C.N.R.S.
 
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     Y1          Y2          Y3     
FEW IV hic
Y, pron. adv.
[T-L : i2 ; AND : i2 ; FEW IV, 423a : hic ; TLF : XVI, 1401b : y2]

I. -

[Syntaxiquement, y est un pron. non prédicatif (c'est-à-dire indissociable du verbe) ; il correspond à un syntagme introduit par à ; il est gén. de l'inanimé]

A. -

[Y est non prédicatif (c'est-à-dire indissociable du verbe) ; il est antéposé au verbe (ou à l'auxiliaire de temps et de mode), mais postposé à l'impératif]

 

1.

[Antéposé au verbe conjugué ou à l'inf.] : En ce temps Lamauclus rengnoit, Gaiant fu et grant corps avoit, Qui Limoges fit et fonda Et pluiseurs biens y affonda. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 90). ...et avec ce, sera tenus et promist ledit Jehan de soy clorre devers ladite chaucee, endroit soy, et y faire dedens la mi aoust prochaine bons murs et souffisans (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1397, 718).

 

-

[Précédé de en] : ...et en y demoura maint ars et affollé et foison de bleciez. (ARRAS, c.1392-1393, 110).

 

-

[Suivi d'un pron. pers. (rare)] : ...car on ne y vous [vous y] aime que ung petit (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 57). Dist lui mareschaux de Clermont : "Bieu friere, vous vous hastiez moult. Ne soiez mie si egrantz Car y nous [nous y] viendrons bien a tamps..." (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385, 79).

 

-

[Antéposé à l'auxiliaire de temps ou de mode] : ...et mist hors tout a fait Quanque ses peres y a fait (MACH., C. ami, 1357, 50). Et se tu as aussy plaisance Ou aucune inclinacion Ou mestier de venacion, Tu y puez bien mettre ta cure, C'est occupacion seure Et bien a oyseuse contraire (Echecs amour. K., c.1370-1380, 17). ...celluy traitié [de Bretygny] ne fust onques aconpli ne parfait, mez se raporterent lez tracteurs a tout ce que lez Roys y voudroient ajouster ou dyminuisier (Songe verg. S., t.1, 1378, 277). HEBER. Cheminé avon longue voye Pour trouver ces beaulx territoires. CHAYNAM. Il y fault mettre nos tentoires En lieu propre pour reposer. (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 288).

 

2.

[Postposé à l'impératif] : Venez y, ma suer debonnaire (Mir. enf. ress., 1353, 2). Convoiez m'y vous deux, chantant Chose joyeuse. (Mir. parr., 1356, 37). Pensez y chascun et chascune (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 130). Pense y, tu n'auras jamais chant Qui au cueur liesse te face (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 36). Doncques, sans plus d'actente faire, Allons y (LA VIGNE, S.M., 1496, 524). Item, touchant Mons. de Nemoux, je vous prye, mettez y conclusion le plus tost que vous pourrez pour vous en venir et qu'il face la transaction, car c'est le plus seur point que je puisse avoir. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 247).

B. -

[Y correspond à un syntagme introduit par à]

 

-

[Correspond à une constr. verbale en à] : Et ne mectront point lesdiz passeurs ces poins en la lectre se partie ne se y consent expressement et que declaracion en soit faicte ou passement [se consentir à qqc.]. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1385, 482). ...pour engrandir ledit hostel, y fut appliquie une rue tenant audit hostel pour y ordonner pluiseurs offices [appliquer qqc. à qqc.] (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.2, c.1462-1468, 159). Ou ton mari des maintenant y a droit, en la couronne [avoir droit à qqc.], par legitisme vertu de ses peres, ou il n'en y a point [en complète droit (point de droit)]. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 127).

