C.N.R.S.
 
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     BIENFAIT     
FEW III facere
BIENFAIT, subst. masc.
[T-L : bienfait ; GD : bienfait ; GDC : bienfait ; FEW III, 352a : facere ; TLF : IV, 480b : bienfait]

A. -

"Action louable, méritoire, en partic. acte de vaillance" : Et, quant ilz eurent tous ensemble ramenteu les biensfaiz du tournay, de ceulx qui y estoient, ilz dirent tous ensemble que encores, par dessus tous et sans nulle comparoison de bien faire, le roy Cleriadus si passoit tout et tous se accorderent à lui donner los et pris. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 671). ...vous seriez pieça chevalier, dont par ainssy voz bienfais en armes vous y seroient contez. (LA SALE, J.S. E., 1456, 291).

B. -

"Action (méritoire) profitable à qqn ; ce qui est profitable à qqn"

 

1.

"Acte de générosité, de bienveillance fait à qqn, bien que l'on fait à qqn, en partic. aumône" : Je te [la vierge] lo ; je te glorify ; De tout mon cuer te magnify Pour les graces et le bienfait Qu'autre foiz et ores m'as fait. (Mir. enf. ress., 1353, 73). ...quarante escuz d'or de..., c'est assavoir pour Dieu, en pure aumosne, pour estre accuilli, et ses amis et bienfaictours, as biensffaiz, aumosnes, messes, proières et oresons dudit hostel (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1362, 174). ...quar cuer has nice et rude, (...) Quant [tu] remercié ne l'as Des grans honneurs et des biens fais Qui par elle t'ont esté fais. (MACH., Voir, 1364, 220). Chascuns le sien amonnestoit De bien faire ; et mestiers estoit, Car qui là vaillans ne sera Jamais honneur ne l'amera, Et si perdra tous les biens fais Qu'en toute sa vie ara fais. (MACH., P. Alex., p.1369, 164). Et donques l'obligacion du filz au pere ne puet estre solue ou desliee par le bienfait du filz. (ORESME, E.A.C., c.1370, 451). Si suis je norris, refais Et pourveüs Largement, et bien peüs De ses bienfais. (MACH., Les lays, 1377, 433). Je vous mercy de ce bienfait Et des autres que m'avez fait (Mir. fille roy, c.1379, 89). Et sont les jours de pardons pris pour les jours des penitences enjointes. Et pour ce c'est bien fait de baillier penitence en general, que tous ses biens fais se tournent en remission de ses pechiez (GERS., Déf., 1400, 237). Or lui a il bien desservi Ses bienfais, par tel guerredon Qu'en enfer le tira adon. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 317). [C'est Sapience qui s'adresse à Dieu] Et c'est le premier point de ma legacion, toy regracier de ce, selond nostre puissance, combien que plus grant soit le bienfait, je le confesse, que ne sont les graces et mercis possibles par nous estre rendues. (GERS., Concept., 1401, 394). ...mais je n'ay veu les biensfaiz guerredonner, ne les faultes punir (CHART., Q. inv., 1422, 43). Se la court a mescongneu tes services et lez ingratz ont oublié tes biensfaitz, que pense tu desormaiz profiter a la chose publique ne a toy mesmez, quant bienfait et malefice sont tout en ung compte (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 7). Avez vous bien usé de ceste haulte prosperité ? Voz predecesseurs si l'aquistrent par l'excercite de bonnez oeuvres et par usage vertueux, et lez successeurs le perdent par non challance de bien faiz et par abusion de puissance. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 66). Et puis après, le duc d'Alençon, pour bien le remunerer de toutes ses graces et biensfaiz, bailla ou offrit bailler toutes ses villes et pays ausdiz Bretons et à monseigneur Charles, contre la voulenté du roy et à sa grant desplaisance. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 189). ...et souventeffois [par sieuvir la court] pour tous services et bienfais [peut on estre] en la fin desherité, quant on ne s'i scet conduire eet qu'on vuelt plus faire et plus entreprendre qu'il n'appartient (BUEIL, I, 1461-1466, 54). ...gens de finance, tresoriers generaulx et tous officiers des aydes, qui ont gaiges et bienfaitz du roy bien excessifs. (JUV. URS., D. Tours, 1468, 447). Toutefoiz des biensfaiz, louenge à Dieu ! et des faultes, nous lui supplions et requerons vray pardon et mercy (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 283).

