C.N.R.S.
 
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     TOLÉRER     
FEW XIII-2 tolerare
TOLERER, verbe
[T-L : tolerer ; GDC : tolerer ; FEW XIII-2, 17a : tolerare ; TLF : XVI, 292b : tolérer]

Empl. trans.

A. -

"Supporter qqc. (de désagréable, de douloureux...)" : Et quiconques l'a usité, Pour son preu ou nécessité De soy saignier aucunes foiz Par certain temps ou certains moiz, Le doit doubler ou itérer, Se la vertu peut tolérer (LA HAYE, P. peste, 1426, 116). Tolérer, c'est souffrir de dissimuler. (LA HAYE, P. peste, 1426, 231). ...il n'est mal ne malvois que on ne doie endurer et tollerer pour avoir paix (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 263). ...qui tels doumaiges, violences et oppressions n'ont peu tollerer, souffrir ny supporter (GRUEL, Chron. Richemont L., Pièces justif., 1439, 264). ...le mal, afin que on le puisse mielx tolerer... (JUV. URS., Loquar, 1440, 334). Prepare toy a tollerer et porter moult de adversités et divers dommages en ceste miserable vie (Internele consol. P., 1447, 49). Afin doncques que tu puisses evaser les tourmens eternelz advenir, estudie a tollerer d'un bon corage les maulx presens, pour l'amour de Dieu. (Internele consol. P., 1447, 103). Donne moy force de resister, pacience de tollerer, constance de perseverer. (Internele consol. P., 1447, 148).

 

-

Se tolerer qq. part. "Supporter de se maintenir qq. part" : Comment me puis je tollerer en ceste miserable vie, se tu ne me confortoies de ta misericorde et de ta grace ? (Internele consol. P., 1447, 71).

B. -

"Admettre, accepter qqc., laisser faire qqc. qu'on n'approuve pas, ne pas s'élever contre qqc. qui pourrait être interdit ou exigé" : ...elles sont a ung coup, par la voulenté du droit de leurs mariz, tresbuchees comme fut Lucifer qui estoit souverain des anges de Paradiz, et lequel Nostre Seigneur ayma tant qu'il tollera et luy souffry moult de ses voulentez, et il s'enorguilly et monta en oultrecuidance. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 104). Vous pouez aussi, par ce que dit est en l'istoire, veoir comment sagement et subtillement par bonne meurté elle admonnestoit son mary a tollerer et dissimuler son injure, et luy preschoit pacience sur si grant cas. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 112). ...et qui ne volons plus souffrir ne tollerer les voyes de fait ne entreprinses de nostredit cousin de Bourgoingne (Doc. 1414. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.6 c.1444-1453, 147). ...la Court, qui avoit tolleré ladicte publicacion et superscription, pour obvier et remedier à toutes manieres d'esclandes et divisions (FAUQ., I, 1417-1420, 286). ...pour occasion des benefices qui avoient vaqué depuis la fin du temps de l'alternative derrenement promise ou tollerée en ce royaume (FAUQ., II, 1421-1430, 176). Et sembla à la Court que autrement elle ne povoit ne devoit tollerer la publicacion desdictes lettres (FAUQ., II, 1421-1430, 203). ...car couronné ne appartient a porter sy non a roy mais est tolleré et souffert en aucuns lieux pour les causes dessusdictes et non ailleurs. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 476). ...laquelle captivité pour l'onneur de noblesse et bien de justice nul princes chrestiens ne devroient tolerer (Ecorch. Ch. VII, T., 1447, 156). Mais je appelle estre corrompu en autrui, quant on congnoist les choses dessus dictes estre en aucun son semblable ou plus grant ou moindre, puisque on a administracion et communicacion d'office avecques lui, et que on le sueffre ou tollere sans le magnifester et sans en advertir le prince. (BUEIL, I, 1461-1466, 50). ...messire Guillame les unes lettres envoya au duc son maistre a Bruselles, qui assez les prist a aigre, car ja lui en avoit on fait beaucop de traverses et de hautaines bien estranges, lesquelles sagement avoit tollerees pour le bien de la paix (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 229). ...pas ne devez tollerer, ne souffrir que ceste science tant encienne, noble et utille, qui jusquez cy par tant de si grans gens a esté excercée, soustenue et pratiquée, maintenant au seul appetit desordonné de telx ignorans et detracteurs, durant vostre resgne soit ainsi et ou contempt de vous chassée, abatue et villipendée (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 6 r°). Et ont esté es ditz pays faiz et commis, se font encores et commettent chascun jour plusieurs autres grans maulx, abuz, crimes et delitz, en diverses manieres qui seroyent en voye, se l'on les tolleroit et passoit par dissimulation, de tourner à très grant inconvenient et scandale pour toute la chose publique de nostre royaume. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 226).

 

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Tolerer que : ...nostre dit cousin le conte d'Armaignac suppliant a prins et fait prendre partie par ses gens et officiers, souffert et tolleré que ledit Baron et ses gens soient allez courir tant en la conté de Comminge sur ceulx qui faisoient guerre à nostre dit cousin le conte d'Armaignac, que ailleurs sur noz subgiez. (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1445, 128). Laquelle chose il ne voulut souffrir, ne tolerer qu'on leur courust sus, mais leur defendit de le faire et sur la hart. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 212).

 

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Tolerer + prop. inf. : Et ce fait, seront lesdictes lettres tollerées estre executées et sortir effect sans y faire publicacion generale ceans. (FAUQ., II, 1421-1430, 273).

 

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Tolerer qqc. à qqn. "Permettre, accepter qqc. chez qqn, ne pas interdire à qqn qqc. de répréhensible" : La quelle chose ledit suppliant a souffert et toleré à ses dictes gens et autres qui estoient avecques lui, et des dictes choses prinses a eu sa part, et à icelles ou partie d'elles faire a esté present en sa personne. (Doc. Poitou G., t.8, 1446, 283).

 

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Il est toleré à qqn de + inf. "Il est permis à qqn de" : ...il sera tolleré quousque, (...) ausdictes femmes et autres de vendre et acheter, comme font de present esdictes places devant Saint-Martin et devant Saint-Denis-de-la-Chartre, et parmi la ville, sans leur faire aucune nouvelle contrainte ou vexacion au contraire par lesdis gens du Roy oudit Chastellet. (FAUQ., II, 1421-1430, 360).

 

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Tolerer + inf. "Admettre de faire qqc." : ...vous savez que plusieurs fois vous avons escript et fait savoir par nostre amé et feal conseiller et chapellain ordinaire, maistre Mathurin Boileau, que ne tollerassiez en vostre ville faire aucune election de vostre pasteur et evesque (Lettres Ch. VIII, P., t.4, 1495, 154).
 

DMF 2020 - Synthèse des lexiques Robert Martin

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