 

-

[Correspond à une constr. adjective (ou un part. passé en empl. adj.) en à] : Je vous di que la forfaiture De dame est si aspre et si dure En cuer d'amant, et si perverse, Que, quant elle y est bien aherse, Jamais jour ne s'en partira. (MACH., J. R. Nav., 1349, 197). ...queconques hons qui levera feniestre dou dit mestier, mis huers chiaus qui tiennent estal en le viesware, devens le banliuwe de le dicte ville de Valenchiennes, il payecent et soient tenut de paiier a chiaux qui commis y seront dou rechevoir 20 s. tourn. (Drap. Valenc. E., 1372, 43).

C. -

[Y est un pronom de l'inanimé : il crée un compl. de lieu ou bien correspond à à qqc., très souvent à à cela, renvoyant alors à un contenu propositionnel (à ce qui vient d'être dit) ; parfois cependant il correspond à à qqn]

 

1.

[Crée un compl. de lieu, concr. ou abstr. (très fréquent)] : Et de tieux avoir ont les gens de cest monde si grant couvoitise que il y ont mis toutes leurs penssees et leurs afections, et pour ce que le cuer et la pensee sont enclins a y enfondre, la roi est tiree, si sont pris et envolopés des choses terrianes (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 309).

 

-

[Correspond à à qqc.] : Et se porterent si bien li trettié par le moiien Jaquemon d'Artevelle, qui i rendi grant painne [à ce traité] et qui haioit le conte, que chil de Gaind generaument s'acorderent a ce que... (FROISS., Chron. D., p.1400, 262).

 

-

[Correspond à à cela (fréquent)] : ...tous les jours en venoient les plaintes, li plour et li cri [des habitants de Gand affamés] à Phelippe d'Artevelle, qui estoit leurs souverains capitains, liquels (...) i mist pluiseurs bonnes ordonnances, dont il fu moult agraciiés, car il fist ouvrir les greniers des abbeïes et des rices hommes et departir le bled parmi un certain pris d'argent et fuer que il i fist mettre. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 202). Les religïeux a cest tiltre Nous ont estez sollicitans, Et tous messeigneurs du chappitre Y sont aydans et consentans. Pourtant, avant qu'il soit long temps, Ferons ceste oeuvre meritoire, S'entre vous autres habitans Y voullez bailler adjutoire. (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.7742).

 

2.

[Correspond à à qqn (rare)] : Pour Baligant rescourre [Baligant est le frère du roi sarrasin Marsile, combattu âprement par les Chrétiens] furent païen tangre et agu, Mais ains qu'il i eiussent le sien destrier rendu Et furent bien .XM. a l'espee afolu. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 911). ...ledit Rosimbos se retourna vers la bataille et se mit en chemin avec aucuns gentilshommes qui y estoient ralliés ; mais à peu de fait et povrement à leur honneur, comme j'en appris [qui s'étaient ralliés à lui et à sa cause] (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 264).

 

-

[En gén. dans des circonstances qui le rapprochent de l'inanimé, p. ex. dans le collectif, ou dans la coord. de l'antécédent avec un subt. de l'inanimé] : Chescun de nous baron y fiert comme ennemis ; Quaitre cent en abaitent per desus le lairy (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 527). ...pour lequel pas entretenir en sa condition devisée et pour mieux le faire fournir de chevaliers à l'appétit de la dame, ces trois chevaliers avoient envoyé à tous roys et royaumes chrestiens pour y donner [aux rois et aux royaumes] l'advertence du cas et pour finablement en faire mouvoir aucuns chevaliers en leur acquiescence. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 370).

II. -

[Sémantiquement, y manifeste les mêmes effets de sens que à]

A. -

[Marque l'idée d'approche ou d'atteinte spatiale, plus gén. de localisation (correspondant ainsi à à, mais aussi à d'autres prép. de lieu comme sur, en ou dans)] ""

 

1.

