C.N.R.S.
 
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     ALLOYER     
FEW V ligare
ALLOYER, verbe
[T-L : aliier ; GD : aloier ; AND : alaier1 ; FEW V, 327b-328a : ligare]

I. -

[Var. de allier]

A. -

Empl. trans.

 

1.

"Lier, attacher (au sens propre)" : ...et descendirent de leurs chevaus ; et les alloiièrent as arbres (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 68). Ilz aroutterent et aloierent leurs prisonniers deux et deux (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 223). ...pour ahuyer [l. alloyer ?] les cinquante gerbes de liens (Chartes Ste-Chapelle Vincennes B., t.1, 1403-1404, 150).

 

2.

Alloyer qqc. à/de qqc.

 

a)

"Mélanger qqc. à qqc." : Poree noire est celle qui est faicte a la ribellecte de lart. C'est assavoir que la poree est esleue, lavee, puis mincee, et esverdee en eaue boulant, puis fricte en la gresse des lardons, et puis alayer d'eaue chaude fremiant. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 202). [Autres ex. p.118, 204, 206, 214. Ou est-ce un tout autre verbe, à rapprocher de délayer ? Cf. T-L I, 272, alaiier]

 

b)

"Lier qqc. à qqc." : Bauduins, qui tenoit maint royame en servage, A bailliét Taillefier a l'adurét corage Bauduin de Sebourc, qui fu de son linage, Car li roys le tenoit plus loial et plus sage Que chiaus qui ne sont pas estrait de son parage ; Car d'estrainge boiel, che dist on par usage, Aloier fort au sien souvent en vint domage. (Bât. Bouillon C., c.1350, 79). Mais touteffois trop merveilleuse errour Vous voy tenir et a moy anoncier, Qui m'avez dit que je, pour le meillour, Doy mon anoy et mon dueil oublier, Puis que celle qui tant fait a prisier Son doulz voulloir a leaulté n'aloye, Et que pour plaindre et plourer je n'aroye Jamais secours qui me puist conforter. (LANNOY, WERCHIN, Ball. P., 1404, 337).

 

c)

[Dans un cont. de personnif.] : Car nous sommes tuit herbegiet En Orgoeil, le puant pechiet, En Despit, en Iniquité, En Desdaing, et en Fausseté, Par mauvaise fragilité Qu'Orgoeils a en nous aloiet. (JEAN DE LE MOTE, Voie d'enfer P., 1340, 140).

 

3.

Au fig. Alloyer qqc. "En faire l'objet d'un engagement" : ...tous les jours y avoit parlemens et nouvelles ordenances, en reconfermant et alloiant le paix. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 53).

 

4.

P. personnif. Alloyer qqn (à qqn). "Allier" : Mais le veu Fezonas emprendre n'ozeroie, Car contre Fortune est, se moustrer le savoie, Contre Droit et Amors qui tout sorvaint et ploie, Car Fortune avoec Droit Amors a li aloie. (BRIS., Restor paon D., a.1338, 114).

 

-

"Marier" : A envis marioit et aloioit en un ostel li dus de Bourgongne deus de ses enfans à une fois (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 189).

 

-

"Réunir, associer (?)" : [Il s'agit de maris qui confient leur femme volage à des religieux peu fiables pour qu'ils les accompagnent dans un pélerinage] Pour ce que gueres loings n'aloyent ["parce qu'elles ne vont pas chercher bien loin leurs compagnons ?"], Souvent trouvent ses ["ces"] rumuages, Ses veuz et ses pelerinaiges [ces pélerinages qui ne sont que des tromperies] (GARIN, Compl., 1460, 111).

B. -

Empl. pronom.

 

1.

S'alloyer à qqn. "S'allier à qqn" : Pour coi je sai certainnement Que ne me puis mius emploier Qu'a li moi rendre et aloier. Ce me sera santés et vie. (ACART, Prise am. H., 1332, 18). Or me puist Diex aidier, a cui mes coers s'aloie (Bât. Bouillon C., c.1350, 201). ...il s'estoit aloiez de foy et d'ommaige au roy Richard d'Angleterre (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 156). ...a ceuls et a celles qui tenoient la partie dou conte de Montfort, et qui s'estoient aloiiet et aconvenenchiet a li (FROISS., Chron. D., p.1400, 501).

 

-

Estre alloyé à qqn : Qant li rois d'Engleterre ot esté assés festiiés (...) de ces signeurs, (...) il (...) lor demanda qant il seroit heure de conmenchier ce que il avoient empris et dont il estoient tout obligiet et aloiiet a lui (FROISS., Chron. D., p.1400, 287).

 

.

P. personnif. : Bien viegnes tu, loiaus amis, Bien viegne tes fais et tes dis, Bien en soies tu essauchiés, Boine soit l'eure que veïs Humilité que tu creïs ; Et Pitié ou fus aloiés (JEAN DE LE MOTE, Voie d'enfer P., 1340, 131).

