C.N.R.S.
 
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     AFFAMER     
FEW III fames
AFFAMER, verbe
[T-L : afamer ; GD : afamer ; GDC : afamer ; AND : afamer1 ; DÉCT : afamer ; FEW III, 406b : fames ; TLF : I, 831a : affamer]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Faire volontairement souffrir, voire faire mourir qqn de faim, réduire qqn à la disette" : ...nous les eussons combatu enmi le roiaulme d'Escoce ou afamé de leurs pourveances, car il fu telle fois que il en avoient grant faulte (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 281). Li intension des signeurs d'Engleterre estoit que de tenir ces Escos la endroit pour assegiés (...) Et les quidoient bien affamer, car nulles pourveances ne lor pooient venir (FROISS., Chron. D., p.1400, 145). Ou temps que Romme fut prinse, les Gaulz orent asségié le Capitolle qui estoit forteresse comme imprenable fors par faim, pour ce les cuidoient la affamer. (CHR. PIZ., Fais armes cheval., 1410, 49 r°). Mieulx povez le monde afamer, Ou bien tost espuiser la mer Que me tirer hors de ces las ! (Poés. lyr. court. XVe I., c.1454-1456, 180). ...ung vaillant chevalier nommé Barbasan, natif de France, (...) fut d'oppinion contraire, disans que mieulx les vauldroit affamer que combattre, veu le lieu où ilz estoient ; car de nul costé du monde ne povoient avoir vivres. (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.2, c.1462-1468, 260). ...et predist aussi comme tout l'ost seroit affamé et comme le roy ne parviendroit point son entreprinse et que icelui voyage seroit inutille et cause quasi de la perte de plusieurs grans personnages et de son royaume (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 144 v°). Le siège n'estoit pas encores si contrainct que gens ne peüssent aller et saillir dehors, pour ce qu'ilz ne tachoient sinon de l'afamer. (COMM., III, 1495-1498, 212).

 

-

Empl. abs. : ...quant la cité de Romme fut prinse des Galx et ilz orent assiegié le Cappitolle, ceulz dedens, considerans que les Galx ne avoient nulle esperance de les prendre, sy non par affamer (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 38).

 

-

Empl. pronom. réfl. "Se laisser mourir de faim" : Monseigneur, pour Dieu mercy, prendez garde dessus vostre filz, car il s'afame là en prison où il gist, et croy que il ne manga oncques puis qu'il y entra. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 87). Pouvre homme fait de passepasse Maint beau tour davant qu'il s'afame. Qui son temps en pouvreté passe Ja pour tant ne pert il sa fame. (CHAST., Temps perdu D., a.1450, 23).

B. -

Au fig.

 

1.

Affamer qqn de qqc. "Priver qqn de qqc." : Et de si long ne li porroie dire Qu'elle m'affame Des tres dous biens amoureus, si qu'eslire De mes meschiés ne saroie le pire (MACH., F. am., c.1361, 162). Mais nuls homs ne m'en doit blamer Ne diffamer, Puis qu'afamer Me vuet d'amoureuse pasture. (MACH., Lays, 1377, 282).

 

2.

Affamer qqc. "Faire attendre qqc." : Or ne veul les journees dire ne deviser, Le canchon alongier ne l'istoire affamer (Belle Hélène Const. R., c.1350, 305). Ja soit ce qu'elle m'enflame Le cuer d'amoureuse flame Et qu'en sa prison l'affame Nuit et jour... (MACH., Lays, 1377, 296).

II. -

Empl. intrans.

A. -

"Souffrir la faim" : ...si metit ens XII clers, si furent maldoieis et vivoient povrement, si venoient sovent à Liege suppliant al evesque Walcuans que ilh le vueilhe otrieir alconnes reliques ou de corps saint dont ilh pousissent avoir alcons emolumens, car ilh affamoient tous et demoroient si lonche en Ardenne que ons ne les visentoit. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.3, a.1400, 379).

