C.N.R.S.
 
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     CERTES     
FEW II-1 610b certus
CERTES, adv.
[T-L : certes ; GD : certes ; GDC : certes ; FEW II-1, 610b : certus ; TLF : V, 424b : certes]

I. -

[Adv. de phrase] Certe(s)

A. -

"Assurément"

 

1.

[Portant sur une assertion] "Assurément, certainement, en vérité"

 

-

[positive] : LA DAME. (...) prïez pour moy Que Dieu me soit si vray affin Que m'ame prengne a bonne fin, Car certes, j'en ay bien mestier. (Mir. enf. ress., 1353, 68). Je te pri trop, n'en fai que rire, S'on te fait grief peinne ou desroy, Mais aies toudis cuer de roy, Et certes, tu les veinqueras, Toutes les fois qu'einsi feras. (MACH., C. ami, 1357, 62). Je le voy et le sçay de fait Qu'en rien de moy ne li souvient, Quant pour li morir me couvient. Et si n'est pité qui l'en prengne Ne confort qui de li me veingne. Car certes, s'elle le sceüst, Aucune pité en eüst. (MACH., F. am., c.1361, 196). ...ledit hermite lui respondi : Certes, amis, c'est pour les grans domaiges que le roy de France a fais et fait faire en Flandres (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 472). Certes, tuit cilz qui orront parler de ceste mes prison, me jugeront, et auront droit, a mourir de honteuse mort et en grief martire, car plus fausse ne plus mauvaise trahison ne fist oncques pechierre. (ARRAS, c.1392-1393, 22). "Cambeli (...) si le faites, par un clerc qui s'i congnoise, groser sus la fourme et ordenance que on a en France [le sauf conduit] ; et le faites faire si bien, se li dus le vous voelt acorder, que il me puist partout sus mon cemin valoir." - "Certes, sire, respondi li chevaliers, je en ferai en toutes manieres bien mon acquit." (FROISS., Chron. D., p.1400, 753). Certes a bon droit peult estre appellé beste, qui se glorifie de resembler aux bestes en non sçavoir, et se donne louenge de son default. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 71). Certes leur puissance[des Anglais] est grande [et] est bien a doubter, car supposé que on voulsist dire que vous avez plus de gens que vosdis ennemis, toutevoye je ne sçay se avez autant de bons combatans. (JUV. URS., Loquar, 1440, 402). Certes, m'amye, j'apperçoy bien que vous estes malade et en grand peril. (C.N.N., c.1456-1467, 38). S'ilz les veullent attendre dedans leur logeiz à pié (...) ilz scevent les rues et les advenues par où ilz pevent venir, par où ilz les pevent assaillir par devant, par derrière, sur les costez. Et certes ceulx qui attendent leurs ennemiz de pié coy ont moult grant avantaige et en toutes façons. (BUEIL, II, 1461-1466, 243). Il [Jésus] nous a elict entre tous, Dont fort luy sommes obligés. Du monde, certes, je suis soulz, Car tous maulx y sont allougez. Nous sommes tresbien aubergés Avec Jhesus, qui fort me plaist (Pass. Auv., 1477, 120). ...Qui fut certes moult belle chose a voir. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 238).

 

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Bien certes : [Griseldis] Desvestir vous fault et parer De ceste escarlate vermeille, Car vostre beauté nonpareille Serra mieux en ce noble habit Qu'elle ne feroit en petit ; Et bien certes vous appartient, Car ceste honneur ne vous avient Fors pour le bien qui est en vous. (Gris., 1395, 39).

 

-

[négative] : La victoire qu'avons eue N'est pas, certes, de nous venue, Mais de Dieu (Mir. roy Thierry, c.1374, 326). Si ne vueilliez plus perdre voz paroles, car certes, ma damoiselle, il ne s'en puet faire autre chose. (ARRAS, c.1392-1393, 167).

 

-

[Renforçant un ordre] : ...il nous dira des nouvelles d'Irlande et du duc son maistre. Certes, vas le querir, et soiez si fort que tu n'y failliez. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 55).

 

2.

