C.N.R.S.
 
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     BISTOURNER     
FEW XIII-2 69a tornare
BESTOURNER, verbe
[T-L : bestorner ; GD : bestorner ; AND : bestorner ; DÉCT : bestorner ; FEW XIII-2, 69a : tornare ; TLF : IV, 545a : bistourner]

I. -

Empl. trans. Bestourner qqn ou qqc.

A. -

Au propre

 

1.

"Retourner, tourner à l'envers" : La gent ce devant derriere Bestourne, et endosser le roy Leur fas pour tourner devers moi (GUILL. DIGULL., Livre pèler. vie hum. E.M., 1355, 1016).

 

-

Part. passé en empl. adj. : Mez moy, qui doy aler au ciel Et m'ame rendre a saint Michiel, Doy mourir en crois bestournee, La face vers le ciel tournee, En hault les piez, en bas les mains. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 148).

 

.

Arbre bestourné : Et sachiez, mes tres doulz amis, que homme est une arbre bestournee ; c'est à dire l'escot (...) et les racines duquelle sont verseez contremont et la summité avec les rainsiaux en aval (Man. lang. G., 1396, 45).

 

Rem. Cf. AND, s.v. bestorner (même ex.).

 

2.

"Détourner, dévier" : Je m'an voix fuyant a Tudelle, Tout droit au prince Josaphas, Qu'il vienne, et qu'il ne tarde pas, Au riche roy bien coronné. Je ne suis pas trop bestourné, Parduc n'ay pas ma saisom. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 105).

B. -

P. anal.

 

1.

"Mutiler, estropier, altérer" : Si te pri que tu le destournes A tel fin que tu le retournes Des dolours ou il est tournez, Car il est forment bestournez. (MACH., D. Aler., a.1349, 291). Et de ceulx, dit uns appellez Gervaise, que les luitons vont de nuit et entrent dedens les maisons sans les huys rompre ne ouvrir, et ostent les enfans des berceulx et bestournent les membres ou les ardent. Et, au departir, les laissent aussi sains comme devant, et a aucuns donnent grant eur en ce monde. (ARRAS, c.1392-1393, 3).

 

2.

"Bouleverser, mettre sens dessus dessous" : Lucifer, quil t'a fait ce faire, Quil te fait penser tel malice, Cy grant orgueul, cy malvoix vice ? Je t'avoie fait par mon signe Plux que nul autre ange digne Et plux cler que l'aube journee, Et tu as ma court bestournee Et t'es sur mon throne eslevéz Par orgueul dont tu es grevéz. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 9).

C. -

Au fig.

 

1.

"Changer le cours habituel de qqc." : Nous sommes si mal atournées Et les choses si bestournées Sont que nostre plus grant maistresse Est grosse d'enfant (Mir. abbeesse, 1340, 78). Car de ce n'est il mie doubte que il [Dieu] qui est tout puissant peut l'ordre de Nature bestourner et oster et y mettre tout a sa voulenté. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 38).

 

2.

"Changer en mal, corrompre, altérer" : Cilz doulz pensers à vous amer m'atourne Tres loyaument, et je aussi m'i atour ; Mais mon desir mon memoire bestourne, Dont maintes fois de la gent me destour. (MACH., L. dames, 1377, 212). Quar nous veons visiblement que justice est ensevelie, et lez loys natureles, divines, canoniques et civiles, et generaulment toute bone policie, sont contre raison et nature bestornees. (Songe verg. S., t.1, 1378, 13). Je parle des mauvaiz, et selon ce que j'ay ouy dire a ung des plus grans de France, que par aucuns telz estoit betourné tout ce qui avoit esté bien advisé et delibéré ou grant conseil. (GERS., Noël, p.1404, 311).

 

-

Bestourner le sens : Einsi pense, muse et tournoie, Mais il couvient qu'a ce tour noie Les ydoles qui bestourné Ont son scens et si mal tourné Que ja sans mort n'en tournera, Se sa pais a ce tour ne ra. (MACH., C. ami, 1357, 51). ...mais se discretement il n'en prent [du vin], et que gloutement et au delit, plus que raison, de son corps, il lui bestourne le sens et le ramaine comme a nature de beste (Bouciquaut L., 1406-1409, 31).

 

3.

"Retourner, subvertir qqn" : Mais celui doit estre maudit Qui les hommes ainsi bestourne Qu'a croire en un Dieu les atourne, Qui tant par ce monde courut Qu'avecques deux larrons morut. (Mir. st Panth., 1364, 349).

II. -

Empl. intrans. ou pronom.

A. -

"Se mettre à l'envers, se renverser, se tourner du tout au tout"

 

1.

[D'une pers.] : La fu li chetis si estrains, Si tourmentez et si destrains, Qu'il savoit bien qu'il avoit tort. La se bestourne et se detort, Si que les quatre mons escrosle Dont li rois d'enfer de ce crosle Ot tel paour que tout en l'eure Sus trois chevaus plus noirs que meure Yssi hors de sa mansion (MACH., C. ami, 1357, 84).

 

-

[De Fortune] : Car Fortune tout ce deveure, Quant elle tourne, Qui n'atent mie qu'il adjourne Pour tourner ; qu'elle ne sejourne, Eins tourne, retourne et bestourne, Tant qu'au desseure Mest celui qui gist mas en l'ourne ; Le sormonté au bas retourne, Et le plus joieus mat et mourne Fait en po d'eure. (MACH., R. Fort., c.1341, 33). Ainsi chacun leur courra seure De fait et de parolle, en l'eure Que Fortune la bestournee Sera du tout sur eulx tournee. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 89).

 

2.

[D'une chose] : Li roys en son païs retourne ; Sa nef se trestourne et bestourne, Car une tempeste leva, Si grant que ci ne là ne va Qu'il ne cuide qu'elle s'affonde Ou fons de haute mer parfonde. (MACH., P. Alex., p.1369, 110).

B. -

Au fig.

 

1.

[D'une pers.]

 

a)

"Se détourner, s'éloigner" : Mes le bom saint Sebastient, Comme tresparfet crestïent, Quant le veoit de bom corage, Le reconfortoit comme sage, Et en fit plusseurs retourner Qui en la foy vouloient betourner Par sa benigne predicacion Et piteuse admonicion. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 11).

 

b)

[D'une pers., d'un aspect de la pers.] "Changer complètement" : Mais pour ce qu'elle ne sejourne, Eins se change, mue et bestourne En fait, en dit, en renommée, Est elle Fortune nommée. (MACH., R. Fort., c.1341, 93). Car deus choses font bestourner Le scens et müer en folour : Ce sont grant joie et grant dolour. (MACH., R. Fort., c.1341, 110).

 

2.

[D'une chose] "Tourner mal" : Car je doubt, s'il en est renom, Que mon affaire ne bestourne Et qu'il faille que me destourne. (Mir. Berthe, c.1373, 196).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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