A. -

Amentevoir qqc. (à qqn). " Rappeler à la mémoire de, remémorer ; porter à la connaissance (de), raconter" : Je te di voir, qui que te bourde, Et t'amentoy [var. ramentoy] ce qu'on doit faire (MACH., C. ami, 1357, 117). A Dieu, voisin ! bien faites De le moy si amantevoir, Et j'en feray bien mon devoir (Mir. march. juif, c.1377, 186). Et ne vous vueille desplaire se je vous ay ceste adventure amenteue, car c'est pour raison de l'istoire de quoy je pense a traictier, de quoy j'ay dessus parlé. Et desormais vueil entrer en la droicte matiere de la vraye histoire. (ARRAS, c.1392-1393, 14). "Seigneurs," dit Gualien, "n'y a que du mouvoir, Vers les felons paiens ay je le ceur bien noir Qui ont mon pere mort, dont mout me doit douloir. Bien doit chascun de nous dire et amentevoir, Que ["évoquer (cela), afin que..."] nous peussons venger avant que vienne le soir..." (Galien D.B., c.1400-1500, 128). Ou tempz passé que (...) parfaitte proëce estoit entee et enrachinee au plus fort ez cuers des nobles hommez pour lez faire luyre et seignourier au monde par l'excercité de chevalerie (...) estoit ung conte en Arthois, bel, grant, riche et puissant, nommé Phelipe, tant habondant en touttez bonnez teschez que sez vertus resplendissoient par desus tous aultrez de son tempz, et estoit son loz amenteu et son nom congneu en tous pays (Comte Artois S., c.1453-1467, 2). ...il se mist avecquez sez hommez a sievyr lez coureurs crestiens qui, comme genz bien apris et conduis, se tirerent a leur premiere embusche et la furent fais de moult beaux faix d'armez c'on ne porroit bonnement amentevoir ; sy s'entretindrent lez Crestiens sy serrez et en telle ordonnance que par leur force ilz recullerent lez payens (Comte Artois S., c.1453-1467, 74). ...sez fais, dignez de loëngez, estoient amenteus devant lez dames en la presence de la fille du roy qui ne lez escoutoit paz a regret (Comte Artois S., c.1453-1467, 98).

Rem. À noter dans l'IGLF un ex. du XIV^e s. avec la même constr. : : Jakemart Grigore avoit estet a Tournay pour faire amentevoir a Mons^r de Bourgongne que li doaires de Medame de Neviers n'estoit mies tous acomplies. (Arch. Nord, 1387, B 10928, f° 18 v°, IGLF).Ainsi qu'un ex. du XV^e s. avec la constr. amentevoir à qqn de + inf. : : Madame la ducesse s'estoit traite a Mons Amand viers Mons^r de Braibant, se lui avoit amenteu li dis baillux de lui parler des dickes (Arch. Nord, 1414, B 10372, f° 42, IGLF).

B. -

Amentevoir qqn (à qqn). "Rappeler qqn à la mémoire, mentionner qqn" : De toutes les dames gentieulx C'on me pourroit amentevoir, Certes je n'en voulroie avoir Nulle pour ceste, tant l'ay chier... (Mir. ste Bauth., c.1376, 93). ...dame jamais amee De lui n'iert, fors vous, n'amenteue (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 22).