C.N.R.S.
 
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     ACCOURIR     
FEW XXIV accurrere
ACCOURIR, verbe
[T-L : acorre ; GD : acorre ; GDC : acourir ; AND : acurre ; DÉCT : acorre ; FEW XXIV, 92 : accurrere ; TLF : I, 439b : accourir]

I. -

Empl. intrans.

A. -

[D'une pers., d'un animal]

 

1.

"Accourir, venir en toute hâte"

 

a)

Accourir à/vers/contre... qqn : Quant la royne et les autres dames virent que le seigneur de Loissellench estoit ainsin desarmé, acoururent toutes à Madame (LA SALE, J.S., 1456, 158). Quant les X compaignons (...) apparceurent le roy, lors tous vers lui acoururent et (...) s'escrierent : "Sire ! sire ! (...) le tresbon jour et le tresbon may vous soit huy donnez" (LA SALE, J.S., 1456, 236). O tristres cueurs, qui vivez en langueurs, A vous j'aqueurs, pour faire plainte, alarme, Prestez moy pleurs et que mon oeil s'en arme. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 12). Et, prestement que l'emprinse fut choisie, accoururent nobles de toutes parts devers le duc pour avoir congié de lever icelle emprinse (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 81). Mon povre cueur vers vous acourt Pour mon cas au long vous compter (LA VIGNE, S.M., 1496, 258).

 

-

En partic. [Dans une intention hostile] : Ces bestes venues Sont et près de nous acourues (MACH., D. Lyon, 1342, 228). Regnault acourut sus Bayart radement (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 274). Et toy armé, pense d'accourre Contre paiens (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 57). Pour ce, a plains Eslais, sur Hector accouru, Et si tres grant coup l'a feru Qu'uns autres en fust affolez (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 105). Quant Hulin voit payens aprés luy acourir, Adoncq se commanda forment o Saint Espir. [Seul ex. relevé de la forme accourir] (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 211). Et la beste qui passoit pres de nous pour moy et pour ses faons garder, vit le cerf qui estoit arresté et regardoit moy, si ot paour de moy et de ses faons et vint acourant par grant ire vers le cerf, ains que le cerf s'en apperceust (...) et feri le cerf de sa corne (Chev. papegau H., c.1400-1500, 84).

 

b)

Accourir + compl. de lieu : Si commença à corner et à criier tant qu'il peut : "Trahi ! Trahi !" Adonc se esvilla li chastelains, et tout chil de laiens ossi s'armèrent, si tost qu'il peurent, et vinrent tout acourant à le porte. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 53). Ces nouvelles s'espardirent tantost sus le pays, que li Englès avoient là pris terre. Et vinrent messagier acourant jusques à Paris devers le roy de France, envoiiés de par les villes de Constentin. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 132). Si fisent de nuit partir un de leurs varlès, qui aporta une lettre à Niorth, et y fu tantos acourus, car il n'i a que quatre liewes. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 108). Grieve occision et grant noise Y ot de ceulx, qui la [au temple] accourre Y voldrent (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 67). La contesse, quant elle se senti ferue et elle vit qu'elle avoit le bras perdu et la main, elle brait et crie et cheut pasmee devant la duchesse ; mais le chevalier, quant il l'oÿ criër et il voit qu'il n'en pot plus faire pour la gent qui la acouroit, il est venus a son destrier, si est monté sus au plus tost qu'il pot et s'en va en sa contree. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 54). On a veu que ceulx d'Alemaigne En Francë au conseil venoient, Ceulx d'Arragon et ceulx d'Espaigne De tous pays y acouroient (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 58). ...le jeudi IXe jour dudit moys de juillet, environ l'eure de sept heures au matin, après que ledit de Bourgongne ot fait gecter grant nombre et quantité de bombardes et autres artilleries contre les murs de ladicte ville à l'endroit de la porte de l'Ostel Dieu, vindrent et acoururent dedens les fossez de ladicte ville grant quantité desdiz Bourguignons (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 275). La court est une estrange beste : Pour le vous dire brief et court, Il est bien fol qui la acourt Pour y trouver tous les jours feste (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 46).

 

-

[En cont. métaph.] "Se réfugier, chercher protection" : Si le monde t'assault, si la chair te travaille, si l'ennemi te menace, accours icy [au Calvaire] par vraie foi, appuye toy a ceste croix (GERS., Passion II G., 1403, 508).

 

Rem. Sans doute faut-il considérer tous les chemins comme compl. circ. de lieu et non comme compl. d'obj. dir. ds l'ex. suiv. (cf. aller son chemin, tel chemin) : : Et d'autre part les Sarrazins Acouroient tous les chemins, Et entroient à grans monciaus En la ville comme pourceaus. (MACH., P. Alex., p.1369, 108).

