C.N.R.S.
 
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     AVALER     
FEW XIV vallis
AVALER, verbe
[T-L : avaler ; GD : avaler ; GDC : avaler ; AND : avaler ; DÉCT : avaler ; FEW XIV, 140a : vallis ; TLF : III, 1034b : avaler1]

I. -

"(Faire) aller vers le bas, (faire) descendre"

A. -

Empl. intrans. ou pronom.

 

1.

Au propre

 

a)

[D'une pers. (ou d'un animal)] "Descendre" : J'ay oy ma fille parler. Seigneurs, qui pourrons avaler Pour la hors [ce puiz] mettre ? (Mir. st J. Paulu, c.1372, 143). Allerent par ceste plus basse cave, tousdiz en avallant, bien l'espace de III milles a leur semblant. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 81). ...le pis fut qu'elle demoura en chemin, sans se povoir ravoir, ne monter, ne avaler [D'une femme prisonnière de la cheminée dans laquelle elle est entrée] (C.N.N., c.1456-1467, 275).

 

-

Avaler jus (de) : Nulz n'i puet sans peril aler, S'il ne revuet jus avaler. (ACART, Prise am. H., 1332, 8). Et le Chevalier du Papegau avala jus de la montaigne (Chev. papegau H., c.1400-1500, 71).

 

-

S'avaler : Quant il [l'épervier] ot volé ça et la, Moult courtoisement s'avala, Tant qu'il fu seur l'arbre rassis Ou le jour devant avoit sis. (MACH., D. Aler., a.1349, 271). ...et, après ce, il qui parle se avala par lesdiz draps à terre, et puis porta ycelluy Andry sur ladite riviere de Saine (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 128). ...saichant les alées et entrées de l'ostel dudit Jacquemin, [il] se avala en l'ostel dudit Jaquemin par une petite fenestre ayant regart sur la rue, ouquel celier il fu par l'espace d'une heure ou environ (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 158). Après ce que le duc de Bourgongne ot prins Gransson, où il y a ville, il s'avala au long du lac de Verdon, en tirant devers Fribourg, et trouva moien d'avoir deux chasteaulx, qui sont sur les montaignes à l'entrée de Soixe (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 6). ...je me veulx devaler Et sans mot dire bellement avaller (LA VIGNE, S.M., 1496, 349).

 

.

S'avaler aval : Et lors prindrent a environner la forteresse tout le couvert d'un petit bois qui illec estoit, et vindrent a la coste de la montaigne, et s'avalerent aval en une moult belle praierie. (ARRAS, c.1392-1393, 198).

 

-

Avaler qq. part. "Descendre qq. part" : Ou temps de lors, cil qui mouroient En enfer tout droit avalloient (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 96). Mauvais, alez la ou savez, Bien savez ou devez aler, En enfer vous faust avaler, Quar se sera vostre heritaiges. Or comparerez vos oultraige[s], Et voz bobans et voz grans aaises (Jour Jug. R., c.1380-1400, 253). ...une cliquette en l'uis par quoy l'en avalle ou gardin de la vicairerie (Comptes Archev. Rouen J., 1399-1400, 49). Amour (...) De l'air en son hourt avalla Et seoir en son siege alla (TAILLEV., Deb. cuer ueil D., c.1444, 210).

 

-

S'avaler qq. part : ...en infier, ou tel val a, Pour Proserpine il s'avala. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 159). Les ungs s'avallent en celliers, Les autres montent en poulliers (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 728).

 

.

S'avaler en bas : Adont ilz s'adviserent que les sept roynes s'avalleroient premierement embas (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 154).

 

-

Avaler de qq. part. "Descendre de qq. part" : Et lors se part Gieffroy, et l'espie va devant, et appercoit les Sarrasins qui avaloient d'un tertre. (ARRAS, c.1392-1393, 225).

 

.

Avaler aval de : Et tuit li autres ensement De la tour aval avalerent, Et puis sus leurs chevaus monterent (MACH., P. Alex., p.1369, 97).

 

.

S'avaler de qq. part : Chascun des gardes s'avala De la tour et souper alerent (Vie st Evroul S., c.1350, 111).

 

.

