C.N.R.S.
 
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     CHOSE     
FEW II-1 causa
CHOSE, subst. fém.
[T-L : chose ; GD : chose ; GDC : chose ; AND : chose ; DÉCT : chose ; FEW II-1, 541a : causa ; TLF : V, 755a, 759a : chose1/chose2]

I. -

[Idée de causalité et, p. méton., d'état de fait]

A. -

[Sens étymologique de causa, "cause"]

 

1.

"Cause (déterminant un effet)" : La premiere chose de effimere est par choses extrinseques et foraines eschauffans ou estoupans actuellement ou potentiallement les porres sicomme est chaleur de soleil ou de feu ou de baing... (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 2).

 

-

"Cause, motif" : ...qui mult ploura quant le pape choisit, o luy VI garsons ; sy demandat la chause, et il luy dist tout de fis en aguil. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 69). Laquelle ordonnance et example je, translateur, ay voulentiers mis en cest livre pour deux choses souveraines... (LA SALE, Sale D., 1451, 186). Et (...) moult courtoisement la la princesse de Castille remercia du grand honneur et belle recueillotte que le roy de Castille, monseigneur le prince, et autres nobles barons et chevaliers luy avoient fait, qui estoit bien chose de la recongnoistre et de la desservir envers tous (Faits Lalaing K., c.1470, 147).

 

-

Pour chose que. "Parce que" : Ne pensés ja que je le prise Pour cose que Desirs la soit (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 185-186). ...vous ne lui direz point pour chose que vous le doubtez, mais pour l'amour de nous, qui vous en prions. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 309).

 

.

"Bien que" : ...tant suivy Gieffroy au grant dent le roy et l'admiral que ilz approucherent fort du port de Japhe et se ferirent dedens, et Gieffroy et son navire après, que oncques n'y voult laissier a entrer, pour chose que on lui monstrast la multitude du peuple sarrasin qui estoit ja entré ou navire sur le port. (ARRAS, c.1392-1393, 220). Maiz pour chouse c'on ait des leurs a mort getté Ne pour chouse que d'eulx qu'il s'en soit destourné, Ne peuent nouz crestiens d'eulx estre descombré. (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 410).

 

2.

"Ce qui est en cause"

 

a)

"Cause défendue en justice, objet d'un litige" : ...et voulons estre tenues toutes les choses que (...) l'evesque de Biauvays a a nostre dit parlement ou a a feire tant en demandant comme en deffendant jusques a lendemain des brandons prochains (PHIL. VI VALOIS, Lettres closes C., 1341, 93). ...et dit que ce sera honte à la Court, se la chose n' est jugée et expediée. (BAYE, I, 1400-1410, 164). Mais quant le prince escoute et respond benignement, il a ja le requerant a moicité sactiffait, et supposé que sa requeste fust ja du tout desraisonnable, sy s'en va il a moittié contens, et lui doulcement remonstrant que sa requeste seroit au prejudice de partie (...) ou que il commettera sa chose en justice (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 13).

 

-

Chose de fait : Et sur ce ordonnerent chose de fait. De celle ordonnance Licius Sipion appella ès deux aultres tribuns (LA SALE, Sale D., 1451, 256).

 

-

Faire chose à qqn. "Mettre qqn en cause" : Muelz vault que j'obeysse et saiche son tallant Qu'elle me fesist chose et allait pourchessant Dont recepvoir peusse aulcun encombrement. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 562).

 

b)

"Cause défendue dans un débat, objet d'un débat" : Et, pour ce, avoit esté deliberé en la Court de faire ce jour prononcier aucuns arrests et publier lesdictes lettres et ordonnances, dont n'en fust rien fait, mais fu la chose mise en delay... (FAUQ., I, 1417-1420, 112). ...laquelle chose fu mise en Conseil et en deliberacion des assistens, et fu le Conseil continué à lendemain (FAUQ., I, 1417-1420, 283). Et fu pour lors la chose mise en delay, pendant lequel la Court delibera de parler sur ce aus dessusdis procureur du Roy et prevost des marchans (FAUQ., I, 1417-1420, 327). ...dont de present n'estoit aucune question ou chose mise en deliberacion (JUV. URS., Exort., 1458, 410). Ceste question vint devant le roy Amydas et devant le Regent son filz, et fut la chose debatue, d'une part et d'aultre, le mieulx que faire se peust. (BUEIL, II, 1461-1466, 213). Et, les choses debatues et plaidoyées d'une part et d'aultre, fut dit que les cappitaines les avoient tous miz à butin. (BUEIL, II, 1461-1466, 215).

 

c)

ALG. "Ce qui est en cause dans un calcul, inconnue de premier degré, x" : Les anciens ont appellé choses ce que je nomme premiers dont la figure est telle * (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, II, 737).

B. -

"Affaire, affaires"

 

1.

"Tout ce qui concerne qqn, affaire" : Or faites que ma chose soit errant aprestée Si que ma voie soit errant acheminée. (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 104). ...il resgarde tousjours comment il pourra faire sa chose a plus petite despense (ORESME, E.A., c.1370, 247). Comme il soit donques ainsi, sire, Que vous et vos choses nous plaisent Et en nul sen ne nous desplaisent... (Gris., 1395, 11). Ainsi nous ferons nos choses sceurement. (BUEIL, I, 1461-1466, 91). Et, vostre chose, bien conduitte, comme vous le saurez bien faire, n'auront ilz secours ne de gens ne de vivres. (BUEIL, I, 1461-1466, 197). Du temps que mon cas estoit beau, (Et) Que ma chose bien se portoit A toute gens mieulx en estoit, Car tout le monde entretenoye Et paisiblement gouvernoye, Tout par tout generallement, Moyennant bon gouvernement (Sots mal., c.1480, 88). Il estoit homme de court et ne le descouvrit pas et ayda à faire taire la dame, et demoura ainsi ceste chose. (COMM., II, 1489-1491, 232). ...mais, d'avoir raison de telz gens ignorans, je ne voy moyen que le vostre, mesmement sur leur fumier, qui veullent estre juges et parties en chose qui riens ne leur touche, et juges de la science dont ilz sont ignorans (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 6 v°). C'est bien dit en bestes, car il sont des gens qui ont plus de regard ès choses d'aultrui que ès leurs propres et ont plus de peur de faillir ès besongnes d'autre, que ès leurs. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 60 r°).

 

2.

La chose publique (res publica). "Les affaires publiques, ce qui concerne l'ensemble des habitants" : Tres doulce Vierge Marie, je vous recommande tous nos grans seigneurs royaulx et tous les aultres et par especial telz et telz et tous les gouverneux et officiers du royaume de France [et de la chose publique de la Crestienté]. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 396). ...il [nostre bailli] se informast du prouffit ou dommage qui à nous, à la chose publique, aux diz habitans et au pais leur pourroit estre, se ladicte place estoit fortiffiée et emparée (Ch. VI, D., t.2, 1388, 32). ...exercitacion, Science et bonne entencion, Desir de la chose publique Deffendre contre force oblique Fist aumes mains. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 190). ...il [Scipion], qui le peril commun de lui et des autres cognoissoit, le vouloir aussi du Senat qui se vouloit departir, vainqui les doubtes de son cuer par l'affection publique, si tira son espee emmy le conseil et jura haultement que qui parleroit plus de habandonner la cité sentiroit au trenchant de son espee que doit estre le guerredon de ceulx qui la chose publique delaissent pour leur singulier salut. (CHART., Q. inv., 1422, 49). Et non obstant que ce fust celuy qui rendy la chose publicque de Romme dame de Cartaige... (LA SALE, Sale D., 1451, 252). ...ledict Jacques Cuer fust trouvé chargé que dès l'an CCCCXXIX, luy estant compagnon de la ferme de nostre monnoye de Bourges, il auroit fait forgier escus à moindre poix et loy (...) et par ce moien y avoit eu prouffit de vingt ou de trente escus pour marc, où il n'en devoit avoir que deux escus, en deffraudant et dérobant nous et la chose publique de nostre royaume, et commectant, en ce faisant, crime de faulse monnoye. (Doc. 1453. In : Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 6). ...il [ledit de Saint-Rommain] estoit du tout deliberé et bien resolu de tout perdre avant que de faire chose qui feust contre son ame, ne dommage au royaume de France ne à la chose publique (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 185). Et meismement plus y est le roy tenu de mettre en bonne voye et morigener messieurs ses enfans, qui aprés luy doivent avoir le gouvernement de la chose publique, que ung pere de famille (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 46). [Le roi Charles VII défunt] Avoit peu de jours vagues, peu de heures sans fruit, moult de cures en la chose publique, laquelle tant plus la gouvernoit par soing, ce disoit, tant plus lui estoit joyeuse (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 321). ...en enfreignant nostredite ordonnance (...) au contempt, mespris de nous et a nostre très grant dommaige et de la chose publicque de nostredit royaume (Pol. Louis XI, G., Pièces justif., 1462,,, 417). ...pour le bien et entretenement de justice et de la chose publique de nostredit pays d'Anjou, soit neccessaire pourveoir et donner ordre à l'expédicion des causes d'appel ressortissans de noz juges à noz grans jours d'Anjou (Roi René vie L., 1467, 323). Et à ceste cause ledit suppliant nous a humblement fait suplier et requerir que, attendu ce que dit est et que pour le bien de la chose publicque d'environ ledit lieu de Saint Cassien est besoing et neccessité y avoir foires et marchés (Doc. Poitou G., t.12, 1483, 579). ...comme ennemis de nous et de la chose publique de nostre royaume (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 229).

