C.N.R.S.
 
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     ACOMPTER     
FEW II-2 computare
ACOMPTER, verbe
[T-L : aconter ; GD : aconter ; AND : acuntant ; FEW II-2, 994a-995a : computare]

I. -

"Compter ; prendre en compte, en considération"

A. -

"Compter, dénombrer"

 

1.

Acompter de qqc. "Rendre compte de [recettes, dépenses]" : Please a nostre (...) seigneur le Roy grantier garant desoubz le privé seel direct as Tresorer et barons de vostre eschequer pur accompter ovec (...) Jehan Shene, Phelippe Castelforde (...) executours del testament de Estephen Ingram, clerc nadgairs assignéz pur les receiptes, costages et dispences del hostiel de dame Isabelle (...), de touz maniers receiptes, costages et dispences du dit hostiel del cour (Lettres agn. L., p.1401, 9). Procés c'est fait envers le dit suppliant en vostre exchequer pour acomptier des profitz du dit priorie (Lettres agn. L., p.1412, 37).

 

Rem. L'empl. trans. indir. est rare (cf. T-L et GD) et principalement att. en anglo-norm.

 

2.

Acompter qqc. "Faire le compte de" : Et le bon homme le mary se contient le plus sagement qu'il peut sans faire grans despens et acompte ce qu'il peut avoir de revenue, de pencion ou de marchandie, selon l'estat dont il est, et sa despence. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 60).

 

-

Empl. abs. "Compter" : Syr, moun maystre m'ad enseigné pur escrire, enditer, acompter et fraunceys parler (Man. lang. K., 1415, 76).

 

3.

Acompter qqc. à qqn. "Mettre qqc. au compte de qqn" : ...trois frans par jour, à trente sept gros quatre deniers piece de gaiges, lesquelz il prendra sur la recepte generale de ses finances, et parmi ce ne lui sera acompté par les escroes de la despense de son hostel aucuns gaiges, et ne prendra livree en icellui (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 514).

B. -

Au fig. "Prendre en compte, en considération"

 

1.

"Accorder de l'importance à, faire cas de"

 

a)

Acompter à qqn/à qqc. : Et ce me met en grant doutance, Que bien voi, se me laisse prendre, Il me couvendra trop aprendre D'angoisse, ains que puisse monter A ce qu'ele [ma dame] vuelle aconter A moi (ACART, Prise am. H., 1332, 34). Car je te promet, biaus amis, Qu'il n'est nuls petis anemis, Ne plaie aussi, ou aconter Ne doiez : oy l'ay compter. (MACH., C. ami, 1357, 124).

 

b)

