C.N.R.S.
 
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     BLÉ     
FEW XV-1 *blad
BLÉ, subst. masc.
[T-L : blé ; GDC : blet1 ; AND : blé ; DÉCT : blé ; FEW XV-1, 126b : *blad ; TLF : IV, 577a : blé]

A. -

"Céréale (plante) ; en partic., blé" : Et trouverent auqunes petites compagnes de bleds et de prees et la se logierent toute li hoos. (FROISS., Chron. D., p.1400, 138). Si se loga toute li hoos celle nuit en une belle compagne de bleds, et fu li rois logiés en une abbeie que on clainme ou pais le clostre Saint Piere, et est de blans monnes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 140). Avec ce, quant les blefs seront sur le meurir des le moys de may, n'attendra pas la chierté, ains baillera son aoust a soier a compaignons bons, fors et diligens, et a ceulx marchandera a argent ou a blef. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 154). Li bleds et les avainnes as camps conmençoient a meurer, et li fain estoient fené et les auquns a fener, et c'est li temps que les gens d'armes demandent pour euls et pour lors cevaus. (FROISS., Chron. D., p.1400, 416). ...et mener leurs chevaux paistre ès blez aux pleins champs (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1425-1440, 53). Et, depuis ledit partement desdiz Bourguignons, ilz s'en alerent boutans les feux es blez et es villages partout où ilz passoient (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 281). ...après qu'il eut veu l'experience de la rane verte, laquelle il mist en ung pot neuf et l'en sepultura en my les terres à blef, lesquelles il recite au moïen d'icelle estre exemptées à tempestes et noximens de l'air. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 64 r°). Cestui predist la grieve pestillence des bestes et la corrupcion des blez pour les grandes pluies qui furent en ce temps. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 113 v°).

 

Rem. Il est difficile, dans les ex., de faire le départ entre la signification générale et la signification particulière ; de même sous B et C.

 

-

Battre le blé : Et comme dist saint Pol en la premiere Epitre aux Corinthiens ou .IXe. chapitre : «Chilz qui labeure la terre doit labourer en esperanche, et chilz qui bat le blé en esperance d'avoir fruit». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 87).

 

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Loc. Battre blé en autrui grange. "Commettre l'adultère avec une femme mariée" : ...que nulz ne preigne Fornicacion ne ne tiengne Concubine ne femme estrange, Ne bate blef en aultrui grange, Car ce seroit pechiez mortés. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 38).

 

-

Casser le blé. "Battre le blé" : Item, chascun d'iceulx puet prendre cinq perques à cheval de mort boiz par an pour casser leurs bléz, livrés par le sergent du lieu (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 58).

 

-

Scier (les) blés. "Faucher les blés" : Nuls ne faisoit les chans arer, Les blez soier, ne vignes faire (MACH., J. R. Nav., 1349, 151). ...quant audit or sur lui trouvé, dist qu'il l'a gaigné à soyer blez en cest aoust present, avec et en l'ostel sire Jaques Lempereur, estant assiz à Foirez, prez de Laigny (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 365). Et aprés, quant celle semence fu parcreue et moutepliee, monstra comment ilz soyeroyent les blefs et, par batre de fleaulx, les osteroyent des espis. (CHR. PIZ., Cité dames C., c.1404-1407, 744). ...tous ceulx qui demeurent en icelle ville me doyent, chascun an, une journée à fenner, une journée à soyer mes blefs. (Trés. Reth. S.L., t.2, 1409, 587). ...ilz laisserent leurs maisons et apporterent leurs biens es bonnes villes, et soierent leurs blez avant qu'ilz fussent meurs (Journal bourgeois Paris T., 1429, 242).

 

.

Quand les blés sont bien drus, il y faut besogner : Car ly laboureus dient souvent en reprouchier Quant les blés sont bien druz, il y faut besongner. (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 468).

B. -

P. méton.

 

1.