[Dans un lieu concr.] : Car le droit estat d'innocence Ressamble proprement la table Blanche, polie, qui est able A recevoir, sans nul contraire, Ce qu'on y vuet peindre et pourtraire [sur la table blanche] (MACH., R. Fort., c.1341, 2). Or avint que la mer s'enfla Pour le fort vent qui y souffla [sur la mer, en pleine mer], Si qu'elle en devint toute trouble Pour le vent qui l'esmuet et trouble. (MACH., J. R. Nav., 1349, 249). ...hocher le pot et les poiz ensemble, (...) et faire boulir et cuire du tout avant que tu y mectes quelque chose que aue chaude, soit de la char ou autre, ne n'y met sel ne lart ne affaictement quelzconques jusques a ce qu'ilz soient tous cuiz [dans le pot]. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 197). Che sont chil ordenet a waitier a le porte dou Parcq cascuns une nuit et I jour de 60 jours a aultre et y deveront aller armet [à la porte] (Comptes Mons P., t.1, 1422, 622). Je vous diray que nous ferons Ains qu'il soit temps de commancier : Voiz cy l'ostel de l'aversier, Qui est nommé roy Avenir. Ce fait lui convient anoncier, A savoir s'il y vieult venir [à l'ostel]. (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 76). Oÿe laquelle responce, ilz tirerent droit au port de Brandis et firent tant qu'ilz y arriverent [au port], lors aancrerent ilz... (Fille comte Pontieu B., c.1465-1468, 126).

 

-

[Dans le corps (d'un homme ou d'un animal)] : Li Beaus Chevaliers regarda Le dragon qui molt se hasta (...). Toutes fois li Beau Chevalier Le fiert tant que tout l'estourdi. Li dragons lors s'afelonni Pour ce que se senti feru, Cruelement s'en est venu Volant droit au Beau Chevalier ; Par la teste prent son destrier. Lors ses ongles y enbati Et a poi mort ne l'abati. (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 300).

 

-

[Reprenant partout] : ...il sembloit, par tout ou elle passoit, que la foldre et la tempeste y deust cheoir. (ARRAS, c.1392-1393, 260).

 

-

[Parfois plus ou moins redondant] : Ensément vont nagant li .iij. enfant Rozine, Qui estoient estrait du linaige le Chisne : Vers Surie s'en va nagant leur officine. A .j. regort de mer, vers terre Béduïne, Perchurent grant navie, venant par le marine ; Mais sus le bort des nés y avoit mis, par signe, Et crois et confanons, de chendaus et d'ermine. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 118). La y sont villes et chastiaus, Pays grans et manoirs moult biaus (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 71). ...c'est assavoir comment les cheveux des surcilz cheent et comment les surcilz s'engroissent et des neux et excrescences qui y viennent tout entour et des yeux qui s'arondissent (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 21).

 

2.

[Dans un lieu abstr.] : Mesure est en cremeur, chascuns le voit et sent, Et mesure y amainne un achievissement Qui fait sivir honnour voire si lentement Qu'a painnes y vient nus qui par leur los l'emprent (BRIS., Plait Ev. Dr. K., a.1340, 152). Pour les quelles erreurs [liées à l'astrologie] oster Se veut cest enfant là [Jésus] monstrer Comme cil qui tout autrement Puet faire que le firmament Ne dit ou monstre, supposé Que tout demonstrast au pensé Et opinion de la gent Qui y font adevinement (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 115). En icelui temps aussi le vray pape monseigneur saint Benoit huitieme en celui nom fut jeté hors de sa papalité par les mauvais et desleaulx Rommains qui en y mirent ung autre, pourquoy il sourdist scisme et grande division au papat (BOUVET, Arbre bat. N., c.1386-1389, 22).

 

3.

[Avec les verbes de survenance ou d'existence, marque la situation en cause] : Ablacion d'orine s'elle dure longuement, elle est mortelle ; se urine est ostee et tenasmon y survient, il mourra dedens VII. jours, se fievre liquefiante et apperitive y survient (GORDON, Prat., c.1450-1500, VI, 16).

