A. -

"Récolte des raisins, vendange ; période où l'on récolte le raisin ; le raisin récolté" : LE FOL. Toutes foiz que vendanges sont, Plus sage sui que je ne cuide. (Mir. parr., 1356, 49). ...et quant le bon temps vint quil devoit gaengnier et recouvrer ce quil avoit perdu devant, cest assavoir aoust, septembre et octobre, quil fu cuer de vendenges et vente de vins nouveaulx, son marché li fu osté (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 400). Il trouvèrent le marche grasse et plainne de tous vivres , car il estoit en temps de vendanges (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 155). ...doit l'en crier aprés vendanges que nulz ne mette beste en vigne jusques à la Saint Martin d'iver, que le bois des vignes est dur (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 36). ...chascun an en la saison de vendenges (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1388, 573). ...de jour est alez gaignier sa vie à porter la hote au pont Neuf, et, ailleurs, ès vendenges qui ont esté faictes environ Paris. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 116). En laquelle ville de Vaily, et en l'ostel dudit Roy des Ribaux, il a continuelment esté durant icelles vendenges, et aucune foiz porté la hoste en vendenges, afin de gaignier de l'argent (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 154). Pour lesquelles franchises dessus desclarées, les dessus nommés sont tenus païer au roy de chacune masure par chacun an au terme de Noël trois parisis, et en vendenges quatre gallons de vin pour chacune desdictez masures. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 46). ...et sur ce ont baillé requeste, et ancor requierent, attendu le temps d'aoust et vendenges, que puissent revenir en leur couvent servir Dieu. (BAYE, I, 1400-1410, 200). Et puis au temps qu'il convient rasyner, Premierement ung peu fier et aygret, Il faict croistre le verjust en l'aigret Et puis, apprés, par chaleur il se meure, Le blanc en blanc, l'aultre plus noir que meure. Lors se commancent gracïeuses vendanges (LA VIGNE, S.M., 1496, 332).

-

"Raisin récolté (ou à récolter)" : En ceste province gaign'on le poivre en telle meniere. Premierement il croist en fueilles comme poree. Et les plante on d'encoste grans arbres, ainsi que ci sont nostre vendaignes. Quant ces fueilles sont creutes, elles rendent fruit comme raisins en si grant quantité que il semble que elles doivent rompre se ne fussent ces arbres qui les soustiennent. Ces grains sont vers et les cueill'on comme vendanges. (JEAN LE LONG, Voy. Odoric A.M., 1351, 22). ...reverant pere en Dieu monseigneur l'abbé de Saint Magloire de Paris lui a donné congié de aporter la vendenge de ses vingnes de Charronne, tenues de venir en la place et au pressouer du dit abbé et couvent du dit Saint Magloire au dit Charronne, en sa maison, pour illeuc la faire fouler et ordener jusques a porter le marc roisonnablement au dit pressouer, la quelle vendenge le dit Gautier devoit et doit faire porter en la dite place et au dit pressouer. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1383, 529). Et soit tant bouly, se la vendenge est verde pour celle annee, que le vin reviengne au tiers (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 276). Une cuve à fouler la vendange et une pipe de cinq asnées, 30 s. tournois. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 272). Et, le lundi ensuivant, IXe jour dudit moys de septembre, lesdiz Bretons et Bourguignons furent es terrouers de Clignencourt, Montmartre, la Courtille et autres vignobles d'autour Paris, prendre et vendenger toute la vendenge qui y estoit, ja soit ce qu'elle n'estoit point meure, et en firent du vin tel quel pour leur boire. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 102). ...une jument qu'il trouva chargée de une somme de vendange et par dessus ladite somme ung panier ou corbillon plain de raisins, couvers et mucé d'une vielle robbe (Doc. Poitou G., t.12, 1475-1483, 299). Quant vint au temps de moissonage, Qu'i falut cueillir la vendange, Ce maistre, de paÿs estrange, Aucuns ses serviteurs transmist, Et leur enchargea et commist Qu'a sa vigne se transportassent Et que les fruictz luy raportassent. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 602).

-

"Vigne" : En ceste province gaign'on le poivre en telle meniere. Premierement il croist en fueilles comme poree. Et les plante on d'encoste grans arbres, ainsi que ci sont nostre vendaignes. Quant ces fueilles sont creutes, elles rendent fruit comme raisins en si grant quantité que il semble que elles doivent rompre se ne fussent ces arbres qui les soustiennent. Ces grains sont vers et les cueill'on comme vendanges. (JEAN LE LONG, Voy. Odoric A.M., 1351, 21).

Rem. Pour la forme, cf. T-L XI, 148 (vendeinge) et GDC X, 837 (vendaige).

-

P. ext. "Travail de la vigne" : Item, il est ordonné que les laboureurs de vignes auront et prendront de vendanges passées et accomplies jusques a my-fevrier ensuivant, pour ouvrer ès vignes des façons acoustumées en icelluy, c'est assavoir : les tailleurs, XVIII deniers pour jour, sans despens, les foueurs, XVI deniers pour jour sans despens (Mét. corp. Paris L., t.1, 1351, 26). Item, les femmes ne pourront prendre pour journée entière de vendanges jusques a la Chandeleur, les meilleurs que VIII deniers sans despens et les autres au dessoubz (Mét. corp. Paris L., t.1, 1351, 28).

-

Loc. fig. Parler/prescher sur la vendange. "Perdre son temps en paroles au lieu d'agir" : Mesuy ne finerez de braire ! Qu'est ce a dire ? Il vous debvroit assez souffire De mains parler que vous ne faictes ; Ce ne sont que trestoutes flates De quoy vous faictes parlement. Or suz, passez, alez devant ! C'est trop parler sur la vandange. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 76). Quant bien je recorde cecy C'est trop presché sur la vendange. (LA VIGNE, Honn. dames H., c.1500, 97).

B. -

P. méton. "Vin" : J'oy grant presse laiens [dans une taverne], le vendenge y est drue (Hugues Capet Lab., c.1358, 168).

-

Estre plein de vendange. "Avoir bien bu" : Puis que je suis plain de vendange, Ne me chaut se l'en me ledange Ou s'on me ruse. (Mir. ev. arced., c.1341, 120).