 

-

"Intérêt général" : ...pour le bien de la chose publique et pour le noroissement et augmentacion et accroissement de nozdiz hommes et subgiez (Titres Bourbon L., t.2, 1385, 17). Car marchandise et tous ars sont au bien et prouffit des seigneurs et au bien de la chose publicque, que chascun, commun et peuple, desire fort. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 14).

 

-

"Domaine public (et non pas privé)" : Sy disons que ledit Mons. de Bourbon a laissiée de la terre en droit le coing un pié de lé en acroissant le chemin ilec endroit pour la chose publicque, en montant depuis ledit coing contremont la rue sur XII toises de lonc en venant au néant à l'alignement ou mur de l'ostel dudit Mons. de Bourbon, qui vault parmi son millieu demi pié de lé le large contre l'estroit, avalué à une toise sur le plat (Titres Bourbon L., t.2, 1397, 87).

 

-

Les choses du royaume : ...et pour ce que les choses de ce royaume estoient en petit point, et que le refuge de ce royaume en justice estoit en et de ceste Court, si amonnesta la Court de bien et diligemment entendre à faire justice (BAYE, I, 1400-1410, 246).

C. -

P. ext. "État de fait, tout ce qui est en cause dans une situation donnée, situation ; tout ce qui se produit, qui a lieu, qui est concevable comme ayant lieu, toute action, tout ce que l'on fait"

 

1.

"État de fait, tout ce qui est en cause dans une situation donnée, situation" : Si apertenoit que il i alast pour veoir conment les coses s'i portoient (FROISS., Chron. D., p.1400, 342). Si demora la cose en cel estat (FROISS., Chron. D., p.1400, 504). Ensi demorerent les coses en cel estat un lonch temps (FROISS., Chron. D., p.1400, 809). Mais tandis que ces choses furent Troyens et Gregois bataille eurent (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 138). Et endementiers que ces choses estoient et que messire Anguerrant se mectoit en point, ne tarda gueres que Saintré arriva en la ville de Perpignen (LA SALE, J.S., 1456, 105). Mais endementiers que ces choses estoient, sa dame s'acointa d' un grant, gros et puissant de corps moynne (LA SALE, J.S., 1456, 303). ...et furent les choses preparées pour le baptisement de madamoiselle de Bourgoingne (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 410). Des deux partyes y mourut deux mille hommes du moins, et fut la chose bien combattue, et se trouva des deux costéz de gens de bien et de bien lasches. (COMM., I, 1489-1491, 34). Et furent les choses si près que je veïz ung homme houzé et prest à partir (COMM., I, 1489-1491, 142).

 

-

Prendre / regarder les choses comme elles sont : Mais convient en chascun fait singuler et en chascune operacion moral particuler que ceulz qui ont a faire resgardent les choses telles comme il sont (ORESME, E.A., c.1370, 149). Prenez les choses ainsi qu'elles sont et faittes une diligence prompte. (BUEIL, I, 1461-1466, 183).

 

-

Estat des choses : ...et ne savons comment l'estat des choses presentes tournera, si fault mucier, garder et enfouir en terre ou faire transporter en autres païz noz avoirs et noz chevances. (CHART., Q. inv., 1422, 32). Mays lez meurs dez hommes ne l'estat des choses presentes ne me monstroient quelque signifiance de toy. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 90).

 

-

Toute chose : TESTE CREUSE. Commë je suppose, Vous vous meslez de toute chose. (Sots Magn., a.1488, 208).

 

-

Il y a une chose. "État de fait qu'il convient de faire remarquer" : ...et il me semble que home ne se peut metre en plus aspres penitances que estre en paines et en tormens cy aprés contenuz. Mais il y a une chose, car ilz prennent celles paines pour joyes et liesses (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 4).

 

-

(À) la premiere chose. "En premier lieu" : Et savez bien qu'il fault achapter deux beufs pour nostre mestoier de tel lieu, et encore chaist l'autre jour le pignon de nostre grange par faulte de couverture, qu'il fault reffaire la premiere chouse. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 8). Les commeres s'en viennent a l'oustel de la mere et se seent a l'entour d'un beau feu, si c'est en yver, et si c'est en esté, elles se mectent sur le jonc, et a la premiere chose elles bevront du meilleur tres bien (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 107).

 

-

Entre ces choses. "Là-dessus" : Entre ces choses, le roy d'Esclavonnie envoya son messagier devers la belle Mirro luy requerir qu'elle voulsist donner audience a un de ses chevaliers qu'il envoieroit vers elle. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 133). Entre ces choses, Zethephius commença a avoir envie sus l'estat du roy Appollo, pour ce que sa gloire montoit journelement. De plus en plus fort ceste miserable envie se bouta en son cuer. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 184).

 

2.

"Tout ce qui se produit, qui a lieu, qui est concevable comme ayant lieu ; toute action, tout ce que l'on fait"

 

a)

"Tout ce qui se produit, qui a lieu, qui est concevable comme ayant lieu"

 

-

[Avec un verbe marquant l'idée de survenance ou d'existence] : ...en ce temps que ces choses furent avenues ... (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 4). Quant de ce je vous lerray ester le parler, et retourneray au conte Emery et Remondin, quel chose il leur advint cy après. (ARRAS, c.1392-1393, 17). Cestui Halaon prenostica en ce temps que quel grande chose adviendroit en bref jours en icelle terre, ce qui fut, car, tantost après, se apparut le chevalier blanc (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 103 r°). ...et si aucune chose survient que je puisse savoir au vray... (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 333).

 

-

[Avec (il) y a] : Et voit on que, quant uns homs n'aura oncques yssu de sa contree, qu'il a des choses veritables assez prez de sa contree et region, que jamais ne vouldroit croire par l'ouïr dire, s'il ne le voit. (ARRAS, c.1392-1393, 4).

 

-

[Avec un verbe marquant une évolution] : ...je y seroie le bien venus et laisseroie les choses courrir ung temps tant qu'elles seroient appaisiés. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 34). Arcevesque, les choses tourneront temprement aultrement que le roy, mon biau cousin, ne vueille ne que le duc d'Irlande ne ses facteurs ne cuident ; mais il fault tout faire par point et par raison, et tant attendre que les choses viennent à leur tour. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 44-45).

 

-

[Avec un verbe marquant l'idée de dire ou d'écrire, de penser, d'entendre qqc. ...] : Il convient premierement deviser comment nous disons aucunes choses estre ingenerables et generables et corruptibles et incorruptibles (ORESME, C.M., c.1377, 186). Et quant ilz orent une piece parlé d'unes choses et d'autres (ARRAS, c.1392-1393, 36). Et lors fu couchiee, et attendirent entour le lit, en devisant de pluseurs choses (ARRAS, c.1392-1393, 41). Et atant se taist l'ystoire des choses dessus dictes, et commence a parler et a traictier comment la dame commenca a fonder la noble forteresse de Lisignen (ARRAS, c.1392-1393, 45). La compte Gieffroy a son pere comment il vint a Romme, et comment il se confessa au pape, et comment il lui dist qu'il le trouveroit a Montferrat ; et dirent moult d'unes choses et d'autres l'un a l'autre ; et pria moult Gieffroy a son pere comment il voulzist retourner a son heritaige. (ARRAS, c.1392-1393, 278). Et ceulx commencent a rire, et dirent que oncques mais n'avoient ouy la pareille chose. Mais quant ilz virent que Gieffroy avoit le bacinet embarré par force de coups, et son harnoiz desrompu, si ne ont talent de rire, car ilz voient bien que ce n'estoit mie a gas. (ARRAS, c.1392-1393, 299). Mais on fist asavoir ces choses au roy, qui ordonna que on le menast audit seigneur de Charrolois pour en faire justice (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 125). Et des choses dessusdictes en apporta les nouvelles au roy ung des chevaucheurs de son escuierie. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 293).