Acompter peu/petit/tant/plus/moins... à/de qqn/qqc. : Mais ce qui plus va mon mal empirant, C'est ce que bien à mon borgne oueil parçoy Qu'à court de roy chascuns y est pour soy, Car il n'est homs qui tant à moy aconte Que de mes maus face samblant ne conte. (MACH., Compl., 1340-1377, 252). Regarde le joiant qui ne fait fors que crier. A sa voix qu'elle ot clere commansait a crier : "Per foid, lere joiant, je dois poc aconter ; Quaitre anffan et le perre me fezist[es] finer ! Cely qui m'ait vangiér doie forment amer !" [ici, p. ell. du compl.] (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 602). Il s'an vont behourder sur lez prez per desa Et leverent quitainne a quoy on behourdait. Signagon fuit laissus qui dou sans esragait, Maix la franche moullier petit y acontait : Lez Gracienne sist qui bien le festiait. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 1059). Tant les ain trestous deulx, ne sçay au quel venir ; Se je pers le Sauvage qui tant fait a cremir, Jamés n'aray sy bel pour amour maintenir, J'ay de lui ung enffant, sy ne le puis haïr ; Et se je pers mon pere et je le voy mourir, G'y doy mains aconter, car il ne veult servir Le roy de tout le monde qui fist le saint Espir. (Tristan Nant. S., c.1350, 410). Et ce estoit beaux avantages de bien trouver ; mais aujourdui est joye et courtoisie si perie et destruitte que trop petit y acompte l'en, si que chascuns est tous essonniez de vivre (Bérinus, I, c.1350-1370, 2). Par foy, seigneur, cil qui vous a cy envoyé prise petit nous et noz sens et pou aconte a son avoir despendre (Bérinus, I, c.1350-1370, 140). Seigneur, dites a Logre qu'il voise bellement menaçant, car moult petit nous acontons a son orgueil ne a son boubant, et soit seür que la pucelle ne la terre n'avra il pas. (Bérinus, I, c.1350-1370, 167). Si advint que les barons de Loquiferne prinsdrent Aigres et Achars et les envoierent au roy Absalon en message, pour ce qu'ilz estoient estranges : car petit acomptoient de leur retour. (Bérinus, I, c.1350-1370, 296). De ces ouvriers, de ces ouvrieres Qui font ouevres riches et chieres, Et aussi de ces set sciences Ou Pallas prent ses contenences Et dont elle tient si grant compte, Certeinnement po y aconte, Ne a l'ouvrage d'arquemie (MACH., F. am., c.1361, 218). Et se aucunesfois faire le convient [qu'une femme rencontre un homme], si gart [la femme] ses yeulx et tous ses sens sagement et ne seuffre qu'elle soit touchee deshonnestement, ne tenue d'omme par la main longuement, car trop peril gist en touchemens de mains, et pou y aconte l'en. (FRÈRE ROBERT, Chastel perill. B., c.1368, 261). LE SECONT CHEVALIER. (...) Et pour ce que il voit mie Qu'on y puist vivre sanz soussy, Est il [le marquis] de femme avoir ne fait compte. LE TIERS CHEVALIER. Bien croy que petit y aconte (Gris., 1395, 8). Mais toute creature nee Couvient par celle porte [c'est-à-dire la mort] issir, Combien que sur tout desplaisir C'est cil ou plus chacun aconte, Car payer faut et rendre compte. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 105). Or vous ay des quatre conté, Mais de celle ou plus a bonté Il est or temps que je vous conte ; Car aux autres petit aconte Envers celle qui ou milieu Estoit assise en moult biau lieu. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 105). Oyant le jenne chevalier, qui pou acomptoit aux joustes ne aux tournoys, que l'en l'avoit escryé, il picque bon cheval contre le Rouge Chevallier et lui assit le fer de sa lance en la lumiere de son heaume sy radement qu'il l'emporta emmy le pré. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 253). Et sembleroit (...) que durement luy plaingnoit la haute plentiveuse succession des pays qu'il avoit et dont il estoit en attente. Par quoy moins accomptoit et accompteroit de s'en deffaire et de les souffrir légièrement couler (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 344). Et parainsi, quant les chevaliers trouverent ceste responce si froide (...), jugerent bien (...) que pou accontoit le roy au commandement que receu avoient de leur maistre, comme d'estre au premier jour de may a Saint Omer devers ly. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 274).

 

c)

[Plus fréq. en tournure nég.]

 

-

N'acompter à qqn/à qqc. : Nulz n'a aconté a chose que Gieffroy dist, ains en faisoient leur risee comme d'un fol. (Bérinus, I, c.1350-1370, 81). Se me pendeiz, je seray si bien vengeiz : mes onclez ont bien IIIc milz hommez a chev[al] a justicier que vous voront veoir. Or me pendeiz puys que j'ay dit veriteit : je n'acompte a riens. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 26). Beau sire roy, n'acomptéz a chose que mon oncle die, car je vous dis pour veriteit : il vous convenrait faire ce que nous plairat par raison, car vous avéz trop mespris a nostre linaige quant vous demandast cavage a nulz de nous (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 30). Ne connisseis Basin ? che n'est mie unc colont, Mais un vilain corbal qui à nul bien n'acompt (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 735). Grant sens, vaillance, on n'y aconte : Qui n'est riches, c'est toute honte. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 172). ...car pas n'obli Que dame Noblece contoit, Qu'a nulle autre riens n'acontoit Fors a noblece de ligniee. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 180). [Le chancelier de Bourgogne] N'accontoit a nul, tant feust grant, et cescun contendit a mettre desoubz sa verge. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 110). De Cipre la couronne Ay je veu emprunter Au chief de Babilonne Pour le roy en jetter ; Bastard est et d'eglise Celuy qui le maintient Et n'acompte a reprise Ny a mal qui en vient. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 295). J'ay trop aimé le los mondain et fame En appetant ce que mon fait infame, Sans acconster a riens qui me diffame, Fors seulement aux desirs de ce monde (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 464). ...Olopherne estoit ung tirant tout deliberé de desrober et faire tort a tout le monde, laron publicque et manifeste et qui n'acontoit a Dieu, a droit ne a justice (LA MARCHE, Triumphe dames K.-B., p.1488, 42).