S'avaler jus de : ...fu si tres grant famine que les gens estoient contrains par rage de fain de eulx avaler par nuit a cordes jus des murs de la ville et eulx aler rendre aux Turcs (Bouciquaut L., 1406-1409, 152).

 

-

Part. prés. en empl. subst. Avalant. "Celui qui descend" : Mais des montans y a grant presse Et d'avalens a grant destresse (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 125).

 

b)

[D'une chose] "Descendre" : ...dont avalent les humeurs es piez (Chir. chevaux P., c.1325-1350, 400). Si qu'adont la froide rousée Est seur mon visage avalée, Que li dieus y fist dechëoir Par la force de son mouvoir. (MACH., D. verg., a.1340, 53). Car la voie qui est sans monter et sans avaler est aussi comme un arc (ORESME, C.M., c.1377, 576).

 

-

[D'un vêtement] "Descendre" : Mais quant je voy les brayes avaler, Et rebrasser robes et garnemens, Et ses coulles sur ces fesses baler... (Recueil galant. V.-B., c.1350-1400, 79). [Ou empl. trans. ?]

 

-

[D'une construction, d'une terre...] "S'étendre en descendant" : Et aloient les murs de la cité de ceste porte tout autour de Pissevache (...) et avaloient devant les Freres Mineurs, descendant jusques Hesselhie porte (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 62).

 

-

"S'abaisser" : Amis, ne doubter Que les bois aler, Les mons avaler, Les bestes parler, Les poissons voler Verras, quant je te lairay (MACH., Lays, 1377, 357).

 

-

[Du soleil] "Descendre sur l'horizon, se coucher" : ...le soleil se tint et point il n'avala, A la priere Charles Dieu le jour eslongna. (Galien D.B., c.1400-1500, 100).

 

.

[Du jour] : [À propos d'une merveille] ...il avoit veu avaler Le matin en guise du soir. (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 146).

 

-

S'avaler. "Descendre (ici dans la gorge)" : Un os s'est avalé et mis En ma gorge, ci en cest angle. Seigneurs, certainement j'estrangle (Mir. st Val., c.1367, 165).

 

-

S'avaler aval. "Descendre" : Cedit jour, au soir, se commencerent les glasses à departir et avaler aval à grant impetuosité. (BAYE, I, 1400-1410, 213).

 

2.

En partic. [À propos d'un liquide ou d'un cours d'eau]

 

-

[D'un liquide] "Couler (vers le bas)" : ...Que trop d'eve a en la valee Qui du bois i est avalee. (Vie st Evroul S., c.1350, 85). ...maiz il oit trenchie la diestre oreilhe et raseiz ses cheveulx jusqu'a teste : ly sanc en avalat jusqu'a terre (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 230).

 

-

[D'une embarcation ou, p. méton., de ceux qui s'y trouvent ou de son chargement] "Suivre (vers le bas) le fil de l'eau" : Gontier Le Sergent, du Tresport, pour faire avaler vessiaux du Tresport a Saint Walery, pour porter vivres et garnisons a Calays (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1347, 122). It. pour chascune nef (...) II d. (...) ; et ceulx qui ont payé au monter ne doivent rien quant ils avallent. (Livre raison St-Martin-de-Pontoise D., c.1350, 207). Et ou cas (...) que chieus ou cil qui monteroit ou monteroient aucune nef, ne se trairoient ariere et feroient voie (...) et par ce, chieus ou cil qui aualeroit ou aualeroient parmy la ditte riuiere ou euissent aucun empescement, ce seroit au peril et aduenture de celui ou chiaus qui seroit ou seroient en faute de widier et traire hors de le voie del aualant ou aualans. (Doc. 1371. In : Ch. Doutrepont, Z. frz. Spr. Lit. 22, 1900, 125). Nous vous mandons que quarente queues de vin, lesquelles nostre amé et feal chevalier et conseillier Mouton de Blainville, mareschal de France, fait mener ou batel Jehan Louvet, aval la riviere de Saine, pour la garnison de nostre chastel de Rouen, vous lessiez descendre et avaler aval la riviere de Saine franchement et en paix (Mand. Ch. V, D., 1372, 479). Cedit soir mesmes partismes de Babiloine en nostredicte barque (...) et avalasmes tout par devant une partie du Caire sur cedit flun. (Voy. Jérus., c.1395, 77). Quant aucuns bateaulx avaleront par lesdictes rivieres, et en avalant ilz volent aler contremont aucuns montans (...), le avalant criera au montant... (Ordonn. rois Fr. S., t.5, 1415, 347). ...par ces présentes que elle puisse faire et face avaler et tirer par la riviere de Loire et passer au Pont de Sée, ou par terre à charroy, deux cens pipes ou queues de vin (Cartul. Laval B., t.3, 1424, 68). ...toutes les marchandises (...) en avallant par lad. riviere... (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1452-1453, 326). ...par la conduite d'un Persan (...) qui savoit bien le lieu pour monter et avaller [var. devaler] en la riviere. (VASQUE DE LUCÈNE, Cyropédie G.-G., 1470, 238).