"Champ de céréales ; en partic. de blé" : Le lieu ou la vigne est plantee est appellé vigne, si comme dit Papie, aussi comme le lieu ou le blé est semé est appellé blé. (CORBECHON, Propr. choses H., 1372, 57). Et quant ledit de Conteville le vit venir vers lui, pour ce qu'il doubtoit que ce ne feust ung commissere, icellui de Conteville gecta icellui sel dedans ung blé. (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1426, 372). ...Jehan, perdrieux, chassoit aux perdrix celuy VIe jour dudit moys en l'oree d'ung blé, et au joignant avoit sept hommes qui labouroient, et furent prins tous sept ovecques luy desdiz Escossays, lesqueulx Escossays avoient nagueres esté destroussez illecques aupres de brigans. (Mir. ste Cath. Fierbois C., 1470-1483, 49). ...En ung blé verd ou je passoye Mon chien rencontra d'une beste (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 27).

 

-

Au plur. : ...par les champs les bestes mues Gisoient toutes esperdues, Es blez et es vignes paissoient (MACH., J. R. Nav., 1349, 151). Pour faire sur table vin blanc devenir vermeil, prenez en esté des fleurs vermeilles qui croissent en blefz que l'en appelle perseau ou neelle ou passe rose, et les laissiez secher tant qu'elles puissent estre mises en pouldre, et en gectez secretement au voirre avec le vin et il devenra vermeil. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 271). ...et dit on que on proposoit contre eulx [les gens du village] que ilz avoient chassé ou sanglier ou cerf de leurs jardins, vignes et blefz (JUV. URS., Nescio, 1445, 521). Et, pour resister à leur artillerie, il avoit deliberé de semer parmy les champs son artillerie en petis buyssons, en bruyeres, en blez, en petis fossez et en lieu où on ne les pourroit bonnement veoir et estre si loing comme la portée de leurs bastons. (BUEIL, II, 1461-1466, 232).

 

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[Plur. interne] Uns blés : Il fist tout l'ost là endroit arrester en uns blés, pour faire leurs chevaus paistre et recengler. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 63).

 

2.

"Temps de la moisson" : ...lez dis habitans promistrent à paier au baron pour lorz des Monstierz Hubert XIX setierz et une mine d'avayne de rente et XXXVI guellinez, et avec chacune guelline II d. de rente, IX eoufs de rente avec chacune guelline ; et cent IX s. pour le garbage, avec pour chacun harnas II journeez de prierez et deux journeez de une herce, l'une à mars et l'autre à bléz (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 30).

C. -

"Céréales (grain) ; en partic. blé"

 

1.

"Grains de céréales"

 

a)

Au plur. : Ne pren de tes gens que tes rentes, Soit en blez, en cens ou en ventes, Car se tu les vues escorchier, Mieus te vaurroit estre un porchier. (MACH., C. ami, 1357, 135). Se le trouverent cras, et plentiveuse la contree de toutes coses, les gragnes plainnes de bleds, les hostels raemplis de toutes riçoises, buefs et vaces les plus cras et mieuls nouris dou monde, brebis, moutons et pors aussi. (FROISS., Chron. D., p.1400, 681). Et combien que le peuple de Paris fust grandement diminué tant par le fait des guerres comme de l'epidimie, neantmoins estoient les vivres en grant chierté à Paris, et vendoit on busche, blefs et avoines à plus hault pris que on n'avoit fait long temps par avant. (FAUQ., I, 1417-1420, 184). ...lesquelz ont esté prins par les ennemis sur quatre bateaulz, chargiez de bleds et autres marchandises, venans par la riviere de Seyne de Rouen à Paris (FAUQ., II, 1421-1430, 345). Et, se ce n'eussent esté les grandes aulmosnes et secours de ceulx qui avoient des blez, la mort y eust esté moult douloreuse. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 112). Celle treve ne se parfurnit point sans recommencer le debat, car le Roy de France avoit baillié par avant une abstinence de guerre pour recoeillier les bleds en Haynaut et en Cambresis. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 160). Les mauvais bledz sont ilz mengiez ? (Sots, c.1480-1500, 261). ...et desiroit ledit duc d'Orléans estre secouru pour ce que ses vivres appetissoient, là où il avoit esté donné mauvais ordre au commencement ; car il y en avoit assez en la ville et à l'entour, et par especial bleds (COMM., III, 1495-1498, 212). Parquoy tout incontinent le roy envoya grans foisons de vivres comme de pain, vins (...), bledz, avoyynes, foin (LA VIGNE, V.N., p.1495, 305).