 

c)

[Souvent un subst. d'action] Accourir à + subst. : Chascuns a son office accourt, L'un devers la paneterie, Et l'autre en la boutillerie, Li autre vont en la cuisine, Selonc ce que chascuns cuisine. (MACH., R. Fort., c.1341, 143). Vaz tantost et sanz detrier L'arriére ban faire crier, Et que chascun s'arme et aqueure A la bataille sanz demeure (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 55). Et après se tu os plus dire Que Sarrazins pour contredire Les Romains ne pour eulz combatre Se viengnent cy entour embatre, A tes armes tantost aqueurs, Et les Romains garde et sequeurs, Et si grant bien leur en venra, Que la victoire leur sera. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 57). Ceulx qui se meurent, Qui a la grace Dieu acqueurent, Esperer paradis leur fait (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 92).

 

-

En partic. Accourir à l'aide de qqn : Le peuple du plat pays de Flandres avoit ceulx de Gand en telle estime (...) que tous accouroient à leur aide (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 234).

 

d)

Accourir à/pour + inf.

 

-

Accourir à + inf. : Dame qui le vray sentier Des desvoiez es et l'adresse, Ceste dolente pecheresse Plaine de desconfort sequeurs, Et a moy faire ayde aqueurs (Mir. emper. Romme, 1369, 279). Les Persens meismes, qui a courre [l. acourre] Cuident a ceulx devant secourre, Que Grieux occient, sanz cesser, Mais ne pevent oultre passer, Dont l'un l'autre si y deffoule Qu'ilz s'entre estaignent de la foule. (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 246). ...la nourrisse auecques le petit enfant : maintenant luy rit, maintenant luy monstre la verge, maintenant luy promet aucune chose, maintenant le menasse, maintenant le maine, maintenant le tient par la main et laprent a aler et le soustient, et maintenant le laisse tout par soy, et sil aduient quil chee, elle acourt a le releuer. (CIB., p.1451, 189).

 

-

Accourir pour + inf. : Vous avez acouru Pour moy aidier et conforter (MACH., R. Fort., c.1341, 85). Ne porter je ne puis plus Le soussi qui me deveure, Car il n'est nulle ne nuls Qui pour moi aidier akeure. (FROISS., Ball. B., c.1362-1377, 33). Demain, retournez, s'il vous plaist ; Ne sçarez estre si tost prest Que nous ne venons acourant Pour poursuivir au demourant. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 135). Le baronnat et le marquis, Cran, Curso, l'Aigle et Bressoyere Accoururent pour veoir l'histoire (Fr. arch. B., c.1468-1480, 32).

 

-

Accourir + inf. : Mais ma tres bonne et tendre mere (...) Au besoing ne m'oublia pas, Ains acouru plus que le pas Moy visiter (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 24).

 

-

[En constr. coordonnée avec et ayant ici une valeur finale (cf. MARTIN-WILMET § 463)] : Et se Desirs m'assaut ou me court seure, Qui maint amant desconfit et deveure, N'i a celui ne celle qui n'aqueure, Et de leurs mains Essueront ma face, se je pleure (MACH., Compl., 1340-1377, 258). Mais Dieus, qui tout scet et tout voit, (...) De son paradis acouri, Et le noble roy secoury (MACH., P. Alex., p.1369, 90).

 

e)

Empl. abs. : Qui veïst devant Souvenir Acourre et Plaisance esmouvoir Et Voloir efforcier, pour voir, Peüst jurer que trop est fort Que nulz peüst par son esfort D'eus trestourner ne escaper. (ACART, Prise am. H., 1332, 52). La peüt on veoir telle confusïon, Telle noise, tel bruit et tel tençon Et tant de Sarrasins acourre de randon. (Galien D.B., c.1400-1500, 56).

 

2.

"Concourir, contribuer" : Cilz qu'est trait de bonne lignie Doit par droit mener bonne vie, Quart li bon fruit chiet de bonne hore. Cilz qu'est fondez de villonie, Le fruit de malvaise lignie, Ne pourroit a nulx bien acourre. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 99).

B. -

[D'une chose]

 

1.

[Concr.] "Affluer" : ...la maladie vient et nest de sanglantes humeurs qui aqueurent au lieu blecié. (Chir. chevaux P., c.1325-1350, 388). Variques et elleffance, et autres maladies, sont aucunefoiz causees de calvité, pour le deffaut de la matiere des cheveux qui flue et accourt a telles maladies (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 189). ...les larmes lui acoururent aux yeux (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 228).

 

2.

[Abstr.]

 

a)

[D'un phénomène physiologique] "Se manifester" : ...se je voy que le lieu soit rare et ouvert, quant est de lui, je jugeray que la sanie est grosse, et ainsi je devray entendre a subtilier et faire fuxible la sanie, et a la dissolver ; et se je voy qu'elle soit assez fuxible quant est d'elle, je sauray adont que le lieu est espes, si devray entendre a la rarefier, subtillier, atenvier et ouvrir ; et se tous II acourent et oeuvrent ensemble, je devray entendre a tous deux. (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 198).

