C.N.R.S.
 
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     VOISIN     
FEW XIV vicinus
VOISIN, adj. et subst.
[T-L : voisin ; GDC : vesin ; DÉCT : voisin ; FEW XIV, 414b : vicinus ; TLF : XVI, 1269a : voisin]

I. -

Adj.

A. -

[Dans l'espace]

 

1.

"Qui est situé à proximité, qui est contigu" : ...depuis ce qu'il avoit commencé à aprendre ledit mestier, il avoit continué le mieulx qu'il avoit peu et sceu, tant oudit païs de Beauvoisis, en Lannois, en Soissonnois, comme à Paris et ès villes voisines (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 202). ...un nommé Perrotin Dardies, sergent du conte Dalphin d'Auvergne, et gouverneur et receveur des patis voisins, que les habitans d'environ paient chascun an à lui qui parle (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 192). ...pour la conservacion de ce royaume et de la ville de Paris et pour la defense et tuicion de pluiseurs autres villes et forteresses voisines (FAUQ., I, 1417-1420, 260). ...pour ordonner les mettes et fins de leurs terres et seignouries, qui estoient voisines (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 26). Ces deux maisons voisines estoient (C.N.N., c.1456-1467, 105). Et, devant icelle ville tindrent le siege longuement, et jusques au mois de juing, que le roy y envoya derechef et pour renforcer ladicte armée IIIIc lances prinses à Amiens et autres villes voisines. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 296). ...quant tout fut ensemble, en mer se trouva IIIm nefz et XIIc gallées, et en terre des subjectz dudict Xerxes VIIc mil hommes et des terres voysines IIIc mil hommes (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 46 v°).

 

-

Voisin de. "Proche de, contigus à" : Et pour celle ville voisine Des mescreans, si grant famine Y a esté qu'a grant dangier Y povoit avoir a mengier. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 193). ...maintenant il se va un petit soullassier et esbattre par le païs voisin de ses terres (RASSE BRUNH., Flor. Elvide B.N. C., a.1456, 12). ...les pays d'Anjou et du Maine, qui sont marchissans et voisins du pays de Bretaigne (Roi René vie L., 1468, 326).

 

-

[De choses] "Contigu" : Se c'est pour membres voisins, c'est pour chisis fellis qui n'a pas bien mundifié ou qu'il n'a pas bien depuré l'esplain ou c'est par abundance de humeurs sicomme en ceulx qui sont mutilés ou tronqués (GORDON, Prat., c.1450-1500, VI, 2).

 

2.

[D'une pers.] "Qui habite à proximité, qui est proche dans l'espace" : Mais je te jur et te prommet Qu'il estoit en si haut sommet D'onneur qu'il n'avoit si haut homme Voisin, ne l'empereur de Romme, Que, s'il li vosist mouvoir guerre Ou faire, qu'il ne l'alast querre Tout eu milieu de son païs. (MACH., C. ami, 1357, 105). ...comme pour ce que les bonnes gens voisins du plat païs d'environ la dite maison y aient et puissent avoir... (Doc. Poitou G., t.5, 1380, 142). ...et ne fault point oublier que les prelatz voisins doivent estre mandez par le prince (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, c.1500, 178).

B. -

[Dans le temps] "Proche" : Le riche marchant conseillier, qui encores avoit et la parolle saine et l'entendement entier, regracia au maistre de la nef de sa visitacion et de son humaine offerte, en lui recommanda[n]t ses affaires apres sa mort, laquelle il sentoit estre voisine. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 576). Tant en devises que aultrement se passerent tant d'heures que le jour estoit voisin et prochain (C.N.N., c.1456-1467, 122).

C. -

P. anal. [Domaine notionnel] "Qui se rapproche de, qui est assimilable à"

 

-

Voisin à : Aultre sompne ou dormir est qui est voisin a innaturel et vient aprés labeurs et hatizes et fatigacions forte et les semblables (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 15).

II. -

Subst. masc. et fém.

