromperent. Item, lui romperent ung autre escring ou ilz prindrent trois courroies d'argent. Item, emporterent pluseurs autres clos et esmalz d'autres maidres qu'ilz prindrent en ung escring en l'ostel de lui qui parle (Ecorch. Ch. VII, T., 1444, 316).