 

.

Demener longuement une chose. "Parler longuement de qqc." : ...vous (...) estes mes hommes, qui veez plus cler en mes besoingnes que je ne fais, ne me conseilleriez chose qui ne feust mon prouffit et mon honneur ; si ne vous doy ne ne vueil desdire, mais suis preste d'obeir a vostre plaisir. Par Dieu, damoiselle, distrent les barons, vous dictes bien. A quoy vous seroit la chose longuement demenée ? Ilz furent fiancez a grant joye, et le landemain furent espousez. Et fu la feste grant et noble. (ARRAS, c.1392-1393, 170).

 

-

[Avec un élément localisant dans le temps] : Et, durans ces choses, le roy de Cecile et la royne sa femme vindrent pardevers le roy à Tours (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 230). Après ces choses, le duc de Bourgoigne, en perseverant tousjours en ses folles obstinations et mauvaistiez, comme devant avoit fait, le jeudi XIe jour de juing, oudit an mil IIIIcLXXII, mist sus son armée, deliberé de faire au roy plus grant dommage qu'il pourroit faire (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 288).

 

b)

"Toute action, tout ce que l'on fait, tout comportement" : ...et icelle bourse de cuir, pour ce qu'elle ne valoit riens, il avoit despecée et jettée aval lesdiz champs du Lendit. Et autre chose ne voult cognoistre. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 279). Et comment, sire chevalier, dist Anthoine, ne vous semble il pas que la chose acoustumee de longue main ne soit mieulx congneue de ceulx qui l'exercitent que celle qui est nouvellement emprise, et grieve moins ? (ARRAS, c.1392-1393, 155). ..sachiez que qui jamais rien n'encommenceroit, jamais ne seroit nulle chose achevee. Il fault avoir a la chose commencement et moyen ains que la fin. (ARRAS, c.1392-1393, 247). Toutes choses sont trespossibles A celluy que croit. (Pass. Auv., 1477, 162). Toutes chouses me sont possibles, Esprouve moy qui le vouldra. (Dorib., p.1480, 246).

 

-

[Avec un verbe marquant l'idée d'entreprendre qqc., de faire qqc.] : En toutes choses commencier on doit appeller le Createur des creatures, qui est maistre de toutes les choses faictes et a faire, qui doivent tendre a perfection de bien et les autres pervenir selon les vices des creatures. (ARRAS, c.1392-1393, 1). Or vueillez savoir qu'il ne demourra pas pour peine ne pour travail que je n'assouisse vostre plaisir a mon povoir, se c'est chose que bons crestiens puist par honneur entreprendre. (ARRAS, c.1392-1393, 26). ...car chose hardiement entreprise et ensuye est a moitié faicte. (ARRAS, c.1392-1393, 283). Et y ot lors desdiz Bourguignons tuez et navrez, et puis s'en retournerent aux champs sans autre chose faire, et se mirent en bataille devant ladicte ville. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 58). Bien a fait chose plus tarrible A la filhe de nostre prince. (Pass. Auv., 1477, 123). Car si en vert boix virtüeux, Comme je suis, teulx choses font, En boix sec, helas, que faront ? (Pass. Auv., 1477, 191).

 

-

[Avec un verbe de dire] : ...et, sans autre chose luy dire, pour celle nuyt le fist mener coucher en une belle chambre près de la syenne. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 148).

 

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Dire entre autres choses. "Dire parmi divers éléments" : ...et disoit en effect, entre autres choses, que le Roy est empereur en son royaume (FAUQ., I, 1417-1420, 63). ...a dit entre aultres choses comme il avoit envoié devers le roy et luy avoit fait pluseurs offres et requestes (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 63).

II. -

[Plus gén., idée d'existence]

A. -

[P. opp. aux personnes, aux êtres animés] "Réalité inanimée (autre que les personnes et les bêtes)" : Item, ce que toutes choses et bestes et hommes parsivent et quierent delectacions, c'est un signe que delectacion est tres bonne chose aucunement (ORESME, E.A., c.1370, 406). Et donques quant la chose n' est plus et est passee pour laquelle ilz estoient amis, lors est l'amistié passee aussi comme se l' amistié et l'affeccion fust as choses et non pas as personnes (ORESME, E.A., c.1370, 418). Si comme sont les pierres et teles choses qui sont sanz ame. (ORESME, C.M., c.1377, 44).

 

-

"Objet" : Ilz cherchierent partout et firent trourser et enfardeler draps, toilles, robes et pennes et touttes choses dont ilz pensoient à avoir prouffit (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 219). ...on lui osta et embla à son hostel, à Chambly, les choses qui s'ensuivent, c'est assavoir : un chapperon double mi-parti de brunette d'un costé, et de l'autre rouge et brunette. Item, une houppelande de vert d'Engleterre fourrée d'escureux, longue jusques aus piez. Item, une espée du pris de trois frans. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 15). ...d'ilec vindrent à Rouen, en laquelle ville ledit d'Estain embla de la mercerie, comme cousteaux, bourse de cuir et autres menues choses, lesquelles il apporterent à Paris, et ycelles vendirent (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 70). ...veu et consideré ce que dit est, et la petite valeur des choses et biens par lui prins... (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 500). Lors vindrent ceulx de la ville en l'ost marchander et vendre de leurs marchandises. Et ceulx de l'ost leur vendoient des choses qu'ilz avoient conquises. (ARRAS, c.1392-1393, 236). Et la se rafresqirent de tout ce que il lor besongnoit, de chevaus, de sellerie, d'armeures et de toutes aultres coses qui apertiennent a gens d'armes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 113). ...trois choses rondes d'os à faire marques de marchans, vendues 1 escu. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 58). ...comme les mailletz de plomb et autres choses de l'artillerie. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 210).

 

-

"Possession" : ...il chassa tous lesdictz de Crouy hors du pays de son père, et leur osta toutes les places et choses qu'ilz tenoyent entre leurs mains. (COMM., I, 1489-1491, 9). ...il seroit trop grant s'il avoit le royaulme, avecques l'isle de Cecille et les aultres choses qu'il avoit en ce gouffre de Lyon (COMM., III, 1495-1498, 11).

 

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Les choses de qqn. "Les affaires de qqn, ses bagages" : ...elle desirans complaire a son amy [qui lui demande de le rejoindre], fist ses choses appareillier au plus tost qu'elle pot faire. (Gérard de Nevers M., c.1451-1464, 130).

B. -

"Réalité quelle qu'elle soit, effective, possible, imaginaire, concrète, abstraite..."

 

1.

[En général, surtout relativement à Dieu] : ...Li Diex qui toute chose a fait (Mir. enf. ress., 1353, 59). Mais, tout bien regardé, nostre seulle esperance doit estre en Dieu, car en cestuy-là gist toute nostre fermeté et toute bonté, qui en nulle chose de ce monde ne se pourroit trouver. (COMM., I, 1489-1491, 93).

 

-

Les choses. "Tout ce qui est" : Dieu est ez choses par union (Somme abr., c.1477-1481, 138). Le cours ou le mouvement naturel est selon lequel les choses tendent naturelement a leur propre lieu. (Somme abr., c.1477-1481, 143).

 

-

Toutes choses : ...se toutes choses estoient blanches, rien ne seroit noir (ORESME, C.M., c.1377, 372). ...par les escriptures puet on avoir la congnissance de toutes coses (FROISS., Chron. D., p.1400, 37). Et il qui a donné a toutes choses lieu et temps, et sçait quant son aide et son secours ou ses chastimens nous sont salutaires, les depart, non pas a nostre affection, ne a l'eure de nostre desir, maiz a sa volenté raysonnable, et au prouffit de nostre perfection. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 26). Que peult estre plus hault ficher sa creance que a ung seul Dieu, eternel devant toutes choses, createur de toutes choses, et puissant sur toutes choses (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 129). ...car ainsin l'a ordonné le vray et trestout puissant juge de toutes choses (LA SALE, J.S., 1456, 307). ...Dieu tout puissant, qui de neant a crée toutes choses (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 282).