[Comme réponse dans un dialogue]

 

-

Certes oui : Si que je croy Qu'a bonne Amour, a Fortune, n'a soy Riens demander de mes dolours ne doy. Et en puis je riens demander a moy ? Certes oïl ! (MACH., J. R. Beh., c.1340, 88). LE PATRIARCHE. (...) Vous souffist il ? GUILLAUME. Biau doulx pére, certes oil. (Mir. st Guill., c.1347, 35). Or regardez et ymaginez en vous meismes se j'ay eu bien cause de dire et traittier que le royaulme d'Angleterre en celle saison fut en grant peril et aventure que de estre tous perdus sans recouvrier. Certes oyl pour les raisons que vous oez (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 50). Le desir qu'ay de vous veoir double y, Amis, comment que m'aiés en oubli. Certes oïl, qu'onques ne vous oubli ; Dont vraie amour en moy s'avive et double. (MACH., L. dames, 1377, 202). Dont n'est ce droite rage ? Certes, oïl (MACH., Motés, 1377, 491).

 

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Certes voire : Donques la glorieuse vierge trouva bien grace a Dieu ? Certes voire. (Mir. nonne, 1345, 315).

 

-

Certes non/nenni : Et se j'avoie L'amour de li mieus que je ne soloie, Ne say je pas, se je m'i fieroie. Certes, nennil ! Pourquoy ? Je n'oseroie. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 95). PREMIER CHEVALIER. (...) Dites le nous en audience : Espurgiez vous. LA MARQUISE. Certes, nanil, mon ami doulx, Ainçois vous di (...) Qu'a honte sui (...) A tort menée. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 162). Se je vous aim de fin loyal corage Et ay amé et ameray toudis, Et vous avés pris autre en mariage, Doy je pour ce de vous estre ensus mis, Et de tous poins en oubli ? Certes, nennil ; car puis que j'ay en mi Cuer si loyal qu'il ne saroit meffaire, Vous ne devés vo cuer de moy retraire. (MACH., L. dames, 1377, 208). Perdist il pour ce son esperance ne l'eritage de son royaulme ? Certes non. Car depuis fut il victorien en bataillez et porta paisiblement le ceptre royal par toute Escosse. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 143). Resident ilz [certains prélats] en leurs esglises ? Certes nennil, mais ilz se tendront a la court du roy (JUV. URS., Nescio, 1445, 509). ...[le meunier] osa bien [demander] a madame s'elle le tenoit pour larron. A quoy elle respondit doulcement : "Certes, musnier, nenny..." (C.N.N., c.1456-1467, 44). Je voy ung homme d'armes devant moy, qui est mon ennemy ; me dois-je enquerir qui il est ? Certes, nennyl. Les armes ennoblissent l'omme quel qu'il soit. Et moy, qui suis homme d'armes et porte armes, je dois courrir sus à tous ceux qui portent armes, s'ilz sont mes ennemiz, soit en champ de bataille ou en lisse close. (BUEIL, II, 1461-1466, 81).

 

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Certes que non : Et dont vient la loenge que l'en donna au roy David, au roy Salomon, aux empereurs Justinien et Julles Cezar ? Par leur puissance d'or ? Certes que non, ains par leur science et par leur sagesse (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 4).

 

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Certes non a/non fait : Si m'ara tost mis en oubli La tres bele qu'onques n'oubli. En oubli ! Dieus ! li souvient il Que je l'aim plus qu'autre cent mil ? - Je croy qu'oïl ! - Certes, non fait. Je le voy et le sçay de fait Qu'en rien de moy ne li souvient, Quant pour li morir me couvient. (MACH., F. am., c.1361, 195). Pour ce, meffait De moy einsi deffaire, Qui son bon faire Vueil de cuer et de fait - Certes, non fait, Qu'elle ne scet meffaire. (MACH., Les lays, 1377, 324). "...je ne doubte point que vous ne leur ayez aucune chose meffait. - Non ay, certes, que je sache..." (C.N.N., c.1456-1467, 188).

 

-

Certes. "Effectivement" : LE CHEVALIER. (...) Je n'en say nul si bon eslire Comme seroit le maire, sire, De Tortevoye. L'ADVOCAT. Certes, dire aussi le vouloie. Il est subtilz (Mir. enf. ress., 1353, 14). LE MARCHANT. Ai je chapel ? LE LARRON. Oil, par foy. Taste en ta teste. LE MARCHANT. Certes, c'est voir, gent et honneste. (Mir. march. larr., c.1349, 107).

B. -

[Avec valeur concessive]

 

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"Je le concède" : Or as satisfation de ton doubte, et plaindras desormaiz mains l'oprobre et la vexation du clergié, se tu poises bien que la dignité de l'estat fait la crainte de l'offence. Car a ce mesmes propos, je dy au contraire de la crainte que Dieu a defendu de toucher a ses ministres : certez, qui abuse de son previliege, il le pert, et qui se transporte en aucune apostasie ou irregularité, il est de ministration ecclesiastique et de tout son previliege privé. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 59).

