C.N.R.S.
 
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     TERMINER     
FEW XIII-1 terminare
TERMINER, verbe
[T-L : terminer ; GD : terminer ; GDC : terminer ; FEW XIII-1, 237b,238a : terminare ; TLF : XVI, 105a : terminer]

A. -

[Idée de détermination, de délimitation (dans l'espace ou bien au fig)]

 

1.

Empl. trans.

 

a)

[D'une chose] "Déterminer les limites spatiales de qqc., délimiter qqc." : La forme substancial est plus perfecte que la matiere et est perfection, et la conserve et contient et termine aucunement. (ORESME, C.M., c.1377, 698).

 

-

[D'une chose] Estre terminé. "Être délimité" : Item, aussi comme c'est impossible que ligne droite ou longitude ou latitude qui a fins et termes soit infinie, semblablement est ce imposible que quelconque figure soit infinie, si comme seroit un triangle, quar il est comprins et finy et terminé de toutes pars. (ORESME, C.M., c.1377, 102).

 

b)

"Déterminer qqc." : Sire, dis je, qui jugement De ma cause dois terminer, Vueilles en pitie regarder, Se je fis onques rien ou dis Pour quoy je doie estrë ouis (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 51). ...car tele accion est simplement fin et est l'appetit terminé en tele accion. (ORESME, E.A., c.1370, 333). Ceste partie, ce sunt les juges qui terminent les accusations, contentions et controversies des citoiens, et autrement ne pourroit durer la policie (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 171). Ceulx qui estoient entechiez de la morille, quoyqu'ilz terminassent et quesissent nouvel air et nouvelles medicines, ne peurent fuir ne eschapper qu'ilz ne morurent. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 111). ...de prinsault il luy trancha le jaret, et, ensuyvant le terminé propos, de tous poins le demembra, et n'y laissa que les os. [D'un moine affamé devant un jambon] (C.N.N., c.1456-1467, 487).

 

-

Terminer sur qqc. "Se prononcer sur qqc." : La poursuite d'amour est grans, Ce dist Platon et Lysias, Qui en ses escrips sur ce cas Termine et met les grans dommaiges Venens de ces amours sauvaiges (DESCH., M.M., c.1385-1403, 175).

 

.

Empl. abs. : Mais auchuns sont qui ne scevent encore parler et qui ne congnoissent les principes des ars, qui seulment ne s'esforchent pas de disputer, mais avec che presument de terminer (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 140).

 

2.

Empl. pronom.

 

a)

[D'une chose] Se terminer par. "Être spatialement délimité par" : De rechief, vraie couleur est seulement es corps fermes qui sont d'eux mesmes bien terminez, sicomme pierre, fust et leurs semblables, mais les corps qui ne sont pas fermes et se terminent non pas par eulx mais par autruy n'ont pas vraie couleur, sicomme l'air et l'eaue et leurs semblables. (CORBECHON, Couleurs S., 1372, 372).

 

-

[D'une chose] Estre terminé. "Être spatialement bien délimité, avoir des contours précis" : Selon Aristote ou livre de Metheore, couleur est l'extremité de la clarté du corps qui est bien terminee, car le terme et la derreniere extremité de la chose corporelle visible si reçoit la differance des couleurs selon la nature de la seingneurie des elemens qui sont uniz a cellui corps et [la] represente a la veüe par la lumiere qui fiert dessus (CORBECHON, Couleurs S., 1372, 367). De rechief, vraie couleur est seulement es corps fermes qui sont d'eux mesmes bien terminez, sicomme pierre, fust et leurs semblables (CORBECHON, Couleurs S., 1372, 372).

 

b)

"Se déterminer" : Mais contre nature sont les choses qui se font contre l'usage de nature, toutevoies elles se terminent et conforment selon nature, comme de illuminer et faire veir ung aveugle. (Somme abr., c.1477-1481, 162).

B. -

[Idée d'aboutissement]

 

1.

Empl. intrans. "Aboutir, finir qq. part" : Et ainsi sommes tant alez Qu'arrivasmes ou ciel cinquiesme, Qui est bel, cler, luisant, haultiesme, Et cellui est le firmament ; Et la terminoit droitement Nostre eschiele qui n'iert de corde Ne de chose qui se destorde. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 77). ...adonc avis que par le soufflement de divers vens mon esperit translate estoit en une contree tenebreuse en laquelle terminoit un val flotant sur diverses yaues (CHR. PIZ., Avision T., 1405, 73).

 

-

GÉOM. "Aboutir, finir qq. part" : De deux lignes egales ou inegales encloses dedans ung cercle, procedens d'ung point de la circonference et terminees l'une des extremitez du dyametre, l'aultre en l'aultre, toujours l'angle dont ces deux lignes procedent est droit. (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 297).