 

-

Prov. : ...Jamais bienfait ne se pert en nul sens Mais quelque foiz sur son maistre redonde. (CHART., B. Nobles, c.1424, 406). Mais d'une chose me reconforte, que nul bienfait ne fut onques perdu, et pour ce me suis appensee que vraiement il vous fault estre comme vos predecesseurs ont esté (LA SALE, J.S., 1456, 187). Inguerdonné jamais n'est ung bienfait Ne le malfait n'est jamais impugny. (LA VIGNE, S.M., 1496, 209).

 

-

Mettre en bienfait. "Convertir en oeuvre charitable (une portion d'héritage assignée par un testament)" : Tout homme soit noble ou coustumier peut ordonner et retenir par son testament tous ses meubles et les fruiz de tous ses heritaiges jusques à trois ans, pour estre mis en bienfait pour luy, sans ce que ses heritiers le puissent empescher. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1464, 222).

 

2.

"Ce qui est profitable à qqn, profit, avantage" : ...Par quelque don, Dont ja n'ara bienfait ne guerredon. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 188).

 

3.

"Effet favorable de qqc." : Si l'en mercy com ses loyaus amis. Et c'est raisons, que j'ay si grant bienfait De son regart, que son cuer me presente, Qu'enamourer mon loyal cuer en fait, Muer, fremir, quant elle m'est presente. (MACH., L. dames, 1377, 114).

C. -

P. méton.

 

1.

"Bienfaisance, générosité" : ...et [Geoffroy] fait a toute la mesnie de leans apporter fuerre et busche, et le fait getter avec les moynes, et jure Dieu qu'il les ardra tous la dedens. Lors vindrent avant les dix chevaliers qui moult le blasmerent et dirent que Fromont estoit en bon propos, et que encores par son bien fait et par sa priere il povoit faire grant allegement aux ames de ses amis. (ARRAS, c.1392-1393, 251). Onques n'ot entente ne cure A nul delit ou qu'elle [Griseldis] alast, Que rien n'estoit que tant amast Que simplesce et humilité ; Pour quoy Dieu, qui est Verité Haultement l'a guerredonnee, Et l'a dessuz nous couronnee, Vueillant lui son bienfait merir. (Gris., 1395, 40). Vertu et aussi bienfait sont de telle nature que, tant plus homme les poursieut et s'i mect avant, tant plus attrait son couraige à perseverer tousjours de bien en mieux. (BUEIL, I, 1461-1466, 60).

 

2.

DR. FÉOD. "Portion d'héritage laissée en usufruit par l'aîné à ses cadets dans les biens paternels et maternels" : Si enfanz de gentil homme puisnez demandent partie de la terre à leur père et il soit mort, leur frère ainsné leur doit faire partie d'icelle terre ; c'est à savoir la tierce partie de toute la terre leur père, qui est appellée bienfait. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1385, 183).

 

-

Droit de bienfait : ...ledict Gilles de Bretaigne n'avoit ne tenoit au temps de son trépas aucunes hérittages et se aucun droit avoit à y en tenir, c'estoit seullement en droit de bienfait, comme juveigneur (Cartul. Laval B., t.5, 1450, 84).

 

-

Tenir en bienfait : ...car puisnez nobles ne sont point héritiers de père ne de mère ; mais tiennent en bienfait. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1411, 416).

 

Rem. Cf. J. Balon, Gd dict. de dr. du Moy. Âge, 1974, 1092, s.v. benefactum et 1130, s.v. bienfaict ; DU CANGE I, 628c, s.v. benefactum et IX, 74b.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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