 

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Une / aucune chose / Unes / aucunes choses : Et nous voions le contraire, quar aucunes choses tendent en bas et les autres en haut (ORESME, C.M., c.1377, 128). Quar c'est impossible naturelment de fere aucune chose de nient (ORESME, C.M., c.1377, 156). ...se une chose dure touzjours, c'est par neccessité de nature (ORESME, C.M., c.1377, 250). ...unes choses tendent et sont meues naturelment a soy esloingnier du milieu et les autres a soy approchier (ORESME, C.M., c.1377, 658).

 

2.

[En lien avec une situation donnée, avec un point de vue donné] "Réalité perceptible ou envisageable"

 

-

Au plur. : Mais en tout ce que tu proposes Dois resgarder la fin des choses (MACH., R. Fort., c.1341, 100). ...car en justice l'en regarde premierement a la dignité et valeur des choses (ORESME, E.A., c.1370, 427). Ainsi comme le vent emporte le son des choses, il avoit oy parler sus les murs, car de nuit on oit moult cler. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 213). ...et ne fault point sercher les choses où elles ne sont point (BUEIL, II, 1461-1466, 257).

 

-

La chose. "Ce qui est" : Et n'est pas le pechié en la loy ne en celui qui la met ; mais est en la nature de la chose. (ORESME, E.A.C., c.1370, 324).

 

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Sur toute(s) chose(s). "Avant tout" : Sur toutes choses je vous deffend orgueil. (ARRAS, c.1392-1393, 86). Si est bien droit qu'il me souveigne De voustre honneur sur toute chose. (CHART., B. Dame, 1424, 347). Tout premiers je veul et commande que sur toutes choses vous amez Dieu de tout vostre cuer selon les commandemens de Sainte Eglise (LA SALE, J.S., 1456, 36).

 

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Entre ces choses / Entre toutes choses. "Avant tout" : Entre ces choses, je te prie que ta main me gouverne et enseigne afin que ja ne face trop en quelque maniere. (Internele consol. P., 1447, 149). Entre toutes choses vous commande que tant soit il vostre ami qu' il saiche riens de nos fais (LA SALE, J.S., 1456, 58).

 

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En toutes choses. "En tout" : Et sachiez que je pensoye moult fort a un mien affaire qui moult me touche au cuer, et je prye a Dieu qu'il m'en aide a yssir. Par ma foy, sire, dist la dame, c'est bien dit, car en toutes choses doit on appeller Dieu en son aide. (ARRAS, c.1392-1393, 25). ...car en toutes choses usaige rent les homes seurs et hardiz et arrestez en leurs oeuvres. (CHART., Q. inv., 1422, 31). Ou moys de juillet ensuivant vindrent et arriverent à Paris plusieurs prelats, seigneurs, chevaliers, gens d'Eglise et autres gens de conseil, que le roy ordonna venir et qu'on disoit qui estoient ordonnez pour mettre ordre et police en la justice et reformer en toutes choses, et leur fut baillé moult grant povoir. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 162).

 

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De toutes choses. "En tout, à tout point de vue" : Les alanz gentilz si doivent estre fez et tailliez droitement comme un levrier de toutes choses fors que de la teste, qui doit estre grosse et courte. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 125).

 

3.

Prov. : Il n'est chose qui ne viegne a sa fin (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 378). Car leurs saisons ont toutes coses ["chaque chose a sa saison"]. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 256). [v.1735] Toutes coses ont leur saison (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 240). À l' effect la chose est prouvée (CHR. PIZ., J. d'Arc, 1429, 33). ...toutes chouses, selon que dient les sages, se devent user par leurs saisons. (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 206). Toutes choses il fault passer. (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 30). Quand la chose en est achevée, Il ne s'en fault plus conseiller. (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 49). Sy (...) n'est (...) chose qui ne prengne fin (Comte Artois S., c.1453-1467, 87). ...toutez chosez par nature prengnent fin (Comte Artois S., c.1453-1467, 152). ...toutes choses viennent à cognoissance tost ou tard (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 8). Mainte chose en peu d'heure advient. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 200). ...une chose faicte bref est aucune foiz meilleure que une qui trayne longuement (Charles de Hongrie C., c.1495-1498, 152).

C. -

[S'appliquant à des êtres animés] "Être animé, personne ou bête" : Et ne pourroit estre que le telier, le corroier, selonc leurs arts, fussent ordenéz a aucunes oeuvres et homme, en tant comme homme, ne fust pour aucune oeuvre mais fust chose oysive et pour neent. (ORESME, E.A., c.1370, 120). Et trois choses sont qui ne doivent soujourner trop : hommes et bestes et oisiaux. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 147). ...mais la vaillance (...) de Claudius Nero, d'une part, et la prudence de Livius Salinator, de l'autre part, ne souffrirent assembler les deux ducz de Cartaige, pour contraindre noz choses [nos soldats] qui moult estoient affoiblies et lassez (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 46). Et quelle chose es tu donc ? Helye ? Te dis tu Helÿas ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 138). Et se l'avair (...) est amoureux, n'est point a croire que ce ne soit de meschant et vile chose, pour ne avoir cause de riens despendre. (LA SALE, J.S., 1456, 22).

 

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La chose du monde que : Sire, je te faiz savoir que le roy Absalon te salue comme son bon ami et te envoie par fines amours la chose du monde que il plus aime, c'est Melia sa fille, que tu voiz cy presente. (Bérinus, I, c.1350-1370, 345). M'amie, fait il, vous estes la chose du monde que je doy plus amer (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 74). ...la chose du monde que plus il hayoit en son cueur estoit la maison d'Yort (COMM., I, 1489-1491, 44).

 

-

Chose nee / vivante / mortelle : Et se aucun disoit que homme est le tres meilleur de toutes choses mortelz, il ne a en ce force ne difference quant a ce que dit est. (ORESME, E.A., c.1370, 343). Mais Dieux a ordonné Nature Pour former bestes, gens, oiseaulx, Dames, chevaliers, damoiseaulx Et toute autre chose vivant. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 316). Je croy, se Dieu me doint pardon, Qu'en ce monde n'a chose nee Plus plaisant, ne mieulx ordenee. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 118). Secondement s'ensuit que Dieu a souveraine vie et congnoissance, car plus parfaicte est la chose vivant et congnoissant que les autres sans vie et congnoissance. (GERS., Trin., 1402, 160). ...et ceulz sont a fuir plus que chose nee (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 204). Au jour d'uy ne vis chose nee (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 441).

 

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En partic.

 

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[À propos de bêtes] : Et si se doit fere assemblee pour le loutre einsi comme pour le cerf, quar de toutes choses de quoy on va en queste se doit fere assemblee (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 248).

 

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[À propos d'un ange] : O tu, chose parlant a moy, Di a ma dame que je vueil Tresvoulentiers perdre un mien oeil Pour li veoir. (Mir. emp. Julien, 1351, 218).

 

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[À propos d'une âme du Purgatoire revenant sur terre] : De Dieu (...) Te conjur, chose, se tu es Esperit d'annemi mauvès Que t'en voises sanz nous meffaire (Mir. prev., 1352, 269).

III. -

[Idée d'intension nulle, c'est-à-dire d'extension maximale, applicable à tout, l'extension étant déterminée par le contexte ; employé comme subst., comme nominal ou bien dans des loc. en usage de nominal] "Tout ce qui est isolable par la pensée et qui est contextuellement spécifié"

A. -

[Empl. subst.]

 

1.

[Précédé d'un déictique, anaphorique ou cataphorique (dém., art. à valeur déictique, tel...)] : Laquelle qui parle (...) li dist que elle se appaisast, et que elle li enseigneroit bien tel chose que par le moyen d'icelle sondit ami Hainsselin l'ameroit autant et plus que oncques n'avoit fait (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 354). Lors respondy Remondin que jamais ne le pourroit croire que tel chose feust veritable, car ce seroit contre raison (ARRAS, c.1392-1393, 21). Se Gieffroy, vostre filz, a fait son oultraige par son courage merveilleux et fort, sachiez que de certain c'est pour le pechié des moines, qui estoient de mauvaise vie et desordonnee ; et en a Nostre Seigneur voulu avoir la punicion, combien que ceste chose soit incongnoissable quant a humaine creature, car les jugemens de Dieu sont si secrez que nul cuer mondain ne les puet comprendre en son entendement. (ARRAS, c.1392-1393, 255). La chose est ordonnee Que ainsi nous requerons Et vaugue la gallee ! (Sots triumph., c.1475, 44).