 

-

[De marchandises] Avalant. "Qui descendent la rivière" : ...un certain aide, appelé le pontage (...), cueilli et levé sur plusieurs denrées et marchandises montantes et avalantes pardessouz le dit pont... (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1375, 144).

 

-

Part. prés. en empl. subst. Avalant. "Embarcation qui suit le fil de l'eau (ou celui qui la pilote)" : Et ou cas (...) que chieus ou cil qui monteroit ou monteroient aucune nef, ne se trairoient ariere et feroient voie (...) et par ce, chieus ou cil qui aualeroit ou aualeroient parmy la ditte riuiere ou euissent aucun empescement, ce seroit au peril et aduenture de celui ou chiaus qui seroit ou seroient en faute de widier et traire hors de le voie del aualant ou aualans. (Doc. 1371. In : Ch. Doutrepont, Z. frz. Spr. Lit. 22, 1900, 125). Quant aucuns bateaulx avaleront par lesdictes rivieres, et en avalant ilz volent aler contremont aucuns montans (...), le avalant criera au montant... (Ordonn. rois Fr. S., t.5, 1415, 347).

 

3.

P. ext. [D'une pers.] (S')avaler (de) (qq. part)

 

a)

(S')avaler (qq. part). "Se rendre, aller qq. part" : D'illec a Bride s'en alla ; Par tout le païs s'avalla (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 126). ...je m'en veil de ci aler Priveement et avaler En bois ou en forest Pour habiter (Vie st Evroul S., c.1350, 60).

 

-

"Arriver par hasard qq. part" : Mais en la parfin tant alay Qu'en un trop biau lieu m'avalay (MACH., D. Lyon, 1342, 164).

 

-

S'avaler à / vers qqn. "Se diriger vers qqn" : Aprés Gasce parler ala, A Rodulf Frenel s'avala Qui iert d'icel lieu chier seigneur (Vie st Evroul S., c.1350, 138).

 

b)

"Entrer dans"

 

-

Inf. subst. : A l'avaler ens u milieu d'un plaing, Ileuc de gens trouva grant parlement (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 128).

 

-

"S'enfoncer, pénétrer dans (une contrée)" : Au temps quë Alexandre ala En Indë, ou tant s'avala Qu'il vit par moustrance commune Arbres de soleil et de lune... (COURCY, Chem. vaill. D., 1406, 63).

 

c)

(S')avaler de qq. part. "Quitter un lieu" : Pour bastad ne se voilt pas de France avaler (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 213).

 

4.

P. anal. au fig.

 

a)

"Diminuer" : ...certaine ordonnance eust esté faite par nous sur ycellui fait, par laquelle les talemeliers de Paris estoient tenus de faire pain de certain pois et de certains pris, selon ce que le pris du blé avaleroit ou monteroit en plain marchié (Mét. corp. Paris L., t.1, 1372, 201). La raison de la coustume est que le subgiet doit obeir à son par dessus ; et se il ne le fait, il doit estre puniz de la desobeissance, laquelle monte et avale selon ce qu'elle est faite à qui ou de quoy. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 116).

 

-

"Diminuer de volume" : ...que ce que elles cuidoient avoir sentu et que elles disoient estre enfant, estoient mauvaises humeurs acumulées ensamble en son corps, par quoy elle estoit ainsi ronde ; et que maintenant lesdittes humeurs estoient moult avalées et diminuées d'environ icelle prisonniere. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 297).

