C.N.R.S.
 
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FEW XI si
SI, conj.
[T-L : se ; GD : se ; AND : si2 ; FEW XI, 561a : si ; TLF : XV, 450b : si1]

I. -

[Conj. introduisant l'interr. indir. (totale)] : Or me dites se vous savez Qui est chieux que vous la veés (Dit prunier B., c.1330-1350, 20). Et aprés ce li demanderent Les blans armez en verité S'il se doloit de la cité Que li dux Estorge avoit prise. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 80). Je ne say se doy la aler (Mir. enf. diable, c.1339, 38). Je vous proy, Gardez se ceste lettre vient A vous et que dedans contient (Mir. enf. diable, c.1339, 39). E certes, combien qu'il me coust, Je vois a Guillaume savoir Si lui plairoit moy recevoir En frére (Mir. st Guill., c.1347, 48). ...lors fist il monter sur le mast pour regarder se on les pourroit nulle part adviser, ne se ilz pourroient veoir terre aucune part. (Bérinus, I, c.1350-1370, 38). Car il vous convient trouver vostre garant et dire se vous veïstes le fait ou non (Bérinus, II, c.1350-1370, 134). Einsi me vueil porter en ceste guerre Et sagement dedens mon cuer enquerre Se j'en porray par Dous Penser acquerre Joie et deduit (MACH., F. am., c.1361, 176). En tels cas et semblables il est doubte et question se telles choses doivent estre dictes voluntaires ou involuntaires. (ORESME, E.A., c.1370, 176). De lonc, de lé et de travers Vueil regarder si venroit ame (Mir. roy Thierry, c.1374, 269). Dy moy (...) se chevalier es, ne prestre Ou homme lay. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 38). Et, quant la louve voit ce, elle est si fausse et si malicieuse que elle laisse la viande que elle porte loing de la ou sont ses louvetiaux et vient veoir si le lou y est. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 95). Item, enquis audit Pierre se il avoit autre chose mesfait qu'il dist, et respondi : Alaz ! j'ay assez mesfait et trop. Je sçay bien que j'ay mort desservie (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 474). Je te conjure de par Dieu Que tu me die si tu es filz de Dieu. (Pass. Autun Roman F., c.1400-1500, 184). ...puis, au dire adieu, lui demanda si le jeune estoit encommencé (C.N.N., c.1456-1467, 577). ...et par ce est cler que il n'y a quelque raison ou apparence que il est question se leur ferés leur requestes ou non (JUV. URS., Exort., 1458, 415). Il fault regarder se la commaternité precede mariage ou ensieuve mariage. (Sacr. mar., c.1477-1481, 56). Je vous viens icy declairer Une tresjoyeuse adventure, Pour nostre couvent decorer, Que Dieu maintenant nous procure : C'est d'une bonne creature, Amyable et devocïeuse Qui veult dedens ceste closture Mener vie religïeuse. Sa personne est moult fructueuse, Humble, debonnaire, pudique Et a servir Dieu sumptueuse : C'est Martin, le bon catholique. Si vous supplie qu'on s'aplique D'oppiner sur ceste matiere Et s'il aura quelque pratique De tenir ordre reguliere. (LA VIGNE, S.M., 1496, 361).

 

-

[En tête de phrase] "Pour ce qui est de savoir si" : Si lesdits mariages furent ainsi changés selon les ordonnances de l'Eglise ou non, je m'en rapporte à ce qu'il en est (COMM., III, 1495-1498, 26).

 

-

Si ... ou si : Puis que je suis plain de vendange, Ne me chaut se l'en me ledange Ou s'on me ruse. (Mir. ev. arced., c.1341, 120).

 

-

[Coordonné à une interr. dir. ou à un verbe de croyance] Ou si. "Ou est-ce que" : Y doibs je renoncer ou tendre, Ou se ma bouche se tayra ? (CHART., R. Bal., c.1410-1425, 386). Dy je bien, ou se trop m'avance ? (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 467). Je cuyde que fault que te trainne, Ou se tu venras volantier ? (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 133). Mais, dit il vray ou s'il se raille ? (Sots gard., a.1488, 102).