 

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"Pourtant" : L'ABBESSE. (...) Car long temps a que n'oy repos Pour penser conment mon propos Je te diroie. LE CLERC. Certes, ma dame, si j'osoye, Responce ariez sanz respit (Mir. abbeesse, 1340, 70). ...pensez vous que je n'aye point esté amoureux ? Certes je sçay bien que c'est, car j'ay passé par la, comme vous. (C.N.N., c.1456-1467, 176).

 

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Non pas certes. "Pas même" : Car Jason ne fist onques chose, Ny Hercules, ne roy Artus, Non pas certes le dieu Bacus Qui fist mainte fiere merveille, Que je voulsisse la pareille Faire pour laissier mes brebiz (Gris., 1395, 47).

 

-

Certes...et toutefois : Je considere certes que depuis l'ancommancement de nostre sermonlt maintes choses a proposés que estient veux adversaires a bonne dillection ; et toutevoiz par elle n'est point reprovee mais plus aprovee la vertu de dilleccion. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 289).

II. -

Loc. adv. À certes/acertes/pour certes

A. -

"Véritablement, vraiment, pleinement" : Pur quoi, très cher cousin, je vous prie et acertes come plus puis (...) que hastivement, ces lettres veues, vous bous voillez traire ès ditz lieux de Guynes ou de Calais (Doc. 1354-1355. In : R. Delachenal, Bibl. Éc. Chartes 61, 1900, 273). Vous racontez Les haulx plaisirs, la joye et les bontez Ou jeune cuer est par Amours montez, Mais les douleurs ne les maulx ne comptez Dont tant y a Que oncq homme qui en amours se lÿa, Et qui souffert a certes les y a, En sa vie puis ne les oublÿa (CHART., D. Fort., 1412-1413, 179). Belle cousine, nous ne refuserons pas ce bel present et vous en mercions tres à certes (Cleriadus Z., c.1440-1444, 502). ...pouvre glorïeux couart, Il est bien glorïeux a certes, Il semble ung droit varlet de cartes. (P. Jouh. D.R., a.1488, 17). Pour en parler plainement et a certes (LA VIGNE, V.N., p.1495, 164). Helas ! tu l'es allé tuer, Tu l'as mys a mort sans desserte, Pourtant qu'il te tenoit a serte Soubz luy en te faisant honneur. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 195).

 

-

[Comme adv. de phrase] : Adecertes, Qui la doulceur ne congnoistra Des choses qui sont ne pourra La verité (...) apprendre (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 254). Ne pourent onc déterminer, Sentir bien ne ymaginer Du tout causes qui soient clères De telz effectz et telz matières, Desquelz aucuns sont par Nature, Et autres sourdent d'aventure Et appièrent mainte saison, Dont accertes bonne raison Ne peut proprement estre dicte (LA HAYE, P. peste, 1426, 18).

 

-

[Dans une interrogative] : Maistresse, congnoissez vous point A certes, ne savez de fait Aux signes que ma fille fait Qu'elle veult dire ? (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 59).

 

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Tout à certes : Et la sont chevaliers qui painnent Des dames fort esbanoiier, De jouster et de tournoiier Sur les camps, saciés tout a certes, A qui que en soient les pertes. (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 256). Sarrazin, je voy tout asert Que trocymant estes appert Et hardy et saige parlier (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 18). Li rois, nostres sires, est enfourmés moult avant et tout acertes de mesire Robert d'Artois, qui pour le present se tient et demeure dalés le roi en Engleterre, que de la couronne de France et de l'iretage, il deveroit estre escauciers, qui droit et raison li feroit. (FROISS., Chron. D., p.1400, 247).

 

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Très à certes : Prenons plaisir en Dieu et tres a certes Esjouyssons (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 89).

 

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À de certes : Adecertes [l. À de certes], Qui la doulceur ne congnoistra Des choses qui sont ne pourra La verité (...) apprendre (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 254).

