I. -

[Part. passé de absoudre ; synon. de absous]

A. -

"Libéré de" : Mais il puet estre absolu de ceste obligacion en pluseurs cas, si comme se il est fait aprés impotent de rendre et senz sa coulpe. (ORESME, E.A.C., c.1370, 448).

-

Empl. adj. Absolu de qqc. "Libéré, délivré de qqc." : Et, quant par my les rues l'en raconte en arguant que de necessité ce que l'en scet advendra, ce n'a point force de verité se ce n'est [que] par aventure que aucun donne maniere de coupler ses paroles as choses absolues de toute neccessité (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 171).

B. -

"Absous, pardonné" : Beste, se dist Tristan, vous soiés absolue ! Car j'ay esté par vous doucement soubstenue, Mais cil qui vous ont mort n'ont pas la paix eüe ; Vengence en prenderay, telle ne fut veüe. (Tristan Nant. S., c.1350, 259). A vostre Filz dictes que je suis scienne ; De luy soient mes pechiez aboluz. Pardonne moy comme a l'Egipcïenne, Ou comme il fist au clerc Theophiluz, Lequel par vous fut quicte et absoluz, Combien qu'il eust au deable fait promesse. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 79).

II. -

Adj.

A. -

[P. oppos. à relatif] "Dont l'existence, la réalisation, la valeur est indépendante de toute condition de temps, d'espace, de connaissance" : ...ceste maniere [de diete] n'est pas absolue, car il y a gradacion, une foiz plus, une foiz moins, et l'autre neant (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 359). Et petit et grant ne sont pas choses absolutes, mais sont dites ou resgart d'autre, car ce que est petit est grant ou resgart de ce que est mendre. (ORESME, C.M., c.1377, 626). ...il [Dieu] est justice absolue, qui de soy mesmez est justifiee. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 44). ...ce qui est absolut en soy sans aucun regard relatif. (Somme abr., c.1477-1481, 128). ...ce qui est en la benoitte trinité est ou substance absolute ou est par maniere de relation et de regard a aultre (Somme abr., c.1477-1481, 128). ...se le mal ne fut ou bien, en ce qui est bon ne seroit aucune beauté absolute parfaicte, car le bien par comparison au mal plus reluist et se demonstre. (Somme abr., c.1477-1481, 173). LA VIE. Devant la face couronnee Du Dieu de puissance absolue En appelle, et suis resolue Que autre chose y soit ordonnee. (Cene dieux, c.1492, 137).

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[D'un jugement, d'un propos, d'un dire] "Catégorique, formel, net, sans appel" : [Jherome] dit par parole absolue... (DESCH., M.M., c.1385-1403, 177). Si commencierent a solliciter le roy que response absolue de son entencion leur voulsist bailler (Bouciquaut L., 1408-1409, 360). Monseigneur le curé ne fut pas trop joyeux de ceste response absolue (C.N.N., c.1456-1467, 294).

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GRAMM.

.

Ablatif absolu : Autant vault dire "Ablatif" que "tollant : Celui qui oste ou qui ravist l'autruy." L'Ablatif va en tous pas violant, Et ne lui chault que l'on die de luy. Ablatif cas, mes enfans, c'est celluy Qui veult que tout soit a lui devolu, Et maintesfoiz il se nomme Absolu. (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 23).

Rem. Cf. Th. Städtler, Zu den Anf. der frz. Grammatikspr., 1988, 138, 140, 144, 151.

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Substantif absolu. "Qui n'a pas besoin d'explication, qui contient toute sa signification" (Éd.) : Quantz maniers est il de ces noms que sont appellez substantifs ? Six. Quielx ? Univoque, si comme un home, equivoque, si come cest mot ou, collectif, si come peuple, complectif, si come miel a enbeure, absolut, si come Dieu. (DonatOxf., p.1400. In : Th. Städtler, Zu den Anf. der frz. Grammatikspr., 1988, 159).

B. -

"Parfait"

1.

[D'une chose] : Ceste est la superceleste science (...) Ou est compris science entiere, Et pour la grandeur de son stile Et son absolue et soubtille Neccessité et deue fin (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 108). Or ay le sens perdu ! Car toux les Sarrasins qui sont deça mont jus Ne vestiroiënt mie le haubert absolu. (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 283).