 

-

Il y a / Y a : Quant il i a grant veilerie, Desordenee est la mesnie (Mir. N.D. Rosarius K., c.1330, 86). Tel y ait qui avec li en vot adonc aller... (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 880). Puis y eut aultre recouvrance, Car cescuns de nous reprist lance Et joustames par ahatie. (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 183). ...par ce que ledit hospital est mehnt [mouvant] de notre censive et aussit que il y a un tenencer (Chartes Bourbonn. M.F., 1382, 328). ...en la court y a le parlouer Ou a treillices De fer doubles a fenestres coulices (CHR. PIZ., Dit Poissy R., 1400, 169). Plusieurs y a oyseux, sanz maistre, Et sanz aucun mestier et estre (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 75). Quant il y a un non ou un pronon et un participe qui est adjectis de non ou de pronon et il ni y a point de verbe qui le puisse gouverner... (Gramm. M1 S., c.1400-1450, 138).

 

.

[Avec en au sens de "à ce propos"] : ...a bien besongnier, S'en y a cause d'engingnier [s'il y a lieu à ce propos de] Aucun et faire le couvient, Je di et croy que trop mieus vient Engingnier le propre engingneur, Pour faire engingnement gringneur, Que le simple qui ne barguigne Engingnement et riens n'engingne. (MACH., D. Aler., a.1349, 362).

 

-

Il en y a / En y a : Et s'estoient gens de vilages, Norris de lais et de frommages, De chos, de feves, de naviaus ; N'avoient pas tous leur aviaus ; De vin estoient si delivre Que po en y a qui s'enyvre, Eins buvoient de la fonteinne Et dou puis jusqu'a pense pleinne. (MACH., D. Lyon, 1342, 213). Anchois, par mescognissanche, soy marient, pluseurs en y at, en quars ou en tir degreit de proismeteit (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 398). ...il en y a de telles [des cerises] qui sont tres aigres et sures, qui aucunement traient a saveur amere avec celle aigreur, que aucuns appellent amarenes, les autres agriotes (Grant herb. C., c.1450, 97). Tiercement en conseil courroux se doit eviter, car souvent peut advenir que il en y aura de passionnés, et comme courroucez delibereront (JUV. URS., Verba, 1452, 318). Quant ceulx de Crete entendirent l'adjurement du roy, ilz s'assamblerent a conseil et en y eut un qui pour tous les autres eut charge de donner celle response. (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 175).

 

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[Ordre inverse encore relativement rare] Il y en a / Y en a : Il y en a eu pou ou nul qui ait laissié son filz son hoir. (FOUL., Policrat., IV, 1372, 82). Chienz ont moult de diverses maladies, et la plus grant, c'est la rage, de quoy il y en a de neuf manieres, des quelles j'en diray une partie. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 112). ...il y en a peu qui veillent pour acquerre les biens esperituelz (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 42). Ilz n'ont de present que ung seigneur, en effect, monsr. de Talbot, qui conduise leur guerre, qui est vaillant seigneur, mais se n'est que ung simple baron, et y en a de plus grans en vostre royaulme. (JUV. URS., Loquar, 1440, 391). ...donnant à entendre qu'il y en peut avoir de non ingrats. (CHASTELL., Vérité mal prise K., c.1460, 326). Quant aux doubtes, il y en a tant que à paine seroit-il possible de les racompter au long (BUEIL, I, 1461-1466, 47).

B. -

[Comme à, marque les idées de visée, de finalité, de but] "À telle ou telle chose, à telle ou telle fin, à cela" : ...celli qui touzjours y pense [aux mandements de Dieu] Est beneïst (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 119). A paine pourroit belle fame Sanz grant bonté eschuer blame, Com chascuns y tend et y rue, Soit en moustier, soit en my rue, En son hostel ou aultre part. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 56). A t'amour tendre, Tousjours contendre, Sans fin actendre Et y retendre Par bon remort Qui poinct et mort. (LA VIGNE, S.M., 1496, 475).

 

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P. ext. [Idée de manière] : Tous ahans [semailles], temprieux et serains, Ne sont mie fourment purains, A la cause de la fumure Divers grains y vient e [à ?] ordure [vient dans ces conditions, de cette manière]. (THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 84).

V. aussi en2
 

DMF 2020 - Synthèse de mot grammatical Robert Martin

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