B. -

"Fermement, fortement"

 

-

[Avec un verbe marquant l'ordre ou la requête] "Instamment" : Mon doulz cuer et ma tresdouce amour, je vous pri si acertes comme je puis, pour garder le bien et la paix de vous et de moi, car toute yre et tous courrous, tous escrips et toutes paroles qui ont esté dittes et escriptes entre vous et moi, dont nos cuers peulent estre et ont été coureciés, soient toutes mises en oubli... (MACH., Voir, 1364, 738). Quant il ot dit sa volenté Et chascuns l'ot bien escouté, Li sains peres au roy pria Moult à certes et dit li a Qu'il li vueille tout pardonner De cuer, et sa grace donner, Car il voit bien qu'il s'en repent (MACH., P. Alex., p.1369, 244). Si estïons d'accort chascun, Et tres a certes vous prïons Tant chierement com nous povons (Gris., 1395, 10). Vous priiés si acertes que je ne vous ose escondire le don que vous me demandés (FROISS., Chron. D., p.1400, 848). ...par la requeste et à la faveur du Roy de France, qui bien acertes en requist à la duchesse de Bourgoingne, (...) vindrent et se conclurrent de faire traictié final et amiable l'ung aveuc l'autre, par le moien duquel ladicte duchesse accorda et promist de le faire ratiffier à son dit seigneur et mary (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1461-14, 47). ...eulx requerant bien acertes de avoir leurs secours (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1461-14, 102).

 

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Bien à certes : ...chargeant a chacun par expres et bien acertes qu'il ne faille pas a son heure assignée. [Une femme donne deux rendez-vous successifs à ses deux amants] (C.N.N., c.1456-1467, 241).

 

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Très à certes : ...nous vous prions et tres acertes requerons que vous lisiez ou faictes lire et publier une ou pluseurs foiz ces presentes en la Chambre dudit Parlement (BAYE, I, 1400-1410, 36). ...je lui priay et requis tres adcertes qu'il me donnast congié de venir en cestuy païs (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 671).

 

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Dire à certes que. "Dire avec force que" : Et certes Tenez que je di tout acertes Que ami ja clamé ne m'eüst, S'Amours ad ce ne la meüst. (MACH., Voir, 1364, 60). Mon seigneur, autresfoiz t'ay dit Et encores a certes dy Que nulle chose, quant a my, Je ne vueil ne je ne desvueil, Fors que ton plaisir et ton vueil. (Gris., 1395, 63).

 

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[Avec un verbe impliquant la force ou la violence] : Or se garde ses anemis, Car il vorra jouster acertes, A qui que en soient les pertes. (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 55). ...sy luy fu rendu chaudement du conte d'Artois qui le fery de l'espee sy adcertes que mort l'eust jetté a terre sans remedre quant il se couvry de son escu et bon besoing lui fu, pour ce qu'il le coppa en deux partiez. (Comte Artois S., c.1453-1467, 6).

 

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Si à certes...que. "Si fortement...que" : Et en est son pere le roy Acrisius si adcertes feru de jallousie que s'il vous sçavoit a nous arresté, il vous envoyeroit destruire. (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 191).

C. -

"Sérieusement, pour de bon"

 

1.

"Sérieusement" : LE VALLET. Est ce ore, a certes, par ta foy ? (Mir. enf. ress., 1353, 19). Nous ouons bien ce que tu diz ; Je ne scé se le diz a certes Ou pour auoir plus grans dessertes De nostre mére. (Mir. ste Bauth., c.1376, 123). Mesires Joffrois afremoit les coses si acertes que il en fu creus. (FROISS., Chron. D., p.1400, 862). Ne pourent onc déterminer, Sentir bien ne ymaginer Du tout causes qui soient clères De telz effectz et telz matières, Desquelz aucuns sont par Nature, Et autres sourdent d'aventure Et appièrent mainte saison, Dont accertes bonne raison Ne peut proprement estre dicte (LA HAYE, P. peste, 1426, 18). A, ribault, l'as tu dit a certe ? (Pac. Job M., c.1448-1478, 190). ...et ne faisoit riens a certes ou par gieu que le phisicien de sa voix ne feust present (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 118). Et quant ceulx veirent que c'estoit a certes et que deffendre kes convenoit ou morir... (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 628).

 

-

[P. oppos. à jeu] : Le premier membre dit que vous soiez obeissant : qui est entendu a lui [à votre mari] et a ses commandemens quelz qu'ilz soient, supposé que les commandemens soient faiz a certes ou par jeu (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 70). Je suis ung gent archier courtois et actrayant Qui ay nom Regart, avecques Beau Semblant, Servans a tirer trait partant de rïans yeulx. Se garde qui vouldra, soit a certes ou jeulx, Car aucun a mercy de par moy on n'y prent, Ne pouvre ne riche, jeunes aussi ne vieulx (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 175).

