A. -

"Augmentation de l'intensité de la voix sur une syllabe dans un mot" : Accentus : accent (Abavus IV, R., c.1350, 242). La demonstrance, c'est la lettre De toutes choses et le signe De parolle, qui nous assigne Les dis des accens (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 126). Accentus .tus .tui : accent .i. regula ad elevandum vel deprimendum sillabam, sive sonus vocis productus vel correptus .i. accent et dicitur accino, accinis, accinui, accentum (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 4). Accentuatim : adverbium, en accentant, d'accent en accent (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 4). Accent : accentus (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 180). La sillabe est une assemblée de lettres soubz ung seul accent indistamment proferé, comme ar, bal, duc ; et la diction est celle qui contient une ou pluiseurs sillabes, comme art, Artus, Balam. (MOLINET, Art rhétor. L., c.1482-1492, 216).

B. -

P. anal. "Inflexion particulière de la voix, par laquelle un locuteur vise à exprimer ou feindre un sentiment, et à susciter chez son interlocuteur tel sentiment ou tel comportement" : Le Grave Accent veult garder gravité Et veult avoir fier maintien soubz sa main, Ung cueur enflé, sans quelque humanité, Et voix partant d'une profundité De l'estomac, en gros et rude orgain, Contrefaisant le saige et le gros grain, Les yeulx ouverts en regars traversans Pour mieulx choisir emprés lui les passans. (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 125). L'Accent second est nommé Moderé, Et ung petit le Grave Accent surmonte. Quant cestui est meurement digeré, Il fait l'omme partout estre honnoré Et chier tenu, en tant qu'on en tient compte. (...) Ce Moderé est ung accent flatant Qui tend tousjours a flater et complaire (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 127).

Rem. P. Michault distingue l'Accent grave (utilisé pour contrefaire le sage, menacer un importun, esquiver une requête, rechercher les honneurs), l'Accent modéré (utilisé pour feindre tel ou tel sentiment, flatter, complaire, rechercher les bonnes grâces des princes) et l'Accent aigu (propre à médire, calomnier, réduire au silence un opposant, gagner qqn à ses idées, etc.).