 

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La chose. "Ce dont il s'agit" : Et aussi je fuz esméu à ce faire, Dieu soit créu, Par très fervent et grant désir, à faire proffit et plaisir Plus à autres qu'a moy-méisme. Pour tant j'ay mis la chose en rime Et en petiz vers fleurissans, à celle fin que les lisans Puissent avoir quelque plaisance En lisant, pour la consonance Et mesure du plaisant mètre (LA HAYE, P. peste, 1426, 163). ...et ordonna que l'en en feist informacion et que la chose feust sceue (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 112). TESTE. Par le sang bieu, la chose est seure. (Sots triumph., c.1475, 49). La chose est certeine, J'escaille noix. (B. veoir, p.1480, 15). Qui ce congnoist se doit reprendre Sans entreprendre tel fardeau, Je tiens la chose par trop grande, Quant il y fault laisser la peau. (S. fol, c.1480-1490, 7).

 

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La chose serait moult longue. "Ce serait trop long" : Et ces preuves et autres en a on eues, dont qui en vouldroit deviser, la chose seroit moult longue. (ARRAS, c.1392-1393, 310).

 

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Prolonger la chose. "En dire plus" : Que vous en vouldroit [l. vauldroit] la chose proloingnier ? La bataille fu forte et horrible et l'occision moult hideuse (ARRAS, c.1392-1393, 218).

 

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Au pis la chose. "Au pire" : Or prenons donc, au pis la chose, Que tous ses disciples se unissent... (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 369).

 

-

Laquelle chose : Nous avons entendu depuiz nostre partement de nostre ville d'Arras que on met suz une taille en ce royaume, et que on a publié à Paris (...) que c'est de nostre consentement (...) laquelle chose, en tant comme touche ce que dit est, nous en avoir esté consentans, est bourde (BAYE, I, 1400-1410, 35). Et, entre Paris et Saint-Denis, le roy, alant à son pelerinage, trouva trois ribaulx qui lui vindrent requerir grace et remission de ce que tout leur temps ilz avoient esté larrons, murdriers et espieurs de chemins, laquelle chose le roy leur accorda benignement. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 182). ...et d'aler devant la ville de Strabourg y mettre le siege ; laquelle chose bonnement il ne povoit faire sans avoir aide et secours de gens et argent avoir de ses pays (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 13).

 

2.

[Précédé d'un possessif (ou avec un compl. marquant l'appartenance)] "Ce qui est à qqn, qui concerne qqn" : Item deux homages que devont Phelippon de Mons et le dit Symon de Puyveaus, escuiers, de leurs choses des Oulmeaus, qui sont estimés et baillés pour dis souls de rente. (Doc. Poitou G., t.1, 1332, 404). L'ENFANT. Egar coment ma chose va [un anneau dont l'enfant joue] ! Ho ! je la voy. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 78). ...un quartier de saulaye, qui jadis fut en vigne, siis en la parroisse de Saint Sonnin, entre les vignes dou dit sires, d'une part, et aux chouses Yvonnet Herbert, d'aultre (Cartul. Laval B., t.2, 1375, 281). Et tout ce que il fait de sa chose, soit bien, soit mal, en donant ou en vendent, ou par aultre alienacion, vault et tient, ja soit ce que il peche se il abuse de sa propre chose (Songe verg. S., t.1, 1378, 207). ...la faee bouta sa teste dedens l'eaue et devint serpente, n'oncques puis ne fu veue, et le dit chevalier declina petit a petit de toutes ses prosperitez et de toutes ses choses. (ARRAS, c.1392-1393, 4).

 

-

Ses choses. "Ses affaires, la conduite de sa propre vie" : C'est a dire, mon ami, que reveoir ses choses, quelles et comment sont, est souveraine prudence. (LA SALE, J.S., 1456, 24).

 

3.

[Précédé d'un interrogatif] Quelle chose. "Qu'est-ce qui / que ; ce qui / que (en interr. indir.)" : Ne scet elle qui parle quelle chose lesdiz compaignons respondirent à icelle prisonniere (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 264). Et dist, sur ce requis, que, XX ans sont passez et plus, par l'evesque de Troyes lui fu donnée premierement le signe de tonsure en sa chappelle de Troyes, lui donna une buffe, et le fist lire n'est record en quoy, ne quel chose il dist lors, pour le lonc temps qu'il a que ce fu. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 400). C'est a dire, mon filz et ami : quel chose est meilleur que l'or ? Jaspe. (LA SALE, J.S., 1456, 20). ...pour sçavoir quel chose qu'i est, treffons ou waigiere. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1355], 334).

 

-

Pour quelle chose. "Pourquoi" : Contre lui est allé disant a la volee : "Madame bien viennant, par la vertu louee, Pour quelle chose, madame, estés yci entree ?" (Ren. Gennes D.B., c.1350-1400, 106).

 

4.

[Déterminé par un adj., une relative, un compl. déterminatif] "Ce qui + adj., relative, compl. déterminatif" : ...ch'est bien chose averee (Bât. Bouillon C., c.1350, 49). Et nous metons et posons que la chose est par soy souffisante laquelle souffist toute seule et par quoy l'en a vie eslisible qui n'a plus besoing de rien. (ORESME, E.A., c.1370, 119). Car tels deliz sont communs a nous et aus bestes, et doit estre nostre felicité en la plus noble chose qui soit en nous et en laquelle nous passons les bestes. (ORESME, E.A.C., c.1370, 111). Et la tout chevalier de noble lignie qui y vouldront venir veillier la sourveille et la veille et le jour XXVe de juing, sans sommeillier, auront un don de toy des choses que on puet avoir temporelment des terriennes choses, sans demander ton corps, ne t'amour, en estat de mariage ou d'autre conjunction naturelle. (ARRAS, c.1392-1393, 13). Et trouvoient pain, vin, char et toutes choses propices que il leur failloit, par grant habondance. (ARRAS, c.1392-1393, 46). Ma fille, laissiez ester ce dueil, car, en chose qu'on ne puet amender, c'est folie de s'en donner trop grant courroux (ARRAS, c.1392-1393, 120). ...les choses secretes de Dieu ne puet nulz savoir au cler. (ARRAS, c.1392-1393, 311). Tout soit elle vaine et inmonde, Soubz sa main gist l'univers monde, Quant est des choses transitoires. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 10). Riens ne m'est seur que la chose incertaine, Obscur fors ce qui est tout evident, Doubte ne fais fors en chose certaine, Scïence tiens a soudain accident (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 46). Dont de ce ledit connestable fut ung peu espoventé pour deux choses que lors il declaira (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 356). ...il me croist ou plus secret lieu de mon corps une chose a maniere de la creste d'un coq, dont j'ay grant vergoingne. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 84). MAISTRE PIERRE. Pensez qu'elle n'est pas mauvaise, Se vous en voulés acheter, C'est de la chose de tropaise. (Dorib., p.1480, 247).

 

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Chose assise qq. part. "Domaine, propriété" : ...lesdiz conseilliers s'informeront se par le stile il souffist de faire les criées en Chastellet ou regard des choses assises ou situées en la banlieue, ou s'il les convient signifier sur les lieux où ycelles choses sont assises (FAUQ., III, 1431-1435, 5).

 

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Chose due. "Ce qui est dû, devoir" : Sire, dit le nouvel chevalier, je n'ay fait chose dont vous me doyez point de guerredon. Car tout preudomme se doit prendre garde de l'onneur et du prouffit de son maistre ou de son seigneur ; et dont, puis que c'est chose deue, il n'y chiet point de guerredon. (ARRAS, c.1392-1393, 233).

 

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Chose lacticine. "Laitage" : Et faict grant mal qui lors n'abstine De toute chose lacticine (LA HAYE, P. peste, 1426, 95).

 

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MÉD. Choses naturelles. "Les sept objets d'étude de la physiologie, à savoir les éléments, les humeurs, les complexions, les membres ou parties solides du corps, les vertus, les esprits et les opérations" : Premierement convient que il [le chirurgien] congnoisse les choses naturelles et especialment l'anathomie (PANIS, Guidon, 1478, chap. sing.). En la [philosophie] theorique, convient que il [le chirurgien] congnoisse les choses naturelles et non naturelles et contre nature. (PANIS, Guidon, 1478, chap. sing.). De cestui est recité qu'il fut grant investigateur de sciences et choses naturelles, et, entre autres merveilles, vit une dent maxillante, tant grosse que l'on en pourroit fere cent des communes des hommes de present. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 75 r°).

