C.N.R.S.
 
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     AATIR     
FEW XV-2 90a etia FEW XVI 179b *hatjan
AATIR, verbe
[T-L : aatir ; GD : aatir ; AND : atir2 ; FEW XV-2, 90a : etia ; FEW XVI, 179b : *hatjan]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Défier, provoquer" : Et pour attraire Sarrasins à bataille, les Chrestiens les alloient aatir chascun jour, et courre auprès de leurs tentes par manière d'escarmuche. (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 237).

 

Rem. Doc. 1401 ds GD I, 11c.

 

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Aatir qqn de + inf., aatir qqn de qqc. : ...le quel Anglois avoit aaty le dit messire Guy de bataille de volenté, sans nulle cause ou occasion. (Chron. Jean II Ch. V, D., t.3, c.1383, 54). ...ses autres compaignons (...) orent assez trouvé qui les orent attis de jouster (Bouciquaut L., 1406-1409, 72).

B. -

"Harceler, tourmenter" : Delivre, biau sire, Ton peuple de l'ire Du faulx ennemy, Que ne fait qu'atire Et mectre a martire Ton peuple au jour de huy. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 119-120).

C. -

[Valeur réfléchie ; cf. infra II B] Aatir sa chair / son corps de + inf. "Se faire fort de, se vanter de, s'engager à" : Sire Dieu, per vous mant ["commandement"] ait mon corpz aaitit De combaitre au joiant que j'ai moult malbaillit ; Or me vuelliez aidier tant que je l'aie ossis. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 57). [L'éd. propose "déclarer avec serment, jurer"] ...Qui d'aler sur paiiens a se char aatie (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 197).

II. -

Empl. pronom.

A. -

S'aatir à, contre, encontre, envers qqn. "Défier, provoquer" : Car j'ameroie muelx que perdisse Paris Et trestout le tresor de quoy je sus servis, Que contre ung tel garson qui contre moy c'est astis Heusse acqueton ne jozerant vestis ! (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 673). "...Pensés aultre part ; donnés vostre amour ailleurs, car de vous aatir a moy, riens ne porriés conquester. - Damoiselle, dist Florentine, vous oés ce que j'ay dit. A vous ne me voldroye aatir, mais touttes fois je voldroye estre s'amye..." (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 58).

 

Rem. Cf. aussi : ...mais, ou cas qu'il se est atis [var. ahati] de la jouste à moy, demandés-luy... (FROISS., Chron. K., XIV, c.1375-1400, 50). [éd. Kervyn]

 

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S'aatir contre qqn de + inf. : Le filz contre le perre s'aaitist durement De li mettre au desous de ceu behourdement (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 616).

 

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S'aatir à qqn de + inf. : Et pour ce que trop fort mespris, Quant a dame de si haut pris M'osay nullement aastir De plait encontre li bastir (MACH., J. R. Nav., 1349, 282).

 

Rem. 1. Dans l'ex. suiv., en raison du verbe de perception voir qui régit l'inf. aatir, celui-ci a valeur de verbe pronom. : : Blanchandine voit Tristan qui sa gent fait mourir Et encontre son pere fierement aatir. "Lasse ! dist Blanchandine, or ay trop a souffrir, Quant je voy mon amy en bataille venir Encontre le mien pere pour le fere mourir..." (Tristan Nant. S., c.1350, 410).2. Pour la constr. s'aatir envers qqn, cf. JEAN DE CONDÉ, Messe Ois. R., c.1300-1325, 377.

B. -

"Se faire fort de"

 

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S'aatir de + inf. (ou inf. subst.), s'aatir de qqc. : Tel y ait qui avec li en vot adonc aller, Et tel s'en [a]aistit d'avec li singler, Que c'il n'eust oyr roy Ollivier jurer Ne s'an fuit [a]aistis pour lez membre coper. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 880). Et quant Melyador oÿ De ce Buïn parler ensi, Qui s'ahatissoit de combatre (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 262). Li escuiers, qui vei le grant dangier où il et tout si signeur estoient, dist qu'il feroit ce message volentiers, et encores s'ahati il de trop bien savoir le chemin. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 175). ...et combateroient le[s] François où que ce fust, se contre yaus se voloient mettre ne ahatir de combatre. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 137). Si envoiièrent premierement li Gallois d'Aunai et messires Lionniaux d'Arraines à ceulx où il s'estoient ahati de faire fait d'armes et de assir trois cops de glaves à chevalx. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 33).

 

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S'aatir que + ind. : ...il misent mineurs en oevre, qui s'ahatirent que dedens quinse jours il esploiteroient si bien, qu'il feroient reverser un tel pan dou mur, que sans dangier il enteroient bien en le ville. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 196).

 

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S'aatir de + inf. passé. "Se vanter de" : Se vous veés Persant et Maquaire delez, Ne vous aatissés mye d'eulx avoir desvoiés, Car tost en pourriés estre occis et decoupés. (Tristan Nant. S., c.1350, 357).