B. -

Au fig. "Ressentir un besoin impérieux, éprouver un manque grave" : Ne me souffrez tant affamer Se ja bien faire me devez. (CHART., R. Bal., c.1410-1425, 381). SAINCT NICOLAS. Mauldit serpent, remply d'envie, Va t'en d'icy, laisse ceste ame ! (...) SATHAN. Elle est mienne. RAPHAEL. On te le nye, Dyable d'Enfer plain de diffame. SATHAN. Dyables, venez tost, je vous prie, Car de fine rage j'affame. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 145). ...ou peult estre allee ma femme ? Je meurs de male faim, j'afemme, Elle me fait ronger mon frain [jeu de mots avec femme "attendre impatiemment sa femme"]. (P. Jouh. D.R., a.1488, 32).

III. -

Part. passé en empl. adj.

A. -

[Domaine phys., concr.]

 

1.

"Qui a faim, qui souffre de la faim" : Par mon chief, dist Regnaut, or esse grans pités Quant nous avons en France des bons amis charnés Et nous avons les corps ensement afammés (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 236). ...je la trouvay, sire, Dedens le bois toute engelée, Toute lasse et toute affamée (Mir. Berthe, c.1373, 241). ...renars, loups et lyons et ours affamez (GERS., Noël, p.1404, 309). ...car lesdiz de l'ost estoient tant affamez, les joes velues et si pendans de maleureté qu'ilz avoient longuement enduré que plus n'en povoient, et la pluspart estoient sans chausses et soulers, pleins de poux et d'ordure. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 123). Et pour monstrer noz grans rebellions, Comme affamez et enraigez lyons, Sans plus de plait nous nous mectons en voye. (LA VIGNE, S.M., 1496, 139).

 

-

En partic. "Qui trahit le manque de nourriture, la faim, maigre" : ...il vey que en sa court a une truie (...) elle estoit tant maigre que par samblant on n'y veoit que les os et la pel (...) et avoit ung musel long et agu et tout affamé. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 180).

 

-

Empl. subst. : Quant elle vit les affemmez, Par sa tres humaine bonté La dame fist les champs semez Porter fourment en quantité (...)Cercé voulant secourir Aux affemmez... (MARTIN LE FRANC, Champion dames IV, D., 1440-1442, 17). ...pour solacyer et donner esperance à ceulx de Therowane lors estant en ballance d'eulz rendre et en tant miserable necessité qu'ilz mengoyent chatz, ratz et sorris, fut conclud que une partie de la bende de messire Charles ensemble aucuns aultres de diverses compaigniez, les mieulx en point et convenables à ce faire, jusques au nombre de .IIc. chevaulx ou environ, secouroyent les affaméz. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 552).

 

2.

P. anal. Pluie affamée. "Maigre pluie" : Car bien souvant peu de pluye affamee Abbat grant vent qu'on voit moult fort venter. (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 132).

B. -

[Domaine abstr., moral, métaphys.] "Qui est privé de qqc., qui désire vivement qqc., qui est avide de" : Mes yeulz trop sont bien reclamés Quant ma Dame si lez apelle, Leur moustrant sa grant beauté belle, Il reviennent comme afamés. (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 244). ...comme ung homme affamé, pour deux nuiz qu'il a couché sans moy, il a fait rage de diligence. (C.N.N., c.1456-1467, 204). Vostre bruit [l. fruit] doulx et precieux Fut pain vif et substantieux Aux bons, paravant vicieux, Wis de grace et tout affamés ; Angles en furent confermés, Hommes en furent reformés, Elemens en furent refais ; Pecheurs en furent redimés (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 489). Tousjours [l'ame devote] en est affamee et sitibunde et jamais n'en est satiee ne soulee [de l'amour divin] (Disc. amour divine, 1470, 173).

 

-

Affamé de : Je suis tousjours navree, lassee et affamee d'amour languissant (Disc. amour divine, 1470, 283). Gens affamés d'argent auront leurs cours (Cene dieux, c.1492, 121).

IV. -

Inf. subst. (Synon. de affamement) : Ne riens ne les grevoit ne les pooit tant grever que li affamers ; mès nulles pourveances ne leur pooient venir, fors en larecin (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 30).
 

DMF 2020 - Synthèse Monique Haas

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