A. -

"Porc femelle, truie ou laie"

1.

"Femelle du cochon, truie" : LE FOL. (...) Je vi quant ma mére fut née Qu'elle menoit les truies paistre Dedans le chapperon d'un prestre (Mir. parr., 1356, 17). Se tu mettoies es narines de la truie ung aneau d'or, nientmoins pour che ne laisse pas a soy plongier en la boe (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 380). ...il vey ... une truie... elle avoit les tettes grandes et longues et pendices et toutes esquartées (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 180). ...et s'ilz ont une truie qui ait petis pourceaux à let et il en est ainsi que en champ du pasnage lesdiz petiz pourceaux alatent leur mere, ilz doivent estre quictes sans païer pasnage. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 148). Trestous ceulx qui vouldront sunner Ma vigile, et celebrer, Ilz aurunt troyes et porceaulx A grans tas et a grans monceaulx : Et tous ceulx qui celebreront Le jour de ma feste, acqueront Troys cens jours au moins de pardon. (Janot Jan. A., c.1450-1500, 149). Item, a maistre Jacques James, Qui se tue d'amasser biens, Donne fïancer tant de femmes Qu'il vouldra, mais d'espouser, riens ! Pour quy amasse il ? Pour les sciens ; Il ne plaint fors que ses morceaux ; Ce qui fut aux truyes, je tiens Qu'il doit de droit estre aux pourceaux. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 138). Truye ne scet que vault espice. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 59). ...la truie est en l'orge (S. fol, c.1480-1490, 6). Fist aussi une semblance de truye d'arain qui humoit toutes les noises qui se faisoient à Romme (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 71 r°). ...car en l'evesché du Liege une truie enfanta un pourceau qui avoit face de homme et une geline esleva ung cochet qui avoit IIII piez. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 109 v°). Aussi y sont sans cordes ne ataches, Aux pastouraiges gras beufz et grasses vaches, Chevaulx, muletz et jumens par monceaux, Asnes, cochons, truyes et gras pourceaulx. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 249).

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PEAUSS. Cuir de truie. "Peau tannée de la femelle du porc" : ...pour III malles noires de cuir de truye bien couroiées et bien estoffées (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 186). ...deux coffres de bois, couvers de cuir de truye, fermans à clefs, ferrez et clouez ainsi qu'il appartient (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 231).

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Prov. Ce dessert la truie que les porcelets sont battus. "Les fautes des parents rejaillissent sur les enfants" : Et garde se bien sur les yeux de sa teste qu'elle ne demande a Dieu ne desire la mort ou mal de son mari, mais doit toujours prier pour lui. Et doit ymaginer et tenir pour ferme que riens ne se fait en ce monde sans la dispensation ou permission divine et que Dieu a consenti son mariage par aventure pour ses pechiés ou pour les pechiés de ses peres, car il se dit en proverbe que ce dessert la truye que les pourceles sont batus. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 303).

Rem. Cf. Prov. H., T95, s.v. truie.

2.

"Femelle du sanglier, laie" : Et, se on li demande a quoy il connoist le grant sangler du juene et le sangler de la truye, il doit respondre que... (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 159).

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio T., c.1354-1377, gloss.

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P. plaisant. [Pour désigner un sanglier] Fils de truie : Lors vindrent chevaliers et escuiers, mais il n'y ot si hardy qui osast mettre pié a terre pour l'enferrer [le sanglier]. Lors vint le conte, qui s'escrie a haulte voix : Cilz filz de truye nous esbahira il tous ? (ARRAS, c.1392-1393, 18).

B. -

ART MILIT. "Machine de guerre pour lancer des pierres, battre les murailles et se mettre à couvert en approchant des murs" : ...pour la façon de 2 angiens appelés truyes que le roy nostredit seigneur a ordenné estre fais oudit clos. (Clos galées Rouen M.-C., t.1, 1375, 246). Il envoiieroient à le Riole un grant engien que on appelle une truie , liquels engiens estoit de telle ordonnance que il gettoit pierres de fais, et se pooient bien cent hommes d'armes ordonner dedens et en approchant assallir la ville (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 8). Et pour ycelle endommagier et pour plus tost prendre, envoia monseigneur le duc le dit monseigneur Jehan de Bueil à la Riole, avec IIIIc hommes d'armes, pour amener les truyes et autres engins qui y estoient. (Chron. Jean II Ch. V, D., t.2, c.1377, 186). Et puis assist le siege devant le chastel du dit lieu, qui moult est fort, et y fist drecier ses truyes et engins et canons, qui moult en domagerent le chastel (Chron. Jean II Ch. V, D., t.2, c.1377, 191). ...le duc d'Anjou estoit logié sur la grève, vers la rivière, ou estoient ses truyes et bombardes. (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 60). Aussi en nos naves n'a ne truie ne bricolle, ne autre engin pour amener au mur (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 246).

Rem. DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 35.