 

-

[P. oppos. à gab, gap, gaber] : ...ou soit a certes ou a gas, Faire t'estuet ce qu'il feront. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 205). Jamais a certes ne a gas N'iert li delis au vrai retrés. (JEAN DE LE MOTE, Voie d'enfer P., 1340, 123). Mais ne cudoie pais, doulce dame de pris, Que desissiez a certe ne cez fait ne ces dis ; Car de vous cudoie estre gabés et eschernis. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 77). Car quant un chevalier requeroit a une dame aucune chose qu'elle ne voulsist pas ottroier, fust a gas ou a certes, elle respondoit en disant : "Sire chevalier, depourtés vous de celle requeste qu'on ne vous apprende a filler !" (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 385). Briefment, ceste partie [de la mutation de l'air] est la plus naturelle et la plus vraie de toutes les autres se elle estoit bien sceue, qui bien a certes s'y vouldroit appliquer, pour ce que les impressions dessus dictes ne sont de riens subgettes a nostre liberté ne a la voulenté franche (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 25).

 

-

Bien à certes : Briefment, ceste partie [de la mutation de l'air] est la plus naturelle et la plus vraie de toutes les autres se elle estoit bien sceue, qui bien a certes s'y vouldroit appliquer, pour ce que les impressions dessus dictes ne sont de riens subgettes a nostre liberté ne a la voulenté franche (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 25).

 

-

Tout à certes : Quant li rois le veï, qui estoit en sa merancolie et irour par l'informacion dessus dite, si li dist tout à certes : "Oncles, oncles de Lancastre, vous ne venrés pas encores à vostre entente." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 273). Lors tout-à-certes lui chut la tristeur en son âme et lui fit serrer le coeur et estraindre, et les veines remplir de mérancolie (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 273).

 

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Pour certes. "Sérieusement" : Aussi l'ame a sa vie, car Dieu est la vie de l'ame, la quele sentence un des docteurs du temps present moult griefment et vraiement pour certes, combien que ce soit par legiereté de vers et de metres, a assemblee en disant... (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 206).

 

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[Empl. subst.]

 

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À bonne certes : Or nous dix donc, a bonne certes, Comment as recovré la veue, Et comment la chose est venue ; Croire ne le puis nullement. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 128).

 

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À droites certes : Autry s'en deult et vous vous en rïez. Mais puet estre que oncq n'y fustes lïez A droittes certes, Si n'en plaigniez les douleurs ne les pertes Ne les ennuis qu'on y a sans desertes, Et bien pouez par parolles appertes En dire assez (CHART., D. Fort., 1412-1413, 179).

 

2.

"Pour de bon" : Et enmenerent, avoecques la proie, biaucop de prisonniers, qui depuis il rançonnerent bien et acertes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 347). Ilz avront tresmale semainne, Celle quocardaille de Parthe ! Ilz seront galez, tout acerte, Sy bien qu'i n'y avra que dire, Puisque l'empereur nostre sire Leur court sus par tresgrant fureur. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 55). ...quand elle vit que c'estoit, acertes se despoillerent et entrerent tous deux ou lit, car ilz firent armes en sacrifiant au dieu d'Amours (C.N.N., c.1456-1467, 391).

 

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C'est à certes. "C'est tout à fait sérieux" : ...je cuidai, se Dieus m'onneure, Que li cuers me deüst partir. Car je vi de moy departir Ses trés dous yeus, et autre part Traire et lancier leur dous espart ; Et ne sceus se ce fu a certes ; Mais j'en fui près de morir, certes (MACH., R. Fort., c.1341, 152). Dedens mon cuer ne demouroit Pour la doubte qui l'acouroit. Lors fu en grant merencolie Comme cils qui pense et colie, Contrepense, estudie et muse, S'a certes estoit, ou par ruse, Ou se ses cuers einsi plaier Me voloit, pour moy essaier. (MACH., R. Fort., c.1341, 153). Quant les Compagnes veirent que c'estoit à certes et que combattre les couvenoit ou morir à honte, si descendirent tantost jus de leurs chevaus. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 224). Et ce que vous di c'est acertes. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 274). Or regardez, beau pere, dist lors la bonne femme, vous voiez bien que c'est a certes quand de rechef a moy s'est apparu l'angel. (C.N.N., c.1456-1467, 102).

 

-

C'est tout à certes : ...car c'est tout acertes que il se deslogent pour celle saison. (FROISS., Chron. D., p.1400, 750).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

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