 

-

[Sentence] Sans la deesse des blés et sans le dieu du vin refroide la luxure. "L'abondance de nourriture et de vin favorise la luxure" : Au contraire dist Therence : «Sans la deesse des blefs et sans le dieu du vin refroide la deesse de luxure». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 368).

 

b)

[Avec un adj.]

 

-

Blé froment : ...le sextier de blé fourment valloit à la mesure de Paris, es Halles dudit Paris, XXX frans de la monnoie qui lors couroit (Journal bourgeois Paris T., 1420, 145).

 

-

Blé seigle : ...en ce temps de l'an mil IIIIc XXXIII, coustoit le blé seigle IIII livres parisis ou plus (Journal bourgeois Paris T., 1433, 295).

 

-

Blé meteil. "Céréales mélangées (semées et récoltées ensemble)" : A Pierre Legendre (...) pour IX septiers VIII b. de blé mestail, mesure du Nuefbourg, dont le sextier fait à la mesure d'Evreux XIII b. et demi (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 78). ...la darraine sepmaine de juing, ariva de Normendie tant grant foison blé que le premier sabmedi de juillet on cria parmy Paris bon blé mectail à XXIIII solz parisis (Journal bourgeois Paris T., 1433, 295).

 

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[Même sens] Vair blé : ...deux mouys de vairs blefz par an (Trés. Reth. S.L., t.2, 1337, 37).

 

-

Blé tierçain. "Blé composé d'un tiers de froment et de deux tiers de seigle (?)" : ...Promettans en bonne foy a rendre et a paier a nostre (...) seigneur (...) le(s) sese muys troys jalois et demy de ble tierchain devant dis, et les wit muis troys jalois et demy davaine [l. d'avaine] dessus nommes (Actes Ch. Blois J. Penth. J., 1344, 80).

 

-

Blé tourte. "Céréales constituées de seigle et de froment" : Li messex de Saint Nicolas, li rentex de la Melaidere (...) hont tauxey le domaige fait ou Champ au Reciveour devers Mourmant, (...) a une amene de blef tourte. (Echevin. Dijon L., 1341, 51).

 

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Blé vairet : ...item, le tier au molin d'Escourdal, qui puet valoir par an environ XL sestiers de blés vairet, à la mesure de Launoye, dont chascun sextier puet valoir à celi, mesure sanz droit, environ II sols et demi parisis (Trés. Reth. S.L., t.2, 1348, 97).

 

-

Gros blé. "Méteil (?)" : Et oultre ont en la dicte forest, en lieu nommé la Lande Martin, toutes telles droictures et franchises comme ont les coustumiers et bourgois de Gavray leur desgrain en trois moulins de la prevosté de Gavray et sans paier moulture de leur fourment pour leur user ; et auxi ont leur desgrain es dis moulins à leur gros blé par paiant moulture. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 100). ...ce receveur soy charge de la vente des gros blez (Comptes Lamballe C.-L., 1425, 232).

 

2.