A. -

"Personne qui vit, qui habite à proximité" : Uns siens voisins li envoia Une tres bele haguenee, Bien alant et bien ensellee, Et un trop gentil esprivier, Bien affaitié pour le gibier (MACH., F. am., c.1361, 183). C'est pour son nepveu, mon cousin, Qui est si près vostre voisin (Mir. chan., c.1361, 155). Moult doucement l'en merciai Et d'elles haster li priai ; Si qu'elle tint un parlement Li et sa suer secretement Et manderent une voisine Qu'els appellerent leur cousine. (MACH., Voir, 1364, 332). Mais en mil jour ne vous diroie Le gieu, la feste et la grant joie Que ceuls d'Alixandre menoient, Des prisonniers qui revenoient, Car l'un y avoit son voisin, L'autre son frere ou son cousin, Et l'autre son oncle ou son pere. (MACH., P. Alex., p.1369, 189). ...car bien est verité que couchier aveques la femme son voisin et ferir son prouchain et donner de sa main argent pour faire homicide, teles choses sont faites de legier et sont en la puissance des gens. (ORESME, E.A., c.1370, 321). La estoient aucuns qui mangoient chars crues, les autres chars humaines, les autres presentoient ou prestoient leur enfans a leur voisins pour les mangier. (ORESME, E.A., c.1370, 381). Un mien voisin se complaignoit l'autrier D'une levriere qu'en son hostel avoit Qui yert en gest, dont maint chiens reparier En son hostel communement veoit, Si que pour eulz reposer ne pouoit. (MACH., App., 1377, 649). ...lui et ledit Jehannin Favas, demourant en la rue au devant dudit huys, et par maniere d'esbatement, se prindrent à chanter haut et cler de leur povoir, afin que les voisins ne peussent pas si aisiement oïr aucune noise, se lesdiz compaignons le faisoient, à l'entrée de la chambre dudit Cloz (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 102). ...et ouquel hostel aucuns des vosins dudit Telier, qui [sont] demourant assez prez de l'ostel d'icellui defunct et de lui [qui] parle, avoient dit qu'il estoit alez souper. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 275). Vecy Jehan de Crisquetot, votre voisin, qui ne vous vouldroit nul mal faire. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 414). ...le lendemain que ledit Hays fu mené en prison ou Chastellet, elle ouy dire à aucunes des voisines d'icelle rue que la femme dudit Hays estoit alée oudit Chastellet pour parler à son mary (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 83). ...trop fait grant folie cil qui met le feu en sa maison pour ardoir celle de son voisin (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 116). Elle ne cela pas longuement aux aultres voisins et voisines comment la fille d'une telle est grosse, par les oeuvres du saint hermite (C.N.N., c.1456-1467, 104).

 

-

Près voisin./Voisin d'emprès. "Voisin proche" : Item, je donne a mon barbier, Qui se nomme Colin Galerne, Pres voisin d'Angelot l'erbier, Ung groz glaçon - prins ou ? en Merne -, Afin qu'a son aise s'yverne. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 128). Son voisin d'emprés, Sy est maistre Jacques Raiguier. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 146).

 

-

"Seigneur dont les terres sont contiguës (à celles d'un autre)" : ...j'envoye mon avocat devers vous pour me plaindre des tors que voz gens m'ont faiz depuis que je suis vostre voisin en Anjou, en vous priant qu'il vous plaise me faire bonne raison. (Lettres Louis XI, V., t.9, 1481, 84).

 

-

[Dans une séquence marquant la totalité] : ...je ne voy pere, Fil, ne fille, ne suer, ne frere, Mere, marrastre, ne cousine, Tante, oncle, voisin, ne voisine, Mari, mouillier, amy, n'amie Que li uns l'autre ne cunchie ; Et s'un en y a qui s'en garde, Chascuns de travers le regarde, Et dit on qu'il est ypocrites (MACH., J. R. Nav., 1349, 139). Il aime Dieu, et sainte eglise Honneure, crient et sert et prise ; Justice en la balance poise, À cui qu'il plaise ne qui poise, N'i regarde amour ne haïne, Frere, fil, voisin ne voisine, Grant ne petit ; car egalment La fait à tous et loyaument ; Si que pour ce en pais se repose, Que nuls contre li ne s'oppose. (MACH., P. Alex., p.1369, 31). Onques mais telle guerre, ce croi-ge, ne vit on. Frères, parens, cousins et voisins à bandon Sont chi l'un contre l'autre ; c'est grans desrisions (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 479).

 

-

P. méton. "Propriété du voisin" : ...se povent faire fenestres à verre dormant de sept piez de hault sur son voisin. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1426, 247). ...et sur son voisin se pevent faire fenestres à sept piez de hault qui seront grillées et vitrées à voirre dormant. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.3, 1463, 469).

 

-

Prov. : ...souvent avient que qui a felon voisin il a mal matin. (Bérinus, I, c.1350-1370, 142). Qui mau voisin a, mau jour a. (Pastor. B., c.1422-1425, 109). Du bon voisin le bon matin. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 194). Au monde n'est tenchon que de voisin, N'estrif que de josne femme au viellart (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 643).

 

Rem. Cf. K. Baldinger, Die Faszin. der Sprachwiss., 1990, 346-333 (sur Qui a bon voisin a bon matin, parfois bon mâtin ; mais à rattacher à matutinus) ; Prov. rimes F.M., c.1485-1490, CXVI (Qui a mauvaix voisin Est taillié bien souvent D'avoir mauvaix matin).

