C.N.R.S.
 
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     AGUETTER     
FEW XVII *wahta
AGUETTER, verbe
[T-L : agaitier ; GD : agaitier ; DEAF, G67 agaitier ; AND : aguaiter ; DÉCT : agaitier ; FEW XVII, 454a : *wahta ; TLF : II, 244a : aguetter]

I. -

Empl. trans.

A. -

Aguetter qqn

 

1.

"L'attendre dans un endroit caché pour l'attaquer, lui tendre une embuscade" : Renart escoute l'orison Que le preste a Thiebert depart. Pour ce tout maintenant an part, Paour a d'estre agaitiez. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 324). O ly sont bien quairante traytour lanier Pour le boin duc Herpin occire et detranchier, Qui la c'estoient mis pour le duc agaitier. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 638). DIEU. (...) Sy ne sui je pas mauvais hom Ne dez gens en bois essautierres, Et sy ne sui murdrier ne lerres. Oncques je ne fiz mauvaisité ; Et vous m'avez si agaistié. Par nuit obscure pris m'avez. (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 142). Et pour ce leur final ordenance fu de occire le roy. Si se metent en paine de l'agaitier a point. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 40.4, 68). ...le dit Martin fist pluseurs aguez sur le dit suppliant pour le tuer et mettre à mort, et finablement tant l'espia et aguetta que, un jour (...) ainsi que le dit suppliant cuidoit aler en sa marchandise, ycellui Martin (...) comme provocant et aggresseur, envay le dit suppliant (Doc. Poitou G., t.5, 1380, 129). ...vint a Hervy, le filz Alain, un homme trespassant, qui venoit de Guerrande, et avoit passé par le recept ou ly chastellains estoit, et avoit entendu par aucuns des varlez d'icellui chastellain qu'ilz actendoient gens a qui ilz ne vouloient point de bien. Mais il ne lui avoit pas descouvert qui ilz aguettoient. (ARRAS, c.1392-1393, 69). "Or penseiz bien de vous, car vous estiez trahis et agaitteiz a IIIm hommez", et les dist toute la trahison. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 213). Sy advint qu'ung jour je aguettay sur la Fontaine Venimeuse le preu Estonné ton pere et le occis par trahison, dont ce fut dommaige et pitié, puis m'en fuis en un myen chastel ou je me garnis (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 749). ...voz ambassadeurs, envoyez devers mon trés redoubté seigneur et pere pour la delivrance de mes ambassadeurs agaitiez sur chemin publique et prins es metes de vostre prevosté de Peronne (Lettres Ch. VIII, P., Pièces justif., t.1, 1483, 370-371).

 

2.

"Guetter qqn, le surveiller" : Il a passé deux mois qu'ailleurs ne volt coucher Qu'en la chambre ma dame pour lui mieulx agaitter ; Mais les brebis contees voit on du leu menger. (Tristan Nant. S., c.1350, 367).

 

-

[Du diable] "Guetter qqn, lui dresser des pièges" : Pour ce decreta et voult Dieu creer le humain lignage, affin que par lui peust estre restaure le tresbuchement et ruine de Lucifer et de ses complices. Pourquoy le diable eut envie a l'homme, et dela en avant le agaitta toudis et s'efforca de l'induire à transpasser le commandement de Dieu. (MIÉLOT, Spec. hum. Salv. L.P., 1448, 1).

 

3.

Empl. abs.

 

a)

[D'un mari jaloux] "Surveiller, espionner" : Telz viellars est trop merencolieux Et d'agueter trop soutil et trop cault ; A leurs femmes font trop le dangereux Car ilz cuident qu'om leur face l'assault Comme faisoient quant ilz furent en sault (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 60).

 

b)

"Guetter, être sur ses gardes" : Ambicieux tousjours se doubte, Et tousjours aguette ou escoute. Jamais adventurer ne se ose A faire ne a dire chose Qui doyve a nul homme desplaire (ALECIS, Passe temps P.P., 1480, 231).

 

c)

[D'un animal] "Être à l'affût" : Il signifie en grec le huart qui agaite pour ravir les entrailles des bestes es boucheries. (ORESME, E.A.C., c.1370, 270).

B. -

Aguetter [un animal]. "Être à l'affût pour le surprendre" : Le cerf aussy se delicte a merveilles tant qu'il est moult souvent deceu et s'en fait prendre quant les veneurs chantent ou fleutent. Car il s'en merveille et se delicte en ce, et pour ce il s'y arreste et s'i amuse si aucunefois qu'il se treuve feru de la sayette de l'archier qui l'agaitte. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 91).

C. -

Aguetter qqc.

 

1.

"Surveiller, contrôler (un compte)" : Prince, toudis est la mort aprestée, Chambre d'enfer qui noz comptes aguette ; Comptons a Dieu, soit nostre ame acquittée : Qui ne paiera, il sera mis en debte. (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 17).

 

2.

"Guetter qqc. pour en profiter" : "Oublye, oublye, laisse aler, Dïent nos amoureux leaulx, Elle est morte ; en fault il parler ? (...)" Ainsy leurs dames il regrettent, Les traitres, les tres desleaulx qui le seul bien du corps aguettent. (MARTIN LE FRANC, Champion dames III, F., 1440-1442, 101). [Aussi MARTIN LE FRANC, Champion dames III, D., 1440-1442, 105 : aquettier, l. aguettier] Par Lactea vindrent du hault estage Pour commencer le noble mariage De Zephirus qui le doulx temps aguette, Et de Flora, dame de hault parage, Pour decorer la joyeuse fleurette. (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 96).

D. -

Aguetter que/à ce que

 

1.

"Guetter afin que " : Tousjours aguette comme uns leux (...) A ce qu'elle puist prandre proye (DESCH., M.M., c.1385-1403, 199).

 

2.

"Guetter que, attendre que " : Car du desir qui me deshete N'ay plus de biens que bons souhais, Et nonpourquant tousdiz agaite Que mon maintien soit liez et gaiz. (GRANDSON, Poés. P., c.1360-1397, 233).

II. -

Part. prés.

A. -

Part. prés. en empl. adj.

 

1.

"Enclin à tromper, à tendre des pièges" : ...il [Tibère] fust, en la fin de son empire, le plus malvais et crueulx de tous les aultres, et fut arrogant, aguettant et engigneux, faignant et simulant de voulloir ce qu'il ne voulloit mie et de non voulloir ce qu'il voulloit et desiroit. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 67).

 

2.

[Avec une valeur positive] [D'un animal personnifié] "Vigilant, qui a l'esprit alerte" : Ainsi gouvernoient entr'aulx .IIII. chas et .II. renardeaulx Celle chambre, et a petiz gaiges, Et la mettoit l'en des plus saiges Bestes et des plus aguetans, Qui la gouvernoient leur temps (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 259).

B. -

Part. prés. en empl. subst. Agaitant de chemin. "Brigand qui vole les voyageurs" (synon. aguetteurdechemin) : La septiesme raison (...) est fondée ès lois civiles, qui disent estre trois manières de hommes lesquelz occire est chose licite, c'estassavoir, ceulx qui délaissent chevalerie, les agaitans des chemins, et les larrons de nuit trouvez ès maisons. (Doc. 1408. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1 c.1425-1440, 300).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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