C. -

"Commettre (par orgueil) l'imprudence de, se risquer à"

 

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S'aatir de + inf. (ou inf. subst.), s'aatir de qqc. : Ne voy homme vivant Qui se de moy saisir se vait aaitissant Qu'a cest bonne espee que bonne ait le taillant Ne li tranche la teste, quoi qu'il voit coustant ! (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 658). Folie fist Tristant que de ce së asty, Car par peu n'en fut mors, je le vous certeffy. (Tristan Nant. S., c.1350, 408). Si estoient Phelippes et li Flamenc mout outrequidiet, quant il s'ahatissoient dou combatre, car, se il se fuissent tenu en leur siège devant Audenarde et aucunement fortefiiet (...) on ne les fust là jamais alé querre (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 39).

 

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[En tournure nég.] : Or eut ce brach si endormi Que, pour ami ne anemi, Maishui ne se combatera, Ne ossi ne s'ahatira De son compagnon revengier. (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 11). Mais, quant li contes de Blois en fu enfourmés, il ala poissaument au devant, et deffendi au chevalier que il ne s'ahatesist pas d'entrer ne d'amener gens d'armes ens ou païx son cousin le duc Aubert, car il li seroit trop chier vendu. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 66).

 

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S'aatir que de + inf. : Et pour tant s'est-il ahati pluseurs fois que de venir a grant puissance en Crestienté et conquerir tout devant lui (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 213).

D. -

"S'empresser de, se hâter de" : Drois qui poi prisoit ce descort De sen fait prouver s'ahati (BRIS., Plait Ev. Dr. K., a.1340, 82). Sire, je loeroi Et si le vous consilleroie Qu'en .i. vaissiel vous mesissiés, Puis que vous vos ahatissiés D'aler la, par le roy celestre. Autrement vous n'i poés estre. (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 65).

E. -

S'aatir de + subst. d'action. "S'engager dans" : As piés roy Bauduin se va agenoullant, De tres crueuse plainte se va aatissant, Car le chose li touque ; moult ot le coer pesant, Pour la mort de son fil aloit fort souspirant. (Bât. Bouillon C., c.1350, 134).

III. -

Part. passé en empl. adj.

A. -

(Estre) aati de + inf. "(Être) empressé de, animé d'une grande ardeur pour" : Et pour quoy ay je esté atis De vous avoir a espousée ? (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 18). Chascun ralla en son paÿs, De luy vengier forment athis. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 109). De assaillir le chaistel fuit chescun bien astis. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 337). Ly une n'oze a l'aultre dire ne fais ne dis, Et Garcïon s'en va, de malfere aatis, Tout de plaine volee, ne s'y est alentis, Se fery dedens l'ost. (Tristan Nant. S., c.1350, 725). Seigneurs, nous sommes aatis de jouster entre nous quatre a quatre rois qui nous tiennent a leur anemis mortielx (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 179). De vengier leur seigneur furent si aatis, Pour ce sivent Florent et crient a hault cris :... (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 125).

 

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(Estre) aati pour + inf. : Le duc Raymon en pleure des beaulx yeulx de son vis. Ainsy remest la chose tant qu'il fut esclarcis, Pour assaillir la ville est chascun aatis, Mais ce ne leur valli vallissant deux espis, Car trop yert Garcïons courageux et hardis. (Tristan Nant. S., c.1350, 697).

 

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(Estre) aati de qqc. : Mais ou cas que il est atis de la jouste à moy... (FROISS., Chron.[Livre IV] V., c.1400, 390).

 

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(Estre) aati à qqc. : Jamais nul n'y fust aaty. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 166).

 

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(Estre) aati encontre qqn. "S'acharner contre qqn" : Maix jamaix ne pansaisse que cis garson malleys Osaist encontre moy ensi estre haistis. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 674).

B. -

Aati

 

1.

"Empressé, excité, bouillant" : C'est ly fieux Aïmer qui amaine avec ly L. mil baron qui sont tout aasty (Hugues Capet L., c.1358, 131).

 

2.

"Fougueux, fier" : En une moult obscure lande, Sus les plains de Northombrelande, Avoit jousté de fier de lance, Par ahatie contenance (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 154).

 

3.

"Menaçant, courroucé" : Le serpent est entrés en la forest naÿe, Tristan adés le sieut faisant chere aatie, Mais le serpent perdi en la forest feullie, Et devvint une chose ainsy qu'esvanouÿe. (Tristan Nant. S., c.1350, 314). ...faisant ciere aatie. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 758).

 

4.

[Verbe de mouvement + aasti] Courir, venir ... aati. "Avec fougue, acharnement" : Et Sairaisin s'anforcent, si ont lour adous prins. Plus de trante mille en viennent aastis, Que Lion ont encloz et trestout cez subgis. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 527). Car lorsque de sa bouche fuit si parrler jehis, Vint li Blanc Chevalier courrant tous [a]astis. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 528). Et li Blanc Chevalier chevalchoit aaistis (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 529). Aprés, brochat Richart de Gomessanche, et Ogier occit l'ung aprés l'aultre vi. Atant s'en vint Morgaline aatis. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 100).

REM. Mot arch. au XVe s.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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