 

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Choses non naturelles. "Les six facteurs assurant la santé ou la maladie, à savoir l'air, la nourriture et la boisson, le sommeil et la veille, le travail et le repos, l'inanition et la réplétion, les accidents de l'âme ou passions" : ...les choses non naturellez comme sont l'aer, boire, manger, dormir, veiller, traveiller, reposser, inanition et replection et les accidens de l'ame car icelles sont causes de toutes maladies et de santé. (PANIS, Guidon, 1478, chap. sing.). En la [philosophie] theorique, convient que il [le chirurgien] congnoisse les choses naturelles et non naturelles et contre nature. (PANIS, Guidon, 1478, chap. sing.).

 

Rem. K. Becker, Z. rom. Philol. 111, 1995, 349, n.12.

 

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Choses contre nature / de dehors nature. "Facteurs pathologiques" : ...les choses contre nature et la maladie car de cella est prinse l'intencion curative. (PANIS, Guidon, 1478, chap. sing.). En la [philosophie] theorique, convient que il [le chirurgien] congnoisse les choses naturelles et non naturelles et contre nature. (PANIS, Guidon, 1478, chap. sing.). ...choses de dehors nature (PANIS, Guidon, 1478, chap. sing.).

 

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Chose temporelle : Or est ainsi que, en la monarchie celeste, nous trovons double ordre. Car il y a un ordre dez choses temporeles celestes, et si a ordre dez intelligences, ou dez angres. (Songe verg. S., t.1, 1378, 67).

 

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Chose ronde. "Au bout du compte" (Éd.)

 

Rem. COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 175.

 

-

Chose de bien. "Fait appréciable" : Ha, j'ay la Farce des oyseaulx. Esse chose de bien ? (Copp. lard., a.1488, 165).

 

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Chose de memoire. "Fait mémorable" : ...il devint le plus puissant et riche de la terre d'Egipte et, entre ses choses de memoire, fonda cent grandes cités, dont les plusieurs sont encore en estre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 22 v°).

 

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Chose de l'autre monde. "Ce qui est ou paraît surnaturel" : ...grippèrent à mont la muraille comme chatz affamés, faisans choses de l'autre monde et quasy incredibles (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 343). [Autre ex. t.1, p.199]

 

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Chose qui guere vaille. "Ce qui est de petite valeur" : Tres chiers sires, je vous requier, en remuneracion de tous les services que je fiz oncques a monseigneur vostre pere, dont Dieux ait l'ame, qu'il vous plaise a moy donner un don, lyquelx ne vous coustera ne forteresse, ne chastel, ne chose nulle qui guerres vaille. Lors respondy ly contes : S'il plaist a mes barons, il me plaist bien. Et cilz dirent : Sire, puis que c'est chose de si petite value, vous ne lui devez pas reffuser. (ARRAS, c.1392-1393, 32).

 

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CHASSE Chose qui plaise. "Trace d'une bête que l'on peut chasse" : Et lors doit il aler a la veüe pour veoir s'il verra chose qui li plaise et laissier son limier en certain lieu ou il ne puisse fere nul effroy. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 160).

 

-

Prov. : Chose qui est quière est amée tout dis. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 77). Bonne est la chose qui amende. (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 53). ...chose cellee en cueur n'est point prouffitable (Cleriadus Z., c.1440-1444, 263). Chose qui plaist est a demi vendue (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 361). [Autre ex. p.489] ...tendre a chose difficile a prendre, n'est trop grande prudence (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 151). Chose qui plait est a moictié vendue. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 164). Belle chose est tantos paree. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 200). Chose qui plait est a demy vendue. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 612).

 

Rem. Chose commune n'est point prisee : Prov. H., 75 [C184] (en partic. ex. de LA TOUR LANDRY).

 

5.

[Dans une relation discursive d'équivalence]

 

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[En tournure attributive] : Et meilleur chose est avoir une perfeccion que ce n'est acquerir la. (ORESME, E.A., c.1370, 408). N'est ce pas chose bien amere De veoir parens a eulx meffaire (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 61). ...car plusieurs desdictes choses et merveilles sont advenues en tant de diversitez et façons estranges que moult penible chose auroit esté à moy ou aultre de bien au vray et au long escripre la verité des choses advenues durant ledit temps. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 2). Et brief, c'estoit merveilleuse chose à veoir du monde qui estoit en armes dehors Paris (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 181). Et, de l'autre costé aussi estoient en bataille les habitans de ladicte ville, qui estoient moult grande et belle chose à veoir (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 310). ...c'est une belle chose que d'estre secret (BUEIL, I, 1461-1466, 83). Gouvernee suis, qui m'est chose tresseure, Comme l'on voit tellement quellement, Impossible m'est que plus je l'endure Car traictee suis trop desordonnement. (Sots mal., c.1480, 85).

 

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C'est grand chose de + inf. "C'est un fait exceptionnel, un événement remarquable de" : C'est grant chose, Jehan, mon amy, De veoir plourer la Magdaleine. (Pass. Auv., 1477, 155).

 

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C'est petite chose de... envers qqc. "C'est peu de chose en comparaison de" : Par foy, sire chevalier, dist Gieffroy, c'est petite chose de mon fait envers la puissance de mes deux seigneurs et freres, mais je vous mercie de ce que si liberaument m'avez accordé de venir avec moy, et je le vous meriray bien, se Dieu plaist. (ARRAS, c.1392-1393, 212).

 

-

[En tournure appositive] : Ces trois choses, ydee, exemplaire et raison ont tele difference entre eulz... (Somme abr., c.1477-1481, 157).

 

.

Chose(s) ... c'est assavoir : Et a ces trois choses, c'est assavoir que Diex la pensée de la vierge purgea et saintiffia, de graces raempli et aourna, et qu'a li se joint et aglutina peuent estre ramenées trois paroles que dit Gabriel quant il la salua (Mir. st J. Paulu, c.1372, 92). Mais il y a une chose que je suis requis de vous exposer et declairer, c'est assavoir la povreté de vostre peuple, chargié de tailles, aydes, et de plusieurs a proprement parler pilleries et roberies (JUV. URS., Prop. II, 1468, 430). ...l'on voit en chascun membre neuf choses, c'est assavoir la posicion ou mise, la substance, la complexion, la quantité, la figure, le nombre, la colligance, les faitz et utilités et quelles sont les maladies que en celluy membre peut estre, desquelles par l'anathomie en congnoissant, en pronosticant et aussi en curant le meige peut estre aydié. (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.1, chap.1). ...les neuf choses (...) lesquelles sont enquises en chascun membre, c'est assavoir l'aidement, la posicion, la colligance, la quantité, la figure, la substance, la complexion, le nombre des parties et les maladies. (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.2, chap.1).

 

-

[Pour annoncer ce qui va être dit] : ...a prince qui maine guerre et a puissance de gens convient avoir trois choses principales : savance, chevance et obeissance. (CHART., Q. inv., 1422, 45). En ce temps, damoiselle Ysabeau de Cambray, femme de sire Guillaume Colombel, puissant et riche homme, fut mise et constituée prisonniere en la conciergerie du palais royal à Paris, à la requeste et pourchas de sondit mary, qui principalement la chargoit de trois choses : la premiere qu'elle s'estoit forfaicte et habandonnée à autre qu'à luy ; la seconde qu'elle l'avoit desrobé de ses biens en grans sommes de deniers, et aussi qu'elle avoit fait et compilé plusieurs poisons pour l'empoisonner et faire mourir. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 156).

 

.

De deux choses l'une : "Sire, c'est de deux choses l'une, comme mon advis est : qu'ilz hayent tant voz ennemys qu'ilz ne les povoient veoir, ou peult estre aussi que c'est de l'effroy d'avoir veu tuer voz frans archiers." (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 393).

 

-

[Pour référer à ce qui vient d'être dit] : Ha, Carville, vous ne monstrez pas que vous soyez bon serviteur ne loyal de m'abandonner maintenant en ma grande necessité et de me refuser si petite chose (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 143).

 

6.

