C.N.R.S.
 
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     SALER     
FEW XI sal
SALER, verbe
[T-L : saler ; GDC : saler ; DÉCT : saler ; FEW XI, 79a : sal ; TLF : XV, 3a : saler]

Empl. trans.

A. -

Au propre

 

1.

"Saupoudrer de sel ; assaisonner avec du sel" : Tes plaies te seront lavées De vinaigre et de sel salées (Mir. st Ign., 1366, 97). Et pour ce, aucuns qui se veulent fort delicter en boire, manguent choses salees pour avoir soif, qui est tristece. (ORESME, E.A.C., c.1370, 408). ...je veulx taster Si fait bon boire a ceste tasse. J'ay mangé d'une brame grasse Qu'estoit salee ung peu trop. Je boyrey du vin de ce pot, Pour ce qu'il a belle couleur. (Pass. Auv., 1477, 89).

 

-

P. métaph. Saler qqc. de : Pour certain, jamais ne se galent En langage doulx et plaisant Tant qu'a point leurs morseaulx ne salent De quelque sentence pesant. (MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.4, 1440-1442, 43).

 

2.

"Imprégner de sel (une viande crue, du poisson...) pour les conserver" : Et oultre les XLm vesseaulx, y a Vc grosses et moyennes nefs, qui ne font autre chose que recuillir et saler en quaques les harans (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 249). Leur veneison est trop bonne, et la garde l'en et sale comme celle du cerf. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 69). Nota que, se ung jambon est salé de longue saleure comme d'un moiz, il couvient des le soir devant le mectre tremper en eaue froide et l'endemain rere et [ laver ] en eaue chaude pour mectre cuirer et mectre cuire primo en eaue et en vin, et gecter ceste premiere bouture et puis cuire en autre eaue. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 193). Item, a Besiers, depuis la saint Andry qui est devant Noel, l'en sale les moutons par quartiers par bien froter et reffroter et tant et tant, et puis mectre les quartiers l'un sur l'autre .VIII. jours, et puis mectre a la cheminee. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 195). Nota que ung jambon de porc doit estre salé de troiz jours naturelz, et lors est fin bon. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 200). ...et sale l'en la venoison du cerf tout ainsi comme la char du beuf. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 212). Morue n'est point dicte a Tournay s'elle n'est salee, car la fresche est dicte [ cableaux ] , et se mengue et est cuicte comme dit sera cy apres de morue (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 237). À Danckart Heinricxzone, bouchier, pour 3 grasses vaches, 39 livres 12 solz ; À lui, pour les avoir sallez et mis en quatre barilz, 36 solz ; À lui, pour un heut de sel dont l'en a sallé ladicte char, 31 solz ; À Denis, Le Lantmetre, cuvelier, pour quatre barilz à couvercles, esquelz lesdictes vaches furent mises et sallees, 42 solz (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 684). Elle fist apporter une piece de bon beuf salé et une belle piece de mouton (C.N.N., c.1456-1467, 486). ...pluseurs grans presens, tant de vins, d'avenes, comme de venoisons fresches et salées (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 250).

 

Rem. Renart contref. R.L., 1328-1342, gloss.

 

-

Beurre salé : Aultrement mectez vostre beurre salé en eaue fresche, et le pestrissiez et paumoyez dedens, et le sel demourra en l'eaue. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 280). ...huille, beurre saléz, pois, feves, orge, avaine (CHR. PIZ., Fais armes cheval., 1410, 52r°).

 

-

Chair salee : Si sonniés de la garnison... et le faittes hastivement pourveoir de blés, d'avaines, de chars sallées et de vins (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400,). Enfans, je vous ay envoyé en vostre vaissel assez or et argent monnoyé pour bien tenir vostre estat, et bien paier voz gens pour IIII. ans. Et n'ayez doubte, vous avez assez bescuit, eaue doulce, vin aigre, chars salees, poissons salez et de bons vins pour grant temps. (ARRAS, c.1392-1393, 88). Vous aurés des biens largement, Bon vim et bon pain de forment, Bonne char salée et char freyche, Et d'aultre vivres a largesse, Selon le pays de montaignie. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 37).

 

.

[Dans un cont. métaph.] Manger chair salee. "Subir de graves revers" : ...se l'on menge chair sallee On leur fera boire des eaux. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 448).

B. -

Au fig.

 

1.

Saler qqn. "Malmener, maltraiter qqn" : Or ça ! or çà ! de nul ne veuil parler, Mais on nous scet moult bien vendre et saler. Pour nous servir le venir et l'aller, Aussi jurez, Fort promectez et souvent parjurez... (RENÉ D'ANJOU, Regn. et Jann. R., c.1457-1461, 78).

 

-

Saler qqn de gros sel. "Malmener qqn" : Je fuz bien sallé de gros sel, C'estoit toute mon unction (B. veoir, p.1480, 20).

 

2.

Frais salé. "Jeune, pimpant" : J'ay veu ung homme frais sallé A qui je donnay ung escu, Affin qu'il me soufflast au cul. (S. fol, c.1480-1490, 6).

 

-

[Injure] Bourguignon salé : Ce a bien esté a vous mal dit Dire que fammes habandonnees Sont a Paris ou alouees Les a ce fault, maistre enrimé, Infame Bourguignon salé Lequel est de vostre aliance. (S. fol, c.1480-1490, 8).

 

3.

Saler qqc. "Faire payer qqc. trop cher" : Et plus grant honte y a a pluseurs : c'est des debtes que souvent font aux cousturiers, drapiers et orfevres ; desquelles sont a la fois excecutéz, et faut qu'ilz baillent une robe en gages pour l'autre avoir, - et Dieux scet se on leur sale bien ce que ilz prennent a creance, et se la denree leur couste au double ! (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 158-159).

V. aussi salé
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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