 

-

N'acompter + interr. indir. : Se doncques le premier ravissement a esté fait par iniquité et que par long decours de tempz entre deux, la chose en est enviellie et en est allee la succession de main en aultre et non acontee comment prise ne obtenue, ne pend il en l'equité du vray juge de la hault, en cely qui terre et ciel maine en droiture, de faire revenir vray heritage a vraye hoirrie et de restituer le tollu par force en l'hoirrie du deprimé par mauvaistié publicque ? (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 153).

 

d)

N'acompter guère/mie granment... à/de/en qqn/qqc. : Face tel feste qu'il voul Ne de vostre esconmeniement N'aconte je mie granment (Mir. parr., 1356, 5). ...[n'avoir ni pain ni sel] a laquelle cose (...) ils [les Ecossais] n'acomptent point granment, mes que il aient de la farine et une plate piere a faire des oublies. (FROISS., Chron. D., p.1400, 146). Sy tost que Cuer d'Acier eut oÿ ces moz, elle se doubta que la royne ne meist aucune doubte en son fait, combien qu'elle n'y acomptoit gaires. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 351). Adfin que vous ne pensés point que par paour je me vueille aucunement celer envers vous, et aussi adfin que vous sachiés que je n'acompte gaires a voz emprinsez, je vous avertis que je suis Bruiant sans Foy, seigneur de ceste place, qui pou vous doute (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 223). ...et lez aultrez, qui oultre firent leur course, trouverent leur seigneur mort, dont il furent moult dolans et desconfortez, ce a quoy le conte d'Artois n'acontoit se pou non, ainchois ne luy semble rien s'il ne fait plus fort que cela, car son voloir estoit sy grant qu'il ne doubtoit peril ou rencontre qui luy peust advenir. (Comte Artois S., c.1453-1467, 44). ...[le roy] se donnoit beaucoup de mal en sa teste pour son fils qui guères n'y accoutoit [l. accontoit] (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 199). ...[le duc de Bourgogne] donna bien a cognoistre que sa propre raison naturelle le mouveroit plus tost a son devoir faire la ou il le devoit que force ne menasce de ses hayneux, lequel il n'accomtoit guieres. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 157).

 

2.

"Accorder telle ou telle valeur à qqn ou qqc."

 

a)