 

b)

"Baisser de valeur" : Quand la myne de blé vaudra XXX sous, le pain de II deniers doit peser IX onces. Et s'il est aussi qu'elle monte ou avalle, l'en doit monter ou avaller le pain a la vallue. (Echiq. Normandie S., c.1300-14, 198). ...environs quatorze sestier de frumens, que les habitans de ladite ville doient, lesqués puellent monter ou avaler. (Trés. Reth. S.L., t.2, 1379, 270).

B. -

Empl. trans.

 

1.

[Avec un obj. interne]

 

-

Avaler les degrés / avaler une montagne... "Descendre les marches, les escaliers, une montagne..." : Deux degrez le prince avala, Et au lit dou roy s'en ala. (MACH., P. Alex., p.1369, 268). Lors avale un pou la montaigne et escrie en hault a Gieffroy... (ARRAS, c.1392-1393, 263). Et lors avale les degrez et en rapporte l'escu du chevalier qu'il avoit conquis. (ARRAS, c.1392-1393, 299). Sire, nous ne le pouons voir, Se n'avons passé la valee De Vernans, mais sachiés de voir Que tantost l'arons avalee. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 222).

 

-

[D'un cours d'eau] Avaler son cours. "Aller son cours (vers le bas)" : ...Ung fleuve (...) son cours avaloit En la partie ou il aloit. (COURCY, Chem. vaill. D., 1406, 53).

 

2.

[Avec un obj. externe]

 

a)

"Faire aller vers le bas, faire descendre qqn ou qqc."

 

-

Avaler qqn / qqc. qq. part : ...l'en le vouloit avaler en oubliete (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 261). Les .II. felons, ainçois batant Le maleureux pere avalerent En une orde fosse et gicterent (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 295). ...puis se fist avaler par dedens la mer et mener a cordes par une nef aval la mer, car il vouloit sçavoir des merveilles qui sont dedens et comment les poissons se maintenoient (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 167). Ainsi perd il [l'avaricieux] le corps et l'ame, Pour les biens qui trop peu la valent, Et en enfer tout droit l'avallent (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 47). Puis furent en destrois boutés, Enchariés et desmontés, Avallés en fosse parfonde, Sans veïr clareté du monde. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 28). A René de Fleurenville, pour aller en Avignon quérir du gluz pour tendre aux oyseaux, III fo. En cordes pour avaller les bouteilles dedens le puys, pour mectre refroidir le vin, III go IIII p. (Roi René vie L., 1476, 371). Car faict faire avons ja sa fosse Pour dedens terre l'avaller. (LA VIGNE, S.M., 1496, 578).

 

-

Avaler qqn / qqc. (de qq. part) : Lors se arriverent et ancrerent au port, et manderent a l'abbaye que ilz ne se doubtassent pas, car c'estoient amis, et estoit le maistre de Rodes avec. Et quant ceulx sceurent les nouvelles, si furent moult joyeux, et avalent le chief Saint Andrieu, et firent moult grant joye a noz gens, et envoierent au Lymacon un de leurs freres annoncier la venue du secours qui venoit pour secourir le roy et son pays. (ARRAS, c.1392-1393, 91).

 

-

En partic.

 

.

"Jeter vers le bas" : ...et, ce fait [le crime], print les draps dudit lit, et, de l'un d'iceulx, lya ou seigni ledit Andry au travers du corps, de l'aultre drap il noa à cellui dont il avoit ainsi lié ledit Andry ; et, ce fait, avala ycellui Andry tout nu à terre par une des fenestres de ladite chambre (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 128). ...il fist tant (...) qu'il eut de l'estrain largement et l'avala dedans la fosse, et y mist le feu (C.N.N., c.1456-1467, 355).

 

.

[Par pression] "Faire descendre, faire rentrer qqc." : Et voyant ledit suppliant qu'elle ne vouloit confesser qu'elle feust grosse, lui avala ung peu le ventre de ses mains, en disant qu'il la feroit bien acouchier ou avaler (Doc. Poitou G., t.11, 1467, 88).

 

.