 

Rem. Nombreux ex. de coord. à une interr. dir. en a.fr. (T-L IX, 287).

II. -

[Conj. introduisant une prop. hypothétique]

A. -

[Dans une relation hypothétique de cause à effet (si telle chose est ou a lieu, alors telle autre est ou a lieu)]

 

1.

Si + indic. : ...et requerroient que, se ledit Rogier cognoissoit que ainsi feust, que par nous feust condempnez et contrains a restablir les dis religieus de ladite plate et, se il le nioit, il en offroit a prouver ce qui li souffiroit a la fin dessus dite (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1331, 48). Et disoit que ainsit le devoit faire nostre dit devancier, se le procureur, ou non que dit est, confessoit les choses dessus ditez estre vraies (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1332, 50). Se vous n'y mettez vostre grace, Vierge, et de moy n'avez pité, Il m'ara ja tantost hapé, Car plus n'ay respit nuit ne jour. (Mir. enf. diable, c.1339, 44). Se ne vous cuidoie empeschier, Voulentiers yroye couchier Et repos prendre. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 112). ...se ils commettoient aucuns delics, les officiers lays des dis religieux seroient tenus eulx somméz de les pranre (Hist. dr. munic. E., t.1, 1389,,, 409). Si je savoye qu'il leur pleust y entendre, fait il, je leur en parleroye. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 88). Une personne qui n'est en estat de grace puet elle faire chose a la delivrance des ames ? Response : Se elle le fait ou nom de saincte Eglise principalment, ou comme envoyee et comise d'autruy qui est en grace, le bien proffite. (GERS., Déf., 1400, 234). Doubtant que la terre a labit N'alast se son filz d'aage mendre La gouvernoit... (MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.4, 1440-1442, 74).

 

-

[La conséquence est d'ordre injonctif ou déontique (si ... alors il faut...)] : Se ton ami te voit petit [peu souvent], Fai li chiere de grant appetit, Et se il comme mouche vient, Festoie lai petit ou nient. (Mir. N.D. Rosarius K., c.1330, 19). Pense de lui, se tu m'en crois. (Mir. enf. diable, c.1339, 42). Or m'entendez et vous taisiez, Se vous en voulez droit oir. (Mir. enf. diable, c.1339, 49). Chiére dame, avancier vous faut, Se le sermon voulez oir (Mir. abbeesse, 1340, 60). Je vous dy, puis que ainsi est que Marcus tesmoingne le meffait de vostre fille, [que] selon la vielle loy il est droit que, se elle ne s'en puet faire nete et quitte, que elle soit arse ou lapidee (Bérinus, II, c.1350-1370, 130). Si tu es filz de Dieu tout puissant, Maintenant de la croys dessent ! (Pass. Autun Roman F., c.1400-1500, 203). Mais si vous avez merité La mort, sachez que vous mourrez. (LA VIGNE, S.M., 1496, 314).

 

-

[Dans une formule d'atténuation, de politesse...] : Et je lui entent tant a dire, Se Dieu plaist, que mieux en sera. (Dit prunier B., c.1330-1350, 47). Glorieuse vierge, humblement Vous requier, se c'est vostre grez, Qu'en cest jour d'ui me delivrez De l'ennemi qui cy me chace. (Mir. enf. diable, c.1339, 44). Mes suers, il m'est bien, se Dieu plaist (Mir. abbeesse, 1340, 75). Sire, se Dieu plaist, tel meffait Ne trouverez vous pas en moy. (Mir. abbeesse, 1340, 91).

 

-

[Avec une nuance concessive] "Même si" : Se je le celoie, Dame, sy seroit il sceü. (Dit prunier B., c.1330-1350, 45).