[Valeur minimale] N'acompter + subst. à valeur minimale (parfois précédé de monte, montance, vaillant, valissant...) à/de/en qqn/qqc. : Dirent [les Flamands] qu'au roy n'obeïroient, Ne a seigneur ne le tenroient ; "Ne nulle riens ne le prisons, Et hault et cler nous le disons ; A lui n'acontons ung fuisel..." (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 8). Quant li senechault l'ot, adont se ratanrie, Et dit a Bauduyn : "N'i aconte une aillie Cest faulte pour l'anffan, se Dieu me benoye..." (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 45). Riche hons quant il pleut et il fait grant orés ["tempête"], Il n'i aconte mie ung denier monnoiéz ; Il ait clocque et mantez dont si drap sont wardér (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 114). Se je per [m]on chevalz, je n'i aconte ung delz : A piet m'en revanrait tout seulx en mon rengner (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 115). L'anffe Lion de Bourge fuit forment yrascus Quant vit que ces verlet gisoit mort estandus, Car n'aconte a l'avoir vallissant doulx festus Pour ceu que il estoit de maisaicques ["massacre"] venus (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 141). Il ait dit a cez homme : Moult est cis hons chetis Que la se fait ossire, ne puet eschepper vis ! Pais n'en eschepperoit ung oisellet petit ; Il est oultrecuidiéz et de sens mal garnis ! - Sire, dient paien, il en aront du pis, Mais n'i acontissiens le vaillant de doulx alz poris Se fuissiens a garant et en aultre pays, Car si n'arons duree que ne soiemme pris. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 528). Sire, se dit Herpin, vous allés bien parlant. Auteilt et crucefis yrait la estorant Et prestre qui souvant yront messe chantant, Et vous n'i acontés la montance d'un gant, Et c'est toute nous foid et ceu qu'allons creant. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 560). ...la damme gentil de tres noble lieu nee Estoit tant povrement la androit atornee Que adés aprés lie li anffan font huee, Maix elle n'i aconte une pomme pellee, Car a l'amour de Dieu fuit sa vie tornee. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 566). La fuit teille clarteit faite et establie Que bien coustait Lion cent marc celle neutie, Maix il n'i acontoit une pomme porie, Car ne pansoit a rien qu'a faire cortoisie. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 625). Moult bien li fuit per moy vous besoingne noncie, Maix il n'i aicontait la monte d'une aillie ; Bien dit que le prison ne vous rendera mie, Ains le delivrerait tout a sa commandie. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 792). Grande fuit la baitaille, perrilleuse et estrange ; Li douze filz Hermer sont en une compaingne. Il est mal venus cil qui lez bergaingne, N'acontent au morir vaillant une chaitaingne (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 993). Doulce Vierge Marie, Prïés a vostre filz qu'i me sauve m'amye Et Gilles le mien filz, quë ilz ne meurent mye, Et les veulle pourvoir d'aucune seignorie, Car je n'aconte a moy une feulle d'ortie. (Tristan Nant. S., c.1350, 587). Quant Robastre les voit si a prins son levier, Venu est a leur trait n'y acompte ung denier (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 154). Ensement dist la damme a Regnaut son signour, Mais il n'i aconta la monte d'unne flour (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 294). Il avoient (...) Robes riches et curieuses, Pleinnes de pierres precieuses, De rubiz, de saphirs, de pelles, Mais n'i acontoient deus melles ["nèfles"], N'il ne metoient pas leurs cures En porter teles vesteüres. (MACH., C. ami, 1357, 130). Si que je di que c'est maistrie, Quant einsi le monde maistrie, Sans plus, par l'une de mes filles, Si que je n'aconte deus billes A leur pooir n'a leur affaire N'a chose qu'elles puissent faire. (MACH., F. am., c.1361, 207). ...quant Paris Donna la pomme, a tous peris, As grans avoirs ne as fortunes N'acompta .II. petites prunes. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 63). Ensi faisoit Phebus ses plains, D'amours et de doleurs tous plains. Mais Dane n'acomptoit .II. pains A ses anois (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 96). Je n'aconte a li une bille ; Mais qu'est devenue sa fille ? (Mir. Oton, c.1370, 334). Et si n'aconte je sanz faille A toute ma perte pas maille, Fors que de ma fille la belle (Mir. Oton, c.1370, 367). PREMIER HERMITTE. Sire, nous y sommes pour Dieu Prier et servir jour et nuit ; Et sommes, voir, ne vous annuit, Povres hermites. ROBERT. Je n'y aconte pas deux mittes. Jamais cy plus ne demourrez, Mais en l'eure trestouz mourrez. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 24). N'acontasse pas une quille En quanque avons erré de terre, Se nous eussons trouvé Pierre Que quis avons. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 297). LE CONTE. De meilleur homme ne scé point Pour l'estre, se ne fust un point, Qu'il est paien. LE SIRE DU GROING. En ce n'aconte un pois baien, Mais qu'autre dyffame n'y ait (Mir. st Lor., 1380, 149). Je n'y aconte pas deux pommes En ce que dites. (Mir. Clov., c.1381, 232). Ce sont li juste et li cuer monde Qui du tout y ont renuncié Et qui ont pieça commencié Le traicté des divines nopces, Et qui n'acomptent deux baloces Aux biens mondains, fuitis et faulx (DESCH., M.M., c.1385-1403, 245). Tout leur bien, c'est d'eulx oïr escondire, D'estre haïz et huez comme leux ; Volentiers sont d'autrui bien envieux ; D'eulx parjurer n'acontent une prune (Cent ball. R., c.1388-1396, 217). Mains ilh n'y acointoit .II. pouchies escondeis [Scheler, Gloss. lit : pouchins escaudés] (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 675). "Beau nepveu," dist l'emperiere, "avez point advisez Le troppel des payens qui viennent abruvez ?" "Sire," ce dist Roulant, "n'y acompte deux dez, Tant que j'aye mon branc qui a le poing dorez, N'enporteront du mien deux deniers monnoyez." (Galien D.B., c.1400-1500, 6). Se voz chevaulx sont mors n'y acompte ung bouton, Ilz naissent en Espaigne et la les conquerron. (Galien D.B., c.1400-1500, 9). Si est des parties de France Le bon, vaillant, plain de souffrance, De la terre de Bourbonnois, Qui n'aconte a tresor deux nois, Fors au tresor de gentillece, Ou il a mis sa soubtillece. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 192). S'il y vient je vous certifie Que de ce gravet jusqu'au fie En sa pance le bouteray, Trestous les diables hucqueray Qui sont serviteurs Lucifer, S'il estoit d'acier ou de fer Se n'y acoute [l. aconte] jou deux aux. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 238). Le prodigue, plus que l'aver et chiche, Met ung hostel au bas par ses oultrages ; Mais n'acontons a cela une chiche, Ressourdons nous et reprenons coraiges. (TAILLEV., Ress. relèv. hôt. D., p.1440, 275). ...[les Frisons] se moquèrent de eux et les escharnirent et n'accoutèrent [l. accontèrent] une poire à leurs cris (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 104). Nous ne acomptons, à luy, ne à vous, deux castaignes (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 104). Et n'acomptoient au duc de Bourgongne, ne à ses officyers un navet (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 105). Se Franc Gontier et sa compaigne Elayne Eussent ceste doulce vie hantée, D'oignons, cyvotz, qui causent forte alaine, N'acontassent une bise tostée. (VILLON, Test. T., 1461-1462, 211). Herculès (...) Unze geans trouva, par maniere felonne ; Mais à leur grant pouvoir n'acompta une pronne (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 171).