Au sing. "Grains de céréales, surtout grains de blé" : ...li blez en la terre germe (MACH., J. R. Nav., 1349, 138). J'ains miex ci estre qu'es greniers Au blé n'a l'avaine, d'assez. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 13). J'ay bien du blef en mon grenier Pour vivre jusques aux nouveaux (DESCH., M.M., c.1385-1403, 5). De l'argent fault pour le bergier, Du blef pour porter au moulin (DESCH., M.M., c.1385-1403, 62). ...et print ledit Breton, en un escrin, X frans, dont il en ot six à sa part, dont il acheta du blé pour faire des gasteaulx à la foire de Faremonstier. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 96). ...si n'ont maille, ne denier, Pain, ne vin, ne blé en guerier (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 99). Et vivoient le plus des gens d'icelui ost de fèves et de blé frotté en espy. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 92). Et selon ceste maniere raison est naturele au grain, quant il est semé a produire blé ou fourment ou aveine ou pois, et ceste maniere n'est pas miracle. (Somme abr., c.1477-1481, 163). ...et heurtèrent de la chasse dudict sainct contre une petite maison appellée la maison de la Cuillette, où l'on levoit aucunes gabelles sur le blé, pour payer aucunes debtes de la ville qu'ilz avoient faictes pour payer le duc Philippes de Bourgongne quant ilz feïrent la paix avecques luy (COMM., I, 1489-1491, 118).

 

-

Vanner le blé : Par cele giracion ceulz qui vennent le blé font venir les pierretes ou milieu du van. (ORESME, C.M., c.1377, 544). Qui vous auroit par quinze jours bernee Ou en ung van comme le ble vannee, Si esse trop quant au corps qui la porte ? (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 115).

 

-

[Utilisé pour la fabrication de la cervoise] : ...vous dites que avez grant habondance de blez et de grains. Je vous respons qu'il vous est bien mestier d'en avoir largement, car vous gastez plus blez pour faire vostre boisson, c'est assavoir voz servoises, que pour vostre mangier (Déb. hér. armes P.M., c.1454-1456, 43).

 

-

[Avec une indication de mesure, de prix...] : Miex vouldroie perdre demy Muy de mon blé que j'en parlasse Par cy que je vous encusasse. (Mir. chan., c.1361, 149). Et s'il avient qu'il la restreingne, Et que n'ait plainne auctorité, Lors dira : " Bien suy a vilté Tenue comme une servente: Je n'oseroye mettre en vente Une seule mine de blé..." (DESCH., M.M., c.1385-1403, 63). ...et prindrent cinq minoz de blé et farine, qu'ilz mistrent en deux sacs sur leurs chevaulx audit molin, que ledit serourge vendi depuis ne scet combien. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 512). ...le sextier de blé fourment valloit à la mesure de Paris, es Halles dudit Paris, XXX frans de la monnoie qui lors couroit (Journal bourgeois Paris T., 1420, 145). Item plus passé Estient Girert de Guierens XXVI asnees de blé (Journal Bellev. H.D., 1424-1425, 102). ...quelle famine ont ilz soufferte en ceste ville, ou la charge de blé a valu douze escus (JUV. URS., Loquar, 1440, 317). En ladicte année, durant le voyage de Sainct-Claude, fut le blé moult chier universellement par tout le royaulme de France, et mesmement au pays de Lyonnois, Auvergne, Bourbonnois et autres pays voisins. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 111). Jehan, mon amy, je vous cry mercy, pardonnez moy si je vous ay rien meffait, et par ma foy je vous donray six rasures de blé. (C.N.N., c.1456-1467, 290). ...le septier de blé valloit IX frans. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 156 r°).

 

-

Blé de moulure. "Quantité de blé prélevée par le seigneur comme taxe sur ceux qui font moudre à son moulin" : ...XX sextiers de blef de moleure... sur les molins de Belleval. (Trés. Reth. S.L., t.2, 1417, 541).

 

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Blé de moulin : Item, a l'y cinq masurez en ladicte ville, ou hamel dit Ysaville, qui doivent chacune deux minez d'avaine, un pain à Noël, une gueline et V eufz à Pasques, et un bouessel de blé de moulin - dont les six sont une mine - et sont quictes de pasnage pour I d., et obole de recours (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 14).

D. -

Loc.