 

Rem. Aussi Baud. Sebourc B., c.1350, XX, 621 (T-L IX, 280, l.18-20 ; nombreux ex. d'a.fr.).

 

-

[Rare, si + cond.] : Et qui feroit nostre menage, Si elle moroit, ma maiour ? (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 68).

 

2.

Si + subj.

 

-

[Dans une hypothèse improbable ou douteuse] "Si toutefois" : ...et, se l'adverse partie proposast aucun fait par droit recevable a quoi il feust tenuz de respondre, il le mettoit en ny, en tant et pour tant comme il seroit contraire ou prejudicial au sien. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1330, 26). Après ce Durtez durement Respont et moult crueusement Le honteus amant despita, Car en li dueil et despit a De la joie qu'il a rouvée, Et dit que, s'elle avoit trouvée Tel mille joies a denier, Que, se ja Dieus li puist aidier Ne s'il ne puist estre enroez, N'iert il ja saisis ne doez De la plus mendre qu'il aroit, Se tout le monde li donnoit (MACH., D. verg., a.1340, 41). Et se au despartir de cestes armes vostre compaignon ait le meilleur, je veul et ordonne que la present lui donnez vostre dit bracelet (LA SALE, J.S., 1456, 80). ...chascun me trompera Mesouen se je n'y pourvoye ! (Path. D., c.1456-1469, 142).

 

-

[Dans une hypothèse contrefactuelle (on sait déjà que ce n'est pas le cas)] : Par saint Esteve le martir, De riens ne vous fussiez perdus Se plenté y fussiez venus (Dit prunier B., c.1330-1350, 50). ...se vostre entencion Fust du tout en la vierge pure, De telx solaz n'eussiez cure. (Mir. abbeesse, 1340, 60).

 

.

[L'hypothèse contrefactuelle est nég.] : ...onques figurer la sceüst, Se Dieus proprement n'i eüst Mis la main a la figurer (MACH., D. verg., a.1340, 16). Certes je ne l'osasse dire Pour riens nulle qui avenist, Se droit du cuer ne me venist Dont fine amour m'a deceue, Quant a ce dire m'a meue (Mir. abbeesse, 1340, 70). Et l'eussent faict aiséement, si n'eust esté l'alée du roy, car jà estoient en Rommaigne (COMM., III, 1495-1498, 49). Frere Martin ne l'eust pas admené Si de ce faire n'eust esté suffisant (LA VIGNE, S.M., 1496, 672).

 

.

[Sans conséquence spécifiée (elle va de soi)] : Hélas ! se vous eussiez veu et oy les grans cris et lamentables plours, aveuc les grans plaintes et terribles vociferacions des hommes, femmes et enfans qui widoient à celle obscure nuit et heure hors de leurs maisons... (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 347).

 

-

[Croisé avec si4] V. si4

 

3.

(Aussi) comme si : Ma suer, pour savoir miex le voir, Je vous pri, prenons nous en garde, Et chascune ja la regarde Aussi com se point n'y pensions Et que rien de ce ne sceussions, Pour voir la guise. (Mir. abbeesse, 1340, 73). Et des choses transitoires, il en use comme se elles estoient perdurables. (Somme abr., c.1477-1481, 117).

 

-

[Avec le subj.] : ...mais aussi conme se tout ce ne souffise, souvent l'amoureux Jhesu son espoux et qui est son filz est ramené a la loenge de ceste espouse (Mir. st J. Paulu, c.1372, 92).

 

.

[Avec l'imp. du subj.] : ...et ladite deffence faite pour cause d'icelui audit prieur, et tout ce qui s'en est ensuivi, avons mis au neant tout aussi comme se il ne feussent pas avenuz (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1348, 161). Et nous eslisons et prenons a conseilliers gens qui scevent discerner et cognoistre de grans choses et notables, aussi comme si nous ne fusson pas souffisans a ce de nous meïsmes. (ORESME, E.A., c.1370, 190). ...et s'en vindrent après icellui queuz juques à l'uiz dudit president, comme si voulsissent le assallir oudit hostel (BAYE, I, 1400-1410, 48).

