C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     CHIFFRE1          CHIFFRE2     
FEW XIX sifr
CHIFFRE, subst. masc. et fém.
[GDC : chiffre ; AND : cifre ; FEW XIX, 156a : sifr ; TLF V, 712a : chiffre]

A. -

ARITHM.

 

1.

"Zéro" : Et donques convient il que la figure qui est du tout sanz angle, c'est a savoir cercle, precede toutes les autres et est aussi comme unité. Et a parler plus proprement, elle est outre et precede unité quant est a angle et est ausi comme le cifre en argorisme qui est devant unité. (ORESME, C.M., c.1377, 384). Et est appellee en son propre nom cyphre [le zéro], et a cause de lui toutes les autres figures d'algorisme sont appellees cyphres, non obstant que ce ne soit mie proprement dit. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 234). Et ainsi continuant jusques a la dixieme [figure] qui de soy ne vault ou signifie rien, mais elle occupant ung ordre faict valoir celles qui sont apres elle et pour ce est appellee chiffre ou nulle ou figure de nulle valeur (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 593).

 

Rem. Ex. d'a.fr. ds TLF.

 

-

[D'une pers.] "Personne de peu de valeur, nullité, zéro" : Et s'il est impotent ou piffre, Desnaturé ou tavernier, Sauldouvrer, qui semble une ciffre, Hazardeur, qui n'a ung denier... (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 240). Or regardez doncques, vous qui cecy lisez et sentez, quelle matière icy y a de faire grand chière et grand feste à ce roy tyran, et à ce roy qui va suppéditer la gloire et la clarté de celuy qui le conjoyst, en faisant une ydole de luy, un ciffre qui rien ne porte d'effet. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 310).

 

-

Loc. Estre une chiffre en algorisme. "Être comme un zéro, n'avoir aucune valeur, n'être rien du tout" : Uevre la bouche et chante haut ! Se tu ne chantes, cuer te faut Et ez com chifre en algorime. (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 108). C'est une chiffre [var. giffre] en angorime Qui ne congnoit rente ne disme. (MACH., C. ami, 1357, 135). Mais ceulx qui le contraire font en menant vie desordonnée et dissolue, posé que leur doctrine de bouche soit bonne, ressemblent à la chiffre d'argorisme, qui de soy meismes riens ne vault, quoy qu'elle face valloir et multiplier les nombres des autres figures (Ovide mor. B., 1466-1467, 106).

 

2.

"Signe qui sert à représenter les nombres, chiffre"

 

Rem. Doc.1485, cf. FEW et TLF.

B. -

P. ext.

 

1.

"Signe qui sert à représenter qqc." : Soyez par terre et par mer escumeurs, Ainsi qu'enffans remplys de bonnes meurs, Pour me vengier de ces maulditz galiffres, En leur monstrant de nostre loy les chiffres. (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 118).

 

2.

"Caractère symbolique" : ...quatre paiges et son palefrenier vestus de paletos de velours noir chargiez d'orfavrie blanche et barettes de sattin vert rebrachées de velours noir ... grandes chiffres d'or devant et derrière (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, p.1468-1500, 123). [Autre ex; p.126]

 

3.

"Caractère secret, codé (p. oppos. à un langage en clair)" : ...et n'est possible de croire en quelle detresse estoit ceste compaignée de Novarre, car chascun jour en mouroient de fain et les deux pars estoient malades ; et venoit de piteuses lettres en chiffre et à grant difficulté. (COMM., III, 1495-1498, 221).

C. -

[Désigne un engin de pêche prohibé (autre mot ?)] : ...il nous plaist et voulons que lesditz Maistres de nosdictes Forestz et Eauës prennent ou facent par leurs députez prendre garde saigement sur tous ceulx où ilz trouveront tous les fillez cy-dessoubz nommez et déclairez, et iceulx facent brusler et ardoir (...). Et pour ce que lesditz engins (...) , les noms sont mescongneus de plusieurs et en beaucoup de lieux, Nous les avons cy fait escripre et nommer : c'est assavoir, le Bats-Robouoir, le Ciffre, Garins, Valais, Amondes, le Puisouir, la Trouble à bois, la Bouresche, la Chace, le Marchepié, le Clinquet, le Rouable, Samiers, Faisines, Fagos, Nasses-Pellées, Jonchées, Lingnes du long à menus ameçons (Ordonn. rois Fr. S., t.8, 1402, 535).
 

Article revu en 2015 Robert Martin / Pierre Cromer