C.N.R.S.
 
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     BOURDER     
FEW I *borda
BOURDER, verbe
[T-L : border2 ; GDC : border1 ; AND : bourder2 ; FEW I, 440b : *borda ; TLF : IV, 813a : bourde1 (bourder)]

I. -

Empl. intrans.

A. -

"Dire des plaisanteries (avec une idée plus ou moins nette de tromperie), plaisanter" : Pensons de bourder et de rire Pour nous esbatre. (Mir. emp. Julien, 1351, 180). Et certes, si bonne et si sage Est ma dame, qu'a mon visage Sceüst tantost se je bourdasse, Ja si bien ne li coulourasse. (MACH., R. Fort., c.1341, 27). Ensi en genglant et en bourdant, il les tint tant que li embusche sailli hors armé si bien que riens n'i falloit. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 79). Si me mis avant Par maintes fois, quant Vers vous esbatant, Juant et bourdant, On se pouoit traire (MACH., Les lays, 1377, 469). Quant fut près de luy, il enquist comment la riviere avoit passee ; luy dit : "Par le pont. - C'est bien bourdé", dist Bernard, "en toute la riviere n'a ung seul pont." (Nouvelles inéd. L., p.1452, 47). Paix, vous ne faictes que bourder, Vous estes, a ce que je sens, Ivres par trop fort gourmander, Dervéz, rabis ou hors du sens. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 180).

 

-

Bourder à qqn. "Plaisanter avec qqn" : Une fois, estoit en recreation li princes de Galles en sa cambre, en le cité d'Angouloime, avoech pluiseurs chevaliers de Gascongne, de Poito et d'Engleterre ; et bourdoit à yaus et yaus à lui de ce voiage d'Espagne. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 218).

 

-

Bourder de qqc. "Plaisanter de qqc." : Et me semble que chil baron d'Escoce leur dissent, et aucun chevalier autre, ensi que on bourde et langage d'armes ensamble : "Signeur, vous avés veu la manière et condicion de nostre païs, mais vous n'avés pas veu toute la poissance." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 176).

B. -

"Dire des mensonges, tromper (sous des airs de plaisanterie)" : ...Car Dieu ne fist oncques pechié, Ne Dieu pechié ne consenty, Ne ne boudda ne ne menty (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 73). Mes defautes n'y entrent ja sans grant estour, si ne soient coloree ensi qe jeo ne les puisse mye bien conoistre : c'est de flaiteries, de mensoignes, ou en bourdant ou truflant (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 9). Je vous di pour certain sans en avoir bourdé Que... (Cip. Vignevaux W., p.1400, 163). T'as bourdé Faussement, tu n'es qu'ung menteur (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 239). Trahir, mentir, faindre, bourder Sont les engins, les croqs, les haims Dont tout amant se doit bourder (MARTIN LE FRANC, Champion dames III, F., 1440-1442, 22). Et pour mentir a plaine gorge, Autant que ung vieux souflet de forge, Mentés, bourdés, sans dire voir ; Qui ne vous croit, s'y voize voir. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 783).

 

-

Qui que te bourde. "Quelles que soient par ailleurs les tromperies dont tu peux être l'objet" : Je te di voir, qui que te bourde, Et t'amentoy ce qu'on doit faire, Car je ne me puis des bons taire. (MACH., C. ami, 1357, 117).

 

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"Tromper par flatterie" : Par laquelle bellecte, assez luxurieuse, puent estre entendues les flateresses des dames et les vieilles maquerelles qui scevent bien oindre et lechier des dames les mamelles, c'est la beaulte de leur corps flactant, bourdant et leur vil office faisant et a luxure semonnant. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 314).

C. -

P. ext. "Bavarder, badiner" : S'avint qu'ens ou coeur de l'yver, Es longues nuis aprez soupper, Qu'on a assez temps de bourder, De juer et de faire huiseuses Par parolles sy gracieuses Ly demanda en son riant S'il avoit eü nul enffant... (Dit prunier B., c.1330-1350, 45).

 

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[D'une femme] "Badiner, prendre du bon temps (aux dépens du mari)" : Ainsy ne fait pas a blasmer Jalousye, mais qu'elle sourde De bien et loialment amer Et que trop on ne s'y alourde. Mais se mettre en une couhourde Ou se bouter en ung baril Et cuidier que sa femme bourde, Vela le dangereux peril. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 233).

 

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Bourder à qqn : Compains, dist il, ne vous anuit S'un petïot a vous je bourde ? (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 307).

II. -

Empl. pronom. "Plaisanter, se moquer" : Lors saras tu se je me bourde ! (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 187). COLIN. A ! voire, c'est un don de faucon Ou d'espervier, s'il vous duyt mieulx. LA FEMME. Vous bourdez-vous ? (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 131). Je cognois tresbien a ta chiere Genis que tu pas ne te bordes (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 70).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin / Pierre Cromer

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