[P. euphém., s'appliquant, surtout dans le domaine sexuel, à ce que l'on ne veut nommer]

 

a)

[Parfois au masc.] "Sexe masculin ou féminin" : La chose sa femme seella [En marge : Du jaloux qui seella la chose a sa femme] (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 203). Je ne sçay, moy, qu'on vous a dit, respond le moyne ; mais je ne doubte point que vous ne soiez bien contente de moy, et que je ne vous monstre que je suis homme comme ung aultre. - Homme, dit elle, cela croy je assez bien ; mais vostre chose est tant petit, comme l'on dit, que, si vous l'apportez en quelque lieu, a peu on se perçoit qu'il y est (C.N.N., c.1456-1467, 106). ...elle demande tous les jours de quelle grosseur et grandeur est son chose et voir s'il est bien aussy grand et sy long que son bras, qui monstre qu'elle a deja grand fam d'estre au mestyer de vous aultres vielles mariees. (Lettre de Philippe de Savoie, c.1480. In : G. Mombello, Le M. fr. (6e Colloque, Milan), t.1, 1991, 234). ...elle a ung chose Qui ne bouge de la maison (Gent. Naudet T., c.1500, 299).

 

Rem. Cf. aussi : Jen. filz de rien T., c.1475-1500, 303, v.121 ; Sav. Calb. T., c.1475-1500, 152, v.175 ; Nouv. mar. T., c.1490-1500, 90.

 

-

"Cul" : ...ilz torchent leur chose d'une pierre ou contre une muraille (LA BROQUIÈRE, Voy. Outr. S., c.1455-1457, 74).

 

b)

"Activité sexuelle" : Vieille rit quant elle suppose Qu'on li fera la bonne chose (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 95). Dieux fist jadis de sa main belle Homme et femme, masle et femelle, Beauls instrumens leur appresta Et d'ouvrer les admonesta, Pour faire la chose joyeuse (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 96). ...le sexe feminin desire et appete la chose plus ardament que le masculin, se crainte ne moiennoit la influence. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 134).

B. -

[Empl. de nominal à valeur de démonstratif ou d'indéfini ou bien employé dans des loc. en usage de nominal]

 

1.

[Nominal à valeur de démonstratif (chose est commutable avec un démonstratif)] "Ce dont il s'agit"

 

a)

[Avec valeur anaphorique]

 

-

Chose qui / que... "Ce qui / ce que" : Par foy, dist le conte, ce nom lui affiert tres bien pour deux cas, car vous estes nommee Melusigne d'Albanie, et Albanie en gregois vault autant a dire comme chose qui ne fault, et Melusigne vault autant a dire comme merveilles ou merveilleuse. (ARRAS, c.1392-1393, 47). Gardez vous que vous n'acroiez ja chose que vous puissiez bonnement paier. Et se par neccessité vous fault accroire, tantost que vous avez l'aisement, faictes en satisfaction. (ARRAS, c.1392-1393, 85).

 

b)

[Avec valeur cataphorique]

 

-

Chose ... que. "Ce / ceci ... à savoir que" : Puis qu'il est ensi chose ["ceci, à savoir que"] que g'irai(t) demourant En la voustre contree... (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 560). ...Se chose avient qu'ilz puissent estre Pris, soit en champ ou soit en bois. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 22). ...et, s'il avenoit chose que le conte Regnault de Guerles alast de vie à trespas devant ma fille, sans hoir de sa char... (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 150). Et, s'il avenoit chose que les chienz laissassent du tout qu'ilz ne vousissent aler aprés ou ne peüssent... (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 201). Seigneurs, se le Chevalier Doré pouoit par sa valeur faire chose qu'il peut acquerre aucun pou d'honneur, j'en seroye plus joyeulx que nulz. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 337).

 

2.

[Nominal à valeur d'indéfini (en alliance avec ne, dans une interr., une hypothétique, avec sans...)] "Rien, quoi que ce soit"

 

a)

"Rien" : LE CHEVALIER. (...) helaz ! Qu'ay je veu ? vray Dieu, mercy. Onques mais chose je ne vy Si tresorrible. (Mir. ev. arced., c.1341, 136). Dame, dist Remondin, j'ay trouvé si bonne verité es commencemens de voz paroles que vous ne me saurez chose commander que nulz corps humains puisse raisonnablement emprendre, que je n'emprengne a vostre plesir. (ARRAS, c.1392-1393, 30). Remondin, dist la dame, par moy n'emprendrez vous chose de quoy vous ne doiez venir a bon chief. (ARRAS, c.1392-1393, 30). Et sachiez que il ne doubtoit ne cremoit chose que nulz homs esprins et plain de feu de jeunesse et de hardement deust doubter ne cremir en regardant honneur. (ARRAS, c.1392-1393, 48). Et je vous jure par ma foy que je ne feray chose que je ne face pour le mieulx. (ARRAS, c.1392-1393, 189). Et furent ses plaies tentees, mais les mires dirent qu'il n'y avoit chose par quoy il se laissast aarmer, dont ilz louerent Dieu. (ARRAS, c.1392-1393, 233). Ha ! il n'est chose plus amere ! (Path. D., c.1456-1469, 110). VENUS. Il n'est chose si villaine Ne [de] deshonneur si plaine En la face souveraine Des dieux qu'est humaine vie. (Cene dieux, c.1492, 133).

 

-

Ne ... pas chose fors. "Ne ...rien en dehors de" : ...la querelle dont j'ay ouy d'ung debat n'est pas chose fors vollentés de cueurs de grans seigneurs, et n'est pas selon la sainte loy et le commandement de Dieu (Ponthus Sidoine C., c.1400, 99).

 

-

Ne ... tant chose. "Ne ...rien autant" : ...il ne desiroit tant chose que d'estre de l'ordre du Francq Palais (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 57). Et lors entra en sa nef le noble prince avecq le jennencel, qui ne convoitoit tant chose. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 126).

 

b)

"Quoi que ce soit" : James dusqu'a li ne venist Pour cose qu'il li promesist. (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 250). ...paravant ce, il n'avoit oncques eu tonsure ne porté ycelle, non obstant chose qu'il ait, paravant ce, dit, confessé ou proposé. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 90). Margot la fist jurer, comme dit est dessus, que elle ne le accuseroit aucunement, pour chose qui li peust advenir. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 339). Et je vous jure, par le peril de l'ame de moy, que jamais cellui jour je ne feray ja chose qui vous puist estre atournee fors a toute honneur. (ARRAS, c.1392-1393, 26). Et je ne vous conseilleray chose dont bien et honneur ne vous doye venir. (ARRAS, c.1392-1393, 26). Et noz gens passent tout par my leurs tentes sans y arrester ne prendre ne pillier chose qui y feust, car ainsi fu crié sur la hart. (ARRAS, c.1392-1393, 235). ...qui pour quelque chose du monde ne vouldroient faire desloiaulté devers le Roy et le bien de ce royaume. (Doc. 1417. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3 c.1425-1440, 198). Hola ! je m'en tairay, Se je puis, et n'en parleray Meshuy, pour chose qu'il adviengne. (Path. D., c.1456-1469, 168). ...il estoit du tout deliberé et bien resolu de tout perdre avant que de faire chose qui feust contre son ame, ne dommage au royaume de France ne à la chose publique ; et dist audit Balue qu'il devoit avoir grant honte de poursuivre ladicte expedicion. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 185). LE PRINCIPAL. Nul ne peust de chose congnoistre Qui ne luy en fait apparestre. (Sots gard., a.1488, 108).

 

-

Plus que chose qui soit au monde. "Plus que tout" : Jamais je ne seray lassant De la loy Dieu, car je voy bien Que Dieu ayme tout crestien Plus que chose qui soit au monde. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 252).

 

-

Quelque chose que. "Quoi que ce soit que" : ...et, quelque chose que l'on en die, ilz vont assez grossement en besongne. (COMM., II, 1489-1491, 60). Mais ne vous laissés point endormir de parolles, car aussi il me semble pour le mieulx, quelque chose qu'on vous promette, que vous mesmes devés aller en personne pour prandre la possession et que en nul autre ne vous devés fier. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 235).

 

-

Quelque chose qu'il en soit. "Quoi qu'il en soit" : Neantmoins quelque chose qu'il en soit, ilz ne sont, comme on peut savoir, que de VI à VII mille sur la mer (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 332).

 

-

À quelque chose que ce soit. "À quoi que ce soit" : ...icellui Robinet dist à lui qui parle que de leur mestier d'orfaverie ilz ne faisoient ne ne gangnoient denier aucun en icelle ville de Harfleu ; et, pour ce, leur estoit besoing qu'ilz gangnassent leurs vies à quelque chose que ce feust. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 488).

 

c)

[En phrase interr. et nég.] "Quelque chose" : TESTE CREUSE. Vous n'avez point chose qui monte ? (Copp. lard., a.1488, 164).