 

-

"Épouser qqn" : Quant Bietris oyt et dire et retraitier Que lou roy prenoit une teille mollier, Adont li commansait forment a annoyer, Et dit tout bellement : "A quoy panse Ollivier Que a une teille femme il se vuelt aloyer..." (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 929).

 

.

S'alloyer par mariage : Or prens ta main, et si le bailles A Plaisance, t'espeuse chiere, Et li jures a lie chiere Foi, loyauté a tous jours mes, Car saches bien que tu te mes Et aloies par mariage En fille de noble linage (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 118).

 

2.

[Suj. plur.] S'alloyer. "S'allier" : ...la ou li Londriiens s'acordent et aloient, nuls n'ose resister (FROISS., Chron. D., p.1400, 84).

 

-

S'alloyer ensemble. "S'assembler" : L'empereur Charlez regarde Ogier, Rollant, Charl[ot], Pepin, Aimery de Nerbongne qui(lz) s'aloient ensemble contre les Sarasins. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 71).

 

3.

S'alloyer à qqc.

 

a)

"S'engager dans qqc., s'attacher à qqc." : Dont plus fist Aristés quant a ce s'aloioit Que chil qui tous les veus ensamble aüneroit. (BRIS., Restor paon D., a.1338, 109). En jone amour ne se doyt nul fier. (...) Prince, je tien, puis qu'enfance foloye, Que cilz est folz qui s'y croyt ne aloye Et qui la sert (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 240). ...il nous le faut faire et a ce nous sonmes aloiiet et obligiet de trop grant temps (FROISS., Chron. D., p.1400, 300).

 

-

S'alloyer à + inf. "S'attacher à" + inf. : ...et puis chescun s'aloie A assalhir Huon (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.5, a.1400, 590).

 

b)

"S'accorder à qqc., en être plein" : Quant aperçupt l'enffant qui a honneur s'aloye, De ses enffans luy membre, adonc le roy lermoye :... (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 91).

 

Rem. Synon. allouer, avec lequel alloyer peut se confondre.

 

4.

S'alloyer que. "Se rallier à ce que" : Je ne me pués aloyer, Que se Lion retorne que je lou doie laissier, Que ne li messe en main son noble hesritier (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 728).

C. -

Part. passé. "Allié"

 

1.

Alloyé sur. "Allié à, mélangé à" : Visage de mirouer ardant De rouge alayé sur le noir... (Parn. sat. S., a.1500, 67).

 

2.

Empl. subst. : ...dou roy englès et de tous ses alloiiés (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 157). ...tous leurs ahers et alloiiés (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 157). Les Flamens (...) envoioient souvent deviers le roi d'Engleterre, en li remonstrant conme si soubject, amic et aloiiet que (...)il le venroient (...) servir (FROISS., Chron. D., p.1400, 770).

II. -

[Corresp. à aloi]

A. -

"Mettre [les monnaies et autres objets de métal précieux] au titre prescrit par les règlements" : Orfaverie et espichiers, Ce sont ores deux bons mestiers. Mais ly orfevre ne m'est preu, Car, foy que je doy a saint Leu ! Ilz sont ores trestous hurtés A faire de grans obscurtés, En saulder et en aloyer (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 42). ...les orfevres (...) seront par lesdiz gardes examinez (...) c'est assavoir, à quans deniers et grains ilz doivent ouvrer, et s'ilz scevent aloyer leur argent et en faire essay (FAUQ., II, 1421-1430, 305). ...ledit argent blanc ainsi fondu et alayé et transporté ausdiz Sarrazins par ledit Jacques Cuer ou sesdiz gens et servicteurs ne fust de pareille loy comme cellui qui avoit et a cours en nostredit royaume, mais de moindre loy beaucop (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 7). ...et sera donné pour marc d'argent qui y sera ouvré pour chascun marc d'argent allayé, ainsi que dessus est dit, dix livres tournois. (Ordonn. rois Fr. P., t.18, 1478, 433).

 

-

Alloyer [une monnaie] à la loi de... "Mettre une monnaie au titre de" : ...le billon (...) seroit allayé à la loy des Doubles dessusdits (Ordonn. rois Fr. L.S., t.2, 1351, 450). ...et auront les marchans et changeurs frequentans lesdictes monnoyes, du marc d'argent allayé à ladicte loy, huit livres quinze solz tournois. (Ordonn. rois Fr. P., t.17, 1467, 14).

 

-

"Vérifier [un métal] pour s'assurer qu'il est au titre prescrit" : ...et que l'estaing soit bon, loyal, bien et deuement alloyé, et qu'il ne soit aucunement souspeçonné d'avoir esté mal prins et emblé ou achepté de gens souspeçonnez (Mét. corp. Paris L., t.3, 1496, 390).

B. -

Au fig. "Vérifier, légitimer" : Car je ne vous dis rins (...) que veriteit n'aloie Et confirme del tout (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 642).

REM. T-L I, 312, enregistre un verbe aloiier "se justifier". V. alliance2
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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