 

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Il n'y a pas de blé là où l'herbe pousse. "Deux choses contraires ne peuvent coexister au même endroit ; on ne peut rechercher les plaisirs du monde et vouloir le paradis" : Tant comme Dieu le temps nous preste Et sommes de vie tout plains, faisons gemissemens et plains, Puis que ceste vie passable Si tost fault et ne vault pas sable, Car jamais ne dure en ung point. Le blé n'est pas ou l'erbe point. Frere, fay ce qu'escript ma penne, Et a gaingner les cieux te penne (ALECIS, ABC P.P., 1451, 46).

 

-

Manger, vendre son blé en herbe. "Manger, vendre son blé avant la moisson, dépenser, vendre à l'avance son revenu futur" : Faulte d'argent faict mengier les bleds vers. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 384). Quant quelque gouverneur Veult plus qu'il n'a despendre, Et faire du seigneur Ou qu'il se doive prendre, Il ne puet pas attendre Que le sien soit en jerbe : Tant qu'il se puet estendre, Mengu [sic] son ble en herbe. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 77). ...j'auray ma joye prochaine, Ou bien je mourray en la paine, Ne me chault de seillon ne gerbe, Plustost vendray mes bleds en herbe. (SAINT-GELAIS, Séj. honn. J., c.1490-1495, 122).

 

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Manger ses blés verts. "Manger son blé en herbe" : Or sont nos enfans mariés en aage de faire procreation de lignie, voire a moitié comme celui qui vendange sa vigne a moité meure et cuide avoir bon vin, mais quant le vin est parés il ne treuve que vernis. Quel mervaille ! il se hasta si qu'il menga ses bles vers qui onques bien ne li firent. Il ne laissa meurer le roisin et pour ce l'emprist. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 249).

 

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Mettre sa faux/sa faucille en autrui blé. "Empiéter sur les droits et prérogatives d'autrui" : ...quant le Pape fait une constitucion qui touche la temporalité, c'est s'entente que elle ait lieu entre sez subjés de son patrimoyne et si ne veult mie mettre sa faussille ou blé d'autruy ne usurper autruy juridiction (Songe verg. S., t.2, 1378, 209). Chascuns a sa juridicion, Son degré, sa subjection, Et ce dont se doit entremettre Sanz sa faulx en autrui blef mettre, C'est a dire sanz entreprandre Sur l'estat de l'autre ne tendre A aler ou pas ne lui loist. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 298).

 

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Prov.

 

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En champ d'autrui le blé semble meilleur : Se mon affaire vous estoit bien congneu, Vous jugeriés autrement, j'en suis seur ; Mais il advient, et souvent on l'a veu, Qu'en champ d'autrui le blé semble meilleur. (GAGUIN, Déb. labour. T., c.1480, 358).

 

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Le blé n'est pas où l'herbe point. : Tant comme Dieu le temps nous preste Et sommes de vie tous plains, Faisons gemissemens et plains, Puis que ceste vie passable Si tost fault et ne vault pas sable, Car jamais ne dure en un point. Le blé n'est pas ou l'erbe point. Frere, fay ce qu'escript ma penne Et a gaingnier les cieux te penne (ALECIS, ABC P.P., 1451, 46).

E. -

Muse de blé. "Chalumeau à anche de paille" : Et le grant cornet d'Alemaingne, Flajos de saus, fistule, pipe, Muse d'Aussay, trompe petite, Buisines, eles, monocorde Ou il n'a c'une seule corde, Et muse de blef tout ensemble. (MACH., R. Fort., c.1341, 146). Guigues, rotes, harpes, chevrettes, Cornemuses et chalemelles, Muses d'Aussay, riches et belles, Et les fretiaus, et monocorde, Qui à tous instrumens s'acorde, Muse de blé, qu'on prent en terre, Trepié, l'eschaquier d'Engletere, Chifonie, flaios de saus. (MACH., P. Alex., p.1369, 36).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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