 

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N'acompter + subst. à valeur minimale + interr. indir. : Mais femme fole, quoy c'om die, Pour bonté, pour chevalerie, Soit royne, contesse ou bourgoise, N'acomptera une pougoise Quelz homs ce soit ne de quel face, Mais que sa voulenté lui face Et acomplisse son delit. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 86).

 

Rem. F. Möhren, Le Renforcement affectif de la nég., 1980 cite une douzaine d'autres ex. (s.v. astele, boton p. 73, dé, espi, festu p. 124, formage, gant pp. 141-142, parisi p. 181 et 184, pome). Pour l'ex. de Villon, A. Lanly (Perspectives médiév. 19, 1993, 106-109) propose de lire acoutassent, d'un verbe acouter "attraper, prendre" d'orig. dial. limousine, issu selon lui d'un lat. vulg. *ad-collitare, fréq. de *ad-collare, d'où vient le fr. accoller (le limousin acoutar "accrocher, saisir" a été enregistré par FEW XXIV, 89b, s.v. accubitare).

 

b)

[Valeur nulle]

 

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Acompter à qqc. comme néant : Or m'est [ma dame] plus fiere C'as aultres, ce m'est durs contens. Je ne m'en tienc pas pour contens, Car je li samble uns drois noiens En ma priiere. Elle y aconte ensi que nient, C'est ce qui en soussi me tient. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 106).

 