 

b)

[D'un fait, d'un événement] "Arriver, advenir" : Car le temps s'en va sanz retour, Et s'ore ez en ta jeune flour, Viellece vient acourant fort Et avec, que piz est, la mort (Gris., 1395, 12). Si broche le chevals qui forment soy remue, Puis at dit a Guydas : "Ta mors est acorue" (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 542). Et a vous declairier j'entens Ou sa demeure [de Fortune] est cituee (...) Ses manieres et divers fais, Si com je les vy, imparfais, Tant comme je fus a sa court, La ou mainte aventure acourt, Ce que j'apris, qu'il m'i advint (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 11). A grant honeur, fu couronné Alixandre (...) mais, des ennemis Y ot mortelz, bien y paru Par le mal, qui luy acouru [ou l. a couru ?] (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 64). Se Dieu estoit toudis la vraie entencion de nostre desir nous ne serions ja troublés tant legierement par la resistence de nostre sens. Mais souvent est latente aucune chose par dedens, ou elle acqueurt par dehors qui nous y traist pareillement. (Internele consol. P., 1447, 305).

 

-

"Concourir, coopérer"

 

.

Accourir à l'aide de qqn : Mais la sainte ame, bieneureuse hostesse du Saint Esperit, ha a celle heure en soy et avec soy son bon hoste, le Saint Esperit ; c'est son refuge, son esperance, son ayde, sa consolacion ; elle l'ambrasse, elle s'y ahert, et toutes choses accourent a son ayde, comme de toutes choses elle a bien usé a la gloire de Dieu. (GERS., Pent., p.1389, 86).

 

c)

[D'un sentiment, d'une émotion (parfois personnifiés)] "Apparaître, se manifester avec une certaine intensité" : Mais si tu fais que joie aqueure Et que de confort me sequeure, Par quoy de ses douçours saveure, Tres bien feras. (MACH., Compl., 1340-1377, 247). Mais Douce Esperence acouri Qui au besoing me secouri Et vint en trop plus belle fourme Mil fois, que nature ne fourme. (MACH., R. Fort., c.1341, 133). Autre espoir n'ay, dont je souspire et pleure, Fors que bien say qu'amours puet en po d'eure Un cuer garir qui a la mort labeure, Mais n'espoir pas Que d'outre mer merci veigne ou aqueure Pour moy garir dou mal qui me court seure (MACH., F. am., c.1361, 160). Preudons, ma dame si m'envoie Vous querre pour venir a court, Car lÿece vient et accourt A vous et a vostre lignie. (Gris., 1395, 97). Desplaisance a vous accourra Quant de vous party je seray, Mais de rechef je vous verray Et vostre cueur s'esjoÿra Du tout, et celle joye yra A felicité pardurable Ne jamais par fortune instable, Homme ne la vous ostera. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1020).

 

Rem. Pour ce dernier ex., cf. le passage corresp. ds GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 437 : Desplaisance vous accourra (Éd. : "briser le coeur de qqn"). V. acorer.

 

d)

[D'une nouvelle] "Parvenir" : Si tost com il vindrent a court, Encontre eulx la nouvelle accourt Que la sentence estoit donnee Qu'il eüst la teste coupee (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 86).

II. -

Empl. pronom. "Accourir, venir en toute hâte"

A. -

S'accourir : Albris fut mort et en morant getat uns grant crys : "Vray Dieu, dist il, vous me veulhiéz ayder !" Le levrier l'oyt, qui s'acourt d'aultre costeit, sy vint courant. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 125). Et de fait, [il] frappa sur le dit Jacquet Vacquecte d'un maillet de plonc qu'il tenoit tellement que entreulx esmeut noyse a laquelle s'acourut le dit Perrenot Baudelocque (Arch. Nord, 1476, B 1698, f° 82, IGLF).

B. -

S'en accourre : Quant le chevalier ot attendu grant piece, pour savoir se nul vendroit avant, et quant il vit que nul n'y venoit, il s'en acouru lieement a l'ymage et cuida prendre son annel (Bérinus, II, c.1350-1370, 26). Certes les moynes qui estoient audit monastere qui faisoient ceans leurs oroisons pour luy, quant il ouyrent ces nouvelles, ilz s'en accourerent tantost vers luy tristes et dolans pour ce qu'il n'avoit point este enoint et quil n'avoit point receu la communion du corps et du sang nostre Seigneur, avant qu'il morust. (MIÉLOT, Mir. N.D. L., 1456, 100).

 

Rem. Ces quatre ex. d'empl. pronom. proviennent des domaines pic. et wall.

III. -

Part. prés. en empl. subst. "Celui qui accourt" : Messire Olivier de la Marche, tout embrasé de prouesce chevalereuse, voyant object victorieux irradier devant sa face, volloit assaillir les saillans et rembarer les accourans, mais Jacques Galiot lui brisa le hault voloir de son emprise, disant que mieulx valoit garder lesdis fourragiers par le commandement du duc que de les mettre en aventure par ung hazart de bataille. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 50). [Seul ex.]
 

DMF 2020 - Synthèse Jean-Loup Ringenbach

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