[Une galerie] "Faire aller vers le bas, creuser" : Premier seroit expedient au fait du minaige d'avaller jus une fosse quaree et maisonnee de bois en quarure (...), et en tant que vous feres avaller une fosse en la maniere dicte... (Doc. c.1450. In : J. Rigault, Actes du 98e Congrès nat. des Soc. sav., t.1, 1975, 104).

 

b)

"Baisser, abaisser qqc."

 

-

[Les bras] : ...le chevalier leva le bras pour lui donner la colee, mais pour tout l'or de ce monde ne le pouoit avaler, dont il fut moult esbaÿ, ains tenoit le bras levé et estendu sans avoir puissance de l'avaler. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 910).

 

.

[La langue, pour déglutir (?)] : Tant m'ont fait batre et dehaler Que ne puis ma langue avaler, Ne me levay mais de sepmaine (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 49).

 

-

[Un pont-levis, un engin...] : Quant il vint a la porte, il fu moult bien congneu et lui fut la planche avalee et la porte ouverte. (ARRAS, c.1392-1393, 159). Or advint une journee que Sarrasins vindrent escarmouchier par un matin, et ceulx de la ville avalerent le pont et ouvrirent portes et barrieres, et yssi le roy tous armez a belle compaignie, et firent grant occision de payens et les rebouterent jusques aux logés. (ARRAS, c.1392-1393, 180). Et tantost ledit portier, pour convoitise d'avoir argent, print ung autre Anglois avec luy et vindrent le pont avaller. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 71). Et commanda au portier que la porte coulice fust avalee (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 310). ...il fist signe a la guette qu'on feist avaller l'engin pour tirer amont aucunes marchandises (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 83). [Ou empl. intrans. ?] ...et fist ouvrir ma porte et avaler le pont (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 323). Avale ce ponth de ton gré, ou nous l'avrons par force ! (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 212).

 

.

Empl. pronom. à sens passif [D'un pont, d'un engin...] S'avaler. "S'abaisser" : Il y avoit une eschiele à demy droite de .LX. piez de hault, laquelle s'avaloit comme ung pont leviz et estoit ordonnée pour monter sus la muraille (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 45).

 

-

[Un vêtement] : ...car illec publiquement se mist en porpoint, destaicha ses chausses, qui a ce temps ne s'entretenoient point, et les avala soubz ses genoulz (LA SALE, J.S., 1456, 281).

 

.

[Une robe] "Laisser tomber la robe, ne pas la relever" : Avallez la robe derriere. (Sots gard., a.1488, 106).

 

-

[La visière] : Item, [fait protestation] de descendre et de remonter, de retraindre, d'eslargir, laschier son cheval et de haucier et de avaler sa visiere, toutes foiz que mestier lui sera et lui plaira. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 308).

 

-

[La voile] : Encores, avoit en ladicte nef XXIIII mariniers roiddes, fors, et legiers, qui s'appelloient les soubresaillans de la nef, et leur office estoit de governer, liever, et avaler le voile, et ployer et estendre et d'atremper la poge et les aulbans... (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 542).

 

-

P. anal. [Un étang] "Faire baisser le niveau de, vider" : Baillis d'Orliens et vouz la garde de noz estans de Lorriz (...), vous mandons (...) que ces lettres vehues vous faciez avaler touz les diz estans et prendre les poissons qui y sont por ceste prochiene feste de Noel (Doc. 1334. In : R. Cazelles, Bibl. Éc. Chartes 124, 1966, 374).

 

-

Part. passé en empl. adj. "Baissé" : Et ly frans connestablez ly vint lance avallée (Hugues Capet L., c.1358, 167). Et le Danois broche Broifort, sy fait Rollant et Amery, et ont lances avaleez. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 94).

 

.

"Enfoncé" : Femme au chapperon avalé... (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 183).

 

c)

Au fig.

 

-

Avaler qqc. "Baisser la valeur de qqc." : Quand la myne de blé vaudra XXX sous, le pain de II deniers doit peser IX onces. Et s'il est aussi qu'elle monte ou avalle, l'en doit monter ou avaller le pain a la vallue. (Echiq. Normandie S., c.1300-14, 198).

 

-

Avaler qqn. "Rabaisser qqn" : Oncque ne volt cez homme en rien avaller, Ains faisoit son tresor despartir et donner A ciaulz qui bien tailliéz estoit de lou bien alouer. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 661).