 

2.

Terminer à. "Aboutir à" : Quant aucun corps est epilentique devant l'aage de jonesce, il termine a bien (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 81). Hé ! Vierge royne, Estoile de mer, Qui tout enlumine, Vous doy bien clamer, Qu'à joieus termine Convient terminer Qui à vo doctrine Se vuet doctriner (MACH., Les lays, 1377, 403).

 

-

[D'une chose] Se terminer à qqc. "Être limité à qqc." : Et celui [corps continu] qui est de legier divisible, ce est celui qui es [sic] bien terminable, ce est a dire de terme d'autre corps qui le contient et l'un plus ou miex et l'autre moins, si comme le aer est divisible plus de legier que n'est l'eaue et se termine plus de legier ou configure au corps ou au vaiseau que il touche. (ORESME, C.M., c.1377, 712).

 

-

[D'une chose] Estre terminé à qqc. "Aboutir à qqc., être limité à qqc." : Et chascun des corps partialz est tel comme dit est selon raison ou selon soy car il a toutes dimensions. Mais il est terminé au corps qui est prochain de lui par atouchement, et pour ce chascun de ces corps est partie d'une multitude. (ORESME, C.M., c.1377, 54).

 

3.

Se terminer. "Aboutir" : ...Dieu, en qui tout se termine (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 108). ...les choses qui deçoivent, c'est assavoir mençonge, se terminent et cheent en neant (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 162).

 

-

[D'une chose] Se terminer en. "Se présenter au bout en" : Tu dois savoir que opuscules moles vienent aucuneffois ou lacrimale de l'oel vers le nas et communement ilz se terminent en fistule (GORDON, Prat., c.1450-1500, III, 2).

 

-

Se terminer à/en qqc. "Aboutir à qqc., viser à qqc." : Si est doncques ainsi que traittier nous convient particulierement de ce que nous disons en general sagece, à savoir, quelz choses y sont comprises, à quoy elle s'estent, et de quoy elle vient, et en qui elle se termine (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 10). Or avons doncques, selon le Philosophe, declairié des sciences et vertus de l'ame, et à quoy elles se terminent (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 12).

 

-

[D'une pers.] Se terminer qq. part. "Aboutir qq. part" : Si s'est mis comme messagier A la voye, et, tant chemina Qu'a la cité se termina, Ou Daires estoit, qui grant host Assembloit. (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 43).

 

4.

Empl. trans. "Faire aboutir, orienter qq. part" : J'en ay trouvé mes dens pourris Et mes yeulx desterminés Qui pour beau chanter ne pour ris Ne sont bien adés terminez. (CHAST., Temps perdu D., a.1450, 36).

 

-

Terminer qqn à neant. "Faire aboutir, conduire qqn au néant" : Et disoit apres : Luxure et vin, lecherie et perte de temps en oyseuse confondent le sens et mectent homme en erreur, et en fin le terminent à neant. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 174).

C. -

[Idée de terme, d'achèvement, de limite dans le temps]

 

1.

Empl. trans. Terminer qqc.

 

a)

"Faire arriver qqc. à son terme, mettre un terme à qqc., faire cesser qqc." : Mais nompourquant grant destresse d'amour, Ardant desir, la crueuse langour, Ou j'avoie demouré par maint jour, Son bel acueil, Esperance de terminer mon dueil, Sa grant biauté, si dous riant vair oueil, Et ce qu'en li n'avoit goute d'orgueil, Le hardement De requerre merci couardement Me donnerent (MACH., J. R. Beh., c.1340, 76). Vous estes le vray saphir Qui puet tous mes maus garir Et terminer, Esmeraude à resjoïr, Rubis pour cuers esclarcir Et conforter. (MACH., Ch. bal., 1377, 613). Les aveugles tu enlumines Et griefs maladies termines (Prières saints R., t.2, c.1380-1400, 430). Et Ave Maria ly disons Pour impetrer sa grace De Dieu quil tous efface Les pechiers et termine. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 2).

 

-

Terminer vie : ...il la prendroit a femme si son mary terminoit vie par mort. (C.N.N., c.1456-1467, 415).

