A. -

[À propos de personnes]

1.

"Action de toucher qqn"

a)

"Contact physique, attouchement" : Certes les vierges qui par telz manierez de ars se gasteront, je ne cuide pas que entre les vierges beneurees elles doient estre nombrees, mais comme oailles tachees et pourries doivent estre separees du tropeau saint et pur de virginité, affin que par leur atouchemens les aultres ne soient pollues ou adommagees. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 378).

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"Contact violent, coup donné" : Bien entendi Berinus ce que son pere lui disoit et la courtoisie qu'il lui promettoit, si s'apensa un pou et advisa, et en pensant, il lui souvint de sa marrastre, si ot grant doubte et paour que, se il se rembatoit avecques elle, qu'elle ne le meïst a mort par aucun venin ou atouchement (Bérinus, I, c.1350-1370, 34).

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"Commerce charnel" : ...la char la u vous avés atoucquement [Eu] par bonne amour, et par le sacrement Ne devés consentir qu'elle mure viument (Chev. cygne P., c.1356, 29). ...Ceste vierge a eu ung enffant Et si n'ay sceu comment ne quant. Toutesfoiz say je bien en somme Qu'oncques n'ot actouchement d'omme (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 100). Dont, se celle vierge enfentoit Et son enfant Cristus estoit, Qui au monde vray homme appere, Né sans actouchement de pere, Que diriés vous de la façon ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 119). Et (...) certainement la josvencelle qu'il maynne avec lui est sa prochaine cousine, nee de noble maison, laquelle est une josne pucelle qui oncques ne souffrit attouchement de homme ne quelque viollacion. (RASSE BRUNH., Flor. Elvide B.N. C., a.1456, 12).

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Mauvais/vilain attouchement. "Attouchement impur" : ...ja soit ce qu'elle ait eu aucunes fois de mauvaiz consentemens et de vilains attouchemens (FRÈRE ROBERT, Chastel perill. B., c.1368, 299). Et aussi les creatures plaines du vil pechié de luxure ont la conscience plaine et trouble de mauvaiz pensement et les membres ors et vilz de mauvaiz atouchemens et sont a Dieu laiz et obscurs comme deables. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 45). Et quant il est a la messe c'est le plus devot (...) de ses oreilles nul villain mot escouter, de ses yeulz un faulz regart, de sa bouche un deshonneste parler, de ses mains nul faulz serement ne atouchement (LA SALE, J.S., 1456, 30).

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Attouchement sur soi-mesme : ...le peché contre nature se commet en plusieurs manieres (...) par atouchement sur soy mesmes ou avec bestes ou en autres manieres contre l'ordonnance que Dieu et Nature ont mis en tel cas (Fleur command. Dieu, c.1450-1500, I 5).

b)

MÉD. "Palpation" : Et se cognoist a tel signe car le medicin a son tast et par son atouchement ne sent point les os de la teste (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, I, 1). ...quant le medicin trouve que l'apostume obeist a l'atouchement (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, I, 22).

2.

"Action de toucher qqc." : ...les reiteracions des ensorcelemens et continuacions par elle faites, tant en faisant icellui voult de cire, en le faisant frire et boulir sur le feu, et le piquant, comme en gardant, gouvernant et administrant iceulx deux botereaux, et les piquemens et atouchemens fais en iceulx botereaux, lesqueles choses toutes sont defendues de droit et de raison (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 335).

3.

Au fig.

a)

"Fait de toucher qqn à propos de qqc." : Et pour tant je dis que le duc y prit des ymaginations et des murmures en dedans soy couvertement [à l'encontre de "ceux de Croy", soupçonnés de traîtrise] ; et luy en fit on plusieurs attouchements bien au vif. Mais comme le temps n'estoit pas encore accompli, et que le péché de malice et d'ingratitude n'estoit pas tout mûr encore, ne assez près de sa punition, tout se dissimula encore longuement. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 153).

b)

RELIG. "Infusion de la grâce dans l'âme dévote, toucher de l'âme par Dieu" : ...ce devot et spirituel attouchement de fait par effect de divine grace, par laquelle l'ame devote se sent divinement inspiree (...) et amoureusement demenee (Disc. amour divine, 1470, 38). Par la grant doulceur et suavité qu'elle sent de son amy qui la tient et de son amoureux atouchement, elle [l'âme dévote] seuffre sans douleur et n'est ennuyee de quelque labeur (Disc. amour divine, 1470, 39).

c)

"Fait de toucher à qqc., atteinte" : ...pour ce, moy Cristine de Pizan, femme soubz les tenebres d'ignorance au regart de cler entendement, mais douée de don de Dieu et nature en tant comme desir se peut estendre en amour d'estude, suivant le stille des premierains et devanciers, noz ediffieurs en meurs redevables, à present, par grace de Dieu et solicitude de pensée, emprens nouvelle compilacion menée en stille prosal et hors le commun ordre de mes autres choses passées, ad ce meue par estre infourmée que ainsi plaist estre fait à tres solemnel et redoubtable prince Monseigneur le duc de Bourgoigne, Phelippe, filz de Jehan par la grace de Dieu roy de France, par lequel commandement ceste ditte oeuvre ay emprise, suppliant sa digne et vertueuse humilité [du duc de Bourgogne] que le deffault de la foiblece de mon savoir soit suppleée, visant moy non instruicte de science en aucun atouchement de degré, par quoy entendement et parleure puisse avoir conduit par ycelle. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 6).

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"Sentiment de ferveur spirituelle" : Ce spirituel atouchement de devotion, de lyesse et spirituelle exultacion, esclarcist et rend l'ame prompte a toute spirituelle exercitation (Disc. amour divine, 1470, 39). ...ains est la fin plus principalle amer Dieu et assavourer sa bonté et doulceur, combien que ceste saveur et atouchement du sentement espirituel puisse estre dit une maniere de congnoissance (GERS., Montagne contempl. G., 1400, 22).

B. -

[À propos de choses]

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"Contact immédiat" : Mais il [chascun des corps partialz] est terminé au corps qui est prochain de lui par atouchement, et pour ce chascun de ces corps est partie d'une multitude. (ORESME, C.M., c.1377, 54).

-

"Fait de toucher le sol" : A Famagosse a une crois, (...) sus siege ne sus perron N'est assise, mais purement Est en l'air, sans atouchement (MACH., P. Alex., p.1369, 10).

C. -

"Sens du toucher" : Il y a cinq cens naturéz Et si vous diray tantoust quelz Ilz sont ; cë est le voiement ; Le segond est le oÿement Et l'odourement est le tiers (...) ; Le quart appelle l'en goustement ; Et cinquiemë, atouchement (Liber Fort. G., 1346, 169). Bien doivent les sens du couraige Sentir les flours du jardinaige, Car le sentir et l'odourer Fait l'odeur ou cuer demourer, Le gouster fait la grant douceur Retenir de celle saveur, Et le veoir fait la beauté Concevoir, delectableté Fait l'oye, et l'atouchement Les choses tressouefs comprant (DESCH., M.M., c.1385-1403, 244). Ainsin [l'âme à l'article de la mort] veult amener aucune consolacion par les oreilles, aussy par les narines, aussy par l'atouchement vil et ort ; mais rien n'y vault : tout est clos et serré. (GERS., Pent., p.1389, 85). Cy parle de l'atouchement. Mais ce souillart Atouchement Tel est que de lui bouche ment A la fois pour honte et paour Que il prent de sa puantour. Toutesfois fault, comment qu'il aille, Que tous ses faits a prestre baille, Se fait a par abusion D'autre ou de soy pollucion (Coeur sens M., a.1433, 84).