 

4.

Si non. V. non

B. -

[Dans une relation hypothétique de nature énonciative]

 

1.

[L'hypothèse est énoncée comme telle pour la conséquence qu'on en tire, mais en fait ce qu'elle évoque est déjà le cas] "Si...- comme c'est le cas - , alors on peut dire que... ou alors on peut demander que..." : Tenez, je vous restablis Jehan le Forestier qui cy est, pour tant comme nous y sonmes tenuz par vertu du dit arrest, ja soit ce que je ne confesse pas que vous ayés justice en ce lieu et que, se nous y avons aucune justice, je n'i renonce en riens et fais protestacion que chose que je die ne nous face die (ne face) ne nous face prejudice ne a nostre juridicion. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1330, 18). ...et, se aucun empeeschement y avoit esté mis, si avoit il esté ostez au proffit des diz religieus (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1335, 107). Mes seurs, pour sainte trinité, Se j'ay un poy trop demouré, Ne vous desplaise. (Mir. abbeesse, 1340, 66). ...et, se aucun y avoient esté mis, si en avoit il esté ostez au prouffit des diz religieux, siconme le dit Jehannin Phelippe disoit. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1354, 196). Liquelz luy respondi que cele demande ne faisoit riens a propos, car se tout cele loy pot tenir et lier les censeurs qui lors estoient ce fu pour ce que li pueples avoit commandé que cele loy aprés ce que eux estoient creé censeurs et que ce que le pueple avoit derrenierement commandé covenoit que feust droit et chose ferme, mes que certez cele loy ne povet tenir ne lier luy et les autres censeurs qui aprés cele loy avoient esté fait. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 33.8, 60). Ce n'est pas sent miracle Si avés angoysse et doleur, Quant vostre filz voyé crucifier. (Pass. Autun Roman F., c.1400-1500, 210). Tu dois scavoir, La grace Dieu est nompareille, Se l'ame du larron avoir A voulu, si ne t'en merveille, Toujours est prest de recevoir Qui a bien faire s'appareille, Mais qu'il face bien son devoir Et a le servir se traveille. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 114). Si de nous tous est detenue Vostre personne sans douleur, La matiere est assez congneue Que c'est pour vostre grant honneur. (LA VIGNE, S.M., 1496, 413).

 

Rem. Parmi d'autres ex., Baud. Sebourc B., c.1350, XXIII, 417 (T-L IX, 279, l.32-34).

 

2.

[L'hypothèse est énoncée pour le cas où... (type de fr. mod. : si tu as soif, il y a de la bière à la cave ; pas de relation de cause à effet, je le dis pour le cas où tu aurais soif)] : Biaux hostes, par m'ame, il m' en poise [que la marquise soit accusée] : Se je le peusse amender ? Or vous vueil je cy demander Se je pourray pour mon avoir Un bon harnois de guerre avoir, Bien fait pour moy [dans l'hypothèse où je pourrais y remédier, je veux vous demander...]. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 156).

 

-

[Dans une interr. (je pose la question dans l'hypothèse où...) ; proche de quand] : Dites, ou vous iray je querre, Se mengié ay ? (Mir. chan., c.1361, 46).

 

.

[Avec de surcroît l'idée que c'est le cas] : Biau niez, quel los et quel escri Cuidez vous des gens recouvrer, Se vous voulez ainsi ouvrer ? [je pose la question pour le cas où... (et c'est le cas)] (Mir. chan., c.1361, 144). Beau sire, en avez vous despit Se je me tiens honnestement ? (B. veoir, p.1480, 15).

III. -

Empl. subst. V. si1
 

DMF 2020 - Synthèse de mot grammatical Robert Martin

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