 

.

[De la Fortune] : ...tout einsi truis Que Fortune par ses conduis Monte l'un, l'autre avale, et puis Rien n'i aconte A roy, a duc, a per, n'a conte (MACH., R. Fort., c.1341, 36).

II. -

"(Faire) aller au sol, (faire) tomber, (faire) s'écrouler"

A. -

Empl. intrans. ou pronom.

 

1.

"S'affaisser, s'effondrer"

 

-

[D'une construction, d'un engin...] : ...notorium erat que ledit pont et edifice de dessus s'avaloit (BAYE, I, 1400-1410, 255). ...par force de tempeste le pont estoit avalé (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 291). ...tout estoit tant avalé que l'eaue de la fontaine s'espandoit par la valee. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 896). ...le tour qui estoit à thérasse se fendi en deux, et avalla une des parties en bas sans soy desmachonner (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.1, c.1462-1468, 41).

 

2.

"Tomber, laisser tomber" : ...Un povre plain de maladie, Si povre qu'il ne poët mie Dessus sez piez tout dret aler ; Son chief convenet avaler Et sez mains sur sez genouz mettre (Vie st Evroul S., c.1350, 102). ...en comble de la dicte maison de la court (...) furent relevez plusieurs chevrons qui estoient avallez (Comptes Archev. Rouen J., 1412-1413, 79). Si s'avança le dit suppliant et ala vers le dit buisson et apperceut que le dit curé avoit ses chaulses avallées sur les genoilz. (Doc. Poitou G., t.8, 1446, 257).

 

-

[Des yeux] "Chavirer" : ...et quant ses douz oeux [du Christ] en la teste turnerent et avalerent einz mult parfond par languisouse mort, adonqes ne fait pas a demander si lermes isserent par grantz russeals. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 137).

 

-

[D'un coup] : Sus le colz dou destrier ait le cop avallér. Une oreille li tranche (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 443). [Ou empl. intrans. ?] Li cop est avallér qui ne fuit pas petit Dessus la droite espaulle ou le haubert est mis (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 788). ...et fiert Joffroyt del espee sy que le coup aval sus le cheval (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 232).

 

-

Part. passé en empl. adj. [D'une partie du corps] "Qui tombe, qui est bas" : [Le cerf] ...doit avoir le ventre bien avalé (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 34). Les yeux [du lévrier] doivent estre vermeillz ou noirs comme d'un esprevier, les oreilles petites et hautes en guise de serpent, le coul gros et long, ployé en guise de signe, le piz grant et ouvert, et la harpe bien avalee en guise de lion, hautes espaules comme chevreul (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 129). Biau chien courrant doit estre grant et gros de corps et doit avoir grosses narrines et ouvertes et long musel et gros, levres bien pendanz et avalez, yeux gros et vermeillz ou noirs, front et teste grosse et large, oreilles bien pendanz et avalees et larges et espesses, gros coul, gros piz, grosses espaules, grosses jambes et droites et non pas trop haut enjambé, gros piez et reonz et gros (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 130). Et regardez s'il a piez gras et combles, piez fenduz, faulx quartiers, piez avalez, crapaudines ou fourme (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 138). Belles espaules grans et lees, Larges rains, hanches avalees ["hanches basses"] (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 91).

 

Rem. Cf. O. Collet, Bibl. d'Human. et Ren. 63, 2001, 155.

 

.

[En partic. de la poitrine d'une femme] : Tost a la mamelle avalee (...), Beaulté de femme est tost allee (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 164). Elle a le beau petit teton (...). S'elle est nourrisse, elle sera fade, Avalee (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 149).

 

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[De la rêne]

 

Rem. Cf. : Pour ce du cheval descendi Et le lessay regne avalee (La dame leale en amour, éd. Piaget, c.1425-1430. In : Romania 30, 1901, 327).

B. -

Empl. trans.

 

1.

"Abattre, faire tomber" : Et parellement frappa ung autre copt ledit varlet dudit suppliant sur le serviteur dudit feu Gazeau de sadicte espée, dont il lui avalla l'espaule (Doc. Poitou G., t.12, 1476, 115).

