A. -

"Lance armée d'un crochet (qui sert à désarçonner un cavalier) " : Adont fist se gent armer, et il aussi s'arma et fist faire delés le fier de se lanche ung grau de fier pour les garchons sacquier jus de leurs chevauls, et celle lanche au grau de fier fu appellée : saque-boute, dont puis firent li Flamenc faire de tels bastons. (Hist. chron. Flandres K., t.1, c.1342-1383, 242). ...et fist faire emprés le fer de sa lance un croq pour les paiges saicher jus de leurs chevaulz, et teles lances ont esté depuis appellées saichiez-boutez (Chron. norm. 14e M., c.1369-1372, 6). Ne lessons dars, vouges ne picques, Sacquebuttes et dollequins, Et fuyon après ces coquins Qui s'en vont en estrange terre. (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 301). Nous avons dacgues, braquemars, Espees, rapieres et faulsars, Saqueboutes, picquetz, estoz (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 264).

B. -

"Instrument de musique, sorte de trombone à coulisse" : Or, quant nous serons tous montéz, Que chascun marche simplement, Sans mener bruyt aulcunnement De trompettes ne sacqueboutes, Jusques nous soyons hors des doubtes Dont la verité nous querons. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 231). ...après IIII aultres trompettes ... fachon de sacqueboute, les deux d'argent et les deux aultres de letton, chascun ayant sa banière comme dessus. (LENGHERAND, Voy. G., 1486-1487, 45).

-

En appos. : Le bouc jouoit d'une trompette saicqueboute, et les trois chevres jouoient des chalmayes ; et en celle maniere jouerent ung motet, et puis s'en retournerent comme ilz estoient venuz. (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 152).

-

P. méton. "Celui qui joue de cet instrument" : ...VI paulmes de taffetas, baillé à Nicolas, le paintre, pour faire une bannière pour la sacqueboute des menestrielz du roy (Comptes roi René A., t.1, 1478, 195). ...faire cinq esmaulx aux ménestrelz et sacqueboute du roy (Comptes roi René A., t.1, 1478, 342). A Mangin, sacqueboute et trompète des ménestrelz (...) six escuz pour ses gaiges dudit moys (Comptes roi René A., t.3, 1478, 74).

C. -

[Dans un cont. grivois] "Membre viril" : DEMANDE. Le mort y boute, qui puis lumiere Ne rend, et fait tres grant chiere ; Puis, de mon esperge mau roit, Ramonne a tous lez la endroit. Beengueule suis je appelez. Je sacque durs ne boute telz ; Je boute et sacque et boute Souvent de ma sacqueboute. Et quant j'ay sacquié et bouté, Le trou recouvre de mon costé. RESPONSE. C'est le boulengier qui tout ce fait, car son mestier le requiert. (Devin. R., c.1470, 166). [Cf. K. Baldinger, Z. rom. Philol. 100, 1984, 265, pour l'explication de tous les mots à double sens]

-

Jouer de la saqueboute. "Faire l'amour" : LA FEMME. Vous estes à quia. COLIN. Mais à ho. ["à bout de forces"] Ne puys tirer, s'on ne me boute. LA FEMME. Que ferons-nous ? COLIN. Feste à gogo, S'on joue de la sacqueboute. (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 161).

.

Jeu de saqueboute : ...On voit perillier des greignours, On voit les serfs fere seignours, On voit le gieu de saqueboute ; On voit, et sy ne voit on goute. (DESCH., Oeuvres R., t.10, c.1370-1407, XXVIII). [Le contexte est neutre, mais l'allusion grivoise existe]