 

b)

"Achever, finir qqc." : Si que ce plait Pouez tantost terminer, s'il vous plaist ; Car nous avons de vous no juge fait. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 117). Amis, ci vueil mon dit finer Et mon ouvrage terminer. Je te pri qu'en bon gré le pregnes Et que le milleur en reteingnes. Laisse ce qui n'est pourfitable Et si retien le plus notable. (MACH., C. ami, 1357, 140). [A tant] je termine la premiere partie de nostre sermon ou nous avons oÿ su[s] figure poetique faicte au plus cher et au plus brief, au plus vray que j'ay peu, la maniere de la concepcion nostre glorieuse Dame (GERS., Concept., 1401, 407). Si est dès or temps que je tire vers la fin de mon oeuvre, en terminant le procès des particulieres louenges des fais et bonnes meurs de cestui sage roy, dont j'ay traittié (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 158). Si que nous commençames aux riches, et aprés ce que parlé avons a tous les communs estaz des femmes, nous convient terminer nostre oeuvre au de Dieu amé et du monde haÿ estat des povres (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 221). Et en ce est terminé ce present chappitre (BUEIL, I, 1461-1466, 92). Et puis, quant il vist qu'il ne se voulloient rendre et qu'il ne la pouvoit avoir, il fist sa priere a Dieu et a saint Jacques qu'il en fust victorieux, veu qu'il n'avoit plus a terminer en celle contree synon celle cité tant seulement. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 179).

 

-

"Parachever qqc." : O excellent, haulte vertu divine, Qui tout parfait, acomplit et termine, Royne puissant, Dame Perseverance... (CHART., B. Nobles, c.1424, 408).

 

2.

Empl. intrans.

 

a)

[D'une pers.]

 

-

"Mener une procédure à son terme" : Et n'est point acoustumé d'appeller de leurs jugemens, et n'ont point acoustumé de prendre ressort en la Chambre de Gand, ne ailleurs, et n'y ressortissent, mais ont acoustumé de terminer et mettre fin en tous les procès de leursdis bourgois et subgiez (FAUQ., II, 1421-1430, 297).

 

-

"Fixer des termes (pour le remboursement des sommes prêtées), prêter à terme" : Vos aueis, bien say(e), maint(e) denir, ç'aueis gaingnis al espargnir, Al uzureir et termineir. (Sept péchés C., c.1300-1350 [p.1478], 211).

 

-

Terminer de vie à mort/à trespas. "Mourir" : ...ledit Jehan est terminé de vie à mort (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 202). Endit an termina de vie à trespas très puissant prince Monseigneur Pierre, duc de Bretaigne (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, c.1437-1464, 73).

 

-

Terminer de. "Ne plus être de, s'exclure de" : Moise, je veul que ceste loy gardez, Quilconques la trespassera, De mon peuple terminera (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 39).

 

b)

[D'une chose] "S'achever, prendre fin" : ...et sont appelez demi voyeux pour ce que ilz commencent en voyeul et terminent par eulx meismes (DESCH., Art dictier R., 1392, 273). Joie et deul en sont les deux bous, Maiz dueil est le bout de dessoubz, Car amours finent En deul lors que leurs cours terminent (CHART., L. Dames, 1416, 268). Et dont ainsi termina cest accidant et ceste pestilence (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 203). Fin de compte, la chose termina en paix, car chascun estoit las de guerre (COMM., III, 1495-1498, 25).

 

-

[D'un mal, d'une maladie] "Prendre fin, disparaître" : Et cils puet trouver moult de fais Aus quels il se puet encliner Pour son mal faire terminer, Par pluseurs manieres de tours. Mais la dame n'a nuls recours Es quels elle se puist garir, Qui son amy verra morir. (MACH., J. R. Nav., 1349, 195). Raison s'i acorde et droiture. Et aussi li maus qui termine Est mendres que cils qui ne fine, Einsois dure jusqu'a la mort, Tant qu'il a son malade mort. (MACH., J. R. Nav., 1349, 242). On fait en ung proverbe bien souvent mencïon, Le mal fault terminer ains c'on ait garison. (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 205). Les maladies qui sont terminees en jours pareulx sont mauvaizes et de legiere residivacion. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 77). Doulz amis, retien ma doctrine, Car en bonne foi te doctrine ; Entend mon dueil : Se tu le fais, mes maulz termine Et me mainne a joieus termine ; Se non, li maulz ma vie fine, Dont fort me dueil. (MACH., Voir, 1364, 534). La fievre blanche ses sejours A fait : se voulez que termine Et que plus ne vous soit voisine, Repousez vous pour aucuns jours (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 382).

 

3.

Empl. pronom. [D'une chose] Se terminer. "S'achever, prendre fin" : ...car L.. Papirius ne voloit point governer la censorie tout seul ne aprés le temps ouquel selonc la loy elle se devoit terminer [peut-être empl. pronom. à sens passif ("le temps où l'on devait y mettre fin")] (BERS., I, 9, c.1354-1359, 34.21, 63). ...quant elle [l'oraison] se termine... (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 346). De apostumes aulcuns se terminent par resolucion insensible et est moult bon et aulcuns par virelence et est moult mal (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 18). Ceste ballade luy envoye [à mon amour], Qui se termine tout par erre (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 82).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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