B. -

"Habitant d'un pays, d'une région, d'une cité limitrophe" : Et se tu has guerre ou riote A ton voisin qui te riote, Saches premiers se tu has droit ; Et se tu l'as, en tout endroit Te dois hardiement deffendre. (MACH., C. ami, 1357, 111). Se tu as deus voisins ou trois Qui marchissent a tes destrois, Ne soiez mal des trois ensamble. Cils qui ce fait au fol ressamble. (MACH., C. ami, 1357, 122). Ne couvoite pas l'eritage De ton voisin, et par haussage Ne l'aquier pas, car ce seroit Pechiez, qui einsi le feroit. (MACH., C. ami, 1357, 139). Il aimme bien ses bons amis Et si het fort ses annemis ; Car voisin n'a, s'il li meffait Qu'il ne soit amendés de fait. Pais a mis par toute Alemaingne, En Osteriche et en Behaingne, En Misce, en Baiviere, en Hongrie, Jusques es marches de Russie (MACH., P. Alex., p.1369, 32). Il estoit grans et lons et fors, Et plus vif c'un alerion, Et s'ot corage de lion. Trop le doubtoient Sarrazin, Qu'en li avoient mal voisin ; Entour li faisoit grant essart ; Je tieng celi pour trop musart Qui se metoit enmy sa voie Pour estre mors ; et toute voie Dieu, honneur amoit et vaillance (MACH., P. Alex., p.1369, 73).

 

-

[Surtout au plur.] : Arriers m'en vois en la cité Veoir mes voisins de la ville. (Jour Jug. R., c.1380-1400, 228). Li veisin et li enemi Avoient grant doute de li, Car tant fuist haute sa vaillance Qe par tut regnoit en puissance (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385, 93). Dont il advint que, par les victoires et triumphes, que pluiseurs foiz et souvent de noz voisins nous preinsmes esperance de acquerir plus loingz. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 37). Elles [les bêtes auvergnates] ne se peuvent amer ; Pour se les mangent leurs voisins. Se sont ses lyonpars lymosins, S'ilz y peuvent mectre la griffe. (Pass. Auv., 1477, 142). C'est France qui est en voz mains Ne qui vous soit plus proufittable, Car ce sont noz prochains voisins. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 99). Chan Guys, la volenté du Dieu inmortel est que tu soies doresenavant recteur, gouverneur et maistre des sept nacions de ce païs et que tu les delivres des servitudes où ilz ont si longuement esté et après domineront sur leurs voysins (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 102 v°).

C. -

"Personne qui est à peu de distance d'une autre, qui est placée à côté d'une autre" : ...La place qui estoit perdue Leur fu tout quittement rendue, Et les mirent, qui que s'en pleingne, Jusques au piet de la montaingne Et si près que li Sarrazin Qui leur estoient dur voisin Pooient geter pleinnement Sur eaus, sans nul empeschement. (MACH., P. Alex., p.1369, 152). Einsi decevoir les cuidoient ; Et certes il se decevoient, Car il n'i avoit Sarrazin Qui ne deïst à son voisin, En soupirant, s'on en parloit, Que ceste pais riens ne valoit, Et que tout estoit deshonneur Et grant honte pour leur signeur. (MACH., P. Alex., p.1369, 186).

 

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[Appellatif amical] : Mon voisin, Dieu vous doint bon jour ! (Mir. emp. Julien, 1351, 185). Voisin, sanz plus avant aler Vous en vueil parler en secré (Mir. chan., c.1361, 147). Voulez vous, biau voisin Thomas, Rien que je puisse ? (Mir. chan., c.1361, 147). Prenez ce morceau qu'i n'eschape, Voisin, tu n'auras huy meilleur. (P. Jouh. D.R., a.1488, 35). LE PREMIER MARCHANT. Advis m'est que l'on me parla, L'aultre jour, d'aller a la foyre. Voisin, hau, que faictes vous la ? LE SECOND MARCHANT. Hee, mon voisin, vous pouez croire Que je mectz cy, par inventoire, Mon petit cas pour m'en aller. (LA VIGNE, S.M., 1496, 269).

D. -

"Prochain" : ...et qui receustes [s]es dons de grace en especial au jour d'ui avec les apostres tres habundamment, non mie pour vous seulement a souffisance, mais pour les departir aux povres indigens et a vos povres voisins, c'est assavoir a tous ceulx de l'umain lignage qui vous en deprieront (GERS., Pent., p.1389, 72).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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