C.N.R.S.
 
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     ABÉER     
FEW I batare
ABEER, verbe
[T-L : abaer ; GD : abeer ; AND : abair ; FEW I, 283b, 286a : batare]

I. -

Empl. intrans. "Rester bouche bée" : Le villain qui sert de jangler Fait touz ses visins abaher. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 146).

 

-

Estre abeé de qqc. "En rester bouche bée, être étonné, ébahi" : - He ! regardez, mon compaignon, comment mes soliers sont tout depeciez. J'en sui bien abaiee, et il n'y a encores que sis jours passez que je les avoi tout de nouvelle. (Man. lang. G., 1396, 78).

 

Rem. Prov. : : La souriz est mauvese qui ne set [var. La souriz est abaie qi n'ad] c'um pertuis (Prov. M., c.1330-1400, 38). [ms. XIVe s.]

II. -

Empl. trans.

A. -

"Désirer, souhaiter ardemment ; convoiter" : Se moustrerent li baron et Lion lez abee ; Deziroit a veyr la grant targe listee Qui fuit de noble azur noblement painturee, A ung angle d'ergens a coronne doree. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 814). [Morgue la fée] Si a nouvellement une feste criée Qui sera an [l. au ?] nouvel [ms. Nouel "Noël"] le premier c'om abée ["au Noël, le prochain qu'on attend impatiemment" (traduction suggérée par Gilles Roques)], Et je le vois noncier tout parmi la contrée, A la fin que la feste en soit plus honnorée (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 112). ...il abee ma mort. Ainsi prent vengeance De m'oultrecuidance Et folle aliance Reffus, qui me lance Ce mortel fer de la lance. (Narcissus, p.1426, 303). La mort m'abaye pour certain. (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 6). Tout homme doit fuir louange, Et celuy qui ensuit [l. en suit] la voye, Il est plus vil et ort que fange Et fat ; car grant orgueil l'abbaye ["convoite la louange"] (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 588).

 

-

Abeer la fosse. "Désirer mourir" : Or est ainsy que le povre et viel solitaire, chascun jour abayant sa fosse et non digne d'estre nommé, n'a pas a present des biens temporelz, ne desire d'avoir, comme Dieu le scet, outre sa necessité (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 45). "Helas, ma dame Divine Providence, je, pelerin vieil, ou derrain quartier de ma vie, qui au matin et au seoir suis abayans ma fosse, ay presente au monde en esperit et par escript les fins besans a Dieu plaisans et les aromaz precieux, moraulx et espirituelx..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 504).

B. -

"Attendre qqn ou qqc." : Jamais il n'en eschappera ; Le dyable l'a bien abayé. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 314).

 

-

Qqc. abee qqn : Je croy qu'il est mal arrivé A mes hostes de malle paye, Puis que le gibet les abaye Et qu'on les sert de tel vïande. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 381).

III. -

Empl. trans. indir. Abeer apres qqn. "Désirer qqn" : Onques amant si fol ne vistes Que cil qui aprez une abaye (MARTIN LE FRANC, Champion dames III, D., 1440-1442, 102).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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