 

3.

[Dans des loc. nominales indéfinies]

 

a)

Aucune chose / nulle chose

 

-

Ne ... aucune chose / nulle chose : En laquelle ville de Rouen ilz ne gaignerent aucune chose (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 64). Elinas en fu tous abusez et si oubliez que il ne lui souvint de nulle chose fors de ce qu'il voit et oit, et demoura la en cel estat moult grant temps. (ARRAS, c.1392-1393, 6). ...ycely maistre Loiz ne lui doit aucunne chose, ne n'est aucunement obligiez ledit Loiz envers lui d'ycelle somme dessus dicte. (BAYE, I, 1400-1410, 1).

 

.

Ne ... nulle chose du monde. "Rien" : Remond et Melusigne estoient a Mervent, et vint a un samedy que Melusigne se esconsoit de Remond cellui jour, comme il lui avoit promis que jamais le samedy ne mettroit peine d'elle veoir, et si n'avoit il fait jusques a ce jour, et n'y pensoit a nulle chose du monde fors ques a bien. Un pou devant disner lui vindrent nouvelles que son frere le conte de Forez le venoit veoir, dont il fu moult joyeux. Mais depuis en fut il moult courrouciez, ainsi comme vous orrez en l'ystoire cy près ensuivant. (ARRAS, c.1392-1393, 240).

 

-

Sans ... aucune chose : ...il qui parle vit bien et apperçut qu'il estoit mouche des Englois contre les François, et que aucune fois il passoit au plus prez des embusches faites par les François, et les advisoit sanz eulx dire aucune chose, et chevauchoit tout oultre au devant d'eulx (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 57).

 

b)

Autre chose : Or n'en faisons cy plus de plait, Mais parlons d'autre chose a point. (Mir. abbeesse, 1340, 63). ...et cuidoit entrer et monter ès chambres de leans, maiz il n'y pot ne osa monter, pour les chens de leans qui l'abayerent, etc., et s'en ala sanz autre chose faire. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 21). Et dit que tele est la verité, et que autre chose ne sera jà contre lui trouvé, mais est homme de bonne vie et renommée. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 77). Et autre chose ne plus ne scet de ce que dit est (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 84). Dont, respondy la dame, roy Elinas, je vous en tien bien pour excusé, et vous pry, se vous ne voulez autre chose, que vous ne laissiez ja a retourner pour ceste querele. Lors respondy ly roys : Tres chiere dame, autre chose quier je bien. Et quoy ? dist elle. Dittez hardiement. Ma chiere dame, puisqu'il vous plaist, je le vous diray. Je desire tant que nulle autre chose plus, d'avoir vostre bonne amour et vostre bonne grace. (ARRAS, c.1392-1393, 8). Et ne m'en enquerez plus, car autre chose ne vous en sauroie dire. (ARRAS, c.1392-1393, 35). Beaulx seigneurs, ne le rigoulez pas, car sachiez qu'il a bien autre chose a penser. (ARRAS, c.1392-1393, 41). ...et ne suiz venus pour autre chose que pour en averer et savoir la verité. (ARRAS, c.1392-1393, 53). ESTOURDI. Dea, quant on la veulx sangler "C'est autre chose ", dit la vache. (Est., p.1460, 21). Mais les pere et mere de ladicte fille, non contens de ce que dit est, s'en alerent plaintifz pardevers le roy, mais ilz n'en eurent autre chose. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 112). Elle aymeroit mieulx aultre chose, Combien qu'elle ait assés monnoye... Quoy ? une grant bourse de soye, Plaine d'escuz, parfonde et large. Mais pendu soit il, qui je soye, Qui luy laira escu ne targe (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 81). Oultre plus diras que j'ay dit Qu'aultre chose n'escriprey pas. (Pass. Auv., 1477, 214).

 

c)

Grand chose. "Quelque chose qui a une certaine importance, qu'il faut noter, qui peut étonner" : Grant chose est d'un seul tournement de roue Ou d'un circulier mouvement (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 165). ...oncques a ma vie je ne vi follie en madame et l'ay servie bien leaument et ce seroit bien grant chouse que je ne l'eusse sceu. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 110). Il est vray que vostre pere, depar ses ancesseurs, doit avoir grant chose en la Brute Bretaigne, laquelle vous sera declaree ou pays. (ARRAS, c.1392-1393, 48). Ma belle niepce, grant chose a ou faire l'estuet, et de deux maulx on doit prendre le plus petit, quant l'un en fault avoir. (ARRAS, c.1392-1393, 189). Bien logiez furent li destrier A mengouere et a ratelier Qu'on ot fait en ces tentes faire ; Grant chose estoit de leur affaire. (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 144). Moult est grant chose de soy tenir en obedience, vivre soubz son prelat et non estre de son propre droit (Internele consol. P., 1447, 289). C'est grant chose de deux contre ung [d'être deux contre un] ! (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 174). Et pensez que c'est grant chose quant ung desarroy se met en ung grant ost et de nuyt. (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 45). Parvenir quoy ? dea, c'est grant chose, Je n'y congnoys teste ne glose. (S. fol, c.1480-1490, 8). Toutesfois sa personne presente estoit grant chose et la bonne parolle qu'il tenoyt aux gens d'armes (COMM., I, 1489-1491, 33). "...a aultre chose ne suis je subgect après Dieu, si non a mon vouloir, car pour homme qui vive je ne feroys que a ma voulenté." "C'est grant chose", dit le roy, "que ce vous vivez longuement en ce monde il vous fauldra changer propoz, ou vous pourrez bien savoir que veult dire soufferte." (Jehan de Paris W., 1494-1495, 38).

 

-

C'est grand chose quand. "C'est un fait exceptionnel, un événement remarquable que" : ...c'est grant chose Quant filz de Dieu nommer se ose. (Myst. Pass. Amb. R., c.1474-1500, 47).

 

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Valoir grand chose. "Être de prix" : ...deux boutons de rose (...) Tout d'or, qui valoient grant chose. (HAUTEV., Invent. biens B., c.1441-1447, 59).

 

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[Appliqué à une pers.] : ...ce duc Winchelant fut largues, doulx, courtois et amiables, et grant chose eust esté de luy, s' il euist longuement vescu, mais il morut en la fleur de sa joennesse (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 159).

 

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Pas grand chose : Et aussi de soy, sans l'ayde des autres seigneurs d'Alemaigne, ne povoit pas grant chose. (COMM., II, 1489-1491, 5).

 

d)

Guere de chose./Peu de chose./Petit de chose

 

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Guere de chose : Et alors il mit le bout d'en bas de sa hache dessous son bras senestre, et de la main dextre se combattoit ; mais n'en fit guère de chose. (Faits Lalaing K., c.1470, 185).

 

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Peu de chose : Lesquelz marchans ont offert desdits sept balaiz 4 escus du carat et non plus et du gros balay six escus du carat et des deux gros saphirs 60 escus et des parles, diamens et autres petiz balaiz, rubiz et saphirs en offroient très peu de chose (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 104). LE PREMIER. De peu de chose (je) t'advertis, C'est du moins sa je te diray, De ma bource je tireray Ung grant blanc, et [tout] ou mellieu De mon fronc, icy en ce lieu, Je l'atacheré davant tous. (Tr. Men., c.1480-1500, 289).

 

-

Petit de chose : A cestuy parler estes vous venu Remondin, qui s'enclina devant le conte et le remercia de l'onneur et de la courtoisie qu'il lui avoit faicte. Par foy, Remondin, dist le conte, c'est petit de chose ; mais, se Dieu plaist, je vous feray mieulx. (ARRAS, c.1392-1393, 34).

 

e)

Quelque chose : ...il vous respondera quelque chose. Se il dist : " Nous en arrons conseil ", si prendez ce conseil brief (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 27). Mais que me voulrez vous donner S'au jour d'ui par mon sermonner Puis de lui quelque chose avoir ? (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 234). Et cilz s'en vont qui bien apperceurent que ly roys avoit trouvé quelque chose. (ARRAS, c.1392-1393, 8). Et quant vous donnez quelque chose, ne le faictes pas attendre longuement. (ARRAS, c.1392-1393, 85).

 

f)

Chose quelconque. "Quoi que ce soit" : Et autre chose ne li dirent ; et ne sera jà sceu ou prouvé contre elle que elle leur deist chose quelconques (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 266). ...mais, que se elle lui savoit donner, enseigner ou bailler conseil ne chose quelconques (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 305).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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