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N'acompter rien/néant à/de/en qqn/qqc. : Et il estoit si entrepris Qu'il n'acontoit riens a son pris, Si ne volt vers moy revenir. (MACH., D. Aler., a.1349, 384). Lion, dit Bauduyn, de quoy l'acheteroie [le cheval] ? Se m'ayst Dieu, je n'ay ne argens ne monnoie ! Vous m'avés despandut ceu qu'avoir en solloie. Mais se mes filz estiez, rien n'i aconteroie ; De rien ne m'atenés, si que pour ceu m'anoie Que d'avoir povretés m'avés mis en la voie. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 116). Alés ent vistement, ou vo mort est jugee, Car j'ay occis le roy de Gresse l'alozee, Et veça les Gregois, a baniere levee ; Mais quant j'ay Tost Courant, n'y aconte rien nee. Puis que j'ay d'avantaige une seulle engambee, Ne me peut consuyvir persone qui soit nee, Car sachés que cë est une beste faee. (Tristan Nant. S., c.1350, 627). Hanibal n'aconta riens en chose que Gieffroy lui dist, ains tenoit en truffe et a moquerie quanque il lui disoit (Bérinus, I, c.1350-1370, 78). Tu vois une plaie petite Dont on ne donroit une mitte ; Quant cils qui l'a riens n'i aconte, Elle envenime et croist et monte (MACH., C. ami, 1357, 123). ...en tel deduit riens n'aconte. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 476). Se les cuers ont pour moy troublez, Riens n'y aconte. (Mir. chan., c.1361, 169). Je voulsisse de ta cousine Faire en lieu de Berthe royne. Elle est belle fille et apperte : Se Berthe va pour lui a perte, Je n'y aconte nient pour voir, Mais que ma fille puist avoir Tel nom que femme soit au roy. (Mir. Berthe, c.1373, 162). Tout armé sus les chevaus montent, A leurs vies noient n'acontent, Mais qu'il puissent, par bien combatre, Pris avoir et leurs corps esbatre. (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 99). Regardez con gist du chien près : De soy mesmes n'aconte nient. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 74). Seigneurs, je cuit qu'il nous fait paistre : En touz ces tourmens rien n'aconte, Par enchantement les surmonte Et mes paroles tient a foles. (Mir. st Lor., 1380, 181). Voit ou elle pourra aler, Riens n'y aconte. (Mir. Clov., c.1381, 222). Sire, lassiés esteir, n'y aconteis riens née (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 705). A tes parleirs rins n'acoutons [l. acontons] (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.6, a.1400, 704). Et si sachiés bien que Richece N'aconte rien a gentillesce, A grant sens, a beauté, n'a force, Ne de proesce ne fait force. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 66). Quant ceulx de la barcouse se veyrent estre pris, ilz tirerent tous vers la pouppe, ou estoyent Loÿs de Gavres et Organor. Quant le patron de la galee les vey tous ensamble, advis luy fu que a leurs vyes riens n'acontoyent et que, se vif on les pooit prendre, il en feroit present au roy de Thunes (sy les tenroit pour ses esclaves), et dist que grant damage seroit de les ochir. (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 68). Là n'accoutoient [l. accontoient]-ils riens à cestes bulles, mais les contredisoient (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 99). Adieu, mes tres belles amours ! Je trouve aincoires meilleur conte En tournoys, dont j'ay faict les tours, Et en assaux de grosses tours Que en amours ou riens je n'aconte (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 626).

 

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N'acompter rien/néant + interr. indir. : Cy blason devant vous est trestout anfumés, Et vous haubert est blan que trespiet mescurés : Il ait plux de cent ans qu'i ne fuit mais portér ; Et vous chevalz aussi ne fuit huy desjunés, N'aconterés noiant s'au tornoy le perdés. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 161). A, sire, fait il, vecy povre jornee, Morir nous covanrait ains qu'il soit l'avespree. - Per foid, dit Lion, n'acontesse rien nee Se Florantine fuit de ceans escheppee Et vous et my baron qui mort ont enduree (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 383).

 

3.

"Évaluer qqn ou qqc. à telle ou telle valeur"

 

a)

[Valeur minimale]

 

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Acompter qqc. comme + subst. à valeur minimale : ...[les Anglois] lui avoient fait ce dommage, lequel il accontoit comme buffe (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 233).

 

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Acompter qqc. à + subst. à valeur minimale : S'ilz ne portent de moy messages Ou enseignes que leur amie Soie, que l'en acontast mie A deux festus tout quanqu'ilz valent (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 173).

 

b)

[Valeur nulle] Acompter qqc. comme néant : Tu as sperné cest adire despité et comptenné et as de toy dejettee et deboutee, omnes discedentes a judiciis tuis, tous les departans de tes justices qui ne les veullent mediter ne les amer mais comme nient aconter (Psaut. Ludolphe le Chartreux D., c.1495, 87).

II. -

"Raconter" : Et l'evesque de qui la vie Ci dessus vous ai acomptee Portoit sa teste escervelee Aprés la Dame simplement, Comme pour querre vengement (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 138). Mais la fuist, au voir acounter, Lui noble rois a deliverer. (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385, 60). ...le chantre de Paris racompte que [var. aconte] [Var. ds VIGNAY, ms. BNF fr. 241, a.1348] (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 1043).
 

DMF 2020 - Synthèse Jean-Loup Ringenbach

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