C.N.R.S.
 
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     ASSAYER     
FEW III exagium
ASSAYER, verbe
[T-L : essaiier ; GD : essaier ; GDC : essaier ; AND : assaier ; FEW III, 256b : exagium]

Région. (Picardie, Wallonie, francoprovençal)

I. -

Empl. trans.

A. -

Assayer qqc.

 

1.

[Une chose concr.]

 

-

"Vérifier la qualité (d'un objet)" : Car, pour furnir ces ordenances, La damoiselle de Montrose Li avoit fait, c'estvraie [l. c'est vraie] cose, Pluiseurs fiers de glave assaiier (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 52). J'ay des chaines au fort aller Qui sont, mais que je les assaie, Fortes assés pour estrangler Lucifer au bout d'une haie. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 89). Certes, je suis d'oppinion Que ce fruit est a mengier bon, Car il est aux ieulx moult plaisant Et au regarder delitant. Pour tant en vouldray je ceulier, Affin que j'en puisse assaiier. (Myst. process. Lille K., t.1, a.1485, 141).

 

-

P. ext. "Passer (un vêtement) pour voir s'il convient" : "Il vous fault assaiier cesti." Adont Melyador vesti L'abit qui estoit pour son corps. Lansonnès li a .I. peu tors Sus l'espaule par desghisance Et, quant il en voit l'ordenance, Si dist : "Bien samblés marcheans..." (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 79).

 

2.

[Une chose abstr.]

 

-

"Faire l'expérience de" : Pour le dolent, perdu homme me conte Qui nuit et jour vit pour vous en grant painne. Peu se cognoist qui n'assaiie tel painne (FROISS., Orl., 1368, 100). Et sachiés que jeune chevalier ne doit sejourner a esbatre le corps selon son pouoir. Si en veux assaier m'aventure, s'il vous plaist. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 62). Il leur fault [aux femmes], pour estre achemée, Couvrechief, miroir, espinchaux, Lin, laine, quenoulle, fuisseaux, Drap, velours, satin, soye et saye, Nul ne le scet qui ne l'assaye. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 828). Prenés plaisir de corps et d'ames Et vivés ou chasteau d'espoir, Mon espeuse et toutes vos fames, Je vois assaier mon povoir. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 107).

 

-

"Apprendre à connaître, tester" : Li gentilhomme, qui pour lors estoient en Bregerach, orent consel de euls rengier et ordonner (...) et asaiier la poissance des Englois (FROISS., Chron. D., p.1400, 604). O, mon filz, assaye et espreuve en ta jeunesse ton ame et, se perverse et malicieuse la treuves, ne lui vueilliez donner la puissance de mal faire. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 196).

B. -

Assayer qqn

 

1.

"Mettre à l'épreuve" : Par pluiseurs fois t'ai peüt assaiier Par refuser, sans toi riens otroiier, Par toi monstrer samblant cruel et fier, Plain de rigour ; Dont pluiseurs fois t'ai veü fretillier, Trambler, fremir, sanc muer et cangier. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 135). Et vous me trouverés, pour vrai, Tous jours en tele volenté Que jamais jour ne vous lairai, Tant que j'arai vie et santé. Or m'assaiiés, se je di voir. (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 193).

 

-

[De Dieu] : Je m'aprouchay es portes de la mort, et tu, Sire, mon Sauveour, me delivras de griefs maladies et de diverses plaies et blesseüres et trops perills par mer et par terre et touz jours en moy present estant et misericordieusement assaiant. (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 65).

 

2.

"Tester, évaluer les connaissances, les aptitudes (d'un candidat)" : Item, que aucun barbier de quelconques condicion ne doit faire office de barbier en ladite Ville et banlieue de Paris, se il n'est assaiés par ledit maistre et les quatre jurez, en la manière et selon ce qu'il a esté accoustumé au temps passé, et est encore de present. (Mét. corp. Paris L., t.3, 1371, 645).

 

Rem. Le même texte présente essayé ds Ordonn. rois Fr. V.B., t.13, 1447, 507.

 

3.

Assayer qqn + interr. indir. "Chercher à savoir (auprès de qqn) + interr. indir." : Si pensa qu'elle iroit le sien pere assaiant S'il avoit riens de boin qu'au cuer li fust plaisant. (BRIS., Restor paon D., a.1338, 79).

 

4.

P. ext. "Essayer ses forces contre qqn" ; d'où "affronter" : Quant aucun homme a son ennemy assayé, il destruit premierement les edeffices et met le feu par ses biens. (Élucidaire V, K., p.1400, 533). Toutesfois, qant il les orent assaiiés et veirent et congneurent que tant de vaillans honmes i avoit, il se combatoient en passant ensi comme l'escoufle vole (FROISS., Chron. D., p.1400, 889).

 

5.

"Examiner, observer les réactions (d'un animal)" : Ensi com[me] j'ai dit devant, Vint Amours sa cache eslevant, Et ot [ja] ses chiens assaiés, Dont Regars s'en fuit esmaiés Et Oïrs, douteus d'estre pris (ACART, Prise am. H., 1332, 27). Crokars (...) cevauçoit un coursier (...) et l'avoit tout nouviel et le volt asaiier pour veoir (...) comment il s'en poroit aidier (FROISS., Chron. D., p.1400, 860).

