C.N.R.S.
 
http://www.atilf.fr/dmf/definition/abêtir 
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     ABÊTIR     
FEW I bestia
ABESTIR, verbe
[T-L : abestir ; FEW I, 342a : bestia ; TLF : I, 97a : abêtir]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Abêtir, rendre stupide" : Ces coquars prestres abetir Pour leur prestrise me cuidoient. (Mir. prev., 1352, 242). Au moins se deussent ilz garder de se lesser ainxin abestir (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 115). Gens qui cuident estre si sages Qu'il pensent plusieurs abestir, Si bien ne se sauront couvrir Qu'on n'aperçoive leurs courages. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 311). T'es tu laissay tout abestir ? (Copp. lard., a.1488, 178).

B. -

"Abrutir, étourdir" : Je [Ire] fais des hommes chahuans En plain midi et non voians, Et les avugle et abestis En eulz troublant tout leur avis (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 275). Ainsi folement prophetisent Et les foles gens abetisent [var. abetissent]. (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 103). ...les dictes Savarie et Laurence Maraudelle, au plus tost qu'elles estoient levées, aloient boire à la femme du dit Colin et l'abestissoient de vin (Doc. Poitou G., t.6, 1398, 319).

 

-

[De l'argent] : Ho, argent, qui brusle et art gent, Tant tu brusles et abetis Le cueur des grands et des petis Qui trop ardanment te desirent ! (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 339).

II. -

Empl. intrans. ou pronom. "S'abêtir, s'abrutir" : Et s'il le savoit bien davant qu'il fust marié, si l'a il oublié, pour ce qu'il s'anonchallist et se abestist a soy [var. de soy] quant ad ce (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 35). Veillesse le sourprendra ; il assotira et abestira du tout pour le droit du jeu (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 55). Tel orgueil fait le prince abestir et oublier sa condicion et sa naissance. (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 356).

 

-

S'abestir à qqc. "Se rabaisser par bêtise jusqu'à" : ...les sotes pensees de ceulx qui a telles fantasies s'abestirent. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 114).

III. -

Part. passé en empl. adj. "Stupide, abruti" : ...mes quant ilz sont mariez, je les regarde embridez et abestiz mieulx que les aultres (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 115). Ne soiés point si abestis Qu'on vous larde de vostre lard. (Copp. lard., a.1488, 179). Mais il sembloit bien qu'il fust vray ce que frère Jheronime m'avoit dit : que Dieu le conduisoit par la main jusques il fust en seüreté ; car il sembloit que ses ennemys fussent aveugléz et abestiz, qu'ilz ne deffendoient ce pas. (COMM., III, 1495-1498, 155). O pere fol, pere assoti, Pere insensé, pere abeti, Quant tu vois tes filz accuser, Dy pourquoy les viens excuser Disant qu'ilz ont l'esprit trop tendre Pour scavoir mal et bien entendre Et de verité le vray cours ? (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 57).

 

Rem. Subst. ds les ex. suiv. ? : ...cuiderent lez maleureux abestis que le saint Esperit en espece de coulombe lui revelast sez mensonges de par Dieu, qu'il preschoit au peuple par art dyabolique. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 119). Noz dieux puissans vous maudient et confondent ; Folz incensez, abetis, ydios ! (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 131).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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