2.

[D'une pers.] : "... Ait il point pris de Bourge lez chaistialz et lez mur ? - Nennin, per foid, dit li messaige assollus..." (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 973).

-

Chevalier absolu : Lors li a dit Sansson : "Chevaliers assolus..." (Flor. Rome W., c.1330-1400, 163).

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Gens absolus : Seigneurs, or entendés, franche gent absolue, Glorïeuse chançon que bien vraye est tenue. (Tristan Nant. S., c.1350, 174). Et dirent Godefroy de la gent mescréue Qui le jour par devant orent fait une issue, Où il avoient pris de no gent absolue (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 45). Le gaing ont nostre gent absolue (Galien D.B., c.1400-1500, 142).

-

Prince absolu : Rois Colongus le caple a mult bien maintenut, Si at Tremus ses fils qui fut prinche absolu. (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.1, a.1400, 618).

C. -

"Saint, béni"

1.

[D'une chose] : Pour yceste biauté qui m'est ramenteüe Fauldra que vou aléz a Ronme l'absolue, Et au boin empereur, qui le chiere a membrue (Flor. Rome W., c.1330-1400, 140).

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Jeudi absolu. "Jeudi précédant Pâques ; jour de solennel pardon pour l'Église et consacré aussi à la délivrance de prisonniers" : ...attendu que lesdiz deux aneaux et verge d'or sont en nature et restituez à iceulx mariez, que, au jeudi absolu, elle feust eslargie de prison (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 197). ...iceulx eschaudez sont de la Cesne de deux ou trois jeudiz absolus que elle a gardé (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 341). ...Nostre Seigneur Jhesu Crist fist la Cene a ses appostres le Jeudi Absolut. (Voy. Jérus., c.1395, 23). ...le jeudy absolu que on vent le lart, qui fut le XIIII e [jour] du moys d'avril, vint à Paris le duc de Bourgongne (Journal bourgeois Paris T., 1435, 304). Et si y eut dès le jeudi absolu ung mauveis eschet (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 56). Le jeudi absolu .XVI. jour d'avril, le roy en Napples ouyt le service a Sainct Jehan (...) et leans fist le roy sa cene moult devotement comme en France a treze povres, et a chascun son disner ainsi qu'il est de coustume (LA VIGNE, V.N., p.1495, 260).

-

Vendredi absolu. "Vendredi saint" : Et au Vendredi Absolut sont venduz de .ii. mille a .iii. mille lars. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 170).

-

Terre absolue. "Terre sainte ou terre bénie" : Si ne sai que ma mère aussi est devenue ; N'Eliénor aussi, qui pour moi fu venue De chà outre le mer, en le terre absolue ! (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 102). ...qui lui dist, quant seroit revenue, C'oultremer la menrroit en la terre absolue, En la cit de Nanteul dont elle estoit yssue. (Tristan Nant. S., c.1350, 174).

Rem. Bizarrement appliqué à la Bretagne payenne dans l'ex. suiv. (une terre à (re)conquérir par la chrétienté, comme la Terre sainte ?) : : Tant ala celle gent qu'a terre est dessandue Ou païs de Bretaigne, celle terre absolue, Car la loy Dieu adonc n'y estoit point creüe (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 53).

2.

[De la Vierge] : Sire, dist la puchielle, par la Vierge absolue... (Flor. Rome W., c.1330-1400, 221). Signeurs, ce dit Richiers, par le Verge absollue... (Hugues Capet Lab., c.1358, 168). Allez ou il vous plest, par le Verge absollue (Hugues Capet Lab., c.1358, 169). Doulce Vierge absolue, Ne voeullés consentir que m'ame soit rendue Au felon Sathenas (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 205).

D. -

"Souverain" : Belle, dist Fernagus, vous soyés absolue, Car plus saige de vous, ne d'onneur myeulx pourveue Ne fust en mont, ce croy, veue ne aparceue ; Par vostre grant beaulté tout le myen cueur tressue. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 53). Franc Volloir, je n'ay nulle envie De retenir vostre sallu, Du hautain pooir asollu. Tel que salluee m'avez Soyes vous aussy salluez ; Dites moy qui cy vous amainne. (Livre amour. all. F., c.1398-1430, 44).