C.N.R.S.
 
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     TU     
FEW XIII-2 382b tu
TU, pron. pers.
[T-L : tu ; GDC : tu ; AND : tu ; FEW XIII-2, 382b : tu ; TLF : XVI, 719b : tu]

A. -

[Pron. pers. sujet de deuxième pers. du sing. ; en position atone]

 

1.

[Dans les formes d'adresse familières] : Tu ez niches et negligens, Sy vaut mieux en escuerie Faire niceté ou folie Qu'en chevalerie (Dit prunier B., c.1330-1350, 70). Chiére amie, a ma voulenté M'as lonc temps amée et servie, Dont tu as m'amour gaaingnie (Mir. enf. diable, c.1339, 3). ...dont saint Bernard dit : Marie, de tant con tu as plus receu de graces en terre par devant toutes autres femmes, de tant as tu plus singuliére gloire es cieulx. (Mir. ev. arced., c.1341, 104). Ribault, houlier et maquereau, Tu ne parles pas du pourceau, Te souvient il, que tu emblas ? (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 32). Tu dis tres mal, ma seur (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 123).

 

-

[Parfois réduit à t devant voyelle] : Se t'as pekiet... (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 28). T'as trop bien labouret (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.2, c.1347-1353, 67). Mais cils dons a saveur amere, Qu'elle retolt souvent ensamble Le sien et l'autrui, ce me samble, C'est a dire ce qu'elle donne Et ce que t'as de lingne bonne. (MACH., C. ami, 1357, 69). LE PRESTRE. Or dy, bel amy, de par Dieu, Tant a loisir t'as bonne espace [tu as tout le temps pour te confesser]. (C. Riffl., c.1480-1520, 59).

 

2.

[Dans des situations plus convenues, proche du vouvoiement]

 

-

[Dans des documents officiels, du roi à un de ses officiers] : Phelippe, par la grace de Dieu roys de France, au prevost de Paris ou a son lieu tenant, salut. (...) Si te mandons et pour les causes dessus dictes commettons que, se appelés ceulz qui feront a appeller, tu treuves estre ainsi, fai oster le trouble, empeeschement et la nouvelleté dessus diz... (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1335, 68). Charles, par la grace de Dieu roy de France, au bailli de Meleun ou a son lieutenant, salut. (...) Pour laquelle detention faicte par ledit Simon depuis ledit eslargissement, tu l'as condempné en admende. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1378, 485). Charles, par la grace de Dieu roy de France, au premier nostre sergent qui sur ce sera requis, salut. (...) ...nous te mandons et commettons par ces presentes, que tu faces exprés commandement de par nous au maire et garde de la justice des diz religieux abbé et couvent que... (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1400, 777).

 

-

[Pour s'adresser à Dieu, à Marie, à une divinité...] : Dieu de lassus, fai tes cieulx fraindre : Envoie nous ton filz en terre, Par quoy soit finée la guerre Que tu as a l'umain lignage, Si qu'avoir puissons l'eritage Pour quoy, sire, tu nous formas. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 220). Car, dame, tu es m'esperance Et en toy seule est ma fiance Que j'aie pardon du pechié Don Sathan m'a si entechié Et mon ame si enlaidie (Mir. Theod., 1357, 102). Samblablement et saint Paul qui, tantost comme il oÿ la voix de Nostre Seigneur, dist comme on list es Fais des apostres ou .IXe. chapitre : Sire, que veulx tu que je face ? (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 237). Aultre part ou dit Psaultier est dit a Nostre Seigneur : «Tu as demené ton peuple comme oailles en la main de Moÿse et de Aaron». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 240). Tresdoulx Jhesus que je croy, Sire, mercié soiez tu Qui me moustres ta grant vertu. (Mir. st Sev., 1362, 211). Biau sire Diex, tu scez bien C'onques ne pensay tel oultrage Qu'aie brisié mon mariage (Mir. roy Thierry, c.1374, 265). Tu fuz vierge avant nommee, Viergë après es appellee Sans nesune corruption. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 124). ...beau sire Dieu, loez soies tu ! (LA SALE, J.S., 1456, 222). Loth, porte-parole du peuple à Appollon : Zechius et Zethephius te mercient du grant honneur que tu leur fais... (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 181). Sire, tu es nostre Pere, nostre redempteur (Somme abr., c.1477-1481, 107).

 

-

[Pour s'adresser à un prince (notamment dans la forme littéraire de l'éloge)] : O roy d'Alixandrie, contre moy tu t'es vilaynement pourtez. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 54). Mais que diray ge pour faire comparaison de toy, o roy sur tous les roys qui en mains de deux moys as subjugué le pays ou se disoit estre toute la largesse du monde, et bon gré ou maulgré, tu as traversé et passé au travers de tes ennemys contenans en pays loingtains non pas une lieux ne dix, ne vingt, ne trente seulement : mais au nombre de sept ou de huyt cens lieux, a comprendre tant ton allee que ta revenue. (...) ...o tres puissant et tres redoubté seigneur, tu as mis en ton obeissance Napples la gentille et conquesté le royaulme d'icelle. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 298).

 

3.

[Parfois proche d'une valeur générique (toi, qui que tu sois, en partic. le lecteur)] : On dist en proverbe : «Ce que tu ne sces, par aventure le scet ung autre». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 45). Se tu veulx restraindre les membres menstrus dans une fame, met une ventouze des plus grans aux mamelles. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 86). Mais toutesfoiz il y a un mais, c'est assavoir il est escript en la sainte escripture Noli esse nimis justus, Tu ne doye pas estre trop juste, [car] trop enporte une extremite, qui ne puet estre sans vice. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 482). Se tu veulx faire bonne esche pour alumer du feu au foisil, pren de l'escume de noyer qui sont surannees et puis les met l'en en ung pot plain de lessive bien forte (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 278). N'as tu es escrips des payens ["ne lit-on pas dans les écrits des païens..." ("on lit bien dans...")] que leurs dieux ne secourent aux lasches et aux paresceux ? (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 102).

B. -

[En position tonique] : Et se tu qui beauté desires Par aventure ne remires Des corps vivans les grans ordures... (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 87). Mon cuer est d'ire et de dueil mas, Si que je morray a tristesce, Vierge, se tu par ta hautesse N'y mez secours, doulce Marie. (Mir. enf. diable, c.1339, 18). Filz, entens cy a mes recors : Ne me soiez durs ny estouz, Tu qui debonnaire es a touz (Mir. ev. arced., c.1341, 133). Dame, je te doy bien servir, Quant tu, qui es des cieulx deesse, D'une si grande pecherresse Conme je sui t'a souvenu, Et conforter m'as si venu. (Mir. Theod., 1357, 113). O tu qui dis ainsy et alegues cecy, certes tu loues saint Pierre quant... (GERS., P. Paul, a.1394, 490). Recognois au moins que tu, ta femme et tes enfans, mengiez vostre pain en sceurté chascun jour (CHART., Q. inv., 1422, 26). Tu, qui as ouye ceste presente disputacion faicte par maniere de quadrilogue invectif, escry ces parolles afin qu'elles demeurent a memoire et a fruit. (CHART., Q. inv., 1422, 65). Va y, tu et tes compaignhons. (Pass. Auv., 1477, 176). O tu qui gouvernes le monde par raison perpetuele, qui es semeur des terres et du ciel... (Somme abr., c.1477-1481, 143).

REM. Forme régionale te et t' : Quant te voez, sy te pars (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 804). a ! Tiebaut, dist Guillaume, t'aiez tres mal dehé ! (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 870).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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