C.N.R.S.
 
http://www.atilf.fr/dmf/definition/attirer1 
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     ATTIRER1          ATTIRER2     
FEW VI-1 martyrium
ATTIRER, verbe
[T-L : atirer ; GDC : attirer ; FEW VI-1, 405a : martyrium ; TLF : III, 870a : attirer]

I. -

"Malmener, tourmenter qqn"

 

-

Attirer qqn : Car avis m'est que de doulz saing M'oingnent ceulx qui ainsi m'atirent (Mir. st Val., c.1367, 162). Il fut en l'eau longuement Telement Quelement En grand douleur et martire, En souspirs pareillement, Grandement En dement Pour la douleur qui l'atire. (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 206).

 

-

"Terrasser, détruire qqn" : Vecy grant deverie Que je suis ainsy adiré. Se ung leu vient, je suis attiré. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 121).

 

-

Mal atiré. "Malmené, meurtri" : Tout premiers il l'ensevelirent [le roi assassiné], Et le visage li couvrirent Pour ce que si mal atirez Estoit, et si deffigurez Qu'il n'i apparoit forme d'omme, Tant estoit plaiez ; c'est la somme. (MACH., P. Alex., p.1369, 271).

 

-

S'attirer mal. "Se torturer" : ...Car pour souspirer, Pour plaindre et pour plourer, Pour soy martirer Et mal atirer, Pour argent tirer Ne pour or ne pour avoir Ne puet reschapper Ce que Mort happer Veult et dissiper (TAILLEV., Lai mort Cath. Fr. D., 1446, 248).

II. -

"Faire venir, amener qqn/qqc."

A. -

Au propre

 

1.

Attirer qqn qq. part. "Faire venir qqn qq. part"

 

-

[Dans un cont. métaph.] : LE CRESTIEN. Le juif ay si bien blasonné Et attiray tant en mes las, Au moyen de sainct Nicolas, Qu'il m'a presté cent escus d'or. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 95).

 

-

Attirer qqn (à soi) : En plourant sambloit si tres belle Que a chascun pitié fesoit ; Mes aide nus ne li fesoit, Ains ne la fesoient qu'enpirer, Quant hors la voloient tirer. Chascuns par la main si l'atire, Mes trop plus son mal en empire. (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 314). [Peut-être faut-il lire la tire ?]

 

2.

Attirer qqc. "Amener qqc. en tirant, étendre qqc." : GRIFON. Les piéz sont tant retraiz Qu'ilz ne se peuent atirer Jusqu'au trou. NAASON. Si les fault tirer Trestout ainsi, ne plus ne mains, Comme vous avrez fait les mains. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 332).

 

-

Attirer l'air. "Inspirer (l'air)" : Et quant l'air est ainsi corrumpu et infect, en bevant et mengeant, en veillant et dormant, inevitablement nous inspirons et attirons ledit air corrumpu (LE FORESTIER, Rég. épid. pest., 1495. In : Chrestom. R., 278).

 

3.

Attirer son chemin vers. "Aller vers, diriger ses pas vers" : JASPAR (un des rois mages). Or, beaulx seigneurs, chascun se garde D'estre son chemin atirant Vers le felon et mal tirant, Comme l'ange nous admonneste. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 94).

 

-

S'attirer vers qqn. "Se diriger vers qqn" : Et pourtant convient qu'on s'atire Vers luy, quant nous sommes armez. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 150).

 

-

Au fig. S'attirer à qqn. "Se mettre du côté de qqn, s'attacher à qqn" : Dire qu'on veult seulement Loiauté Et que c'est droiz que tout cuer s'i atire ; Mais du faire n'aiez ja volenté (Cent ball. R., c.1388-1396, 213).

B. -

Au fig.

 

1.

Attirer qqn à qqc. "Amener qqn à qqc." : Et certes, de flaterie n'y avoit il point, car la fin n'estoit en riens mauvaise ou pour temporel et propre prouffit mais pour attirer en toute benignité, chascun a la voye de verité. (GERS., P. Paul, a.1394, 507).

 

-

[De l'âme attirée par l'amour divin] : [L'ame] a ouy premierement par foy (...) sa doulce voix qui l'a du monde retiree, des perilz de pechee delivree et a son amour attyree (Disc. amour divine, 1470, 33).

 

-

Attirer qqn au service de qqn : Maistre Yves de Saint Branchier fut en ce temps à Montpelier, moult aprecié et tant qu'il fut atiré au service de messire Berthrand du Guesclin, connestable de France (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 142 r°).

 

2.

Attirer qqn/qqc. (à soi). "Chercher à gagner qqn, faire venir qqn/qqc. à soi" : Sy atira a sa part par dons et par promesses les robustes et les malicieux hommes (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 118). Après quoy il luy auroit peu dire et remonstrer l'affection qu'il avoit audit véage, pour sçavoir et entendre sur ce et faire seulement le bon plaisir du roy, sans l'aucthorité et consentement duquel il ne peut ny ne doit faire telles entreprinses, mesmement en si grande matière, sur tout actendu que les Anglois, anciens et invéterez ennemis du royaulme de France, s'efforçoient et mectoient leur entente chacun jour, plus que jamais, d'envahir et attirer à eux les pays, seigneuries et subjets du roy (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, c.1437-1464, 63). Il ne s'en trouve point pis disné ne pis couché ne moins de chevaux ne moins de robbes, mais beaucoup myeulx accompaigné, car il attire les gens et leur promect et depart les depouilles et les Estatz de ceulx qu'il aura chasséz et du sien, pour accroistre sa renommée. (COMM., II, 1489-1491, 229). Cestui [[Dyogenes]], après la veue de la nativité du roy Allexandre, jugea de sa sublymité et toutteffois proposa de lui contrarier lui seul et le fit et ne le peut atirer par argent ou promesses, que icelui Alexandre luy peut fere. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 56 r°).

 

-

[Du diable] : SATHAN. Longuement en vain je labeure Sans trouver sentier ne moyen D'atirer quelque faulx crestien Pour tresbucher dedans mes las. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 107).

 

3.

Attirer qqc. (à soi). "Amener qqc. à soi" : ...empereur Charlemaigne, premier instituteur et fondateur de l'Université de Paris, lequel atira à luy, de la cité de Romme, icelle science avecque les autres ars liberaulx (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 3 r°).

 

-

"Faire venir qqc. sur soi" : S. NICOLAS. En ce trosnë et souverain empire, Par trinité essence tres unie, Dieu eternel ou tout mon voloir tire Pour atirer ta grant grace infinie, Je te magnifie Et te glorifie (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 101).

 

4.

[D'une chose abstr.] "Amener, entraîner qqc." : Vostre amour mon cuer tel atire Que je ne say penser qu'a vous (Mir. Theod., 1357, 70). Et par ce sui telement atirés Que mon coer est entirement tirés En vrai desir (...) Que mon desir une partie sente De ce grant bien que Beauté li presente. (FROISS., Orl., 1368, 87).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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