 

-

[Le vent] : Ilz ont beau avaller les vents. (Sots Magn., a.1488, 211).

 

-

[Des céréales] "Faucher" : ...jou susdit ay commencé de faire messonner, abatre et avaller les seilhes du roy, lesquelles avois fait semer à Gardane et contiennent sept sommades de sémenat, dont ay tengut et lougat trois messonniers et ung liadour pour messonnar lesdites seilhes, lesquels gangnent deux gros par homme (Comptes roi René A., t.1, 1473, 92).

 

2.

Au fig. "Mettre à bas, réduire à rien" : Si aucun demandeur ou deffendeur (...) ne se sauve des deffaulx précédans, et il ne les avale par exoine... (Vieux cout. Poitou F., c.1451-1454, 78). Pour leur faulce erreur avaller Et blasmer leurs pechez hideux. (LA VIGNE, S.M., 1496, 326).

III. -

Empl. trans. "Faire descendre par le gosier, ingurgiter"

A. -

Au propre "Ingurgiter qqc." : ...choses qui pevent estre mengiees et avallees (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 235). Tenez, sire ; or buvez cecy, Et l'avalez. (Mir. emper. Romme, 1369, 294). ...si tost qu'avalé L'ot [le buvrage], vers le cuer s'en est alé. (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 64). C'estoit chose esmerveillable, car qui de la pomme avaloit, nature estoit en lui soustenue de boire et de mengier pour deux jours. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 986). ...ne l'eu pas si tost avalée [la neige] que ne me sentisse en trestout tel estat que je me suis trouvée quand mes aultres enfans ay porté. (C.N.N., c.1456-1467, 128). ...oncques ne menga n'avalla Viande tant feust elle saine (Le Jugement du pauvre triste amant banny, éd. A. Piaget, c.1475-1500. In : Romania 34, 1905, 407). ...Quelque bon bruvaige doulcet, C'est a dire ung bruvaige doux Et l'avaler doux comme lait. (Dorib., p.1480, 248).

 

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Avaler qqc. à son corps : ...le fruit qu'Adans, par ignoranche, avala à son corps (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 53).

 

-

Avaler qqc. sans mascher : [Contexte métaph.] LE FOL. Le tirant tire sans lascher, De bien retirer point ne fault ; Mais ce qu'il prent, soit froit ou chault, Il avalle bien sans mascher. (BAUDE, Dictz moraulx S., p.1450, 102). [le commentaire de l'Éd. ("il fait tomber des traits") est contestable ; cf. G. Raynaud de Lage, Le Moy. Âge 66, 1960, 636 (le sujet n'est plus l'archer mais le tyran)]

 

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Empl. abs. : ...et puis meteis de tot chaut en vostre boche, et le demeneis avaul vostre bouche tant qui soit frois sens avaleir, puis rachies fours et reprendeis de l'aultre, et che faitez III fois ou IIII, s'aligerat. (Méd. nam. H., c.1400-1500, 202-203).

B. -

Au fig. "Accepter qqc. à contrecoeur" : Toutesfoiz, pour mieux faire que laisser, il avala ceste premiere [offense] (C.N.N., c.1456-1467, 321).

 

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Avaler sans mascher. "Accepter qqc. à contrecoeur, mais sans protester" : Sans machier, soit joye ou tristesse, Avaler me fault ceste prune, Comme le subgiet de Fortune (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 412). Pour tant, s'avale soussiz mains, Sans macher, en peine confis, Si ne seront ja desconfis, Les pensees qui m'ont en leurs mains (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 472). Avaler le fault sans machier. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 192). S'en est mon conseil que nous l'avalons sans mascher [l' = le tour joué à trois maris par trois moines qui, pour une nuit, ont réussi à se faire passer pour eux auprès de leurs épouses] (C.N.N., c.1456-1467, 206). Il le me couvient avaler Sans mascher. (Path. D., c.1456-1469, 166).

 

-

Faire avaler qqc. à qqn. "Faire accroire qqc. à qqn" : Et dit outre ledit du Lau audit de Nemours qu'il ne se souciast point de monseigneur du Maine, qu'il luy feroit avaller sans ce qu'il s'en aperceust. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 190).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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