C. -

Assayer + interr. indir.

 

-

[Introd. par si]

 

.

"Faire une tentative pour voir si" : Souvent regardoit son anel Et moult tenoit le don a bel, De fois a autre le baisoit Et a son coutel assaioit, Qui moult estoit de dur affaire, S'il y poroit le trache faire Ainsi que ly dyamant font Par dedens le fier quant vray sont. (Dit prunier B., c.1330-1350, 66). Et lors il seroit plus grant dommage qui le [l'épervier] perdroit quant l'en en a eu tant de peine ; et pour ce est il le plus bel et le meilleur et le plus seur d'aissaier sagement et cautement s'il se tendra paisible sur le poing et le paistre dessus (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 163). Aprés elle vient par grace cooperant ou par son aide et frappe a l'uys de son ame, temptant et aysaient se il lui ouvrera l'uys de son cuer par consentement. (Déclar. Hyst. S., a.1449, 174). ...et aussi assayoit s'il pourroit reduire le duc de Millan (COMM., III, 1495-1498, 219).

 

.

"S'enquérir, vérifier si" : Mallegorge, va assayer De par de la s'il y a rien. (Pass. Auv., 1477, 140).

 

-

[Introd. par un adj. interr.] "Goûter" : Au mains viendriez vous assaier quel vin je boy. (Path. D., c.1456-1469, 78).

D. -

Assayer (à) + inf. "Tenter de, faire des efforts pour" : ...et assoierent à brisier un coffre, mais il ne peurent. (Conf. Jug. Parlem. Paris L.L., 1336, 115). Sy jamès il est revenu [Desplaisir], J'asseray par Dieu a l'abatre, [Pour passer temps.] (Rond. poés. XVe s. R., c.1400-1500, 147). Et celuy qui pour les mondaines Choses terriennes et vaines Assaye verité taiser, Et qui veult vivre et s'apaiser Au monde pour dons qu'on luy fait, Dy hardiment qu'il se defait (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 700).

II. -

Empl. pronom.

A. -

S'assayer à qqc.

 

-

"Tenter, tâcher de réaliser [une entreprise, un projet]" : Mil le voient tout clerement [l'arche de Noé], Mais d'approchier est il noient, Combien que tous ceulx qui le voient Cuident qu'en demy jour y soient. Et pluiseurs s'i vont assaier, Mais ne se vont qu'esbanïer (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 84). Avoec ce, se Phebus m'aÿe, Elle [la statue] ara mouvement et vie, A moi parra et jou a elle. Ensi, en restorant la belle Que tant amai et tant prisai, Vis m'est q'un bon pourpos pris ai Et je m'i vorrai assaiier Apertement, sans delaiier. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 95).

 

-

"Faire une tentative militaire (contre un site fortifié)" : Gautiers de Manni (...) dist a ses compagnons : "il nous fault asaiier a ce chastiel, se jamais nous le porions prendre..." (FROISS., Chron. D., p.1400, 548).

 

-

"Faire l'expérience de qqc." : Pluiseur enfant de jone eage Desirent forment le peage D'Amours paiier, mais s'il savoient Ou se la congnisance avoient Quel cose leur faut pour paiier, Ne s'i vodroient assaiier (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 49).

 

-

S'assayer à/de/pour + inf. "Tenter de" : La ville fist ardoir et le fu y bouta, Dont li contes de Toulouse tellement s'aïra Que d'assaillier Garscongne diuement s'asaia (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 270). Toutteffois ne fus je pas tant esbahy, veu que pluiseurs et meilleurs de moy y avoient failly, que ne lui demandasse qui il estoit et a quoy ce tenoit que moy ne autres tant de bons chevalliers qui s'estoient assaiés pour lui adouber n'en pouoient aucunement venir a chief. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 865). Mes toudis, [comme] se vertu n'eust point de loy en attente d'aucune retribution et comme se toudis luitast contre vent et s'asaiast a transporter montaignes de lieu a aultre, toudis se treuve recullé en soy avanchant et du naturel cours de vertu en soy ensievir dont tous les haulx hommes du monde de jadis ont tiré aulcun fruit, ly seul en demeure frustré et n'en peut tirer effect. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 139).

B. -

S'assayer à qqn

 

-

"Éprouver ses forces, ses capacités en affrontant qqn (avec les armes)" : Et toutes fois sus une fie Je trouvai le bleu chevalier, Au quel je me veus assaiier. A li joustai et il a moy, Mais, par la foy que je vou doi, Je brisai contre li ma lance (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 270).

 

-

Empl. pronom. réciproque. "S'affronter" : - Sire chevalier, or voy je bien que vous savéz plus de joustes que moy, si vous pry que nous assayons des espees.- Et lors Cardenois li dist : - Sire, je acompliray voustre vouloir. - Et lors mirent mains aux espees (Cardenois C., c.1380-1400, 140).

 

.

S'assayer l'un contre l'autre : Si y euist on ses vertus Veües a ce chevalier Et l'un contre l'autre assaiier. Camelz est fols et oultrageus, Et cilz chevaliers corageus, Preus et hardis, et bien le moustre. Il euissent ci fait grant moustre Se il ne fuissent encontré. (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 198).

REM. Cf. FEW pour l'aspect régional.

V. aussi essayer
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

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